ON A FORT MAL DORMI - DOSSIER SEPTEMBRE 2016

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ON A FORT MAL
DORMI
Cré at io n de Guillaume Barbot d’après les textes de Patrick Declerck
Ave c Jean-Christophe Quenon
Dra ma tu rg ie Céline Champinot Lum iè re s Maryse Gautier
Sou ti en s et c op ro du ct ion s
SC de Chelles, SN La Ferme du Buisson, Théâtre des 2 rives – Charenton-le-Pont
Arcadi, CG 77, DRAC Ile de France, Les Studios de Virecourt
NOTE D’INTENTION
Je lis Les Naufragés en 2006. Cʼest un livre qui marque, qui déplace, qui imprègne. Patrick
Declerck se met en scène avec pudeur, raconte sʼêtre déguisé une nuit en clochard pour se
faire embarquer au centre de Nanterre, évoque ses consultations psychiatriques auprès des
SDF, explique comment il tente de les soigner, avoue les aimer autant quʼil les hait.
Le sang nouveau, lui, je ne lʼouvre pas. Je le garde, de déménagement en déménagement,
de carton en carton, dʼhésitation en hésitation. Puis en 2012, lʼhorreur SDF sʼimpose. Le ton
nʼest plus à lʼétude mais aux remarques vitriolées. Le constat est brutal. Drôle et cinglant.
Les clochards…
Ils sont souvent ivres, parfois violents. Ils puent la crasse. Ces hommes et femmes sans abri
sont des blessés, des victimes, des révoltés, rêveurs éthyliques dʼun chimérique ailleurs. Il
les aide, les aime, les hait aussi. Les mots de Patrick Declerck, précis et francs, nous
rapprochent de ceux qui nous touchent et mettent en question la société qui laisse faire.
Travaillé par la question de la désocialisation et de lʼerrance, il a ouvert en 1986 au sein de
Médecins du Monde la première consultation dʼécoute auprès des SDF. Il dépose ces maux
de lʼhomme, ce malaise dʼune société.
Frappé par ses deux récits, je me plonge dans lʼécriture dʼun autre, me frotte au réel,
interroge ce que peut être le théâtre face à ça. Par désir de révolution poétique et nécessité
de porter cette parole politique. Jean-Christophe Quenon, acteur à la présence rare, est luimême et lʼautre, médecin et patient, Clodo et Citoyen. Parlant dʼune seule voix, humaine
Je demande à P. Declerck si je suis légitime de dire ses mots, si le théâtre est le bon endroit.
Il me répond : « Vous avez une tribune, des gens se déplacent pour vous écouter, la
question serait plutôt dans lʼautre sens : pourquoi ne pas avoir parler des SDF plus tôt ? »
ʻOn a fort mal dormiʼ est un spectacle sur cet homme, Patrick Declerck. Sur ses choix. Ses
rencontres. Ses contradictions. Cʼest à travers lui que nous entrons dans cette étrange
famille des SDF : dans sa complexité, ses fureurs, ses fragilités, ses impasses, ses
urgences. Bien plus quʼun documentaire, pour se rendre compte que lui, nous, les SDF,
parlons dʼune même voix. Que les frontières sont si perméables.
GUILLAUME BARBOT, ENTRETIEN - Extraits
(propos recueillis par Pierre Notte pour Le Théâtre du Rond Point)
Vous avez été fasciné par ce matériau, les deux textes de Patrick Declerck, quʼavezvous appris que vous ne saviez déjà ?
Tout. Jʼai tout appris. Cʼest peut être là que réside le choc. Nous côtoyons des SDF, des
clochards pour reprendre la terminologie de Declerck, tous les jours à Paris. Ils sont comme
invisibles mais nous les savons là, dans nos rues, dans leurs rues. Et donc je crois les
connaître. Je crois savoir. Lʼessentiel, en tous les cas. Puis je lis Declerck. Et me rends
compte de mon ignorance. En vrac : saviez vous quʼun clochard meurt dʼhypothermie à partir
de 16 / 17 degrés, température extérieure ? Saviez-vous que les femmes dans la rue gardent
volontairement leur puanteur pour faire fuir les violeurs ? Que 20 pour 100 des étudiants en
France vivent sous le seuil de pauvreté ? etc. Mais lʼessentiel est ailleurs. Declerck répète
sans cesse que la clochardisation est histoire de folie. Et quʼils ont besoin de soins
thérapeutiques. Et de temps. Encore et toujours de temps. Le clochard est un fou de
lʼexclusion. Dormir à la rue est une horreur, on le sait, on le pressent. Declerck va plus loin :
« le clochard joue sur la scène du théâtre social un double rôle essentiel. Celui de la victime
sacrificielle. Et celui du contre-exemple. Il est là pour enseigner cette terrible leçon : la
normalité est sans issue. La souffrance des pauvres et des fous est organisée, mise en
scène, nécessaire. Lʼordre social est à ce prix. » Le clochard, comme garde fou de notre
société contemporaine, cʼest là que lʼœuvre de Declerck nous interpelle au plus profond de
nous.
Comment sur scène, cela va-t-il prendre forme ? Est-ce une fiction ou une prise de
parole ?
Lʼenjeu est de créer une rencontre. Que lʼon ait lʼillusion de ne pas assister à un
spectacle, à un objet purement théâtral, mais à une rencontre. Dʼhumain à humain. Tout lʼart
du jeu dʼacteur et de sa prise de parole va résider dans cette nuance. Etre au présent,
presque comme une obsession. Alors que tout est récit, mots, mise en scène etc. Et
finalement, grâce à la fiction, grâce au théâtre, on peut faire fusionner sur scène trois
identités : celle de Patrick Declerck, celle de Jean Christophe Quenon lʼacteur, et celle du
clochard. Trois identités si perméables.
On nʼen sait pas plus que le spectateur. Parce que nous sommes des spécialistes de
rien. Nous avons bien sûr beaucoup lu, beaucoup rencontré, débattu. Mais nous ne sommes
quʼune poignée dʼartistes citoyens. Et comme chaque spectateur nous nous demandons où
est notre place et notre champs dʼaction face à cette problématique.
EN TOURNEE
Dat es : 19, 20 et 26 novembre 2016 à la SN La Ferme du Buisson, du 21 février au 12 mars 2017
au Théâtre du Rond-Point, et en tournée à Die, La Touline, Mitry Mory, Lognes, Fresnes…
Le spectacle se joue en salle ou en appartement. Ateliers dʼécriture possibles.
Pas de représentation uniquement scolaire
3 personnes en tournée
L’EQUIPE ARTISTIQUE
Guillaume Barbot
– metteur en scène, adaptateur
Formé en tant qu’acteur à l’ESAD (école nationale à
Paris), Guillaume Barbot fonde la compagnie Coup
de Poker en 2005 (compagnie associée au Théâtre de
Chelles en 2015). Il en assure la direction artistique.
Il y est auteur et metteur en scène de neuf créations
dont CLUB 27, NUIT, TRENET PAR LA, ON A
FORT MAL DORMI…
Il développe un travail visuel et une écriture de
plateau, à partir de matière non dramatique, mêlant à
chaque fois théâtre et musique. Il est accompagné de
différents artistes, rencontrés pour la plupart en
écoles nationales : scénographe, éclairagistes, acteurs, danseurs, musiciens… Ensemble, ils
cherchent à développer dans chacune des créations, un théâtre de sensation qui donne à penser,
un théâtre politique et sensoriel.
Il écrit également pour la littérature. Son premier roman « Sans faute de frappe » a été publié en
février 2013 aux éditions d’Empiria – travail à quatre mains avec le photographe Claude Gassian.
Il est aussi co-directeur artistique des Studios de Virecourt, lieu de résidence pluridisciplinaire
près de Poitiers qui défend la création originale.
Jean-Christophe Quenon
– comédien
Né à Bruxelles, il se forme d’abord aux
Conservatoires Royaux de Bruxelles et de
Mons, avant d’intégrer le CNSAD de Paris.
Il joue au théâtre sous la direction de,
notamment, Philippe Adrien, Jean Boillot, Julie
Brochen,
Declan
Donnellan,
André
Engel, Philippe Lardaud, David Lescot,
Nicolas Liautard, Guillaume Rannou, Pauline
Ringeade, Daniel Scahaise… Et il poursuit
depuis 1996 un important compagnonnage
avec Catherine Riboli, sous la direction de qui
il joue dans plus de dix spectacles.
Au cinéma et à la télévision, il tourne, entre autres, avec Olivier Assayas, Dante Desarthe,
Alexandre Gavras, Martin Le Gall, Katia Lewkowicz, François Royet, Rodolphe Tissot… En
2013, il tourne dans The Smell of Us de Larry Clark (sortie en janvier 2015).
Sa passion pour les textes, les poètes et la musique (il est pianiste, percussionniste et tromboniste)
l’amène à participer à des lectures publiques, des créations pluridisciplinaires et des concerts.
Enfin, depuis 2013, il a élaboré une « belge proposition », Ko’n’Rv, qu’il joue sur scène avec le
guitariste Hervé Rigaud.
Patrick Declerck
– auteur
Né en 1953 à Bruxelles est anthropologue, psychanalyste, philosophe et romancier. Dans les
années 1990, il exerce comme consultant au centre d’accueil et de soins hospitaliers (le CASH)
de Nanterre. Sa plongée tant professionnelle qu’intime dans ce « monde » des SDF que nous
fréquentons quotidiennement sans le connaître est un témoignage rare, précieux, et précis. De
cette expérience, il tire deux livres : « Les Naufragés – avec les clochards de Paris » (livre phare
des éditions Terre Humaine, de nombreuses fois récompensé), et « Le sang nouveau est arrivé »
(pamphlet sur l’horreur SDF, aux éditions Gallimard). Le prix Victor Rossel 2012 lui a été
décerné pour "Démons me turlipinant"
La Compagnie Coup de Poker
Elle est créée en 2004, en Seine et Marne. Sous la direction artistique de Guillaume Barbot, elle a
depuis dix ans proposé dix spectacles : théâtre jeune public, concerts, et principalement théâtre
contemporain mêlant texte musique et danse (sous différentes formes : performances, théâtre
concert, parcours déambulatoire…). Chaque création prend comme base un texte non
dramatique, pris en charge par Guillaume Barbot puis par les acteurs dans une écriture de plateau,
et tend vers un théâtre de sensation qui donne à penser.
Après notamment L’évasion de Kamo (plus de 120 dates), Guillaume Barbot crée CLUB 27 en 2012
à La Manufacture à Avignon, qui se reprend à la Maison des Métallos puis au Théâtre Paris
Villette. En 2014, il crée NUIT au Théâtre de Charenton, co-produit par la Ferme du Buisson,
qui remporte le prix des lycéens au Festival Impatience 2015 au Théâtre de La Colline. Il présente
également une petite forme en 2015 au Théâtre La Loge et à Avignon : L’histoire vraie d’un punk
converti à Trenet’ .
‘AMOUR’, le prochain spectacle de la compagnie, sera créé en octobre 2017, au Théâtre Romain
Rolland de Villejuif, puis au Théâtre de la Cité Internationale et au Théâtre de Chelles…
Les créations de la compagnie sont soutenues régulièrement par de nombreuses subventions
publiques.
La Cie Coup de Poker est associée pour trois ans au Théâtre de Chelles, Scène conventionnée
théâtre depuis janvier 2015.
Guillaume Barbot est artiste associé pour la saison 2016 – 2017 au Théâtre de la Cité
Internationale.
La compagnie est aussi associée à la co-programmation du lieu de résidence « Les Studios de
Virecourt », près de Poitiers.
EXTRAITS DE PRESSE
JOURNAL LA CROIX – DIDIER MEREUZE – 17 JUILLET 2016
POLITIS – ANAIS HELUIN – NUMERO AOUT 2016
MARIANNE - BLOG DE JACK DION – 16 JUILLET 2016
L’anthropologue et psychanalyste Patrick Declerck a longtemps
travaillé auprès des SDF. Il leur a consacré un livre (« Les
Naufragés ») dont s’est inspiré Guillaume Barbot pour réaliser un
spectacle intitulé « On a fort mal dormi », avec Jean-Christophe
Quenon. Cette plongée dans l’inhumaine condition débouche sur une
troublante interrogation : est-ce ainsi que des hommes survivent et
meurent ?
Pendant un peu plus d’une heure, Jean-Christophe Quenon, tour à
tour violent et doux, accusateur et conteur, toujours sur le fil du
rasoir, raconte le quotidien de ces personnes qui se retrouvent à la
rue et qui n’en sortent jamais, sauf pour aller à la morgue. Il le fait
avec des mots simples qui retracent des dérives complexes ne se
résumant jamais à une explication banale. Derrière chaque cas, il y
a toujours une histoire singulière, sur fond de misère sociale et de
détresse psychologique. Mais en fin de parcours, on retrouve des
pauvres hères traités comme des chiens, humiliés, oubliés,
dévastés. Nombre d’entre eux se retrouvent dans le centre pour SDF
de Nanterre, sorte de décharge pour débris humains. Certes,
aujourd’hui, le lieu a été réaménagé. Reste la réalité des hommes et
des femmes de la rue, ces humiliés de la République réhabilités par
un Jean-Christophe Quenon qui frappe là au ça fait mal.
AGORAVOX – AURELIEN PEREOL – 23 JUILLET 2016
Betùn et On a fort mal dormi, deux spectacles à Avignon sur le même thème.
TIME OUT – ELSA PEREIRA – 18 JUILLET 2016
Quoi ? • 'On a fort mal dormi' de Guillaume Barbot
Où ? • La Manufacture, 2 rue des Ecoles, Avignon
Note : *****
Reprise : 19, 20 et 26 novembre 2016 à la Ferme du Buisson et du 21 février au 12
mars 2017 au Rond-Point.
En 2006, Guillaume Barbot trouve sur son chemin le récit de Patrick Declerck, 'Les
Naufragés'. Un livre poignant dans lequel il raconte ses consultations psychiatriques auprès
de SDF dans un centre d'accueil de Nanterre.
Des portraits de clochards comme il en existe peu, le sujet n'ayant pas vraiment la cote. Des
histoires que l'on aime à garder loin de soi, dont on ignore tout. « Nous côtoyons des SDF,
des clochards pour reprendre la terminologie de Declerck, tous les jours à Paris. Ils sont
comme invisibles mais nous les savons là, dans nos rues, dans leurs rues. Et donc je crois
les connaître. Je crois savoir. L’essentiel, en tous les cas. Puis je lis Declerck. Et me rends
compte de mon ignorance, raconte Guillaume Barbot à Pierre Notte pour le théâtre du RondPoint. « Savez-vous à partir de quelle température extérieure un clochard meurt
d’hypothermie ? » interroge l’acteur. « 16 degrés. »
Un monologue cathartique
Plus de regards fuyants et de sourires gênés, dans la salle du théâtre Guillaume Barbot met
en scène dans ‘On a fort mal dormi' deux textes du médecin 'Les Naufragés' et 'Le Sang
nouveau'. Il y convoque le désespoir, l’impuissance et la folie. Et pour raconter Patrick
Declerck, la survie dans la rue et les paradoxes des centres d'accueil, le metteur en scène a
choisi Jean-Christophe Quenon, la barbe fournie et les yeux rieurs. Un acteur précieux dont
le jeu subtil et précis se remplit d’humanité et d’espoir au fur et à mesure.
Mettre en scène l'indicible
Camouflé dans le public comme Patrick Declerck l’est dans la navette qui le conduit à
Nanterre, l'acteur nous prend à partie, nous interroge et devient à tour de rôle le psy qui
s'infiltre et le clodo qui survit, le médecin attentif et le patient. Depuis un décor de palettes en
bois, il nous invite à pénétrer l'intérieur des bus de ramassage, nous décrit la vie dans les
dortoirs et les consultations. Des espaces d'extrême solitude où paradoxalement ils ne sont
jamais seuls. Sans jamais sombrer dans le pathos, le metteur en scène dissèque les
problèmes, analyse les défaillances et dresse un constat sans appel. Il met en lumière la
thèse de Declerck avec pudeur et une intelligence de la scène rares. Un spectacle
nécessaire qui trouble et émeut sans jamais cesser de nous interroger sur la vie en société.
THEATRES.COM – AUDREY JEAN - 9 mars 2016
THEATRE : « ON A FORT MAL DORMI » UN SPECTACLE COUP DE
POING !
Après avoir reçu le prix des lycéens au dernier Festival Impatience, la
Compagnie Coup de poker nous gratifie d’une nouvelle création basée sur
des textes de Patrick Declerck « On a fort mal dormi », un spectacle
adapté et mis en scène par Guillaume Barbot qui retrace l’immersion de
l’auteur dans un centre d’accueil pour SDF de Nanterre. Une plongée
bouleversante et douloureuse aux côtés des sans-abris interprétée avec
maestria par Jean-Christophe Quenon. Une parole nécessaire, cathartique
et urgente à découvrir encore ce soir à Confluences avant Avignon cet été.
(…)
« On a fort mal dormi » est bien plus qu’un spectacle engagé c’est un
plaidoyer vibrant, un acte de résistance qui doit résonner de plus en plus
fort pour notre survie à tous.
Audrey Jean / théâtres.com
SITE REVENU DE BASE – 3 FEVRIER 2016
Mercredi 3 février dernier, à Charenton-Le-Pont
Le revenu de base n’est certes pas le coeur de la pièce. Il en est pourtant
l’incontournable point d’orgue. Nous sommes ressortis secoués tant par le texte
interpellant que par la performance du comédien, l’ensemble renforcé par la mise en
scène captivante et le jeu des lumières et des ombres particuliers, nous immergeant
dans les souvenirs de Patrick
(…) Vous sortirez du théâtre sans oser briser le silence. Il est probable que vous
hésiterez à applaudir. Sans doute sortirez-vous et avec plus de questions qu’en
rentrant. Je vous garantis pourtant que vous ne regrettez pas d’être venu.
Raihere Maruhi / Mouvement français pour un revenu de base
I/O GASETTE – JULIEN AVRIL – 11 MARS 2016 puis 20 JUILLET 2016
Méta-théâtre politique contre l’exclusion
Guillaume Barbot met en scène Jean-Christophe Quenon dans On a fort mal
dormi, une adaptation des Naufragés et du Sang nouveau est arrivé de Patrick
Declerck, témoignage de son expérience comme psychanalyste auprès des sans
abris. Un monologue puissant et d’une grande finesse, qui met en lumière, avec à
la fois gravité et humour, mais sans jamais être agressif, notre incapacité à
donner une place à ceux qui sont exclus.
(…) A la fois cru et cruel, le texte va très loin dans la description de l’horreur et de
l’ironie, et c’est un courage qu’il faut saluer. Cependant, les gardes-fous sont là :
l’humour, parfois très acerbe ; le droit que s’arroge l’acteur de pouvoir dire « Stop ! »
et d’interrompre le jeu, sortir de l’action pour reprendre ensemble notre souffle et nos
esprits. Tout cela nous permet de nous mettre à distance pour à la fois nous préserver
mais aussi nous proposer une vraie réflexion critique et concrète sur notre manière
d’être face aux exclus que nous rencontrons. Car on apprend aussi beaucoup grâce à ce
témoignage, et l’on s’étonne d’en savoir aussi peu, et l’envie nous vient d’en savoir
encore d’avantage. Grâce au charisme de Jean-Christophe Quenon et à la sobriété de la
mise en scène de Guillaume Barbot, le spectacle réussi le tour de force nous amener au
plus près de nos sentiments de rejet et de dégoût, mais une fois ceux-ci représentés,
voici qu’ils s’estompent, comme par effet de catharsis.
Et lavés que nous sommes de notre répulsion, nous pouvons enfin nous approcher,
nous familiariser avec ces personnes et reconnaître en elles nos semblables et non des
étrangers. On ne ressort pas indemne d’un tel spectacle, on en ressort blessé dans sa
condition d’homme, par phénomène d’identification avec ces blessés du corps social
qui nous sont décrits. Mais on en sort aussi différent, et différent sans doute notre
regard à présent et notre posture envers eux, car donner à voir, à comprendre, proposer
instant de se mettre à la place de, rendre familier, c’est faire reculer la peur, laisser
place à la rencontre. On a fort mal dormi est un spectacle aussi subversif que
nécessaire, une vraie et belle forme de théâtre politique, de celles qui agissent sur le
monde.
L’ETOFFE DES SONGES – 17 JUILLET 2016
Le spectacle commence dans le public, avec un acteur bonhomme, au sourire bienveillant,
assis au premier rang, qui prend la parole pour dire sa peur, son trac avant de monter dans
l’autobus qui conduit les SDFs le soir au centre d’hébergement de Nanterre. Il y a de la
gentillesse dans ses yeux, une humanité qui n’a rien de misérabiliste. Guillaume Barbot propose
à La Manufacture (puis au Théâtre du Rond-Point à Paris la saison prochaine), de partir à la
découverte du quotidien des clochards, s’inspirant des livres de Patrick Declerck,
anthropologue, psychanalyste et philosophe, qui a passé une quinzaine d’années à donner des
consultations au centre d’accueil de Nanterre. On a fort mal dormi est un instant rare, qui ouvre
la porte sur la réalité des SDFs, et par là même questionne notre modèle de société. Une
approche juste et sincère, qui marque.
Le regard de l’acteur, Jean-Christophe Quenon est accueillant. Il ne juge pas, il n’est ni terrifié ni
moralisateur, il est juste et bienveillant. Il est lui-même, mais aussi Patrick Declerck s’apprêtant
à rejoindre le centre de Nanterre, et encore ces clochards qu’il rencontre. Il témoigne des vies
qu’il a croisées, de la terrible réalité de la rue où dormir est une horreur, où même les besoins
les plus élémentaires sont source d’angoisse. Vols, viols, saletés, maladies, dégénérescence
des corps, avec une conscience noyée dans l’alcool pour ne plus voir. Patrick Declerck avoue
haïr ces clochards autant qu’il les aime. Les clochards mentent, réinventent une histoire à
chaque fois pour expliquer leur vie dans la rue, parlent d’amours perdues. Ils ont décroché,
vivent dans un monde parallèle régi par les lois de la jungle, se réfugient dans leur propre folie.
Ce ne sont ni des saints, ni des victimes à sauver. Une tentative de « réinsertion » d’un hébergé,
Raymond, se traduit par un cuisant échec, qui voit celui-ci mourir en hypothermie, en plein mois
d’Octobre, à quelques pas du centre. Quel modèle de société proposer à ces 30 000 clochards
? Il n’y pas de solution miracle, juste une conscience aiguë des limites du système actuel.
Guillaume Barbot et son acteur réussissent l’exploit de trouver le ton juste, connecté au public,
sans larmoyance ni leçon de morale. On a fort mal dormi est un spectacle extraordinaire, qui
ouvre des pistes de réflexion et change le regard sur les clochards qu’on croise. Bouleversant.
LE BRUIT DU OFF – PIERRE SALLES – 12 JUILLET 2016
LA COULEUR DES PLANCHES - 8 JUILLET 2016
JOURNAL THEATRAL DE l’ENS – ELIAKIM SENEGAS-LAJUS - 12 JUILLET 2016
(…) Ce qui se dessine au fil du spectacle est avant tout, au-delà du partage de
l’expérience accumulée par Patrick Decleck, la tentative pour l’équipe artistique
d’appréhender l’humanité commune de ces exclus et de nos normalités. Cependant, au
moment où cette identité est dite avec le plus de force à travers la revendication
affirmée d’un revenu universel comme en final, le spectacle refuse de céder au lyrisme
et propose une vraie fin sur le même mode de discussion apparemment informelle
engagée par Jean-Christophe Quenon. On a fort mal dormi finit donc comme ça a
commencé, dans une adresse directe et simple (loin de l’incarnation que JeanChristophe Quenon adopte parfois pendant la pièce), sans coupure avec la réalité
extérieure, et c’est ainsi que nous sommes invités à faire nôtres au dehors les
interrogations remuées par un spectacle de toutes façons tourné vers la rue.
FICHE TECHNIQUE
Contact : Franck Lezervant,
0607177940,
[email protected]
Durée : 1h15
Equipe : 1 acteur, 1 régisseur, 1 metteur en scène ou administrateur
Plateau :
Spectacle adaptable pour jouer dans tout types d'espace
Décor : 7 praticables en bois de 200X75, 25 de hauteur.
Forme normale : 4 praticables au sol et 3 verticaux
Petite forme : 2 verticaux, et les 4 au sol sont réduits dʼun tiers
Pour les autres espaces / extérieur, appartement, médiathèque, lieux insolites :
le spectacle peut jouer sans décor et avec des lumières de ʻmaisonʼ (lumière naturelle et
lampes de chevet), mais il faut alors impérativement que le metteur en scène voit en amont
lʼespace pour validation
Sol noir (plateau noir ou tapis de danse, sans scotch)
Merci de démonter le maximum de matériel au gril afin de disposer d'un espace le
plus propre possible.
Lumière :
Le lieu d'accueil fournira :
9 X PC 1kw hpc 305
4 X 613 sx
3 X Cycliodes 1KW asymétriques
Gélatines à fournir : voir le document joint « liste gélatines »
Faire attention à ce que les projecteurs aient tous le même type de collier et soient branchés
sur le même type de gradateur.
Merci d'occulter les blocs de secours qui peuvent lʼêtre, et dʼatténuer au maximum les
autres.
La régie sera placée en salle, au dernier rang.
Emploi du temps et montage :
Pré montage lumière demandé.
gril vide et propre.
Montage : 1 service
Réglages et raccords : 1 service
Jeu au 3ème service
Démontage : 1h30
Personnel pour la journée de montage et le démontage :
1 régisseur lumière et un électro.
Loges et accueil :
Prévoir une loge avec thé, café, jus de fruits, fruits secs,
et un petit catering salé, fromage (chèvre ou brebis) charcuterie maigre, pain
Des modifications sont évidements possibles en fonction du matériel disponible et de la
configuration du lieu d'accueil, ces modifications seront faites en accord avec Franck, le
régisseur.
CONTACTS
COMPAGNIE COUP DE POKER
[email protected]
Administration : Catherine Bougerol - 06 33 30 00 81
Mise en scène : Guillaume Barbot – [email protected]
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