Séance 1 - Exercice 2 Principe. L’idée est de considérer une propriété topologique (invariante par homéomorphisme) et de voir qu’elle est vérifiée par les ouverts de R2 mais pas ceux du cône. La solution présentée ici peut sembler longue, mais n’est composée que de quelques résultats simples et intuitifs. Lemme. Si V est un voisinage de 0 sur le cône C, alors V \ {0} n’est pas connexe, donc n’est pas connexe par arc. Démonstration. Le voisinage épointé V \ {0} s’écrit comme l’union disjointe des ouverts V ∩ R2 × R+ et V ∩ R2 × R− 0 0 , puisque le seul point du cône à cote nulle est le sommet 0. Ces ensembles sont non-vides parce qu’on considère la topologie induite : il doit donc exister une boule centrée en 0 dont l’intersection avec C est dans V , et cette boule contient forcément des points dans C + et dans C − . Donc V n’est pas connexe. Lemme. Soient deux espaces topologiques E et F , et f : E → F une surjection continue. Si E est connexe par arcs, alors F l’est aussi. Démonstration. Soient p et q des points de F . Il existe un chemin reliant un antécédant de p et un antécédant de q (dans E). L’image de ce chemin est un chemin reliant p et q (dans F ) puisque composé d’applications continues. Corolaire. Soient deux espaces topologiques E et F , et f : E → F un homéomorphisme. E est connexe par arcs si et seulement si F l’est. Lemme. Une sphère de Rn est connexe par arcs si n > 1 Démonstration. On voit qu’un cercle est connexe par arcs car l’application R → S1 : t 7→ (cos(t), sin(t)) est continue et surjective, et que R est connexe par arcs. Pour une sphère S de centre a en dimension n > 2, on se donne p et q sur la sphère, et on distingue deux cas : 1. Si a et p et q ne sont pas colinéaires, on définit P le plan affin passant par a, p et q et alors P ∩ S est un cercle, donc on peut relier p à q par un chemin dans cette intersection. 2. Si a, p et q sont colinéaires, on peut rajouter n’importe quel autre point de la sphère pour avoir un plan et faire la même construction. Lemme. Un ouvert connexe par arcs dans Rn (n ≥ 2) reste connexe par arcs même si on lui enlève un point. Démonstration. En effet, soit U un tel ouvert connexe par arcs, et p un point de U . Soient x et y sur U \ {p}. Il existe un chemin γ de x à y, dans U . Si le chemin ne passe pas par p, c’est gagné. Si il passe par p, on choisit une boule B fermée (de rayon non-nul) centrée en p qui ne contient ni x ni y. On note E = γ −1 (B) ⊂ [0; 1] c’est un ensemble compact (fermé, par continuité de γ, et borné) dont on regarde le maximum t̄ et le minimum t. Il reste enfin à définir un chemin entre p et q par morceaux 1 1. Les points p et γ(t) sont reliés par γ, 2. Par connexité par arc, il existe un chemin sur la sphère qui relie γ(t) à γ(t̄), 3. et enfin γ(t̄) et q sont reliés via γ ; ce qui achève la construction d’un chemin continu entre p et q. Remarque 1. Soient deux espaces topologiques E et F , et f : E → F un homéomorphisme. Pour toute partie A de E, l’espace E \ A est homéomorphe à l’espace F \ f (A) via la restriction f|E\A , les espaces étant munis de la topologie induite. Pour conclure l’exercice, par l’absurde, on prend un voisinage V de 0 dans le cône. On peut supposer sans restriction qu’il est connexe, ouvert et homéomorphe à un ouvert (connexe) U de R2 . Or V \ {0} n’est pas connexe par arcs, alors que l’ouvert dont on retire un point reste connexe par arcs. C’est impossible, donc l’homéomorphisme n’existe pas, et le cône n’est pas une variété de dimension 2. 2