
localisation, en particulier une atteinte du haut appareil
urinaire, doit être systématique.
L’extension des lésions épididymaires peut se faire
vers le testicule ou le long du canal déférent, avec
apparition d’une déférentite, d’une vésiculite et d’une
prostatite.La gravité de cette localisation de la tuber-
culose tient au fait qu’elle peut entraîner une stérilité
masculine, soit par obstruction de la voie séminale, soit
par fonte caséeuse du testicule, les lésions génitales
bilatérales aboutissant à une stérilité quasi-constante et
définitive.
L’hydrocèle, retrouvée chez trois de nos patients, peut
révéler une tuberculose de l’épididyme. POULIOS [13]
l’a retrouvée dans 4,3% des cas. Cependant, elle peut
rendre malaisé l’examen du contenu scrotal.
L’épididymite, rarement isolée, peut être associée à
d’autres atteintes génitales. Selon NEVEU [11], l’épidi-
dymite tuberculeuse n’est jamais isolée, mais est tou-
jours associée à une prostatite, à une déférentite ou à
une vésiculite.L’atteinte prostatique semble toujours
précéder l’épididymite voire être isolée. Dans une
étude déjà ancienne, DELA PENA [3] rapporte que la
prostatite est isolée dans 14% des cas de tuberculose
uro-génitale. Selon certains auteurs [5, 13, 16, 19], la
prostatite tuberculeuse souffre souvent d’un retard dia-
gnostique dû à un problème de diagnostic différentiel
entre l’adénome et le cancer de la prostate. LOUP [10]
rapporte le cas d’un patient âge de 50 ans qui s’est pré-
senté comme un porteur d’un adénome de la prostate
avec une hématurie et une rétention complète d’urines.
C’est l’examen histologique qui a permis de poser le
diagnostic de tuberculose prostatique.
Sur le plan paraclinique, la confirmation de l’étiologie
tuberculeuse pose quelques difficultés. En effet, dans
l’épididymite tuberculeuse, le bacille de Koch (B.K.)
est rarement retrouvé dans les urines. POULIOS [13] n’a
réussi à le mettre en évidence que dans 22,3% des cas
à l’examen direct et dans 36% des cas à la culture. La
spermoculture, de réalisation beaucoup plus délicate,
permet rarement de l’isoler.
De même, l’échographie du contenu scrotal est d’un
apport limité dans le diagnostic, bien que K
I M
et al.
[8] affirment pouvoir faire la différence entre une
épididymite tuberculeuse et une épididymite non
t u b e r c u l e u s e . L’épididyme est gros surtout au niveau
de sa queue, avec une échostructure hétérogène.
L’atteinte du testicule se manifeste par un élarg i s s e-
ment global de la glande avec des plages hypoécho-
g è n e s . L’échostructure hétérogène s’explique par la
nécrose caséeuse et la fibrose qui caractérisent l’épi-
didymite tuberculeuse. Ainsi, l’examen anatomo-
pathologique est souvent l’ultime recours pour
confirmer le diagnostic. S
A C H O T
[15] et S
H A M M A A
[17] pensent qu’il ne faut pas hésiter à proposer une
épididymectomie à visée diagnostique. Sur le plan
histologique, Q
U É N U M
et N ’
D I AY E
[14] ont signalé la
nette prédominance des lésions de caséification et la
pauvreté des réactions cellulaires. Selon D
E
G
I R O N C O L I
[2], les lésions évoluent de l’intense des-
quamation des épithéliums glandulaires à la forme
fibreuse ou fibro-caséeuse, qui peut subir une fluidi-
f i c a t i o n . Des processus desquamatifs et infiltratifs
frappent la lumière des vésicules séminales, des
canaux éjaculateurs, des déférents, de l’épididyme,
aboutissant à leur obstruction, cette obstruction
expliquant la stérilité par azoospermie excrétoire.
Le traitement anti-tuberculeux a pour but de stériliser
les foyers infectieux et d’éviter l’évolution vers les
complications. Les protocoles, actuellement bien éta-
blis, ont fait la preuve de leur efficacité du moins sur
les lésions initiales. Sa durée est variable, mais actuel-
lement les préférences vont aux protocoles courts allant
de 6 à 9 mois [4, 6, 7, 9]. Une épididymectomie, voire
une orchidectomie, est indiquée si après un traitement
médical il persiste un abcès ou une fistule, ou dans les
lésions fibro-caséeuses évoluant vers la fistulisation et
compromettant la fécondité.
La chirurgie réparatrice, que nous n’avons pas eu à pra-
tiquer dans notre série, se limite à la reperméabilisation
microchirurgicale de la voie séminale par vaso-vaso-
stomie ou vaso-épididymostomie. Cependant, ces
interventions plastiques délicates sont presque toujours
vouées à l’échec.
C’est dire l’importance de la prévention, qui repose
d’une part sur le traitement anti-tuberculeux précoce,
d’autre part sur les mesures visant à éradiquer la mala-
die tuberculeuse, à savoir le relèvement du niveau
socio-économique et la vaccination par le BCG.
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