Texte intégral - Les Presses agronomiques de Gembloux

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De l'œuf
à l'autruchon
L'incubation des œufs d'autruche
Edouard Hansets
Les presses agronomiques de gembloux
2013
© 2013, LES PRESSES AGRONOMIQUES DE GEMBLOUX, A.S.B.L.
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ISBN 978-2-87016-xxx-x
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Table des matières
PRéFACE................................................................................................................................. VII
1. RAPPELS D’OOLOGIE ET D’EMBRYOLOGIE...................................................................... 1
1.1. Description de l’œuf....................................................................................................... 1
1.2. Composition de l’œuf.................................................................................................... 2
1.3. Protections naturelles.................................................................................................... 3
1.4. Développement de l’embryon........................................................................................ 4
2. INCUBATION......................................................................................................................... 7
2.1. Incubation naturelle........................................................................................................ 7
2.2. Incubation artificielle...................................................................................................... 8
2.2.1. Historique............................................................................................................ 8
2.2.2. Collecte des œufs................................................................................................ 8
2.2.3. Transport des œufs.............................................................................................. 9
2.2.4. Nettoyage des œufs............................................................................................ 9
2.2.5. Désinfection des œufs....................................................................................... 10
2.2.6. Marquage des œufs........................................................................................... 11
2.2.7. Stockage des œufs............................................................................................ 11
2.2.8. Les paramètres de l’incubation artificielle......................................................... 12
2.2.9. La salle d’incubation et les locaux annexes...................................................... 22
2.2.10. L’incubateur..................................................................................................... 23
2.2.11. Développement de l’embryon pendant l’incubation........................................ 25
3. éCLOSION.......................................................................................................................... 29
3.1. éclosoirs...................................................................................................................... 29
3.2. L’éclosion..................................................................................................................... 31
3.3. Interventions à l’éclosion............................................................................................. 32
4. AUTRUCHONS.................................................................................................................... 35
4.1. Premiers soins............................................................................................................. 35
4.2. Problèmes des premiers jours..................................................................................... 36
5. LES CAUSES DE NON-RéUSSITE..................................................................................... 39
5.1. Infertilité des œufs....................................................................................................... 39
5.2. Importance de la ration des géniteurs......................................................................... 40
5.3. Mortalité embryonnaire................................................................................................ 40
5.4. Problèmes à l’éclosion................................................................................................. 41
5.5. Défauts des autruchons............................................................................................... 42
6. FICHES ET DOCUMENTS................................................................................................... 51
6.1. Fiche de récolte des œufs........................................................................................... 51
6.2. Fiche d’incubation....................................................................................................... 51
6.3. Fiche de perte de poids pendant l’incubation............................................................. 52
6.4. Calendriers des incubations — éclosions.................................................................... 53
OUVRAGES CONSULTéS....................................................................................................... 55
Préface
L’ouvrage publié par les Presses agronomiques en 1998 et intitulé « L’autruche.
élevage et rentabilité » démontrait clairement l’importance de l’incubation dans les
résultats économiques observés au niveau des élevages. L’analyse de sensibilité
confirmait l’importance de ce paramètre sur les performances technico-économiques.
Dans ce contexte, le livre rédigé par Edouard HANSETS représente un
complément fort utile pour le candidat éleveur. L’auteur, en ayant accepté la rédaction
de cet ouvrage, met en effet à la disposition du public l’incontestable expérience qu’il
a accumulée au cours de nombreuses années. En qualité de praticien, les conseils et les
recommandations qu’il formule seront appréciés par les différents opérateurs de cette
filière autruche qui se développe en Belgique et en Europe.
« De l’œuf à l’autruchon » aborde les différents points critiques que l’on peut
rencontrer dans l’élevage de l’autruche en les envisageant respectivement au niveau
de l’incubation, l’éclosion et les soins aux autruchons.
L’incubation est sans conteste une phase particulièrement importante dans la
réussite de l’élevage. Les différents paramètres pris généralement en compte sont
analysés et de nombreuses recommandations sont formulées en insistant sur les
aspects pratiques de la mise en œuvre. En considérant la faiblesse des informations
disponibles sur ce sujet, les éleveurs apprécieront la mise à disposition de données
précises et quantifiées sur ce sujet.
En guise de conclusion, l’auteur propose une liste de contrôle qui permettra à
chacun de situer ses performances et d’analyser objectivement les causes de nonréussite ou de succès au niveau de cette étape primordiale dans l’élevage de l’autruche
qu’est la « naissance des animaux ».
Enfin, des fiches pratiques sont proposées afin que chacun puisse améliorer le
suivi de ses œufs et ainsi gérer avec plus de rigueur son exploitation.
Philippe LEBAILLY
Professeur à la Faculté universitaire
des Sciences agronomiques de Gembloux
1
rappels d’OOLOGIe et
d’embryologie
1.1. Description de l’œuf
Les œufs d’autruche sont les plus gros œufs d’oiseaux actuels. Par contre, par
rapport au poids de l’animal, ils sont parmi les plus petits : ils n’atteignent que 1,5 %
du poids total de l’animal, comparé à 7 à 15 % en moyenne chez les autres types
d’oiseaux.
Les œufs de Struthio camelus camelus ne se distinguent de ceux des autres sousespèces (S. camelus massaicus, S. c. molybdophanes, S. c. australis et S. c. syriacus)
que par l’aspect de la coquille et par la taille. Les premiers sont unis et polis, les
seconds ont par contre une coquille marquée de nombreux petits pores et sont plus
petits.
Les autres caractéristiques des œufs de S. camelus se résument comme suit pour
l’ensemble des sous-espèces domestiquées, y compris les nombreux hybrides :
– longueur : de 135 à 175 mm
– largeur : de 110 à 145 mm
– poids : de 1200 à 1900 g
– couleur : blanc crème
– épaisseur de la coquille : 2 mm
– coquille :± 15 à 20 % du poids total de l’œuf
– contenu : ± 80 à 85 % du poids total de l’œuf dont 1/4 de jaune et 3/4 de blanc
– résistance à l’écrasement :120 kg dans l’axe de la largeur
150 kg dans l’axe de la longueur.
2
De l'œuf à l'autruchon
1.2. Composition de l’œuf
L’humidité ainsi que les taux en protéines et calcium sont génétiquement fixés
et ne dépendent pas de l’alimentation. Ils sont semblables chez la poule et chez
l’autruche.
Par contre, les taux en vitamine E et en sélénium dépendent de l’alimentation et
sont plus élevés dans l’œuf d’autruche (Tableau 1). La teneur en vitamines de l’œuf
interfère directement sur l’éclosabilité et sur la viabilité des autruchons. L’alimentation
des reproducteurs doit donc fournir vitamines et minéraux en quantités suffisantes.
Tableau 1 — Comparaison entre l’œuf d’autruche et l’œuf de poule [d’après Fowler, 1991 ;
Angel 1994].
Volume (ml)
Autruche
Poule
950-1210
55
Poids total (g)
1195-1525
60
Albumen (%)
59,4
58,1
Jaune (%)
20,9
31,8
17,7-20,5
10,1
Humidité (% MF)
74,3
74,6
Protéines (% MS)
47,9
47,8
Matières grasses (% MS)
42,4
43,9
Phosphore (% MS)
0,84
0,71
Sodium (% MS)
0,67
0,54
Potassium (% MS)
0,40
0,51
Calcium (% MS)
0,24
0,22
Vitamine A (UI/g)
18,5
20,5
Vitamine E (mg/g)
0,22
0,12
Magnésium (ppm)
608
472
Coquille (%)
Zinc (ppm)
53
56,7
Thiamine (ppm)
3,43
2,90
Sélénium (ppm)
1,09
0,60
Acide folique (ppm)
0,84
0,51
MF = matière fraîche, MS = matière sèche, hors coquille.
Rappels d'oologie et d'embryologie
3
1.3. Protections naturelles
L’œuf dresse naturellement trois barrières successives à la pénétration des germes
(Figure 1) :
– la cuticule
– les membranes
– l’albumen.
La coquille est dotée de milliers de pores (Figure 2) dont la plupart sont obstrués
par la cuticule, diminuant ainsi la pénétration des germes.
La pénétration des bactéries dans l’œuf est favorisée lorsque la surface de la
coquille est mouillée.
Les deux membranes internes de la coquille agissent en tant que barrière
supplémentaire à la pénétration. Les bactéries s’y développent plus lentement du fait
de la présence de substances antibactériennes comme le lysozyme.
Le blanc (ou albumen) joue également un rôle de protection antibactérienne, il
contient une série de substances à action antibactérienne. On peut citer le lysozyme
qui a une activité contre les staphylocoques, et la conalbumine qui synthétise des
molécules emprisonnant le fer, bloquant par la même occasion la croissance des
bactéries.
Figure 1 — Coupe transversale dans un œuf d’autruche fécondé. 1. Coquille et membrane
externe. 2. Chambre à air. 3. Membrane interne. 4. Blanc épais. 5. Blanc mince.
6. Chalazes. 7. Disque germinal. 8. Futures membranes de l’embryon [in
Kreibich, Sommer, 1995].
4
De l'œuf à l'autruchon
Figure 2 — Pores de la coquille de l’œuf d’autruche (échelle 1/1).
1.4. Développement de l’embryon
Les modalités du développement de l’œuf d’autruche sont rarement décrites dans
la littérature. On se référera donc à l’exemple de la poule.
Le développement embryonnaire des oiseaux est comparable à celui des
amphibiens et bénéficie des mêmes avantages, à savoir «l’invention» de deux
nouvelles annexes embryonnaires qui s’ajoutent à la vésicule ombilicale héritée des
poissons : la cavité amniotique et la vésicule allantoïdienne. Ce sont des dispositifs
visant à assurer la protection, la nutrition, la respiration et l’élimination des déchets
métaboliques de l’embryon.
L’œuf de l’oiseau est télolécithe, c’est-à-dire que la partie embryonnaire au sens
strict n’est constituée que par une zone superficielle discoïdale, localisée au pôle
supérieur du jaune (disque germinatif où se dérouleront les segmentations).
L’œuf est fécondé dans les voies génitales de la femelle et plus précisément dans
l’oviducte gauche, le droit étant atrophié.
En descendant dans l’oviducte, l’œuf s’entoure de plusieurs couches d’albumen,
des membranes et de la coquille. Lors de cette descente, les parois de l’oviducte
impriment à l’œuf un mouvement de rotation autour de son grand axe. Le sens de cette
rotation est attesté par la torsion des chalazes (Figure 1), deux cordons résultant d’une
Rappels d'oologie et d'embryologie
5
condensation mucilagineuse et maintenant la masse du jaune en position centrale au
sein de l’albumen.
La succession des différentes segmentations de l’embryon mènera à la neurula
et à la mise en place d’une vésicule ombilicale qui circonscrit le vitellus, il s’agit du
processus d’épibolie.
L’embryon, d’abord étroitement appliqué à cette vésicule, tend ensuite à s’en
dégager par un soulèvement au-dessus du jaune et par pédonculisation, mais lui
reste associé par le pédicule vitellin (Figure 3). La vésicule ombilicale régressera
progressivement à mesure que le vitellus qu’elle contient sera consommé par
l’embryon.
L’annexe suivante, la cavité amniotique, sera formée par le soulèvement
circulaire de l’ectoderme et de la somatopleure qui formeront des replis emprisonnant
l’embryon dans une chambre entièrement close (Figure 3) ; la cavité amniotique, par
l’activité sécrétrice de ses parois, s’emplit d’un liquide physiologique : le liquide
amniotique. La membrane entourant la cavité amniotique, l’amnios, est elle-même
entourée par le cœlome extra-embryonnaire et par la séreuse (ou chorion) qui s’accole
à la membrane coquillère de l’œuf. L’amnios joue un rôle de protection, par ailleurs le
liquide amniotique constitue une réserve aqueuse pour l’embryon.
D’autre part, dans l’intestin postérieur se forme une évagination endoblastique,
le diverticule allantoïdien, tapissée par la splanchnopleure extra-embryonnaire. Ce
diverticule s’introduit dans le cœlome extra-embryonnaire. Il s’applique contre la
séreuse avec laquelle il fusionne pour former l’allanto-chorion, une membrane épaisse
très vascularisée. Cette vascularisation joue un rôle majeur dans le cadre des fonctions
exercées par l’allantoïde :
– l’allanto-chorion établit des contacts avec la membrane coquillière, ce qui permet
d’assurer les échanges respiratoires de l’embryon avec l’extérieur ;
– l’allanto-chorion résorbe les sels minéraux (principalement les sels de calcium)
stockés dans la coquille et qui sont utilisés par l’embryon, en particulier lors de
l’édification du squelette ;
– c’est aussi grâce à sa riche vascularisation que l’allanto-chorion assure l’absorption,
au niveau des villosités de l’allantoïde, de la plus grande partie de l’albumen.
La vésicule allantoïdienne a pour fonction de recueillir les déchets du métabolisme
de l’embryon.
L’albumen est totalement utilisé pendant l’incubation. Au moment de l’éclosion,
le chorion, l’amnios et l’allantoïde sont éliminés en même temps que les débris de la
coquille.
Le reste du vitellus (jaune), soit 25 % de la masse initiale, se rétracte dans la
cavité abdominale au niveau de l’intestin moyen et sert de réserve au poussin dans les
premières heures qui suivent l’éclosion, plusieurs jours chez l’autruche.
6
De l'œuf à l'autruchon
Figure 3 — Coupe sagittale dans l’embryon, l’amnios, la vésicule ombilicale et l’allantoïde
de poule. 1. Séreuse (chorion). 2. Cœlome extra-embryonnaire. 3. Amnios.
4. Endoderme. 5. Splanchnopleure extra-embryonnaire. 6. Paroi de l’allantoïde.
7. Futur allanto-chorion. 8. Raphe séro-amniotique. 9. Cavité amniotique.
10. Embryon (région céphalique). 11. Intestin. 12. Pédicule vitellin. 13. Allantoïde.
14. Paroi de la vésicule ombilicale. 15. Vésicule ombilicale. 16. Jaune (vitellus)
[Gallien, 1976].
On peut donc définir trois phases dans le développement embryonnaire.
– La première phase s’étend du début de l’incubation au développement complet du
bec. Pendant cette phase, on assiste à la mise en place des organes et des membranes.
– La deuxième phase s’étend jusqu’à la formation significative des plumes du corps.
Cette période s’accompagne d’un accroissement des organes sans réelle différenciation.
– La dernière phase se poursuit jusqu’à l’éclosion et inclut la rétraction du vitellus,
ainsi que le passage du système respiratoire de l’allanto-chorion à celui des poumons.
2
incubation
2.1. Incubation naturelle
L’incubation naturelle est définie par une couvaison faite par les parents,
sans intervention humaine. Les observations sur les autruches en captivité et sur
les autruches sauvages ont permis de mettre en évidence les caractéristiques de
l’incubation naturelle chez ces oiseaux.
Alors que les variations journalières de température atteignent souvent 20 °C
(de 17,8 à 38,9 °C), la température des œufs couvés reste quasi constante (de 30,8 à
33,8 °C) ainsi que celle du nid (de 31 à 34,5 °C).
De même, l’humidité relative au sein du nid (de 31 à 52 %) est plus constante et
plus basse que celle de l’air ambiant (de 39 à 72 %).
Le mâle couve les œufs de la fin de l’après-midi au lendemain matin, soit durant
15 à 20 heures. La femelle couve le reste du temps. La durée de l’incubation est de
38 à 46 jours.
En milieu naturel, un étrange manège intrigue depuis toujours les biologistes
éthologues. Alors que la femelle est tranquillement installée sur son nid, plusieurs
autres femelles attendent leur tour afin d’y déposer leurs propres œufs. Ce manège
peut durer plusieurs jours et l’on compte jusqu’à 12 ou 15 femelles venant déposer de
40 à 50 œufs en tout, dont seulement un faible pourcentage sont fécondés.
Le mâle et la femelle ne commencent réellement à couver qu’à la fin de la ponte
car la couvaison des œufs incombe au mâle et à la femelle dominante, les autres
femelles étant alors chassées. L’intervalle entre le début de la ponte et le début de la
couvaison est d’environ 16 jours.
8
De l'œuf à l'autruchon
Les autruches quittent parfois le nid pour aller se nourrir, la femelle s’absente plus
souvent que le mâle. La durée de l’incubation dépend en partie du temps d’absence
des parents sur le nid, qui est cependant assez rare.
Pendant l’incubation naturelle, l’oiseau assis va périodiquement se lever et bouger
les œufs du nid. Ceci ne veut pas nécessairement dire que les œufs sont retournés, mais ils
changent de position. Ce mouvement périodique des œufs se produit de façon aléatoire.
Le retournement des œufs est nécessaire pour égaliser la température de l’œuf en
éliminant les gradients de température que subit un œuf sous l’oiseau. Le dessus de
l’œuf est en contact avec l’oiseau et est plus chaud que la face inférieure qui se trouve
en contact avec le nid.
D’autres raisons de la nécessité du retournement des œufs seront exposées au
chapitre du retournement dans les incubateurs (p. 18).
2.2. Incubation artificielle
2.2.1. Historique
Bien que l’autruche ait parcouru les siècles, et par conséquent traversé de multiples
civilisations (égyptienne, grecque, romaine, bushman, etc.), ce n’est qu’à partir de
1870 que son exploitation devint une industrie grâce à l’invention de l’incubateur
artificiel. L’inventeur en fut Arthur Douglas, pionnier des éleveurs de Grahamstown
(République d’Afrique du Sud).
Voici ce qu’était l’incubation artificielle au début du siècle (Méthode du Dr
Ménégaux in Poisson, 1926) :
« ...l’incubateur a une température de 39 degrés. Cette température est abaissée
vers le quinzième jour entre 37 et 38 degrés, on continue à l’abaisser jusqu’à la fin
de l’incubation de manière qu’elle soit comprise entre 36,8 et 37 degrés. Pendant les
deux premiers jours, on ne doit pas toucher aux œufs, après le deuxième jour, on les
laisse refroidir un peu sur une couverture pendant trente minutes et pendant les cinq
jours qui suivent, on les fait refroidir pendant une durée de trente à cinquante minutes.
Il est nécessaire d’avoir un degré hygrométrique constant dans la salle d’incubation
et une ventilation parfaite, pas trop violente mais bien assurée. Pour maintenir une
humidité dans le local, on arrose le matin des nattes qui absorbent une quantité d’eau
suffisante. Au quinzième jour, on mire les œufs ... »
Nous pouvons comprendre que les résultats obtenus étaient très loin de ce que
nous réussissons aujourd’hui avec les incubateurs modernes.
2.2.2. Collecte des œufs
Une fois les œufs pondus, il est nécessaire de les récolter le plus rapidement
possible pour éviter tout risque de contamination et d’altération de l’embryon. En
retirant les œufs du nid on empêche également les autruches de couver et ainsi elles
continuent à pondre.
incubation
9
Il faut se méfier du mâle qui peut être très agressif pendant la période de ponte.
Deux personnes seront nécessaires pour la collecte, une pour distraire le mâle et une
autre qui va chercher les œufs.
Les infections bactériennes pénètrent plus facilement dans des œufs fraîchement
pondus. En effet, la coquille de l’œuf n’offre pas encore toute sa résistance, car elle
n’est pas encore sèche, d’où la nécessité de faire un ramassage directement après la
ponte.
Tous les moyens de prévention doivent être mis en place afin de limiter le nombre
de germes sur les œufs.
(1) La première précaution à prendre est de récolter des œufs propres et pour ce faire,
il faut inciter les autruches à pondre dans les nids confectionnés par l’éleveur à un
endroit sec sous abri. Une excavation de deux mètres de diamètre dans du sable et
recouverte d’un toit fera très bien l’affaire.
(2) Les œufs sont ramassés avec des gants et chaque œuf peut être mis individuellement
dans un sac plastique neuf pour éviter une contamination entre les œufs (contamination
horizontale). Un marquage provisoire peut se faire au ramassage.
(3) Les œufs présentant un coup ou une coquille fêlée sont directement écartés. Il est
inutile de vouloir incuber de tels œufs.
(4) Une hygiène parfaite des mains de l’éleveur est recommandée. Se laver les mains
avant toute manipulation des œufs.
(5) Dès que les œufs sont récoltés, il est bon de les mirer pour constater l’état de
la coquille. Pour examiner les œufs, une lampe à mirer sera utile. Cette lampe sera
puissante avec une focalisation précise. En général la lampe se place à une des pointes
de l’œuf, celle où se trouve la chambre à air.
(6) La manipulation des œufs doit se faire avec précaution, sans mouvements brusques,
afin de ne pas endommager les tissus embryonnaires.
2.2.3. Transport des œufs
Les œufs sont transportés dans des caisses conditionnées avec des alvéoles en
mousse afin d’amortir les trépidations pendant le transport.
Il faut toujours éviter que les œufs ne soient en contact entre eux pour prévenir les
fêlures de coquilles dues aux chocs et la propagation des germes pathogènes.
Les trépidations pendant les trajets, surtout si les œufs doivent subir un long
voyage, ont pour conséquence de diminuer le taux de fécondité. Une diminution de
plus de 10 % a été constatée lors de transports de quelques heures en voiture (par
exemple lors du transport des œufs vers un centre d’accouvage).
2.2.4. Nettoyage des œufs
Un œuf récolté propre et sec ne nécessite aucun soin particulier. Un nettoyage
inopportun peut même endommager la cuticule qui protège la coquille et affaiblir
ainsi la résistance naturelle de l’œuf à la pénétration des agents pathogènes.
10
De l'œuf à l'autruchon
Les œufs souillés seront nettoyés avec une brosse douce, à sec, pour les débarrasser
des traces de terre et de matières organiques. Tout œuf souillé sera systématiquement
désinfecté afin de limiter le risque de contamination horizontale dans l’incubateur.
Comme il a été dit plus haut, les œufs seront mirés pour écarter ceux qui ont une
coquille fêlée ou présentant des dommages.
2.2.5. Désinfection des œufs
Il existe deux types d’infection ou contamination : la contamination verticale
qui est congénitale et a lieu au niveau des ovaires et de l’oviducte (salmonelle,
mycoplasme, virus...) et la contamination horizontale, non congénitale, qui a lieu
après l’oviposition. à ce moment l’œuf est chaud et humide et sa température diminue
rapidement. Il s’opère alors une rétraction naturelle du contenu de l’œuf (permettant la
formation de la chambre à air) accompagnée d’un phénomène de succion des germes
au travers de la coquille.
La désinfection des œufs avant l’incubation est obligatoire. Une bonne désinfection
augmente les chances de succès de l’incubation, la qualité microbiologique des œufs
étant un facteur primordial.
En aviculture moderne, deux méthodes de désinfection sont possibles.
• Méthode sèche ou fumigation
La fumigation peut se faire par l’adjonction de 10 ml de formaldéhyde (bactéricide
et fongicide) à 40 % à 5 g de permanganate de potassium par m3 de volume du local.
Les œufs sont déposés sur des supports en plastique et placés dans une enceinte
hermétique (boîte ou local selon le nombre d’œufs) qui fait office de chambre à gaz.
On dépose les cristaux de permanganate dans un petit récipient dans la chambre à gaz,
puis on y verse le formol avant de refermer celle-ci.
La fumigation doit durer au moins une demi-heure. Les gaz de la fumigation sont
toxiques pour l’homme et la manipulation exige le port d’un masque intégral.
Après la fumigation, on laisse échapper les gaz soit en ouvrant la boîte à
l’extérieur, soit par une ventilation si il s’agit d’un local, et on laisse reposer les œufs
pendant une heure à l’air.
La fumigation peut aussi se faire directement dans l’incubateur, mais jamais
pendant les quatre premiers jours de l’incubation.
• Méthode humide par aspersion
Les méthodes de désinfection par voie humide sont plus efficaces vu l’emploi de
produits ayant un plus large spectre d’action : en effet, il existe des produits qui sont
en même temps bactéricides, virucides et fongicides (H.A.C.Ò, Hospital Antiseptic
Concentrate, ou le Désogerme 3A® agriculture des Laboratoires ACI de Lyon en
France).
Le Désogerme 3A® est une solution aqueuse stabilisée d’ammonium quaternaire
et de trois aldéhydes associés à différents additifs. Ce produit est exempt de composés
incubation
11
chlorés, iodés ou phénoliques. Le fabricant recommande l’application d’une solution
contenant 25 ml de Désogerme par litre d’eau pour la pulvérisation sur les œufs. La
température idéale de la solution à utiliser est de ± 30 °C.
Lors de la désinfection des œufs par aspersion, il faut impérativement que la
solution ait une température supérieure à celle des œufs. Si on applique sur les œufs
une solution plus froide, le liquide sera aspiré par les pores et on augmentera le risque
d’y faire pénétrer les agents pathogènes.
Ce phénomène d’aspiration apparaît également lorsqu’un œuf est pondu dans
une flaque d’eau. L’œuf ayant la température du corps de l’autruche au moment de la
ponte, l’intérieur se rétracte au contact de l’eau froide contaminée, et donc aspire cette
eau porteuse de microbes à travers la coquille.
Par contre, si la solution utilisée pour la désinfection est trop chaude, il y a un
risque d’altérer l’albumen, les protéines ou les membranes de l’œuf.
Après désinfection, les œufs seront essuyés de manière à ne pas avoir d’eau qui
coule puis laissés à sécher à l’air libre. La désinfection des œufs ne supprime jamais
tous les agents pathogènes. Elle permet seulement d’en diminuer le nombre et par
conséquent, permet d’augmenter les chances de réussite de l’incubation.
Une désinfection bien gérée peut rendre une coquille quasi exempte de germes
pathogènes.
2.2.6. Marquage des œufs
Après le nettoyage des œufs, une marque (par exemple un numéro) sera apposée
sur la coquille du côté de la chambre à air, au moyen d’un crayon ou d’un feutre
indélébile ou encore d’une étiquette, afin de pouvoir les identifier. Le numéro sera
reporté sur la liste reprenant les pontes de votre élevage (voir fiche de récolte des
œufs, p. 51).
2.2.7. Stockage des œufs
Le stockage est une étape indispensable durant laquelle la chambre à air va se
former, du côté le plus large de l’œuf où les pores sont plus nombreux et laissent
passer l’air entre la membrane interne et la membrane externe. Lorsque l’œuf est
laissé au repos quelques jours (au minimum 2 jours), l’albumen se dégrade et permet
à l’embryon de se rapprocher de la chambre à air, pour autant que l’œuf soit maintenu
en position verticale, côté large vers le haut, la densité du jaune étant inférieure à celle
de l’albumen.
L’embryon minuscule entrera dans un état de latence et pourra être conservé sans
danger jusqu’à un maximum de 10 jours. Ses chances d’évoluer correc-tement ne
seront pas diminuées par cette latence pour autant qu’elle se fasse dans de bonnes
conditions de température, d’humidité et de retournement de l’œuf.
Le stockage favorise même la perte en eau durant l’incubation sans pour autant
avoir d’effets négatifs sur l’éclosabilité.
12
De l'œuf à l'autruchon
Le local de stockage des œufs doit être propre, bien ventilé et à l’abri de toute
condensation et prédation. Sa température optimale sera de 15 °C. Il n’y a cependant
pas de différence observée à l’éclosion pour des températures comprises entre 13 et
18 °C.
Le taux d’humidité relative doit être assez élevé sans pour autant atteindre le
point de rosée ou condensation. Aucune vapeur ne peut être produite dans ce local.
Le retournement des œufs pendant cette période est conseillé et sera effectué une
fois toutes les 12 heures.
Souvent les œufs sont stockés en position horizontale mais certains éleveurs les
conservent en position dressée avec la chambre à air vers le haut.
Enfin, le stockage des œufs permet de constituer des lots d’œufs qui seront mis
en même temps dans l’incubateur et avoir ainsi des groupes d’autruches de même âge.
2.2.8. Les paramètres de l’incubation artificielle
• Température
L’embryon commence à se développer quand l’œuf d’autruche fécondé est
exposé à une température supérieure à 30 °C. La durée de l’incubation est fonction de
la température, pour autant que celle-ci soit comprise entre 35 et 37 °C.
Ce sont toujours les éclosions à terme (42 jours) qui donnent les plus hauts
pourcentages de réussite et les meilleurs poussins.
On a constaté que les œufs d’autruche tolèrent, sans perturbation du développement
de l’embryon, des variations de température de 1,5 °C en plus ou en moins. Dans ces
limites physiologiques, l’embryon se développe plus rapidement quand la température
est plus élevée et le temps d’incubation est donc plus court.
Il est évident que la température des incubateurs doit se rapprocher le plus
possible de ce qui se passe dans la nature. La température optimale est de 36,3 °C. Un
thermomètre (au mercure) supplémentaire à celui de la sonde permettra de vérifier la
bonne régulation dans l’incubateur.
Les effets observés de la température sur l’œuf et l’embryon sont les suivants
(Tableau 2).
– Inférieure à 10 °C : l’exposition trop longue (plus de 24 h) d’un œuf à une température
inférieure à 10 °C a pour conséquence la mort de l’embryon.
– De 11 à 19 °C : il n’y a pas de multiplication cellulaire donc pas de dévelop-pement
embryonnaire. C’est la température idéale pour le stockage des œufs.
– De 20 à 29 °C : le développement correct de l’embryon n’est pas possible, il y a
une faible activité cellulaire des cellules de l’embryon, mais qui conduira à la mort
certaine de celui-ci.
– De 30 à 34 °C : le développement de l’embryon est lent, avec des possibilités
d’anomalies, des éclosions très tardives et un faible taux de réussite des éclosions.
– De 35 à 38 °C : c’est la plage de températures qui donne les meilleurs résultats pour
le développement embryonnaire et l’éclosion des œufs.
13
incubation
– Supérieure à 38 °C : des embryons morts-nés, des anomalies physiques, très peu
d’éclosions, et un taux élevé de mortalité après éclosion sont observés.
Tableau 2 — Défauts dus à une température d’incubation inadéquate.
Température trop élevée
Température trop basse
prématurée
tardive
apathique et petit
poisseux, gluant, puant, ou mort
ombilic sanglant, mal cicatrisé
omphalite
éclosion
Poussin
Cordon ombilical
• Hygrométrie
Le taux d’humidité relative dans un incubateur est un paramètre déterminant pour
la réussite de l’incubation artificielle (Tableau 3). Les fluctuations du taux d’humidité
ne sont pas aussi destructrices que celles de la température. Un taux d’humidité adéquat
permet une meilleure assimilation du calcium et augmente la taille de l’embryon. Pour
une température d’incubation de 36,3 °C dans l’incubateur, le taux optimal d’humidité
relative se situe entre 20 et 25 %.
Tableau 3 — Conséquences d’une mauvaise hygrométrie dans l’incubateur.
Hygrométrie trop élevée
Œuf
Embryon
Hygrométrie trop basse
augmentation de la contamination
fuite hydrique entraînant des
et développement des bactéries
adhérences
mort tardive par défaut de perte
d’eau
éclosion
prématurée
éclosion tardive
Poussin
faible, non mobile, poisseux,
sec, petit, déshydraté, adhérant
œdèmes sous-cutanés
à la coquille
mal cicatrisé
sec
Cordon ombilical
L’humidité relative, ou état hygrométrique de l’air, peut être déterminée au moyen
du psychromètre à deux thermomètres. à condition que les échanges de chaleur
sous l’effet du rayonnement et de la conductibilité, des bulbes des thermomètres
soient négligeables durant les échanges par convection (thermomètre à bulbe
ventilé), l’un des thermomètres dont le bulbe est nu donne la température sèche et
l’autre thermomètre dont le bulbe est recouvert d’une mèche saturée d’eau donne
la température humide. L’eau de la mèche, en s’évaporant, emprunte des calories
au milieu ambiant et provoque donc une diminution de la température autour de ce
thermomètre. Dans des conditions d’humidité faible, l’évaporation sera plus forte et
le refroidissement qu’elle provoque sera plus grand ; inversement pour des conditions
de forte humidité. La différence entre les températures lues au thermomètre sec et au
thermomètre humide, d’autant plus grande que le milieu est plus sec, est corrélée à la
14
De l'œuf à l'autruchon
valeur de l’humidité relative dans l’espace contrôlé, en tenant compte de la pression
atmosphérique. Le tableau 4 permet de déterminer l’humidité relative à partir de la
différence des températures sèche et humide et de la pression atmosphérique.
Tableau 4 — Différence de températures entre le thermomètre sec et le thermomètre humide
en fonction de l’humidité relative (H.R.) et de la pression atmosphérique.
H.R.
Pression atmosphérique (hPa)
820
840
860
880
900
920
940
960
980
1000
1020
1040
19,1
19.0
18,9
18,8
18,7
18,6
18,4
18,3
18,2
18,1
17,9
17,8
16
18,9
18,8
18,7
18,5
18,4
18,3
18,1
18
17,9
17,8
17,6
17,5
17
18,6
18,5
18,3
18,2
18,1
17,9
17,8
17,7
17,6
17,5
17,3
17,2
18
18,3
18,1
17.0
17,9
17,8
17,6
17,5
17,4
17,3
17,2
17.0
16,9
19
18.0
17,8
17,7
17,6
17,4
17,3
17,2
17,1
17.0
16,9
16,8
16,7
20
17,6
17,5
17,4
17,3
17,1
17.0
16,9
16,8
16,7
16,6
16,5
16,4
21
17,3
17,2
17,1
17.0
16,8
16,7
16,6
16,5
16,4
16,3
16,2
16,1
22
17.0
16,9
16,8
16,7
16,6
16,4
16,3
16,2
16,1
16
15,9
15,8
23
16,7
16,6
16,5
16,4
16,2
16,1
16.0
15,9
15,8
15,7
15,6
16,6
24
16,4
16,3
16,2
16,1
15,9
15,9
15,8
15,7
15,6
15,5
15,4
15,3
25
16,1
16.0
15,9
15,8
15,7
15,6
15,5
15,4
15,3
15,2
15.0
14,9
26
15,8
15,7
15,6
15,5
15,4
15,3
15,2
15.0
14,9
14,8
14,7
14,7
27
15,5
15,4
15,3
15,2
15,1
14,9
14,8
14,8
14,7
14,6
14,5
14,4
28
15,2
15,1
15.0
14,8
14,8
14,7
14,6
14,5
14,4
14,3
14,2
14,2
29
14,9
14,8
14,7
14,6
14,5
14,4
14,3
14,2
14,2
14,1
14.0
13,9
30
14,6
14,5
14,4
14,3
14,2
14,1
14,1
14.0
13,9
13,8
13,7
13,7
31
14,3
14,2
14,1
14.0
14.0
13,9
13,8
13,7
13,6
13,6
13,5
13,4
32
14.0
14.0
13,9
13,8
13,7
13,6
13,5
13,5
13,4
13,3
13,2
13,2
33
13,8
13,7
13,6
13,5
13,4
13,4
13,3
13,2
13,1
13,1
13.0
12,9
34
13,5
13,4
13,3
13,3
13,2
13,1
13.0
13.0
12,9
12,8
12,7
12,7
35
13,2
13,2
13,1
13.0
12,9
12,8
12,8
12,7
12,6
12,5
12,5
12,4
36
13.0
12,9
12,8
12,7
12,7
12,6
12,5
12,4
12,4
12,3
12,2
12,1
37
12,7
12,6
12,5
12,5
12,4
12,3
12,2
12,2
12,1
12.0
12.0
11,9
38
12,4
12,4
12,3
12,2
12,1
12,1
12
11,9
11,9
11,8
11,7
11,7
39
12,2
12,1
12.0
11,9
11,9
11,8
11,7
11,7
11,6
11,6
11,5
11,4
40
11,9
11,8
11,8
11,7
11,6
11,6
11,5
11,4
11,4
11,3
11,2
11,2
(%)
15
incubation
Exemple : la température du thermomètre sec est de 36,5 °C (température
ambiante dans un incubateur), la température du thermomètre humide est de 22,3 °C,
la différence est de 14,2 °C. Si la pression atmosphérique est de 900 hPa, le tableau 4
indique une humidité relative (H.R.) de 30 %.
Les valeurs optimales d’humidité relative recommandées dans la littérature
varient fortement d’un auteur à l’autre.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est important que l’œuf perde 15 % de sa masse
pendant la période d’incubation. C’est en surveillant ce paramètre que l’on déterminera
le taux idéal d’humidité relative. Si le pourcentage de masse perdue est trop élevé par
rapport à la courbe de poids optimale, on augmentera de 3 à 4 % l’humidité relative
par % de masse perdue en excès. Si le pourcentage de masse perdue est trop faible,
on abaissera de 3 à 4 % le taux d’humidité relative par % de masse à perdre (voir
Tableau 6). Si le taux d’humidité relative n’arrive pas à descendre suffisamment
bas dans l’incubateur, il faudra agir sur la température et le taux d’humidité dans
la salle d’incubation avec un condition-nement d’air et un déshumidificateur. Le
conditionnement d’air a pour but de stabiliser la température du local sans quoi il
n’est pas possible de gérer et stabiliser le taux d’humidité. Plus l’air est chaud, plus il
peut contenir de vapeur d’eau (g/m3) à l’état de vapeur. En maintenant la température
aux alentours de 20 °C dans le local où sont placés les incubateurs, on est certain de
ne pas avoir d’excès d’humidité.
Le tableau 5 permet de savoir à quel taux d’humidité relative doit se trouver
le local d’incubation en fonction de sa température (qui sera gérée et stabilisée par
le conditionnement d’air) et en fonction du taux d’humidité relative que l’on désire
obtenir dans l’incubateur.
Il est en effet plus facile de gérer le taux d’humidité dans le local avec un
déshumidificateur que de vouloir extraire l’humidité de l’incubateur. C’est la raison
pour laquelle il n’y a pas de système de régulation de l’humidité dans les incubateurs
pour œufs d’autruche.
Exemple : Si vous désirez obtenir 19 % d’humidité relative (H.R.) dans votre
incubateur et que la température du local est de 22 °C, vous devrez avoir une humidité
relative de 44 % dans le local.
Tableau 5 — Humidité relative du local (en %) en fonction de sa température et de l’humidité
relative requise dans l’incubateur.
H.R. dans
Température du local D’Incubation
l’
incubateur
20 °C
21 °C
22 °C
23 °C
24 °C
25 °C
26 °C
27 °C
28 °C
29 °C
20 %
51
48
45
42
40
38
36
34
33
31
19 %
50
47
44
41
39
37
35
33
31
29
18 %
47
45
42
40
37
35
33
31
29
27
17 %
45
42
40
38
35
33
31
29
27
26
16
De l'œuf à l'autruchon
La perte de poids des œufs d’autruche suit une pente relativement constante au
cours des six semaines d’incubation (Figure 4 et Tableau 6).
La comparaison des courbes d’évolution du poids des œufs fécondés avec celles
des œufs non fécondés ne révèle pas de différence significative. Aussi, la perte de poids
au cours de l’incubation représente-t-elle un phénomène physique, essentiellement
passif, indépendant du développement de l’embryon. Elle est liée d’une part au
volume de l’œuf et d’autre part au réglage de l’incubateur. Ainsi, selon la température
et l’hygrométrie utilisées, on obtient des valeurs de perte de poids de l’œuf différentes
d’un élevage à l’autre.
Figure 4 — Exemple de perte de poids pour un œuf de 1620 g au départ (la perte de poids
totale est de 15 %).
• Poids de l’œuf
Il existe une relation entre la taille de l’œuf et son éclosabilité. D’après l’expérience
de Deeming en 1994, les œufs dont le poids se situe entre 1100 et 1400 g, éclosent sans
assistance dans plus de 70 % des cas alors que le taux d’éclosion des œufs dépassant
1600 g n’atteint pas 50 %.
La fréquence d’autruchons poisseux ou œdémateux augmente avec le poids de l’œuf.
Lorsque la taille de l’œuf augmente, le rapport entre sa surface et son volume diminue,
ce qui rend moins efficaces les échanges de gaz et de chaleur. En fin d’incubation,
le catabolisme de l’embryon produit de la chaleur qu’il doit évacuer sous peine de
voir augmenter sa température interne. La surchauffe de l’embryon provoque des
dommages irréparables aux tissus, augmente le besoin en oxygène et par conséquent
la mortalité embryonnaire.
Si on incube deux œufs dont la porosité de la coquille est identique mais dont les
poids sont respectivement de 1200 g et 1600 g, à 30 % d’humidité relative, le premier va
perdre 15 % de son poids, l’autre 11,25 %. à terme, l’embryon du second va emmagasiner
plus d’eau dans ses tissus, et se mouvoir dans un espace proportionnellement plus
restreint. Dans ces conditions, on comprend aisément que la proportion d’autruchons
17
incubation
Tableau 6 — Perte de poids pendant l’incubation (perte théorique de 15 %) aux conditions de
T° et d’H.R.
POIDS
POIDS DE L’ŒUF AU JOUR
INITIAL
7
14
21
28
35
42
1800
1755
1710
1665
1620
1575
1530
1775
1731
1686
1642
1598
1553
1509
1750
1706
1663
1619
1575
1531
1488
1725
1682
1639
1596
1553
1509
1466
1700
1658
1615
1573
1530
1488
1445
1675
1633
1591
1549
1508
1466
1424
1650
1609
1568
1526
1485
1444
1403
1625
1584
1544
1503
1463
1422
1381
1600
1560
1520
1480
1440
1400
1360
1575
1536
1496
1457
1418
1378
1339
1550
1511
1473
1434
1395
1356
1318
1525
1487
1449
1411
1373
1334
1296
1500
1463
1425
1388
1350
1313
1275
1475
1438
1401
1364
1328
1291
1254
1450
1414
1378
1341
1305
1269
1233
1425
1389
1354
1318
1283
1247
1211
1400
1365
1330
1295
1260
1225
1190
1375
1341
1306
1272
1238
1203
1169
1350
1316
1283
1249
1215
1181
1148
1325
1292
1259
1226
1193
1159
1126
1300
1268
1235
1203
1170
1138
1105
1275
1243
1211
1179
1148
1116
1084
1250
1219
1188
1156
1125
1094
1063
1225
1194
1164
1133
1103
1072
1041
1200
1170
1140
1110
1080
1050
1020
1175
1146
1116
1087
1058
1028
999
1150
1121
1093
1064
1035
1006
978
1125
1097
1069
1041
1013
984
956
1100
1073
1045
1018
990
963
935
poisseux ou œdémateux soit plus importante avec les gros œufs si on n’a pas adapté le
taux d’H.R. dans l’incubateur. Les œufs de grande taille ont besoin de perdre une plus
grande quantité d’eau pour atteindre une perte de poids de 15 %. Un œuf de 1200 g doit
perdre seulement 180 g tandis qu’un œuf de 1600 g devra perdre 240 g soit 60 g de plus
(Tableau 6). Cette constatation, couplée au rapport surface/volume plus faible dans le
cas des gros œufs, explique la difficulté pour ces derniers à perdre du poids dans des
conditions d’ambiance fixées (T°, H.R., ventilation).
18
De l'œuf à l'autruchon
En conclusion, le faible taux d’éclosion associé aux œufs de grande taille peut
être mis en relation avec une température trop élevée de l’œuf, une perte de poids
trop faible et un déficit en oxygène. On peut remédier à ce problème en incubant les
œufs à des températures différentes en fonction de leur poids. Les œufs les plus lourds
seront incubés à une température plus basse (0,5 °C) et une humidité relative plus
faible (2 à 3 °C de moins au thermomètre humide) pour faciliter la perte de poids. En
conséquence, le développement embryonnaire sera plus lent, les besoins en oxygène
moindres et le temps d’incubation prolongé de deux jours.
• Retournement des œufs
En incubation naturelle, le retournement des œufs paraît justifié par le gradient de
température qu’un œuf subit sous l’oiseau (différence de température entre le dessus
et le dessous de l’œuf).
Dans un incubateur à courant d’air forcé, il n’y a pas de gradient de température et
pourtant le retournement des œufs est d’une importance capitale pour le développement
correct de l’embryon.
Normalement, quand un œuf est basculé, le jaune est libre d’y tourner à l’intérieur
grâce à la différence de densité entre le haut et le bas de celui-ci, ce qui permet à
l’embryon de flotter toujours vers le haut de l’œuf. Chez les œufs non retournés, il
semble que l’embryon se colle à la membrane externe de la coquille.
De plus, des études concernant le développement embryonnaire des œufs de
volaille ont montré qu’il y a des effets plus profonds qu’une simple adhérence de
l’embryon à la membrane externe de la coquille. Des œufs de poules retournés ont été
comparés avec des œufs non retournés pendant l’incubation dans un même incubateur.
En même temps qu’il y a une période critique, du 3e au 7e jour, durant laquelle le
retournement est indispensable, il y a quatre types d’influence du retournement sur la
croissance et le développement de l’embryon :
– au niveau de la croissance des membranes extra-embryonnaires,
– au niveau de la balance des fluides de l’embryon,
– au niveau de la nutrition de l’embryon,
– au niveau de la croissance de l’embryon.
Ne retourner les œufs que pendant la période critique donne d’aussi bons résultats
qu’un retournement régulier pendant toute la période d’incubation. Par contre, si des
œufs sont retournés à un autre moment, à l’exclusion de la période critique du 3e au 7e
jour, les résultats sont identiques à ceux observés avec des œufs non retournés.
Dès que la chambre à air a été localisée, l’œuf doit être placé avec cette chambre
vers le haut. L’angle entre l’axe de l’œuf et la verticale sera de 45°. Il est recommandé
de basculer l’œuf de 90° par rapport à sa position initiale et de répéter ce mouvement
toutes les deux ou trois heures et ceci pendant l’incubation proprement dite, jamais
pendant l’éclosion (Figure 5).
Si la chambre à air n’a pas été localisée, les œufs seront disposés horizontalement
et devront subir une rotation suivant l’axe horizontal de +180°, puis -180° (Figure
incubation
19
5). Il convient de prendre des précautions importantes lors de ces manipulations, car
une étude sur des œufs fertiles mais non éclos (Ley, 1986) a montré qu’une cause de
la mort des embryons semblait être une mauvaise position de la tête, opposée à la
chambre à air. Cette position anormale (dite malposition II) serait le résultat soit d’une
incubation horizontale, soit d’une orientation de la chambre à air vers la bas ou encore
d’une mauvaise rotation des œufs.
Figure 5 — Mouvements de rotation de l’œuf dans l’incubateur (à gauche pour les œufs
incubés verticalement, à droite, horizontalement).
Le manque de retournement des œufs ralentit la croissance de la zone vasculaire.
La membrane du sac contenant le vitellus, riche en vaisseaux sanguins, croît autour de
celui-ci. Cette membrane est importante dans la formation du fluide sous-embryonnaire
et pour l’absorption du vitellus. Au 3e jour, il n’y a aucune différence entre un œuf
retourné et un œuf non retourné ; par contre, au 7e jour, la zone vascularisée des œufs
non retournés est plus petite de 17 %. Plus tard, au cours du processus d’incubation,
on observera aussi une réduction de la croissance de l’allanto-chorion.
La membrane qui délimite la surface interne de la coquille agit comme le poumon
de l’embryon (voir chap. 1). L’allanto-chorion croît aussi autour de l’albumen formant
un sac d’albumen complet ; ainsi, pendant une incubation normale, il est complet au
12e jour. Mais ceci n’est pas le cas dans beaucoup d’œufs non retournés. Dans ce cas,
une formation incomplète du sac d’albumen empêche l’éclosion.
Pendant la première semaine du développement, l’embryon utilise la zone
vasculaire pour pomper des sels et de l’eau de l’albumen dans le jaune pour former le
fluide sous-embryonnaire. Ce fluide est alors utilisé au cours de la deuxième semaine
du développement pour produire les liquides amniotique et allantoïque. Le premier
sert à protéger l’embryon et le second agit comme sa vessie.
Dans les œufs non retournés, moins d’eau est transférée de l’albumen au liquide
sous-embryonnaire et ceci se remarque plus tard par une réduction du liquide
allantoïque.
20
De l'œuf à l'autruchon
Le manque de retournement des œufs diminue la nutrition de l’embryon. Dans
un premier temps, une zone vasculaire plus petite réduit l’absorption du jaune d’œuf.
L’utilisation d’albumen riche en protéines est significativement affectée par le
manque de retournement. Au 12e jour d’incubation, chez la poule, une série de petits
trous apparaissent dans la membrane séparant l’albumen du liquide amniotique. De
l’albumen migre alors dans le liquide amniotique et est assimilé par l’embryon pour
la croissance. Les protéines en excès sont simplement transférées dans le sac vitellin
pour utilisation ultérieure après l’éclosion.
Dans des œufs non retournés, l’albumen n’est pas déshydraté complètement et
tend à reposer au fond de l’œuf en dessous du jaune, et souvent il n’est pas entouré
complètement par la membrane chorio-allantoïque. La migration de l’albumen dans
le liquide amniotique est limitée et retardée, et l’embryon est privé d’une source
importante d’éléments nutritifs avec comme conséquence une croissance limitée.
Pendant la deuxième partie de l’incubation, le taux de croissance d’un embryon non
retourné est retardé par rapport à celui des œufs retournés.
L’absence de retournement des œufs affecte donc plusieurs processus de
croissance et physiologiques qui se combinent pour empêcher l’embryon d’utiliser
l’albumen de l’œuf. Cependant, les conséquences du manque de retournement des
œufs pendant la première partie de l’incubation ne sont vraiment visibles que pendant
la seconde partie de l’incubation et il est alors trop tard pour les corriger. Par contre,
le manque de retournement pendant la deuxième partie de l’incubation n’aura que des
effets négatifs faibles sur le développement.
Pour l’autruche, la période critique n’a pas été définie expérimentalement. C’est
pourquoi on pratiquera le retournement pendant toute la période du séjour de l’œuf
dans l’incubateur, suivant en cela le principe de précaution.
En résumé, si l’albumen n’est pas utilisé dans son entièreté, l’embryon aura un
faible taux de croissance et n’atteindra pas les critères nécessaires pour son éclosion. Il
ne peut pas rester d’albumen non assimilé dans la coquille au moment de l’éclosion ;
l’embryon ne pourra pas prolonger sa période d’incubation pour utiliser l’albumen
restant et donc une mortalité à la naissance est certaine (Tableau 7).
• Ventilation
La consommation en oxygène de l’œuf suit une fonction exponentielle jusqu’aux
environs du 30e jour de la période d’incubation, puis elle ralentit avant de passer
par un maximum de consommation six jours avant l’éclosion, pour décroître
ensuite lentement jusqu’à l’éclosion (Figure 6). Cette dernière phase correspond au
ralentissement de la croissance de l’embryon pendant que celui-ci résorbe le vitellus
à l’intérieur de son corps.
21
incubation
Tableau 7 — Résumé des effets du manque de retournement de l’œuf d’autruche.
Jour de l’incubation
Effets
6
possibilité d’adhérence de la membrane sur la coquille
10
mauvais développement de la zone vasculaire
14
formation restreinte du liquide sous embryonnaire
16
grand volume d’albumen dilué
18
mauvais positionnement de l’embryon
22
faible croissance de la membrane chorio-allantoïque
24
faible développement du sac d’albumen
26
croissance embryonnaire retardée
28
transfert restreint d’albumen dans le liquide amniotique
32
mauvaise oxygénation du sang embryonnaire
36
albumen résiduel
40
mauvais positionnement de l’embryon pour l’éclosion
42
faible taux d’éclosion
Figure 6 — Consommation d’oxygène par œuf et par heure au cours des six semaines
d’incubation.
Si l’œuf absorbe de l’oxygène, son métabolisme entraîne le rejet de CO2 et de
vapeur d’eau. La concentration en oxygène et en CO2 à l’extérieur de l’œuf influence
directement ces échanges gazeux.
Ceci montre la grande importance d’une ventilation efficace de l’incubateur,
qui permettra de renouveler continuellement l’air dans celui-ci. Si la ventilation
est insuffisante, le taux d’oxygène décroît rapidement et la concentration en CO2
augmente. Le taux normal d’oxygène dans l’air est de 21 % en volume. Si ce taux
décroît de 1 %, le taux d’éclosion, lui, diminuera de 5 %.
22
De l'œuf à l'autruchon
Une concentration de 0,03 % de CO2 est celle de l’air pur, on atteint 0,15 %
dans une salle de réunion, et 3 % dans un abri anti-aérien ; mais à 10 %, il y a
danger mortel immédiat pour l’homme. L’embryon d’autruche est plus sensible : à
la concentration de 2 %, le CO2 réduit le taux d’éclosion et au-dessus de 5 %, le taux
d’éclosion est nul. Les symptômes d’une concentration en CO2 trop élevée sont les
suivants :
– un pourcentage réduit d’éclosion des œufs,
– des poussins qui meurent dès l’entrée dans la chambre à air,
– une mauvaise occlusion de l’ombilic,
– une absorption incomplète du vitellus,
– des poussins sans vigueur.
Une ventilation insuffisante a aussi pour conséquence l’apparition de coins
humides dans l’incubateur et une augmentation de l’humidité à la surface des œufs
(création d’un microclimat favorisant la croissance de germes pathogènes). D’autre
part, une circulation défectueuse induit une distribution inégale de la chaleur dans
l’incubateur.
Le renouvellement d’air conseillé dans un incubateur varie, selon les auteurs, de
300 à 700 m3 d’air par jour et pour 100 œufs.
L’équilibre des trois facteurs (température, humidité et ventilation) doit être adapté
à la porosité de la coquille de l’œuf. Une plus grande porosité augmente l’évaporation
et le risque d’infections par des germes pathogènes. Il faut donc une température plus
basse et une humidité relative plus haute.
Des œufs insuffisamment poreux sont problématiques à cause d’une chambre
à air trop peu volumineuse. L’embryon pourrait alors être asphyxié, ou souffrir de
dommages irréversibles causés par une concentration en CO2 trop élevée.
2.2.9. La salle d’incubation et les locaux annexes
La disposition des pièces annexes à la salle d’incubation doit être telle que l’on
puisse toujours quitter les locaux d’incubation sans revenir sur ses pas ni repasser par
les locaux par où l’on est entré (voir Figure 3.2 p. 57 in Cornette et Lebailly, 1998).
Les locaux nécessaires sont les suivants :
– un local sanitaire de désinfection pour le personnel, avec évier, pharmacie, pédiluve,
vestiaire...),
– un local pour le pré-conditionnement de l’air,
– le local de réception des œufs,
– le local de désinfection et fumigation des œufs,
– le local de stockage des œufs,
– la salle des incubateurs,
– la salle d’éclosion qui abrite les éclosoirs.
Tous ces locaux doivent répondre à des paramètres d’ambiance plus ou moins
exigeants (Tableau 8) et seront soumis à de strictes règles d’hygiène.
23
incubation
Avant d’entrer dans chacun de ces locaux, il faut utiliser un pédiluve pour
désinfecter les souliers. Se laver les mains et porter des vêtements spécifiques comme
cache-poussière, protège-tête, gants, masque respiratoire, chaussures, contribuera à
éviter les contaminations des œufs.
Les locaux seront désinfectés entièrement au moins deux fois par an, avant et
après la saison de ponte.
Le local de pré-conditionnement de l’air servira à filtrer et conditionner l’air
avant son entrée dans les différents locaux de l’unité d’incubation.
Les locaux seront impérativement et uniquement réservés aux accouveurs (pas
de visites).
Tableau 8 — Résumé des paramètres d’ambiance pour l’incubation des œufs d’autruche.
TEMPéRATURE
HUMIDITé
VENTILATION
Rotation
°C
RELATIVE
par 100 œufs/h
r / jour
Salle de stockage
13 à 18
60 à 80 %
1 m3
4x
Salle d’incubation
21 à 25
35 à 60 %
1,4 m3
36,1 à 36,4
18 à 36 %
2 m3
21 à 25
50 à 90 %
3 m3
35,5 à 36,5
70 %
3 m3
Incubateur
Salle d’éclosion
éclosoir
12 x
0
2.2.10. L’incubateur
L’incubateur est un appareil consistant essentiellement en une enceinte close,
aseptique, maintenue à température et humidité constantes par des systèmes de
régulation, et où sont placés les œufs pour la durée de leur incubation (Figure 7).
Les matériaux utilisés pour l’enceinte doivent être non poreux et d’entretien aisé
pour le nettoyage ; le PVC est idéal pour cet usage. Ils doivent aussi être isothermiques
pour éviter les déperditions de calories.
Les systèmes de régulation de la température (thermostats) sont de plusieurs
types : bilames, tubes de mercure à contacts électriques, ou thermostats électro-niques
à micro-processeurs. Ces derniers sont préférables aux autres du fait de leur précision
de régulation.
Un système de retournement automatique des œufs sera plus commode que le
retournement manuel.
L’incubateur disposera d’ouïes réglables pour permettre l’entrée et la sortie d’air
pour le renouvellement de celui-ci dans l’enceinte.
Les incubateurs peuvent être de capacité différentes (50, 100, 250, 1000, … œufs)
allant même jusqu’à la taille d’un local entier.
En résumé, l’incubateur idéal doit répondre aux critères suivants :
– contrôle et régulation de la température avec une précision de 0,1 °C
24
De l'œuf à l'autruchon
– lecture de l’humidité relative (hygromètre)
– retournement automatique des œufs à fréquence réglable
– circulation et renouvellement de l’air
– construction avec un matériau isothermique et d’un nettoyage facile
– alarme en cas de panne (dépassement de la température de consigne).
Les prix varient en fonction de la capacité (nombre d’œufs), de l’instrumen-tation
(différents contrôles, précision des contrôles) et de la qualité de la finition.
Le calcul de la capacité de l’incubateur suit le raisonnement suivant. Une femelle
pondant trois œufs par semaine en moyenne et la durée de l’incubation étant de six
semaines, par femelle, la capacité de l’incubateur sera de 6 x 3 = 18 œufs.
Exemple : pour trois trios, soit six femelles, une capacité de 108 œufs (6 x 18) suffira,
soit un incubateur de 120 œufs ou, mieux, deux incubateurs de 60, pour des raisons
d’hygiène (contamination horizontale) et de gestion de la perte de poids des œufs.
Figure 7 — Incubateur 60 œufs (INCUBEL).
25
incubation
2.2.11. Développement de l’embryon pendant l’incubation
Les repères visuels qui permettent de suivre les stades du développement
embryonnaire pendant l’incubation sont les suivants (Tableau 9, Figures 8 et 9) :
– Jour 1. La poche d’air (ou chambre à air) est toute petite. L’ombre du jaune est
faible et très mobile. Le blanc est très clair.
– Jour 3. La chambre à air est en formation. Développement de l’embryon (peu
visible) du côté de la chambre à air.
– Jour 7. La chambre à air est clairement définie et l’ombre de l’embryon s’assombrit.
– Jour 14. élargissement de la chambre à air. L’embryon apparaît clairement comme
une masse foncée qui occupe environ la moitié de l’œuf.
– Jour 21. La chambre à air occupe le 1/6 de l’œuf et l’embryon la moitié.
– Jour 28. La chambre à air occupe le 1/5 de l’œuf et l’embryon les 2/3.
– Jour 35. La chambre à air occupe 22 % de la longueur de l’œuf et l’embryon les 7/8.
– Jour 39. L’embryon remplit la totalité de l’œuf. La masse claire (côté opposé à la
chambre à air) a disparu. Les mouvements de l’embryon peuvent être perçus. Une
bosse sur la membrane nous indique la tête.
Tableau 9 — évolution de l’embryon et de la chambre à air pendant l’incubation.
Longueur (mm)
Jour 1
Poids (g)
2
Chambre à air (%)
5
Jour 7
10
0,9
7
Jour 14
30
2,8
12
Jour 21
85
18
16
Jour 28
155
150
20
Jour 35
235
250
22
Jour 41
270
910
30
Figure 8 — évolution du poids u et de la longueur n de l’embryon pendant l’incubation.
26
De l'œuf à l'autruchon
Jour 1
Jour 7
Jour 14
Jour 21
incubation
Jour 28
Jour 35
Jour 39
Figure 9 — Développement de l’embryon d’autruche.
à gauche : observation par mirage,
à droite : ouverture de l’œuf.
27
3
éCLOSION
3.1. éclosoirs
Le temps d’éclosion dépend de l’âge des parents, du poids de l’œuf, du temps de
stockage, des conditions de stockage, de la température d’incubation et de l’humidité
relative. Aux environs du 39e jour, les œufs sont déplacés de l’incubateur à l’éclosoir
placé dans la salle d’éclosion. L’éclosoir ressemble à un incubateur, à la seule différence
qu’il ne faut pas de système de retournement des œufs. Les œufs y sont déposés à plat
dans des compartiments avec ou sans séparations (Figures 10 et 11). Si les œufs sont
en contact les uns avec les autres pendant l’éclosion, il y a une stimulation réciproque
entre les œufs, étant donné que les poussins entendent leurs voisins quand ils émettent
des petits cris ou tapent sur la coquille (bêchage de coquille).
La température dans l’éclosoir oscillera autour de 35,5 à 36,5 °C pour une
température de 21 à 25 °C dans la salle. On demande moins de précision dans la
régulation de la température dans l’éclosoir que dans l’incubateur. Le poussin produit
énormément de chaleur puisque sa température avoisine 39 °C.
L’humidité relative de l’air sera plus importante dans la salle d’éclosion que
dans la salle d’incubation. Un taux d’H.R. de 50 à 90 % dans la salle et 70 % dans
l’éclosoir représente l’idéal.
La salle d’éclosion demande une bonne aération pour que les éclosoirs puissent
renouveler leur air intérieur. La demande en oxygène des poussins est grande à ce
moment de leur évolution.
Une désinfection de la chambre d’éclosion est recommandée.
Le résumé des paramètres d’ambiance pour l’éclosion des œufs d’autruche est
repris au tableau 8 (page 23).
Enfin, une lampe à mirer est indispensable pour examiner à l’intérieur des œufs
les mouvements du futur autruchon.
30
De l'œuf à l'autruchon
Figure 10 — éclosoir à cloisonnements.
Figure 11 — éclosoir à tiroirs, sans cloison (INCUBEL).
éclosion
31
3.2. L’éclosion
L’éclosion est déclenchée par la demande en oxygène des poussins, cette demande
ne pouvant plus être satisfaite par la diffusion. Afin de ne pas suffoquer, le poussin met
sa tête au-dessus de ses pattes et pousse son bec dans la poche d’air pour commencer
sa respiration pulmonaire (internal pipping). Son entrée dans la chambre à air lui
permet de vivre 24 heures (Figure 12).
Figure 12 — Stades de l’éclosion. 1. Avant le becquetage de la coquille. 2. Becquetage de
la coquille. 3. Picage de la coquille. 4. Consolidation du trou de la coquille.
5. émergence. 6. Séchage de l’autruchon [d’après Deeming, 1995].
32
De l'œuf à l'autruchon
Cette ouverture initiale lui donne accès à une quantité limitée d’oxygène, lui
permettant de poursuivre ses efforts. Une petite excroissance dure se développe au
bout de son bec qui lui permet de casser la coquille. Cette excroissance disparaîtra
quelques jours après sa naissance. Les muscles du cou se raidissent et permettent à la
tête de casser la coquille (bêchage de la coquille).
Les premiers poussins sortis émettent un son qui encourage les autres à faire de
même. Les poussins doivent être maintenus dans l’éclosoir tant qu’ils ne sont pas
complètement secs et tant qu’ils ne peuvent pas se tenir debout et marcher (Figure 13).
Figure 13 — éclosion dans un bac sans séparation.
3.3. Interventions à l’éclosion
Les oiseaux les plus actifs casseront leur coquille 12 à 18 heures après qu’ils aient
introduit leur bec dans la poche d’air. En général, les poussins capables de casser leur
coquille par leurs propres moyens le feront dans un délai de 24 à 36 heures après la
première éclosion.
La technique du mirage permet de visualiser l’activité du poussin dans l’œuf. Les
œufs présentant des poussins immobiles ou très peu actifs sont ceux qui devront subir
une intervention.
Il est conseillé d’attendre 36 heures avant de casser la coquille des poussins en
retard. Certains éleveurs préfèrent attendre plus longtemps encore avant d’intervenir.
éclosion
33
Une fois que la coquille a été cassée, de nombreux changements interviennent et
l’éleveur est obligé d’assister le poussin jusqu’à la fin du processus d’éclosion. La
coquille doit être cassée au niveau de la poche d’air. Si le poussin a déjà introduit sa
tête dans cette poche, l’œuf peut être replacé dans l’éclosoir. Dans la plupart des cas,
le poussin s’en sortira sans trop de difficultés.
Deux possibilités se présentent si le poussin n’a pas encore introduit sa tête dans
la poche d’air, soit il se trouve en position normale, soit en position anormale (Figures
14 et 15).
• Intervention en cas de position normale
Dans la majorité des cas, il se trouvera en position normale. Le bec et la tête
pourront être définis au niveau de la membrane restée intacte. Il faudra soigneusement
percer cette membrane à l’aide d’une pince à épiler ou d’une pointe de ciseau afin que
le poussin puisse respirer.
Figure 14 — Position normale de l’autruchon par rapport à la chambre à air : séquence des
mouvements avant éclosion.
Figure 15 — Malposition de l’embryon par rapport à la chambre à air.
L’œuf pourra ensuite être replacé dans l’éclosoir, mais il devra être surveillé
le plus régulièrement possible (toutes les heures). à chaque examen, il faudra
délicatement prélever la membrane desséchée collée au poussin. La coquille peut
être cassée progressivement à l’aide d’un poinçon et d’un petit marteau pour aider le
poussin à éclore. Il ne faudra en aucun cas retirer le poussin de sa coquille, il faut que
le sac vitellin soit complètement résorbé à la sortie du poussin.
34
De l'œuf à l'autruchon
• Intervention en cas de malposition
Dans certains cas, le poussin se trouve dans une position anormale (malposition).
Il s’agira alors de localiser le bec et la tête qui ne se situent pas au niveau de la
poche d’air (Figure 16). Pour trouver le bec du poussin, il faudra localiser une région
décolorée entre la coquille et la membrane (il s’agit ici de la membrane qui recouvre
directement le poussin). La décoloration est le résultat du frottement continu du bec
du poussin contre la coquille qui provoque une dévascularisation de la membrane.
L’éleveur est souvent obligé de casser une grande partie de la coquille afin de trouver
la décoloration, et donc l’empla-cement du bec. Il percera ensuite la membrane pour
permettre au poussin de sortir son bec. L’œuf sera replacé dans l’éclosoir et l’éleveur
s’en occupera avec attention jusqu’à la fin de l’éclosion.
Figure 16 — Mauvaise position de l’autruchon. Bec situé à l’opposé de la poche d’air. A. A
la lampe à mirer. B. Avant ouverture, coquille + membrane. C. Après ouverture.
éclosion
35
4
AUTRUCHONS
4.1. Premiers soins
Dès la sortie de l’œuf, la désinfection du nombril est absolument nécessaire
pour éviter une infection du vitellus et un risque de septicémie qui conduit à la mort
(désinfection au chloramphénicol ou au mercurochrome).
Une fois né, l’autruchon restera soit dans l’éclosoir soit sous une lampe chauffante
à une température de 32 °C minimum. Le séjour sans boire ni manger durera de 3 à 6
jours. Cette période de diète permettra à l’autruchon d’assimiler le vitellus (le restant
du jaune de l’œuf) contenu dans le sac vitellin. Le contenu du sac vitellin pourrait
lui permettre de survivre pendant 12 jours. Il est recommandé cependant de ne pas
attendre aussi longtemps pour initier l’autruchon à manger. Donc après ces 3 à 6 jours
de diète, on commencera par lui donner des petits cailloux ou du gravier (grit pour
pigeon) et ensuite de la nourriture et de l’eau.
Une puce électronique (microchips), porteuse du numéro d’identification du
poussin, peut être introduite avec une seringue à l’arrière du cou, 1 à 2 cm en dessous
de l’oreille droite. Actuellement, il n’existe aucune réglementation spécifique pour
l’autruche.
Les poussins seront ensuite transférés dans une pièce où la température est de 22
à 27 °C avec des points plus chauds (32 °C) sous une lampe.
Une hygiène stricte est recommandée car le poussin n’a pas encore un système
immunitaire suffisamment développé. L’immunité héréditaire des poussins les protège
38
De l'œuf à l'autruchon
en effet contre les agents pathogènes présents dans le milieu des parents, qui, dans un
élevage, est souvent différent du milieu où sont élevés les jeunes.
Il est important que les jeunes puissent ingérer des bactéries non pathogènes qui
coloniseront l’intestin et contribueront à protéger le jeune contre une prolifération de
bactéries pathogènes.
Dans la nature, les jeunes mangent les matières fécales des parents qui leur
procurent les micro-organismes du tractus digestif des adultes. Se basant sur cette
constatation, certains éleveurs donnent aux jeunes les fèces des parents ou des
probiotiques (produits favorisant la flore microbienne).
Les poussins sont maintenus à l’intérieur les deux premières semaines de leur
existence, mais si le temps le permet, les sorties sont vivement conseillées. La chaleur
et le mouvement sont deux éléments décisifs au début de la vie des autruchons.
Le genre de substrat sur lequel sont placés les poussins est important pour éviter
les obstructions intestinales et les maladies par contamination.
Le respect des températures dans les locaux est capital car l’autruchon n’a pas
un bon système de régulation de sa température au début de sa vie. Une hypothermie
peut lui être fatale.
Une température trop élevée n’est pas à conseiller non plus car elle peut interférer
sur le système immunitaire et ainsi rendre l’autruchon plus vulnérable aux maladies.
4.2. Problèmes des premiers jours
• Le sac vitellin
La non-résorption du contenu du sac vitellin est une des premières causes de
mortalité des autruchons. à la naissance, le sac vitellin représente environ 40 % du
poids de l’autruchon. Après 9 à 10 jours, il ne pèse plus que 30 g. Il sera entièrement
résorbé après 2 à 3 semaines.
Si la température est trop basse, la digestion du contenu du sac vitellin est
fortement ralentie.
La non-résorption du vitellus peut aussi être due à la présence de bactéries
(Escherichia coli, Klebsiella, Streptomyces faecalis) suite à l’infection de l’ombilic.
Les antibiotiques sont sans effet et l’excision du sac vitellin est trop onéreuse. Seule
reste la prévention par l’hygiène à toutes les étapes de l’incubation.
• Stress
Il faut éviter tout stress à l’autruchon. Un refroidissement, des courants d’air, une
humidité excessive, un manque de lumière, un manque de place, peuvent être la cause
de stress.
Selon les recommandations européennes, des poussins de 4 jours à 3 semaines
nécessitent une superficie minimale de 0,25 à 1,2 m2 par poussin sous abri et 10 m2
par poussin dans les paddocks.
autruchons
39
• L’impaction ou obstruction intestinale
L’autruchon, suite à l’ennui, au stress ou au fait de se trouver dans un endroit trop
restreint, se met à manger n’importe quoi et de façon excessive. Ceci provoque dans
l’estomac une accumulation de matières en forme de boule difficilement digestible.
Cette boule forme un bouchon qui obstrue le tube digestif, c’est l’impaction.
Lorsqu’on s’aperçoit que l’autruchon s’affaiblit, du fait qu’il ne se nourrit plus, il
est généralement trop tard et la mort est quasi certaine.
Un traitement avec de la paraffine liquide peut parfois le sauver (par gavage
directement dans l’œsophage). On peut également utiliser des graines de psillium ou
de lin.
Préventivement, il vaut mieux éviter de laisser à disposition du jeune animal
toutes matières susceptibles de provoquer ce phénomène (paille, herbe longue ou en
grande quantité, sable, plumes de ses congénères, détritus, etc.).
• Malformations des doigts
La cause principale des déformations des doigts – torsion du doigt vers l’intérieur –
est le mauvais équilibre de la ration alimentaire donnée aux parents, et surtout une
carence en vitamine B12.
La torsion du doigt vers l’extérieur ou vers l’intérieur peut être due au contact
avec une surface glissante, le doigt repose alors sur sa surface latérale.
Parfois cette déformation apparaît si le poussin est très gros à la naissance et se
met à marcher trop tôt et sur une surface glissante.
Pour redresser les doigts tordus, l’utilisation d’une attelle pendant deux à trois
jours permet d’obtenir de bons résultats.
• Déformations des os
Torsion et déviation des pattes, genoux élargis, déplacement du tendon, faiblesse
des pattes, sont les manifestations du syndrome de la jambe en arc.
Le déséquilibre de l’alimentation des parents (mauvais rapport Ca/P), une
alimentation trop riche en protéines pour les autruchons, une mauvaise absorption du
manganèse et du zinc, provoquent ce syndrome.
Seuls des remèdes préventifs sont à envisager en donnant du calcium, du
phosphore, et des vitamines D3 tant aux parents qu’aux jeunes, ou une injection de
minéraux (manganèse et zinc) aux jeunes d’une semaine ou encore faire courir les
autruchons (exercices) sur des surfaces non glissantes.
• Infection respiratoire
Provoquée par le stress et une température trop basse qui rendent le poussin plus
réceptif aux microbes.
• Entérite à bactéries Gram- et septicémie
La diarrhée suivie de déshydratation sont les premiers symptômes provoqués par
les salmonelles.
40
De l'œuf à l'autruchon
D’autres bactéries sont responsables d’entérite, comme certaines souches d’E.
coli ou Pseudomonas aeruginosa. On constate à l’autopsie un gonflement du foie avec
des petits points nécrosés, et une inflammation des sacs aériens.
Le traitement curatif arrive souvent trop tard et la mort est fatale.
Les remèdes sont le plus souvent préventifs : administration d’antibiotiques à
l’âge d’un jour, puis un traitement aux probiotiques (Enteroferm, Chevita).
Figure 17 — Parcours pour autruchons.
5
LES CAUSES DE NON-RéUSSITE
Pour juger des résultats de l’incubation on peut les comparer aux normes
généralement admises dans la littérature. Voici quelques pourcentages acceptables :
– fertilité des œufs : de 92 à 96 %
– mortalité dans l’œuf (DIS – death in shell)
précoce : 3 %
vers le milieu de l’incubation : 2 %
tardive : 7 %
– éclosions réussies : 85 à 90 %.
En dehors de ces normes, il y a lieu de se poser des questions quant aux raisons
de la non-réussite. Les problèmes peuvent se situer soit au niveau de l’œuf, soit au
cours de l’incubation, soit lors de l’éclosion. On trouvera au tableau 11 (p. 44 à 50) un
récapitulatif des symptômes et des causes.
5.1. Infertilité des œufs
Les causes à l’origine de l’infertilité des œufs peuvent être nombreuses :
– incompatibilité des parents (problèmes de dominance)
– mâle trop jeune ou stérile
– stress chez les parents (climat, manipulations, chien)
– début du cycle trop tôt ou trop tard
– maladies des parents
– ration alimentaire carencée des reproducteurs.
42
De l'œuf à l'autruchon
5.2. Importance de la ration des géniteurs
La qualité de la nourriture donnée aux géniteurs a une très grande importance pour
la qualité des œufs à incuber. La liste ci-dessous énumère les problèmes rencontrés
pendant l’incubation et dus à une alimentation carencée chez les parents.
– Vitamine A : mortalité de l’embryon du 2e au 6e jour
– Vitamine D3 : poussin chétif, ossature faible
– Riboflavine (vitamine B2) : mort entre le 18e et 28e jour , poussin chétif
– Acide pantothénique : hémorragie sous-cutanée
– Vitamine B12 : mauvaise position à l’éclosion (malposition I), œdèmes, faiblesse
des muscles, doigts recroquevillés, mort entre le 16e et 28e jour
– Vitamine K : hémorragie dans l’embryon et aux membranes
– Vitamine E : grande mortalité entre le 1er et le 6e jour
– Biotine : mortalité en première et dernière semaine, os tordus
– Acide folique : idem biotine
– Calcium : éclosion difficile, pattes courtes et épaisses, déformations du bec, ailes et
pattes, abdomen proéminent, œdème du cou
– Phosphore : bec mou et pattes flasques, mortalité entre le 28e et 36e jour
– Zinc : anomalies du squelette, ailes ou pattes parfois absentes
– Manganèse : forte mortalité entre le 36e et 42e jour, bec de perroquet
– Sélénium : faible taux de réussite d’éclosion, liquide sous la peau
5.3. Mortalité embryonnaire
La mortalité embryonnaire peut s’observer à partir du 16e jour, cependant les
causes peuvent intervenir dès la ponte et la mort peut survenir plus tôt (Tableau 10).
• Mortalité embryonnaire précoce (de 0 à 2 semaines)
Ramassage tardif des œufs (nids oubliés)
Température de stockage élevée
Durée de stockage trop courte
Infection des œufs
Ration alimentaire des reproducteurs (voir carences)
• Mortalité embryonnaire à mi-parcours (de 2 à 4 semaines)
Œufs infectés
Manipulations brutales des œufs lors du mirage
Mauvais retournement des œufs
Ration alimentaire des reproducteurs (carences)
43
résultats de l'incubation
• Mortalité embryonnaire tardive (de 4 à 6 semaines)
Œufs infectés
Mauvaises ventilation et aération de la salle d’incubation et de l’incubateur
Température instable dans l’incubateur
Ration alimentaire des reproducteurs (carences).
Tableau 10 — Causes de mortalité et période d’apparition de cette dernière durant l’incubation.
semaine 1semaine 2
Carence en vitamine A
********
Carence en vitamine E
**********
Carence en biotine
********
semaine 3 semaine 4 semaine 5 semaine 6
************
Carence en manganèse
************
Carence en vitamine B12
************************
Carence en riboflavine
************************
Carence en phosphore
*************
Température de stockage
trop élevée
***************************
Température trop élevée ou
trop basse
************************************************
Température variable
********
Humidité trop basse ou trop élevée
*****************
**************************
Œuf trop gros
Problèmes génétiques
Insuffisance de retournement
Mauvaise ventilation ou aération
Infections horizontales
************
**********************
***********************************
***********************
******************************************************************************
Malpositions
*****
Le pic de mortalité en début d’incubation n’atteint que la moitié de celui observé
en fin de période. En général, un tiers des mortalités embryonnaires a lieu pendant
la première semaine et les deux autres tiers pendant la dernière semaine (Figure 18).
5.4. Problèmes à l’éclosion
• Percement de la chambre à air sans éclosion
Défaut de température (ou trop haute ou trop basse)
Humidité relative trop élevée
Mauvaise ventilation de l’éclosoir (défaut d’oxygénation de l’éclosoir)
Manque de stimulation par contact avec d’autres œufs
Transfert vers l’éclosoir trop précoce
44
De l'œuf à l'autruchon
Figure 18 — Répartition de la mortalité au cours de l’incubation.
• éclosion précoce (avant le 39e jour)
Œufs trop petits
Température d’incubation trop élevée
• éclosion tardive (après le 46e jour)
Œufs trop gros
Température d’incubation trop basse
Mauvaise durée du stockage
• Mauvais positionnement du poussin dans l’œuf (malposition)
Mauvais retournement des œufs
Œufs incubés horizontalement
Manipulation brutale au 35e jour
Ration alimentaire des reproducteurs (carences).
5.5. Défauts des autruchons
• Poussins mal formés
Température d’incubation trop élevée
Mauvaise position dans l’œuf
Manipulation brutale
Mutation génétique
Substances tératogènes
Ration alimentaire des reproducteurs (carences)
• Poussins à œdèmes (Figure 19)
Mauvaise circulation de l’air dans l’incubateur
Trop d’humidité dans l’incubateur
résultats de l'incubation
Œuf trop gros
Coquille trop épaisse, trop peu poreuse
Ration alimentaire des reproducteurs (carences)
• Poussins trop petits
Œuf trop petit
Incubateur trop sec
Coquille trop fine
• Poussins poisseux
Humidité trop élevée dans l’incubateur
• Sac vitellin à l’extérieur
Intervention trop rapide à l’éclosion
Œufs infectés
Poussins œdémateux
Température d’incubation trop haute
Température d’incubation fluctuante
• Infection du vitellus
Intervention trop rapide à l’éclosion
Mauvaise désinfection de l’ombilic
Manque d’hygiène dans les installations
Œufs infectés
• Doigts de pieds recroquevillés vers l’arrière
Température d’incubation trop élevée.
Figure 19 – Poussin avec œdème au cou.
45
46
De l'œuf à l'autruchon
Tableau 11 — Récapitulatif des symptômes des échecs de l’incubation et des corrections
proposées.
SYMPTOMES
1. Œuf clair, pas
de développement
embryonnaire
2. Œuf clair
(mais on aperçoit
une légère tache
indiquant la
formation d’un
embryon), mais
embryon mort
au tout début de
l’incubation.
CAUSES
1A. Œuf non fécondé dû à :
trop peu ou trop de mâles dans
un groupe
mâles trop vieux
nourriture inadéquate ou
insuffisance d’eau
CORRECTIONS
→
Constituer des trios
→
→
Changer de mâles
Donner une nourriture équilibrée pour la période de ponte
et de l’eau fraîche tous les
jours
Donner un espace suffisant
aux oiseaux
Ne pas incuber ces œufs là
Contrôles et analyses pour
détecter les maladies
Voir le nid et les conditions
de ponte
Durée maximale de 10 jours
aux bonnes conditions de T°
et HR
trop d’animaux dans un
parcours
fin de la saison de reproduction
maladies dans le cheptel
1B. Œufs endommagés
1C. Stockage des œufs
trop longtemps ou dans de
mauvaises conditions de
température et d’humidité
1D. Mauvaise fumigation
→
2A. Œuf ayant subi un
refroidissement ou une
surchauffe pendant le stockage
→
2B. Mauvaise température dans
l’incubateur pendant la première période de l’incubation
2C. Mauvaise fumigation
2D. Reproducteurs en mauvaise
santé
2E. Alimentation inadéquate
des reproducteurs
2F. Durée de stockage trop
longue ou dans de mauvaises
conditions de T° et H.R.
→
→
→
→
→
→
→
→
→
→
Ne pas faire de fumigation
dans l’incubateur dans les 4
premiers jours d’incubation,
mieux vaut faire celle-ci
avant de placer les œufs dans
l’incubateur
Prendre des précautions
pour le stockage des œufs,
respecter le température de
consigne
Vérifier la régulation de la
température dans l’incubateur
Voir 1D
Ne pas couver les œufs
d’oiseaux malades
Rééquilibrer la ration
alimentaire
Voir stockage des œufs
résultats de l'incubation
3. Beaucoup
d’embryons morts
entre le 7e et le 12e
jour d’incubation
2G. Infection verticale de
l’embryon (due à la mère)
2H. Infection horizontale (sur
la coquille)
→
2I. Génétique
→
3A. Température trop haute ou
trop basse dans l’incubateur
3B. Manque de ventilation
→
3C. Mauvais retournement des
œufs
→
3D. Voir les causes 2C à 2H
4. énormément
d’embryons morts
entre le 12e et le
30e jour, alors que
normalement la
mortalité pendant
cette période est
faible
→
→
→
4A. Température beaucoup trop
élevée
4B. Infection des embryons
idem 2G
→
4C. Manque de ventilation
4D. Déséquilibre alimentaire et
surtout carence en vitamines
chez les géniteurs
→
→
→
47
état de santé de la mère
(oviducte)
Respecter les conditions
de propreté lors de la
manipulation des œufs et
les conditions d’hygiène des
locaux. Désinfecter les œufs
directement après la ponte et
la récolte
Sélection des reproducteurs
et élimination des géniteurs
donnant systématiquement
de mauvais résultats à
l’incubation
Vérifier le thermomètre de
l’incubateur et la régulation
Avoir une ventilation et une
aération adéquate dans les
locaux. Vérifier la ventilation
dans l’incubateur et surtout
l’entrée et la sortie d’air de la
machine
Un minimum de 6 retournements par jour ou, de
préférence, toutes les 2 heures
à partir du 3e jour
Voir les suggestions
correspondantes
Vérifier l’incubateur
Problèmes d’hygiène tant
chez les animaux que dans
les locaux et les conditions de
manipulation et de stockage
des œufs. Voir aussi 2G
Voir 3B
Apport en vitamines
48
De l'œuf à l'autruchon
5A. Taux d’humidité trop bas
dans l’incubateur, une humidité
trop haute ou trop basse lors du
transfert dans l’éclosoir
5B. Voir aussi les causes 3A,
3B et 3C
5C. Température anormale dans
l’éclosoir, souvent trop haute
5D. Manque d’aération dans
l’éclosoir
→
Vérifier ces paramètres
→
5E. Refroidissement de l’œuf
lors des examens
5F. Infections de l’embryon,
voir 2G, 2H
5G. Maladies du cheptel
6A. Taux d’humidité trop
6. Le poussin se
bas dans l’incubateur et dans
manifeste mais
l’éclosoir
meurt dans la
coquille. Le trou
6B. Manque de ventilation ou
dans la coquille est un excès de fumigation pendant
fait mais le poussin l’éclosion
est trop faible pour
continuer sa sortie 6C. Une température très haute
pendant un temps court
6D. Incubation à température
trop basse
6E. Infection de l’embryon,
voir 2G, 2H
7A. Problèmes de ration des
7. Certains
poussins sont dans reproducteurs
la poche d’air et
7B. Mauvais retournements des
vivent faiblement, œufs
d’autres sont morts 7C. Humidité relative trop
basse
7D. Ventilation insuffisante ou
fumigation excessive pendant
le cycle de l’éclosion
7E. Température trop élevée
pendant un temps court
→
Régler la température à 35 °C
dans l’éclosoir
Vérifier l’aération dans la
salle et la ventilation dans
l’éclosoir
Remettre rapidement les œufs
dans l’éclosoir
5. Poussin
entièrement formé,
mais qui ne perce
pas la membrane
de la chambre à
air. Certains ne
résorbent pas leur
sac vitellin (entre le
40e et 42e jour).
7F. Température moyenne trop
faible
→
→
Diagnostiquer et remédier
Maintenir un taux d’HR
correct pendant l’incubation
et l’éclosion
Voir les ouvertures d’aéra-tion
des machines. Bien suivre la
méthode de fumiga-tion et
évacuer l’air, ne pas recycler
à éviter
→
Réajuster la température
→
équilibrer la ration
→
Minimum 6 retournements
par jour
Rectifier l’humidité relative
→
→
→
→
→
Bien aérer et éviter la
fumigation à l’éclosion
→
Prévenir toute hausse de
température par un système
d’alarme
Régularité de la T° pendant
tout le cycle de l’incubation
→
49
résultats de l'incubation
8. Poussin poisseux 8A. Température moyenne
faible
8B. Humidité trop élevée dans
l’œuf (œuf trop gros) ou dans
l’incubateur
8C. Ventilation inadéquate
9B. Humidité trop faible lors de
9. Morceaux de
coquille collés au l’éclosion
poussin.
9C. Retournement incorrect des
œufs
10A. Température trop élevée
10. éclosion
dans l’incubateur
précoce avec
l’ombilic sanglant
11A. Température haute ou trop
11. Nombril
grandes variations de tempéracongestionné et
ture dans l’incubateur
mal cicatrisé
11B. Trop d’humidité dans
l’éclosoir après le transfert
11C. Infection de l’embryon
juste avant le transfert ou dans
l’éclosoir
12A. Petit œuf
12B. Humidité trop faible
pendant le stockage et/ou
pendant l’incubation
12C. Température trop élevée
13A. Température moyenne
13. Poussin mou,
spongieux, ou mort faible
après éclosion
13B. Mauvaise ventilation
avec des mauvaises et renouvellement de l’air
odeurs
insuffisant dans les machines
13C. Humidité trop élevée,
spécialement pendant
l’incubation
13D. Infection de l’ombilic
(omphalite). La mauvaise odeur
est presque toujours liée à une
omphalite
12. Poussin trop
petit
→
Régler la température
→
Surveiller la perte de poids
→
Maintenir un bon niveau
d’humidité dans l’éclosoir,
ventiler moins
Veiller au retournement
régulier des œufs
Revoir le réglage de la
température
→
→
→
Revoir le réglage de la
température
→
Diminuer l’humidité pendant
le 1er jour dans l’éclosoir
Respecter les consignes
d’hygiène à toutes les étapes
de l’incubation. Bien désinfecter l’éclosoir avant le
transfert
→
→
Revoir les paramètres de
stockage et d’incubation
→
Régler la température
→
Revoir les paramètres de
l’incubation
→
Régler l’humidité
→
Bonne désinfection avant
l’incubation. Bonne désinfection des machines (insister)
jusqu’à disparition du
symptôme
50
De l'œuf à l'autruchon
14A. Température excessive
dans l’éclosoir
→
14B. Mauvaise aération et
ventilation dans l’éclosoir
→
14C. Fumigation pendant le
temps de l’éclosion
→
14D. Alimentation des parents
déficiente
14E. Embryon infecté au
travers de la coquille avant
l’éclosion
15A. Température trop élevée
15B. Humidité trop basse
15C. Ventilation excessive dans
l’incubateur et l’éclosoir
→
15D. Poussin maintenu trop
longtemps dans l’éclosoir après
la naissance
16A. Trop long stockage
16. Poussins
des œufs et aux mauvaises
malformés et
conditions de température et
associés à un
d’humidité
grand nombre
de morts dans la
16B. Refroidissement des œufs
coquille suite à une avant stockage
malposition.
16C. Mauvais retournement
des œufs ou mauvaise
disposition à l’éclosion
→
14. Poussin faible
15. Poussin avec
les yeux fermés
16D. Ventilation inadéquate
16E. Température de
l’incubation anormalement
haute ou basse.
16F. Humidité relative trop
faible
→
→
Ne pas laisser une
température trop élevée dans
l’éclosoir si les poussins
doivent y rester quelques
jours. Réduire la température
juste après l’éclosion
Bien renouveler l’air dans
l’éclosoir en fonction de
l’évolution des poussins
Bien respecter les méthodes
de fumigation. Une
désinfection préalable au
transfert est préférable
Revoir et corriger la ration
des adultes
Hygiène dans le cycle de
l’incubation
Réduire les ouvertures
d’aération mais ne pas
restreindre de trop (risque
d’étouffement du poussin)
Retirer le poussin dès qu’il est
bien sec et prêt
→
Adopter une bonne méthode
de stockage et un maximum
de 10 jours de stockage
→
Idem
→
Fréquence de retournement
minimum de 8 fois par jour.
Lors du transfert dans
l’éclosoir, ne pas mettre la
poche d’air vers le bas
Voir 17 E
Vérifier les thermomètres et la
régulation
→
→
→
Agir sur la température de la
salle d’incubation
51
résultats de l'incubation
16G. Maladies dans le cheptel
ou œufs contaminés
→
16H. Rations alimentaires
des adultes reproducteurs
déséquilibrées ou présence de
toxines alimentaires
16I. Coquille non poreuse ou
rêche (hérédité)
16J. Œufs endommagés
→
17. Poussins estropiés et malformés :
Orteils de travers Température inadéquate.
Trop peu de poussins par
panier, d’où trop de liberté de
mouvement et le poussin se
met à marcher trop vite
Jambes écartées Le fond des paniers d’éclosion
est trop lisse et glissant
Bec croisé, tordu Probablement héréditaire
(gènes létaux)
Anomalie rare. Peut être due à
Œil manquant
une température excessive
Suspecté comme un problème
Cou tordu et de
de nutrition, mais pas avec
travers
certitude
Œufs sales et contaminés,
18. Œufs qui
mauvaise hygiène
explosent
19. Mortalité
précoce des
poussins après la
naissance

→
→
éliminer les mères
responsables
être délicat lors du transport
des œufs
→
éviter que le poussin ne
marche trop tôt, le laisser dans
l’obscurité dans l’éclosoir
→
→
Placer des revêtements non
glissants
écarter les parents suspects
→
Corriger la température
→
Revoir la désinfection des
œufs, et toute l’hygiène du
cycle de l’incubation
Transporter les poussins
dans de bonnes conditions de
température et d’aération
Essayer de les nourrir et de
les abreuver dès qu’ils ont
quitté l’éclosoir (entre le 4e et
le 5e jour après l’éclosion)
Vérifier l’état de santé du
troupeau
Hygiène et bonne désinfection
des œufs. Désinfection
des éclosoirs après chaque
éclosion
19A. Manutention incorrecte
des poussins
Coup de froid
Ne pas être parvenu à les
nourrir et à leur donner de l’eau
assez tôt
→
19B. Maladies dans le troupeau
des reproducteurs
19C. Infection des œufs au
travers de la coquille
→
19D. Mauvaise nourriture
Bonne gestion de l’élevage, et
bonne hygiène avec les œufs
(désinfection)
Analyser la nourriture
→
→
52
De l'œuf à l'autruchon
20A. Température trop basse
20. Retard à
l’éclosion, toujours dans l’incubateur
rien après 42 jours 20B. Stockage trop long
→
20C. Infection embryonnaire
20D. Des œufs très gros, ou
vieux, mélangés avec des œufs
normaux ou petits
21A. Refroidissement des œufs
21. éclosion qui
traîne, les poussins avant stockage
sont lents à venir
21B. Différence entre les gros
et certains ont
et petits œufs
démarré plus tôt
21C. Zones chaudes et froides
dans l’incubateur. Arrivée d’air
froid dans l’incubateur
→
→
21D. Température des
incubateurs et des éclosoirs
incorrecte (ceci est
particulièrement vrai s’il y a
un nombre de poussins entièrement formés, morts dans la
coquille avec le jaune non
résorbé)
21E. Problème de recyclage de
l’air et de son conditionnement
→
→
→
→
Stockage de 7 à 10 jours
idéalement
Voir hygiène, désinfection
Uniformiser les lots d’œufs à
incuber au même moment
Entreposer les œufs aux bonnes conditions de stockage.
Uniformiser les lots
Mauvais incubateur
Conditionner l’air de la
salle qui doit entrer dans les
machines
Vérifier les températures des
machines
6
FICHES ET DOCUMENTS
Une bonne gestion de l’incubation doit nécessairement passer par la tenue
de fiches, répertoires et autres documents sur lesquels sont consignés une série de
renseignements concernant les œufs, les paramètres de l’incubation et autres remarques
utiles à la détermination d’éventuels problèmes.
6.1. Fiche de récolte des œufs
Sur cette fiche on indiquera le numéro de l’œuf, la date de ponte, l’identité du
père, de la mère, le poids de l’œuf, l’état de la coquille, et des remarques éventuelles.
Numéro de l’œuf
Date de ponte
Père
Mère
Poids
Aspect
Remarques
6.2. Fiche d’incubation
Numéro
de l’œuf
Date .
de
ponte
Date de
mise en
incubation
Durée .
de
stockage
Fécondé (F) ou
non fécondé
(NF)
Date de
mort dans
l’œuf
Date de
mise en
éclosoir
Remarques
54
De l'œuf à l'autruchon
6.3. Fiche de perte de poids pendant l’incubation
La pesée régulière des œufs en incubation permet de se rendre compte de la perte
de poids qui doit atteindre 15 % en fin d’incubation (voir § 3.2.8 ).
La tenue de cette fiche individuelle aidera à suivre l’évolution de
l’incubation de chaque œuf et, le cas échéant, à prendre des dispositions pour
modifier certains paramètres dans l’incubateur (température, hygrométrie).
Ci-dessous, un exemple de fiche complétée. Un modèle de fiche vierge est inséré en
fin de volume.
55
gestion de l'incubation
6.4. Calendriers des incubations — éclosions
Les tableaux suivants permettent de déterminer la date d’éclosion à partir de
la date de mise en incubation. Des œufs placés dans l’incubateur le 9 mars devront
éclore le 20 avril ; des œufs mis à incuber le 18 février devront éclore le 1er avril lors
d’une année non bissextile et le 31 mars lors d’une année bissextile.
Calendrier pour les années non bissextiles.
1 janv
2 janv
3 janv
4 janv
5 janv
6 janv
7 janv
8 janv
9 janv
10 janv
11 janv
12 janv
13 janv
14 janv
15 janv
16 janv
17 janv
18 janv
19 janv
20 janv
21 janv
22 janv
23 janv
24 janv
25 janv
26 janv
27 janv
28 janv
29 janv
30 janv
31 janv
1 fév
2 fév
3 fév
4 fév
5 fév
6 fév
7 fév
8 fév
9 fév
10 fév
11 fév
12 fév
13 fév
14 fév
15 fév
16 fév
17 fév
18 fév
19 fév
20 fév
21 fév
22 fév
23 fév
24 fév
25 fév
26 fév
27 fév
28 fév
1 mars
2 mars
3 mars
4 mars
5 mars
6 mars
7 mars
8 mars
9 mars
10 mars
11 mars
12 mars
13 mars
14 mars
15 mars
16 mars
17 mars
18 mars
19 mars
20 mars
21 mars
22 mars
23 mars
24 mars
25 mars
26 mars
27 mars
28 mars
29 mars
30 mars
31 mars
1 avr
2 avr
3 avr
4 avr
5 avr
6 avr
7 avr
8 avr
9 avr
10 avr
11 avr
12 avr
13 avr
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De l'œuf à l'autruchon
Calendrier pour les années bissextiles (décalage d’un jour pour les œufs mis à incuber
pendant la période du 18 janvier au 1er mars).
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OUVRAGES CONSULTÉS
Campodonico P., Masson C. [1992]. Les ratites. élevage et production. Rapport de stage.
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Presses agronomiques de Gembloux, 171 p.
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Des périodiques consacrent des articles à l’élevage d’autruche, notamment :
British Poultry Science, Carfax Publishing Limited, Abingdon, Oxfordshire OX14 34E, UK.
ISSN 0007-1668.
Misset World Poultry, Misset International, Postbus 4, NL 7000BA Doetinchem, Netherlands.
ISSN 0926-924X.
The Ostrich News, P.O. Box 860, 5th and « C » Streets, Cache, Oklahoma 73527-0860, USA.
ISSN 1067-7712.
L’auteur
Edouard HANSETS, né en 1946, est agronome de formation. Il a passé
une partie de sa vie en Afrique (Congo) et a travaillé dans des plantations de
café, élaïs et hévéa.
De retour en Belgique, et après avoir exercé différents métiers, il entreprend
un élevage d’autruches. Il se passionne pour l’incubation des œufs et met au
point un incubateur automatique qu’il réalise et commercialise sous la marque
INCUBEL®.
En 1997, il fonde l’Association Wallonne des éleveurs d’Autruches, l’AWEA.
Edouard HANSETS est aussi consultant pour ce type d’élevage, tant en
Belgique qu’à l’étranger.
Le livre
L’incubation des œufs d’autruche est une étape importante dans
l’élevage des autruches. Le présent ouvrage constitue donc un complément
indispensable au livre de Bruno CORNETTE et Philippe LEBAILLY, édité en
1998 par les Presses agronomiques de Gembloux et intitulé « L’autruche.
élevage et rentabilité ».
Les causes qui conduisent à des échecs lors de l’éclosion sont variées
et nombreuses. Elles sont passées en revue avec les moyens d’y remédier.
L’expérience de praticien de l’auteur, ses conseils et recommandations
sont mis à la disposition des éleveurs qui apprécieront cet ouvrage d’autant
qu’il n’existe aucun équivalent en langue française.
ISBN 2-87016-061-5
Photo couverture : E. HANSETS
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