dehors - Habemus Papam

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DEHORS
de Thomas Depryck et Antoine Laubin
du 11 au 20 octobre 2012 – Grand Manège – Namur
du 24 au 26 octobre 2012 – Maison de la Culture de Tournai
du 26 au 30 mars 2013 – Chapelle de Boondael – Bruxelles
Gagner sa vie
Cesser de boire
Se prendre en main
Ne plus être malade et faible et inadapté
Quand on veut, on peut ?!
Dans Dehors, Antoine Laubin et son équipe questionnent
avec noirceur et frénésie le scandale quotidien de la vie à
la rue, notre capacité à « vivre ensemble », le
fonctionnement intime de nos sociétés. Les textes de
Thomas Depryck jettent un regard sans concession,
politiquement incorrect, sur nos mécanismes sociaux.
Pour traiter de l'exclusion et de la volonté, la mise en
scène d'Antoine Laubin propose chaque soir un spectacle
différent, composé de vingt scènes courtes tirées au sort et
chronométrées, mélangeant fictions et improvisations,
personnages et prises de parole personnelles des acteurs.
À travers la figure du clochard et l'effarante misère qu'elle
charrie, Dehors ausculte notre fonctionnement social
contemporain. Dehors est un spectacle tonique et violent,
sombre et ludique, pessimiste et joyeux, où six acteurs
interrogent sans œillère notre présent.
Avec
Caroline Berliner
Coraline Clément
Denis Laujol
Jérôme Nayer
Hervé Piron
Renaud Van Camp
Textes
Thomas Depryck
Conception et mise en scène
Antoine Laubin
Assistanat à la mise en scène
Christelle Alexandre
(stagiaire : Léa Tarral)
Direction technique et création lumière
Gaspard Samyn
Scénographie et costumes
Aurélie Forges
Création sonore
David Vranken
Création vidéo
Sung-A Yoon
Régie
Vital Van Kriegin
Sébastien Courtoy
Yannick Evrard
Julien Pire
Production exécutive
Cora-Line Lefèvre
Diffusion
Habemus papam
Une création De Facto asbl
En coproduction avec le Théâtre de Namur, la Maison de la
Culture de Tournai et L'L – lieu de recherche et
d'accompagnement pour la jeune création (Bruxelles)
Avec l'aide du Ministère de la Communauté française de
Belgique – Service du Théâtre.
Dehors répond pour nous à une double urgence :
d'une part le désir de nous confronter à une matière dont
nous regrettons le peu de justesse avec laquelle elle est
traitée dans les lieux de pouvoir et les discours
dominants : la problématique de la clochardisation et ce
que celle-ci prouve de nos sociétés
et d'autre part le désir de trouver un langage
spécifiquement théâtral, singulier et d'aujourd'hui pour le
faire.
Chronologie
En septembre 2005, au sein du collectif De Facto, Thomas
Depryck et Antoine Laubin abordent la problématique de la
clochardisation au cœur d'un projet théâtral. Deux ateliers
mêlant acteurs amateurs et professionnels sont menés à
Ixelles sur base d'une trame narrative inédite.
Le sujet trop complexe est provisoirement abandonné.
Entre janvier 2006 et le printemps 2008, Thomas et
Antoine accumulent les lectures sur le sujet et définissent les
contours d'un traitement théâtral de la question SDF. Les
livres de Patrick Declerck1 retiennent particulièrement leur
attention par leur capacité à concilier exactitude scientifique,
exigence littéraire et révolte.
Au printemps 2008, alors que le Théâtre de L'L annonce sa
mutation en lieu de recherche et d'accompagnement pour la
jeune création, Antoine y entame une résidence destinée à
défricher, avec Thomas et un groupe de six acteurs, l'esquisse
d'un spectacle.
Durant la saison 2008-2009, cinq semaines de recherche
sont menées avec les acteurs. Pour chacune d'entre elles,
Thomas produit un texte inédit. Antoine et les six acteurs
éprouvent chacun de ces textes sur le plateau ; l'écriture est
ensuite recalibrée.
En mai 2009, une première étape de travail est montrée à
L'L et conforte tous les participants à poursuivre la
recherche.
Durant la saison 2009-2010, la recherche se poursuit à L'L
et intègre des scènes créées directement sur le plateau avec
les acteurs. Une étape de travail publique est montrée au
Vrak Festival puis à la Maison de la culture de Tournai. La
décision de transformer la recherche en spectacle est prise.
À l'automne 2010, une session d'écriture impliquant
Thomas et Antoine voit la matière ré-organisée et une
demande de subvention est déposée au Conseil d'Aide aux
Projets Théâtraux de la Communauté française. L'avis remis
est positif .
Au printemps 2011, les quatre dernières semaines de
recherche sont programmées afin d'éprouver les différents
principes organisateurs de la matière engrangée.
Automne 2012 : création au Grand Manège à Namur.
1
Patrick Declerck est philosophe, anthropologue et psychanalyste. En lien
avec son travail de terrain auprès de clochards, il a publié Les Naufragés,
Plon, Terre humaine, 2001 et Le Sang nouveau est arrivé, Gallimard, 2005.
Extrait de presse
à l'occasion de l'étape de travail
présentée en février 2010 au Vrak Festival
(…) Dehors vise juste. Car il frustre, détourne notre
voyeurisme. Pas de misère exposée ou effeuillée, ni de pathos
ou d'empathie. On se surprend même à rire. On se prend même
au jeu. Au jeu de ces acteurs qui s'amusent à articuler du
théâtre selon différents
modes possibles. On s'échappe parfois, aussi, lors des
séquences interviews express, et l'on songe à la réponse que
l'on pourrait donner. .. Par sa relative nonchalance par
rapport au sujet, Dehors vise toujours juste en frustrant notre
envie de slogans offusqués (et vains?) à l'encontre d'une
société qui permet de telles déjections/évictions sociales. En
somme, Dehors vise juste car les seules personnes que ce
chantier déshabille vraiment, ce sont les spectateurs venus le
découvrir. La seule question posée étant au bout du compte:
que cherchais-tu à voir, à entendre?
Olivier Hespel, Ces épaves qui crèvent au grand jour, in
« Scènes », n°27
*
Entretien d'Antoine Laubin
« Grand Charivari » de Musiq3
(émission du samedi 15 septembre 2012)
Sur la démarche artistique et la méthode de travail
Je serai totalement incapable de créer un spectacle en trois
mois. D'autres le font et certains très bien, pas moi. Je cherche
à mettre en place des formes qui disent quelque chose du sujet
que j'aborde, que la forme et mon sujet de préoccupation
puissent dialoguer sur le plateau. Cela demande du temps. J'ai
eu la chance d'être longtemps en résidence à L'L, lieu de
recherche et d’accompagnement pour la jeune création à
Bruxelles. Le temps de la recherche est quelque chose de très
précieux. C'est une évidence de dire que le théâtre est un art de
la rencontre. Ma méthode de travail consiste généralement à
amener mon sujet de préoccupation à mes partenaires,
acteurs et dramaturge (Thomas Depryck). La recherche, c'est
cela : tenter de trouver comment dialoguer sur ce sujet de
préoccupation, comment mes partenaires vont me renvoyer ce
sujet autre, différemment de ce que j'avais envisagé
initialement. L'enjeu est de construire ensemble quelque chose
dans lequel on se retrouvera tous.
Je ne peux donc pas arriver le premier jour de répétition en
disant « Toi, tu vas marcher de là à là et tu vas dire ta phrase
comme ça en regardant dans telle direction », j'en serai
incapable. Je pourrai le faire mais ce serait très inintéressant
pour moi, pour les acteurs et finalement pour le spectateur. Le
fait que cela se construise pas à pas, étape par étape, dans un
dialogue parfois musclé, parfois compliqué, où la remise en
question allonge les temps de création, fait que, au final, on
obtient des objets qu'on a davantage envie de défendre et qui,
j'espère, touchent plus que s'ils avaient été imposés.
Sur la genèse du projet et
la découverte du travail de Declerck
Avec Thomas Depryck, nous avions décidé de nous attaquer au
sujet très casse-gueule des SDF, parce que nous étions très
régulièrement atterrés par la manière dont tout le monde en
parle : pouvoirs publics, médias dominants, démarches
artistiques diverses. On trouvait que c'était toujours un peu à
côté. Et puis, en rassemblant des sources diverses sur le sujet,
on a découvert les textes de Patrick Declerck, qui nous ont fait
l'effet d'une bombe, quelque chose qui resserre vraiment les
boulons. L'idée centrale de Declerck, au cœur de son livre « Le
Sang nouveau est arrivé », c'est que l'oisiveté se paie par la
souffrance et la mort et que la société a besoin d'avoir sous les
yeux cette figure de repoussoir qu'est le clochard pour s'en
rappeler. Sans ça, les citoyens que nous sommes
n'accepteraient plus quotidiennement les contraintes de
temps, d'espace, d'horaires de travail, auxquels nous sommes
soumis. Il dit donc que nous avons besoin des clochards, qu'ils
sont un élément essentiel pour que la société fonctionne. Ce
qui évidemment est une idée insupportable puisque la réalité
concrète de ce dont on parle est une abomination. Declerck
décrit très bien dans « Les Naufragés » ce que ça signifie que
de devoir quotidiennement se cacher entre deux voitures pour
déféquer, quotidiennement faire gaffe aux deux ou trois choses
que l'on possède de peur de se les faire piquer, l'horreur de
l'alcool à la rue, l'horreur de la vie à la rue. Le fait d'avoir
rencontré l'écriture de Patrick Declerck a été déterminant
dans la conception du spectacle, parce qu'il s'agit aussi
d'écriture, il connaît son sujet mais c'est aussi une plume, il
possède un vrai souci de la forme pour faire passer son
travail ; c'est une énergie. Je ne fais pas un théâtre
documentaire, même s'il y a des aspects documentaires dans
ce que je fais. Ce qui m'intéresse, c'est aussi la forme :
comment mettre en place quelque chose de juste sur ce sujet
précis. Même s'il se dit pessimiste et qu'il l'est
indubitablement, il y a une pulsion de vie très forte dans
l'écriture de Declerck, une rage qui permet que ce soit tout de
même supportable de vivre, malgré l'insupportable.
Sur la forme de Dehors
On ne fait pas des choses compliquées à recevoir même si elles
sont parfois compliquées à construire. Dehors est un spectacle
construit en deux temps. Dans le premier temps les acteurs et
les spectateurs partagent le même espace sur scène, où des
paroles de sans-abris sont transmises (même si je ne fais pas
un théâtre naturaliste : il n'est pas question d'incarner des
clochards, les acteurs sont là en tant qu'eux-mêmes). Dans le
deuxième temps, on essaie de décortiquer comment ces
paroles peuvent naître au travers de plusieurs situations
emblématiques, et surtout comment les acteurs se débrouillent
avec le fait de devoir gérer ça. Cette deuxième partie est
chronométrée : un grand décompte commence à 5000
secondes et court jusque zéro, comme cela se fait souvent dans
les émissions de télévision ou de radio. Ce sera le temps qu'on
aura pour tenter de faire le tour du sujet. Je ne dévoile pas
grand chose en avouant qu'on n'y arrivera pas. L'ensemble
des scènes du spectacle est tiré au sort. Une vasque contient
des papiers avec toutes les scènes qui ont été conçues,
préparées et répétées. Chaque soir, l'ordre des scènes est
aléatoire selon le tirage au sort. Il ne s'agit pas seulement de
chercher à être ludique mais aussi de remettre au premier
plan une série de thématiques, pour certaines empruntées à
Patrick Declerck : une interrogation sur la volonté, par
exemple. Dans le prolongement de Schopenhauer et Nietzsche,
Declerck explique à quel point le concept de volonté peut
s'avérer creux et inopérant. On entend souvent « quand on
veut, on peut » mais ce n'est pas souvent vrai. Ce qu'on appelle
« volonté » n'est souvent que le plus profond de nos désirs mais
on ne maîtrise pas ses désirs, il est peut-être donc illusoire de
penser qu'on est maître de son destin... Le décompte affiché, le
tirage au sort des scènes, entre autres choses, essaient de dire
quelque chose de tout cela. Plusieurs zones sur le plateau
correspondent à différents types de prises de parole et créent
des rapports d'intérieur / extérieur, des frontières qui incluent
ou excluent. C'est aussi ce que nous cherchons à interroger :
quel sens ça a de parler de l'intérieur ou de l'extérieur d'une
société ? Les clochards seraient « dehors » mais « dehors »
n'est-ce pas quand même encore « dans » la société ? La forme
essaie d'explorer ces lames de fond qui ont structuré notre
travail dans un mode qui soit ludique tout de même. La réalité
dont nous parlons est très noire mais le théâtre est un lieu qui
avant tout propose du plaisir. Ni les acteurs ni moi ne
souhaitons nous inscrire dans une logique militante ou qui
dénonce. On s'empare du malheur du monde mais on ne ment
sur le fait qu'on prend du plaisir à traiter ce malheur.
Antoine Laubin a mis en scène Les Langues paternelles
(d'après le roman de David Serge, Meilleure découverte
aux Prix de la critique 2010, Coup de cœur du Club de la
Presse au Festival d'Avignon 2010), est membre du comité
de rédaction d'Alternatives théâtrales et enseigne le
théâtre à Arts² (Mons).
Thomas Depryck est auteur de théâtre (Le Réserviste,
Ballade en mondes mineurs, Dehors, De Rien) et de
nouvelles. Il est également dramaturge pour les spectacles
d'Antoine Laubin.
*
Les textes de Thomas Depryck qui composent le spectacle
sont publiés aux éditions La Muette, en vente lors des
représentations et sur le site de l'éditeur.
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Le trailer du spectacle est disponible sur Vimeo.
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Contact diffusion
HABEMUS PAPAM
Accompagnement en production & diffusion
Cora-Line Lefèvre et Julien Sigard
Rue de l’Automne 39
1050 Bruxelles (BE)
+32 473 53 18 23
[email protected]
www.habemuspapam.be
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