Petite Intro à la Géologie Pralognanaise. Par Géologos Partie n°1

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Petite Intro à la Géologie Pralognanaise.
Par Géologos
Partie n°1 : Villeneuve-Jettemont-Napremont, puis Montcharvet et Portetta., Mont
Chevrier-Leschaux-Tsantela, Bochor.
Nous commencerons cette découverte en prenant comme fil une arrivée dans l'ombilic* de
Pralognan par la forêt de "Boedzu"** ou le verrou*** de Pierra-Crepa****.
Nous verrons donc successivement Villeneuve-Jettemont-Napremont, puis Montcharvet et
Portetta, et ensuite, Mont Chevrier-Leschaux-Tsantela, suivi du Bochor.
La "toile de fond" (Arcellin-Vallette), puis le vallon de la Glière, et enfin, la vallée de Chavière
(un sacré morceau), des fois prochaines.
* Zone déprimée par l'érosion glaciaire où peut se déposer des alluvions de tous types.
** Ou "Bois d'en dessous" (de la Croix).
*** Zone résistante à l'érosion glaciaire.
**** Ou "la Pierre qui Crépite, qui casse".
Lorsque l'on traverse le pont de Pierra-Crepa, un œil vers le haut, vers les hauts
escarpements de Villeneuve, on constate que ceux-ci sont taillés dans des quartzites. Le
quartzite est une roche dite métamorphique. En alliant pression et chaleur, elle est le résultat
de cette alliance sur des grès. Le grès est une roche sédimentaire. Elle est née de dépôts
sédimentaires de grains de sable en des plages balayées par une eau peu profonde genre
lac... Puis par une action de cimentation par précipitation et cristallisation des sels dissous
de cette eau.
Ces quartzites sont datés du Trias. Le Trias est le nom d'une des trois grandes périodes qui
divisent l'ère Secondaire. Cette période se situe entre -240 et -205 millions d'années.
L'action métamorphique, elle, sera plus tardive, elle commence vers -40 millions d'années.
Ces quartzites, nous les retrouvons ensuite dans Jettemont (au dessus de la Croix), puis
plus vers le centre de Pralognan (dominant le hameau du Plan) dans le Napremont.
Ensuite, tout en haut, nous avons le massif de la Portetta. Mais, entre les deux, nous avons,
tout d'abord des gypses. Ceux-là même que l'on retrouve dans les Crêtes de Montcharvet (et
la Dent du Villard). Ce sulfate de sodium hydraté (CaSO4) provient, entre autre, de
l'évaporation de l'eau de mer. Son âge ? On admet qu'ils datent de la période entre celle des
quartzites et celle des calcaires et dolomies du massif de la Portetta. Car au Trias moyen, on
admet qu'une mer faiblement profonde recouvrait la zone. Et, de ci-de là, des lagunes qui,
comme des marais salants naturels, ont créés des dépôts de gypse. Et ailleurs, se forment
des dépôts sédimentaires qui formeront des calcaires et des dolomies. Ceux-ci se retrouvent
aussi du côté de la Saulire ou de l'Aiguille du Fruit, entre Courchevel et Méribel. Le plus
impressionnant étant le caractère "ruiniforme" que peuvent prendre ces roches sous l'effet
des facteurs "générateurs de formes"*.
Ensuite, nous avons pu remarquer, lors de la traversée de la forêt, que de l'autre côté, il y a
le Mont Chevrier. Lui aussi, tout comme la Pointe de Leschaux et la Tsantela (au dessus des
Granges, là ou se trouve la grotte des Chèvres), il est constitué de quartzites.
Mais, juste avant de passer au Bochor, nous pouvons apercevoir, si on monte au Mont
Chevrier ou au Col de Leschaux, des roches en forme d'aiguilles, qui ressemblent à des
éponges (sans la consistance). C'est de la cargneule. Nous en reverrons dans la Vallée de
Chavière. Un exemple emblématique ? le "monolithe" de Sardières.
Enfin, nous arrivons au Bochor, séparé du reste par le Vallon des Pariettes (d'où descend la
Creuse). Ce vallon exploite une faille de chevauchement. Les quartzites de Leschaux et les
calcaires du Bochor formant chacun une branche d'un contact stratigraphique en forme de V.
Les quartzites regardant vers le Nord-Nord Ouest, les calcaires vers le Sud-Sud Est. Mais
ici, les calcaires sont plus jeunes. Ils sont du Jurassique. Mais en sens contraire ! Les
couches dites supérieures sont dessous le moyen. Et vers les hauts du Bochor, vers les cols
Noir et du Rosset, on retrouve des calcaires se rapprochant de ceux de la Portetta (il suffit
d'en observer le caractère ruiniforme).
Pour finir, les calcaires du Jurassique (-205 à -135 millions d'années) du Bochor sont
d'origine marine, mais de dépôts en de plus grandes profondeurs. Puis, ils eurent aussi à
subir le métamorphisme alpin, mais de manière faible.
Toutefois, une dernière constatation. Entre le Trias, et le Jurassique moyen, il y a le
Jurassique inférieur (ou Lias). Or, on ne le retrouve que de deux manières : en brèches et
croûtes, résultats d'une érosion aérienne des calcaires et dolomies du Trias.
Ou alors des calcaires noirs issus de dépôts marins d'un fossé marin local. Calcaires que l'on
retrouvera lorsque nous parlerons de la Grande Casse. Mais que l'on retrouve aussi à la
Grande Motte et à la Dent Parrachée.
La prochaine fois, nous ferons connaissance avec le Crétacé. Mais aussi, nous verrons des
roches antérieures au Trias. Encore de belles choses à découvrir. J'attends avec impatience
vos réactions sur le forum.
* Ou morphogéniques.
Avant de continuer, petite découverte des cartes ZERMOS
Par Géologos
(ZERMOS
Zones Exposées à des Risques liés aux MOuvements du Sol et du sous-sol).
Publiée en 1979, sous l'égide du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM)
avec les services de la Sécurité Civile (Ministère de l'Intérieur); elle est l'ultime carte publiée
depuis le lancement de la procédure en 1972... Mais cela demande à être vérifié.
Moins d'une trentaine de ces cartes ont été publiées. Certaines ne couvrant que des zones
assez peu étendues, mais très « dangereuses » (par exemple, celle de Modane ne couvre
que la rive gauche de la commune, celle où se trouve le Saint Antoine et le Charmaix, deux
torrents très redoutés des habitants. Celle de Passy Servoz couvrant, elle, le célèbre «
Dérochoir »).
Nous en avons aussi pour Lons-le-Saulnier, Nantua, deux situées en Normandie (du côté
de Caen). Ainsi que Nancy et Metz.
Pour en revenir à la Savoie, Bourg Saint Maurice en possède une (surtout la rive droite et
ses célèbres Arbonne, Versoyen...). Ainsi que la zone Moûtiers – Brides-les-Bains. Cette
dernière, publiée peu avant, fixe en partie la légende que l'on retrouvera pour celle de
Pralognan.
Celle-ci couvre partiellement la dite commune (en fait, la partie que l'on peut qualifier de «
sédentaire »). Ainsi que la quasi totalité de celle du Planay, la partie avale de Champagnyen-Vanoise, mais ne couvre ni Bozel, ni Saint Bon Tarentaise
Voyons donc la partie pralognanaise :
Nous pouvons remarquer que la carte se limite à trois couleurs : le vert, l'orange et le rouge.
Ces deux dernières sont elles-mêmes divisées en deux catégories.
Un hachuré rouge (qui n'existait pas sur les premières cartes) permet d'introduire le
mouvement « futur » possible d'évènements se préparant.
Regardons donc la légende des couleurs :
Plusieurs choses :
La première concerne le zonage vert. Sur les premières cartes, le risque était considéré
comme nul ou inexistant. Par contre ici, on admet le caractère faible, dut à une apparence
de non soumission à un mouvement. Mais, cela introduit un sentiment d'insécurité possible.
Ainsi, le Bochor, couvert partiellement de moraines et colluvions; ceux-ci pourraient cacher
un gouffre, ou tout autre phénomène « karstique ». L'église de Pralognan, elle aussi en
zone verte, est victime de mouvements. On soupçonne des phénomènes similaires... dans
le sous sol.
Puis, nous pouvons voir que les couleurs oranges sont pour des phénomènes diffus. Tandis
que les rouges sont pour des mouvements importants bien plus voyants et reconnus.
Et le hachuré rouge propose un futur possible en cas d'évènements exceptionnels dits de
grandes ampleurs. Mais pourquoi est-elle introduite ici ? La Zermos de Moûtiers (qui a aussi
du potentiel) ne l'utilise pas... Est-ce suite aux récents travaux (à l'époque) de Kaiser Brigitte
sur les versants de la Vanoise ?
Néanmoins, la consultation de la notice jointe (60 pages) nous permet de mieux analyser
l'élaboration des zones colorées.
Voyons enfin les « caractéristiques dynamiques » :
Par « caractéristiques dynamiques », il faut voir les phénomènes en « mouvement » qui ont
été relevés comme les chutes de blocs, les coulées, les glissements... (il y a maintenant 30
ans).
Donc, il ne faut pas être surpris de ne pas retrouver le glissement-coulée de Colliouclotet
qui a démarré en 1996, sur Napremont... Mais donc des phénomènes « précurseurs » ont
été portés sur la carte.
Ou la coulée de Chollière d'Octobre 2000. Phénomène qui fut soupçonné par la dite carte
plus de 20 ans auparavant...
La lave torrentielle de la Creuse n'est pas oubliée non plus...
Pour finir, n'oublions pas que cette carte n'est qu'une carte d'information.
Elle ne peut, comme la CLPA, être opposable au tiers. Seul le PPRN, et avec lui, l'ex
Dossier Communal de Sécurité (DCS), sont à même (car annexés au Plan Local
d'Urbanisation [PLU], ex-Plan d'Occupation des Sols) d'interdire (ou proscrire) des
constructions, ou de leur prescrire des adaptations architecturales à des fins de réduire leur
part de vulnérabilité vis à vis de l'aléa.
Le risque, lui, ne sera jamais de zéro, car prescrire équivaut à la reconnaissance d'une
interaction génétrice de ce risque...
Carte et notice peuvent être consultées en Mairie de Pralognan-la-Vanoise.
Et elles sont, théoriquement, disponibles à la commande au Bureau de
Recherches Géologiques et Minières, BP 6009, 45018 Orléans.Cedex : Le prix était de 35
Euros.
Petite Intro à la Géologie Pralognanaise
Partie n°2 : La Louze et Marchet-Vallette.
Par Géologos
Après l'introduction, nous voici donc arrivé à Pralognan même, au centre de la station. Et,
pour reprendre des auteurs, comme Raoul BLANCHARD, ce qui provoque un choc, ce sont
les « falaises » (sic); qui des Arcellins jusqu'à la Vallette forment la "toile de fond" de
nombreux clichés pralognanais.
Mais avant de nous y aventurer, regardons du côté des Rochers de la Louze.
En effet, ceux-ci présentent la « continuité » de ce que nous avons déjà vu auparavant.
En fait, nous retrouvons, effectivement, des calcaires blancs massifs du Jurassique
Supérieur (ou Malm). Ils sont issus de dépôts sédimentaires marins à grande profondeur.
Et puis... plus rien ! Enfin, si. Mais là, nous nous retrouvons avec une disparition d'une
bonne partie du Crétacé, dernier tiers de l'ère Secondaire. Ainsi, même si il y a eu possibilité
de sédimentation, des courants violents ont probablement empécher un début de
sédimentation. Du moins, jusqu'au Crétacé dit Supérieur. C'est de cette époque que se sont
déposés des calcaires de marbre roses, puis ils devinrent blancs plus tardivement.
De là, nous allons basculer dans l'ère Tertiaire. Or, ici, nous pourrons observer une croûte
phosphatée et minéralisée ou « hardground » de couleur violette ou vert très foncé.
(Ouvrons une simple parenthèse pour rappeler l'INTERDICTION de tailler, de frapper et
d'échantillonner sur ce site. D'autant qu'on estime que le temps d'effacement des traces est
d'au moins un siècle).
Elle a été datée, par des microfossiles, de l'Eocène Inférieur.
Ce type de croûte peut être aussi, ailleurs en Vanoise, la simple expression de l'ensemble
des dépôts du Crétacé. Car, depuis la fin du Jurassique Supérieur, la géologie vanoisienne
redevient « multiple ».Donc, discontinuité temporelle et spatiale.
Enfin, terminons la Louze stratigraphique, par les marbres chloriteux de l'Eocène moyen.
Pour introduire la « toile de fond », mentionnons juste que nous allons remonter le temps,
en retournant vers le Trias, et voir bien avant...
Ici, la forme générale peut se résumer en un immense plongeon des roches en direction de
l'ombilic de Pralognan. Mais c'est malheureusement un peu plus compliqué.
Tout d'abord, nous pouvons dire que, si on prend comme base une coupe BarthélémyPralognan, les roches vont vers un âge plus récent en descendant sur Pralognan ! Etrange
non ?
De nouveau, nous avons à faire à une inversion due aux phénomènes de la surrection
actuelle des Alpes qui démarra vers -50 millions d'années.
Certes, nous verrons qu'au niveau du Dard, nous retrouvons effectivement un empilage
horizontal.
Alors qu'ici, c'est un basculement semi-vertical en un bombement. Mais c'est aussi le
résultat d'un charriage tardif rétroactif par rapport aux premiers mouvements de surrection.
Petite Intro à la Géologie Pralognanaise
Partie n° 3 : Vallon de la Glière et Grande Casse
Par Géologos
Suite à la partie sur la « toile de fond », montons vers celle, plus photogénique, que
constituent les vallons de l'Arcellin, et surtout, celui de la Glière.
Mais avant de nous y aventurer, faisons un tour du côté de Chollière pour mieux englober
l'ensemble.
Source Debelmas J. 1974
Nous pouvons observer un large panorama, du Grand Bec jusqu'au binôme Dard-Pelve.
Le Grand Bec, grand bombement cristallin septentrional a fait ; comme l'a fait Chasseforêt
pour le Dard ; basculer l'ensemble Pointe du Bochor-Leschaux en un anticlinal en genoux
fait de quartzites. Celui-ci vient en un contact par faille avec le calcareux Mont Bochor,
anticlinal qui est suivi par le synclinal du Vallon de la Glière, suivi par l'anticlinal du MoriondAiguille de la Vanoise, taillé dans les marbres. A ce dernier, fait suite un synclinal dit de
l'Arcellin qui permet de se rattacher à l'anticlinal du Dard-Pelve. Qui se termine en un
plateau « hébergeant » le glacier de l’Arcellin en une configuration dite de « fjell » (glacier
de plateau, en Scandinavie)
Cette succession se faisant dans les calcaires jurassiques et crétacés déjà cités.
Reste une invitée, qui est en fait une « étrangère » : La Grande Casse !
Encore que, ce fait n'est pas définitivement établi. Il pourrait même que ce Lias calcaire ne
soit pas en klippe*...
Néanmoins, dans le cas présent, il y a de l'intérêt à chercher les traces de « formes
terrestres » (ou géomorphologiques) concernant les glaciers et leurs mouvements.
Ainsi, une récente étude de LE DARZ, DELANNOY, MARNEZY et NICOUD (cf.
Bibliographie), dans le cadre de l'élaboration de l'histoire environnementale de la Vanoise
depuis les 15 000 dernières années, nous amène à étudier le Vallon de la Glière. Pourra-ton faire de même pour l'Arcellin ? C'est à voir.
Tout d'abord, il faut savoir que les dates seront exprimées en BP (Before Present). Le
présent étant 1950. Et les datations se font par les pollens (ou palynologiques) avec recours
de la datation au carbone 14.
Le premier stade a été relevé par EDOUARD (1994). Il serait situé vers 1750 mètres
d'altitude, soit dans l'amont du cirque de l'Arcellin. Il daterait d'environ 14000 BP.
Le second, à 1920 mètres, se trouve au niveau de la passerelle qui permet d'emprunter la
piste du Couloir de l'Eau. Cet arc morainique et ses moraines latérales seraient datés de
13000 BP. Le glacier y aurait stationné quelques temps...
Puis, tout en faisant retraite, le glacier a abandonné un îlot de glace morte (2010 mètres
d'altitude). Sa forme relictuelle a servi pour y établir l'ancien téléski des Fontanettes. Le
nouveau télésiège dit du Génepi l'a de nouveau remodelé... Il serait plus récent que :
Le stade des Chalets de la Glière (2050 m d'altitude). Stade de stationnement ou d'avancée
? Mais tout semble montrer qu'il y a eu possibilité d'un lac de barrage morainique (comme à
la Patinoire et, peut-être, aux Nants...). Il est daté de 12700 BP.
Le stade du Pont du Chanton (ou du tsanton, selon le patois pralognanais) au Lac des
Vaches (altitudes de 2210 à 2318 mètres d'altitude). Ce complexe morainique, au front
incisé par le torrent aurait été de 11000 à 10500 BP. C'est durant cette période que se
forme le barrage morainique formant le Lac des Vaches... Qui tend à avoir un destin
similaire à son aïeul possible envisagé au niveau des Chalets de la Glière.
Enfin, le stade des moraines dites « actuelles » pourraient être le fruit de formes reprises
partiellement ou totalement. Néanmoins, la « fraîcheur » est due au Petit Âge Glaciaire
(PÂG), période s'étendant de 1550 à 1860 après Jésus Christ. Avec trois grandes périodes
de crues.
Au passage, il est rapporté qu'en 1828 ou 1829, un certain William Brokedon, dont les notes
vont servir pour la partie « Savoie » du guide touristique de l'Anglais John Murray, précise
qu'il faut escalader le glacier de la Grande Casse à partir du Lac des Vaches jusqu'au Seuil
de l'Ouille.
En 1859-60, les séracs de ce glacier bordent le chemin qui monte au Seuil depuis le Lac. Le
Prince Roland Bonaparte précise, en 1863, l'altitude du front à 2350 mètres d'altitude
(VIVIAN, 1975).
Remarquons aussi l'existence ancienne d'un ancien chemin, dit de La Chal, qui permet de
la Glière, d'atteindre la Vanoise en passant entre Moriond et l'Aiguille de la Vanoise. Tout en
évitant le Glacier de la Grande Casse. Et ceux qui descendent de l'Arcellin-Dard.
Ces derniers pourraient-ils se calquer en terme de temps sur les stades du glacier du Vallon
de la Glière ? Probablement. Mais à quelle altitude ?
L'altitude de 2100 mètres d'altitude pourrait être celui élaboré vers 11000 BP. Altitude
qu'aurait pu avoir, durant le PÂG, le front du glacier de l'Arcellin. Les chutes de séracs entre
1885 et 1903 provenant des altitudes 2300-2350 mètres seraient la résultance du
commencement de l'après PÂG. Et du recul du dit front.
Par contre, les rochers du Génépy, et avec un amphithéâtre glaciaire moindre, pourraient
faire que, après 11000 BP, la branche « Arcellin » du Glacier des Grands CouloirsRéchasse, et jusqu'à 10500 BP, se soit retirée au niveau du Lac des Assiettes. Etablissant
comme pour le Lac des Vaches, un lac de barrage morainique, mais doublé d'un verrou
calcaire...
Lors du PÂG, seul celui de la Réchasse a pu, momentanément, jouer. Mais plus
probablement vers la direction du Lac du Col de la Vanoise. Alors qu'au niveau du lac des
Assiettes, celui-ci se voyait obstrué par un système de bouchon glaciaire souterrain
indépendant. Bouchon qui pouvait tenir une bonne partie de la saison chaude. Et peut-être
quasiment à l'année lors des grandes périodes de crues glaciaires (1550-1650, 1700-1780,
1820-1860).
Expliquant l'existence de traces d'exutoire aérien (BRAVARD et MARNEZY, 1981).
Toute la partie concernant l'Arcellin étant purement théorique, il faudra suivre avec attention
la suite des études lancées dans l'élan de celle sur le vallon de la Glière.
Pour finir, quelques références bibliographiques :
BRAVARD Y. et MARNEZY A., 1981, « La Vanoise en marchant »,
collection « Trésors en Savoie », Montmélian, 316p.
EDOUARD J.-L., 1994, « Les lacs d'altitude dans les Alpes françaises », Thèse d'Etat de
Géographie, Université Joseph Fournier, Grenoble, 795p.
LE DARZ M., DELANNOY J.-J., MARNEZY A. et NICOUD G., 2004, « La déglaciation du
Vallon de la Glière, Massif de la Vanoise, Savoie », Travaux Scientifiques du Parc national
de la Vanoise, tome XXII, pp. 7-21.
VIVIAN R., 1975, « Les glaciers des Alpes Occidentales », Imprimerie de l'Allier, Grenoble,
513p.
Et n’hésitez pas à vous reportez à l’excellente page faite par le géologue MAURICE GIDON
au sein de son site geol-alp.com :
http://www.geol-alp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Pralognan.html
En effet, on peut retrouver un cliché récapitulatif concernant la vue depuis Chollière (ou
depuis le Col des Saulces, le Petit Mont Blanc.
Ainsi que les pages sur le Mont Bochor et celle de la Réchasse.
* klippe : Il se peut que des roches présentes ne se sont pas formées là où elles sont
actuellement.
Le fait qu’elles y soient actuellement est le résultat, entre autre, d’un charriage. Tel une
nappe qui recouvre les terrains qui se sont formés effectivement en ce lieu. D’où la
distinction entre « autochtone » et « allochtone » (la nappe).
Or, par le biais de l’érosion, de mouvements tectoniques, les nappes peuvent être
fracturées, et des morceaux se retrouvent détachés du reste. Voire, la nappe principale
vient à n’être plus qu’une succession de lambeaux résiduels. Ce lambeau « étranger » est
appelé une klippe.
Non loin de Pralognan se trouve une célèbre klippe : le Mont Jovet.
Pour la Grande Casse, Monsieur GIDON avance une argumentation qui serait que la
difficulté d’observer, sur le terrain, la surface de charriage censée délimiter la base de cette
unité: on est souvent conduit à se demander si le Malm (Jurassique Supérieur, -150 à -130
millions d’années) de l'unité de la Grande Motte ne se poursuit pas en continuité par celui
de la couverture du socle cristallin (que la nappe est censée recouvrir si elle est de
charriage). Consulter sa page dédiée :
http://www.geol-alp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Gde_Casse.html
Petite Intro à la Géologie Pralognanaise
Partie n°4 : Le tour des cirques
Par Géologos
Pour ceux qui en ont le courage (et il y en a) de coupler sur la même journée cette partie
avec la précédente (celle du Vallon de La Glière-Arcellin); voici donc un détour géologique
par les cirques (glaciaires, bien sûr) du Dard, du Grand et du Petit Marchet, de la Vallette; et
enfin celui des Nants.
Tout d'abord, remarquons au début de notre ascension (à partir d'un cirque que j'ai oublié
(?) qui est celui de l'Arcellin !) la vaste ouverture que nous allons traverser pour pénétrer
dans le cirque du Dard (et par là même, le cirque du Grand Marchet par le col du même
nom). Nous avons affaire à une auge glaciaire d'où s'échappait, il y a fort longtemps le
glacier du Dard. Celle-ci perce le « fer à cheval » « calcaire » constitué par le Grand
Marchet, les Aiguilles de l'Arcellin en aval. Et la Pointe du Dard en amont (on pourrait plutôt
parler d'anneau ou « ring »).
Toutefois, il vaut mieux se reporter à la carte topographique du secteur (IGN Top 25 3534
OT)
Au passage, lors de votre ascension, remarquons aussi l'existence, au niveau de l'entrée
dans le cirque du Dard, de deux ruisseaux. Dont un surgissant au pied de la Petite Aiguille
de l'Arcellin. Nous avons là une « exsurgence » karstique. Ce qui n'est pas le cas de la
cascade inférieure des Marchets (qui est une résurgence du Ruisseau des Marchets).
Et puisque nous parlons de celui-ci, voyons ce que nous pouvons admirer depuis le
Col du Grand Marchet (2430 mètres d'altitude)
Nous avons devant nous l'exemple du rétrocharriage qui s'effectua suite à deux
précédentes séries de mouvements : un charriage général vers l'Ouest. Puis des
plissements (que nous allons retrouver bientôt) de direction Nord-Sud. Puis ce
rétrocharriage vers l'Est. Et enfin le soulèvement (actuel) du socle de Chasseforêt.
Le retrocharriage a affecté globalement les couches dite schisteuses et quartziques du
Permien (r) et Permo-Trias (rt). Ainsi que les « calcaires » triasiques (Tq et Tc), jurassiques
(D et M). Et ceux du Crétacé (C). Pourquoi mettre des « guillemets » à « calcaires » ? Car,
durant la première phase (charriage vers l'Ouest), nous avons eu du métamorphisme !
Ainsi, nos calcaires devinrent marbres, et nos marnes, des schistes...
Enfin, avant de continuer pour passer entre le Petit Marchet et la roche de Saint
Barthélémy
Admirons les cascades descendant du Glacier du Grand Marchet. Elles sautent le fond du
cirque qui est aussi (à peu près) le contact entre les couches rétrocharriées et le socle
antépermien dit de Chasseforêt. Ces micaschistes (en majorité), nous les retrouverons dans
la paroi du Barthélémy. Ainsi que celle constituant le fond... du Cirque des Nants.
Regardons ensuite en direction de la vallée de Pralognan, en face. Certes, là-bas au fond,
du côté du Planay- Champagny, vous avez les schistes lustrés (fruits aussi de l'action
métamorphique) de la klippe du Mont Jovet, mais observons plutôt du côté de la Portetta,
du Petit Mont Blanc (et qui se poursuivra avec le Signal du Mône – Roc de la Pêche)
Nous avons de nouveau des calcaires du Trias moyen (couches blanches), supérieur (avec
des petits points. Du Jurassique (barres plus ou moins espacées). Et du Crétacé (juste en
dessous). Grâce au schéma, nous pouvons repérer que ce chaînon fut affecté par la phase
2 (mouvements Nord-Sud).
Mais aussi, qu'il y a inversion des couches (les plus vieilles sont en haut !). Ce qui fait de la
Portetta (et du Roc de la Pêche) des faux synclinaux !
Enfin, eux aussi ont été affectés par la phase 3 :
Laissons le Cirque du Grand Marchet derrière nous (dont une partie du ruisseau va, de
manière partiellement souterraine, descendre sur Pralognan), et avant d'entrer dans le
Cirque du Petit Marchet, relevons la dichotomie en terme de clarté entre la paroi calcaire du
Grand Marchet et la sombre paroi d'où chutent les rus qui deviendront, en contrebas, le
Ruisseau du Grand Marchet.
Cette même dichotomie, nous la retrouvons dans le Cirque du Petit Marchet avec, à l'Est, le
Saint Barthélémy taillé dans les micaschistes du socle de Chasseforêt. Et de nouveau, des
rus en cascade, qui vont se perdre au fond du cirque, au pied d'un véritable « mur » qui relie
le Petit Marchet au Roc du Tambour. Où va cette eau ? D'après les travaux de HOBLEA
(1997) et DZIKOWSKI et alii (1997), rien n'a encore permis de savoir où ressortent ces
eaux., contrairement à celles venant du Lac de la Vallette (cf. plus loin).
A partir de là, deux options : soit gravir le col du Tambour, soit emprunter le chemin
qui franchit le « mur » (et qui permet de rejoindre le chemin Pas de l'Âne – Vallette).
L'intérêt principal du passage du Col de Tambour (hors sentier) est, certes, d'avoir une vue
plus ample sur le Cirque de la Vallette [et sur le système lac – perte de la Vallette, dont
nous savons où se trouve le(s) débouché(s)], mais surtout celui de pouvoir admirer, lors de
notre marche pour reprendre le chemin, l'entrée d'un gouffre calcaire (dit du Col du
Tambour, dont 25 mètres de dénivelée ont été descendus. Autrement dit, rien à côté de
celui du Grand Marchet [363 mètres de dénivelée.
Tout en cheminant vers le refuge de la Vallette,
notons aussi l'existence de « coulées de solifluxion ». Là aussi, je m'excuse de ne pouvoir
fournir une photo de celles-ci.
Enfin, de la Vallette, descendons en direction du Cirque des Nants (que nous analyserons
prochainement... d'en face). Remarquons seulement la haute paroi amont du cirque taillée
dans les micaschistes antépermien du socle de Chasseforêt; ainsi que les schistes
permiens rétrocharriés du Roc du Blanchon et du Pommier Blanc (sans photos, bis repetita)
Ainsi que l'existence (condamnée ?) du glacier régénéré des Nants.
Enfin, notre descente (entre le refuge de la Vallette et les Prioux) débute et finie dans la
couverture décollée « calcaire » du socle de Chasseforêt (celle-là même où s'inscrit nos
Marchets, Tambour et Vallette). Alors que ce cirque des Nants permet de découvrir les
étages antérieurs (qui étaient plus discrets) « complétant » (en fait, il y a des lacunes...)
l'histoire stratigraphique de Pralognan
(NDA : la couverture « calcaire » ne disparaît pas. Il se trouve qu'elle passe en rive gauche
au niveau des gorges de Montaimont-Ritort [que nous verrons bientôt]. Ainsi, le lac de
Chalet-Clou [qu'on peut apercevoir directement en face depuis le refuge de la Vallette]
s'inscrit dans les calcaires, mais les pentes en amont passent dans les schistes permiens.
Tout comme le bassin de réception du Ruisseau des Ruelles que l'on traverse pour le
rejoindre depuis les Nants).
Le « m », c'est le socle des Dômes de Chasseforêt – Sonnailles – Les Nants.
B, c'est la couverture permienne (et du Trias) constituée de schistes et quartzites (pour le
Trias).
C, c'est la couverture secondaire « calcaire » (où dominent les marbres blancs du
Jurassique Supérieur [Js] et les marbres chloriteux « verts » du Crétacé Supérieur [C]).
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE.
ELLENBERGER F. (1958), « Etude géologique du Pays de Vanoise », Mémoire du Service
de la Carte Géologique de France, tome 50, 561 p.
DEBELMAS J. (1974), « Géologie de la France », tome 2, éd. Doin, Paris.
DEBELMAS J. et RAMPNOUX J.-P. (1994), « Guide Géologique du Parc National de la
Vanoise, Itinéraires de découverte », éd. BRGM, Orléans, 92p.
DEBELMAS J. et RAMPNOUX J.-P. (1995), « Géologie de la Vanoise. Notice explicative de
la carte géologique simplifiée du Parc National de la Vanoise et de sa zone périphérique
(Savoie) », Travaux Scientifiques du Parc National de la Vanoise, tome XIX, pp.15-74.
DZIKOWSKI M., NICOUD G., FUDRAL S., ARFIB B., et JOURDAN C. (1997), «
Circulations souterraines et traçages artificiels en Vanoise », Travaux Scientifiques du Parc
National de la Vanoise, tome XX, pp.137-151.
HOBLEA F. (1997),« Approche spéléologique des karsts de Vanoise », Travaux
Scientifiques du Parc National de la Vanoise, tome XX, pp.51-82.
La première géologie de Pralognan. Un petit aperçu.
Lorsque l'on parle géologie pralognanaise en 2010, plusieurs noms viennent à l'esprit :
François Ellenberger et sa thèse de 1952 sur la Vanoise. Principale source bibliographique
remise à jour par les guides géologiques de Jean Goguel & Albert Pachoud en 1970, puis
Jacques Debelmas & Jean-Paul Rampnoux en 1995 en co-édition du Bureau de Recherches
Géologiques & Minières (BRGM)/ Parc National de la Vanoise. Sans oublier les thèses
lilloises de ou dirigées par François Guillot (ex intervenant de la Semaine Culturelle) ou
celles réalisées à l'Institut de Géologie Alpine Dolomieu de Grenoble.
Loin de moi de vouloir rivaliser avec Ellenberger qui fit le travail pour la période d'avant 1952,
mais il y a 120 ans, parmi les ascensionnistes réguliers de Pralognan, deux géologues en
firent partie : Charles Lory de Grenoble & Paul Termier de Paris.
Ce dernier publia ces travaux en 1891 dans le Bulletin des Services de la Carte géologique
de la France et des Topographies souterraines (ancêtre de l'actuel BRGM).
Je vous invite à en découvrir trois aperçus.
La première chose à dire est que cette publication paraît bien "aride" au vue de celles qui
vont lui succéder (la thèse de Ellenberger, les guides géologiques). En effet, nous n'avons
pas droit à des panoramas géologiques. Ces derniers sont aussi présents dans le site de
Monsieur Maurice Gidon [nous vous conseillons d'en profiter pour faire des comparaisons en
consultant les pages Pralognan (http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Pralognan.html), Grand Marchet (http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Gd_Marchet.html), Chasseforêt (http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Chasseforet.html), Réchasse (http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Rechasse.html) & Grande Casse (http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Gde_Casse.html)]. Nous n'aurons droit qu'à des coupes
géologiques. De même, pas de photos. Même si Termier, en page 81, nous donne un truc
pour compenser : " On trouve, soit à Pralognan, soit à Brides-les-Bains, d'excellentes
photographies de cet admirable paysage ". L'admirable paysage en question est celui qui
sert d'écrin au chemin de Pralognan à Entre-Deux-Eaux par le Col de la Vanoise. D'autant
qu'il précise que " Peu de paysages présentent, avec autant de splendeur, une pareille
netteté stratigraphique.
A. Voici deux premières coupes :
Pour comparer, prendre le panorama depuis le Petit Mont-Blanc des pages " Pralognan " et "
Grande Casse ".
Que dire de ces deux coupes ? Elles comportent deux erreurs (il y en a probablement
d'autres).
La première concerne la succession des plis dans ce qui est nommé le Muschelkalk alias le
Trias pour l'inférieur ou le Jurassique pour le Supérieur. Or, ce qui est dit du Trias a été revu
comme étant du... Crétacé. Il faut dire qu'aussi, la pétrographie a fait des découvertes entre
1891 & 1952.
La deuxième erreur concerne le dessin des plis. A les voir, le " futur " Crétacé chloriteux sont
des anticlinaux rabotés, tandis que le Jurassique Mont-Rond (alias le Moriond) est un
synclinal perché derivé poli par les glaciers.
Hypothèse recevable pour le polissage ou une reprise par érosion glaciaire du défoncage
des vallons de la Glière et de l'Arcellin; mais faux pour la structure ! Moriond est plutôt un
anticlinal. Glière et Arcellin des synclinaux. Dont la remontée Est est symbolisé par le Grand
Marchet pour le second.
Enfin, il reste le pli-faille pour signifier le contact anormal entre les quartzites et le Permien
(qui deviendra ensuite antérieur à cette période). Celui-ci n'existe plus, du fait que, de
nouveau, en 61 ans, de nouvelles découvertes permettent d'expliquer autrement cette
disposition (consulter la page Chasseforêt pour sa coupe Grand-Marchet Dard Pelve).
Avant de passer à la suite, observez l'existence d'un " lac du Grand-Marchet ". Termier ayant
séjourné à Pralognan ne donne pas de précisions sur ce lac (il faut dire que son ouvrage
n'est pas consacré à l'hydrologie lacustre...). La consultation du cadastre de 1912 de
Pralognan (section B7) nous infirme son existence (alors qu'un lac existe encore dans le
cirque du... Petit Marchet). La Mappe Sarde de 1733 ne nous est d'aucun secours du fait que
la zone n'y est pas reprise.
B. Deux nouvelles coupes au niveau de la Vallée de Chavière :
De nouveau, plusieurs " rectifications " sont à faire :
La première, c'est la liaison entre les couches en de multiples plis. Or, depuis la définition du
rétrochevauchement, nous savons que la repartie entre l'Aiguille du Fruit et les Nants
ressemble plutôt à celle-ci :
Source : Debelmas & Rampnoux.
Ensuite, il y a le chaînon Vallette - Pic de la Vieille Femme. Termier relie les grands
escarpements en barre géomorphologique du Pic avec les couches du Roc. Or, non
seulement, nous savons actuellement que les roches ne sont pas les mêmes. Ce que
Termier avait admis aussi ! Mais alors, comment expliquer cette couche géologique plissée
dont la formation se serait fait en tranchant un ensemble de couches successives déposées
horizontalement. Et cette " lanière " se serait ensuite déposé aussi horizontalement avant
qu'une nouvelle couche stratigraphique ne se forme.
Certes, nous pourrions dire aussi que le faciès de la couche se soit modifié (pour exemple,
vous avez cette modification dans le Crétacé moyen des calcaires des massifs préalpins. En
effet, l'Urgonien "disparaît" au Sud du Vercors et est remplacé par un faciès calcaire plus fin.
Ceci du fait que l'Urgonien est un calcaire de dépôt de hauts-fonds. Tandis que les Préalpes
du Sud furent occupées par des bas-fonds plus propices à un dépôt marno-calcaire)
localement. Oui, mais un quartzite est une roche métamorphique issue de grès. Tandis que
le marbre vient du... calcaire. Et le pire dans l'affaire, c'est que Termier ne nous donne (et ne
nous donnera) aucune explication.
Voici l'interprétation actuelle :
Source : Debelmas & Rampnoux.
Plus de liaison entre Vallette et le Pic de la Vieille Femme. Mais en plus ici, nous avons une
"limite" dessinée mais qui n'est pas pour autant une faille, mais bien encore un contact
anormal.
C. Et la Grande-Casse ? Une klippe ?
Finissons avec, 150 ans oblige, par la Grande Casse. Ici, nous allons relever, ce que nomme
Termier, une " surface d'étirement ". En fait, ce concept est celui de la " surface de charriage
" dans le contexte des " nappes de charriage ". Faisant cohabiter deux ensembles distincts
de roches de faciès par forcément différents mais dont la disposition trahie un charriage de
l'un sur l'autre...
Or, pour la Grande Casse, la nature de ses roches (comme celle de la Grande Motte, des
Pointes de Pierre Brune, de la Dent Parrachée) étant différentes des bases qu'elles
surmontent, Termier, mais aussi Ellenberger ou Debelmas ont supposés l'existence d'une
telle surface.
Certes, des indices prouvent le dispositif. Oui mais, au niveau du Col de la Vanoise, le doute
peut être de mise. C'est la position actuelle défendu par Monsieur Maurice Gidon (cf. page
Réchasse de son site) où il lance l'hypothèse que cette zone ne fut simplement pas victime
d'un arrêt de la sédimentation durant le Jurassique inférieur contrairement à d'autres parties
de la Vanoise... Mais la question n'étant pas définitivement tranchée, nous n'irons pas plus
loin...
Ainsi se finit notre petit aperçu rapide de la géologie de Pralognan il y a cent vingt ans. Nous
avons pu remarquer que ses interprétations furent toutes autres.
Prochainement, nous reviendrons aussi sur des affirmations non plus géologiques mais
historiques qui se sont avérées fausses.
Géologos
Avant Ellenberger, Pachoud, Debelmas & Rampnoux; la première géologie de Pralo
par Termier
Suite à la petite introduction sur la géologie de Pralognan-la-Vanoise; nous avons eu la
chance de recevoir un document rare : " l'Etude sur la constitution géologique du Massif de
la Vanoise (Alpes de Savoie) " de Monsieur Paul TERMIER, publiée en 1891. Cette étude
restera la référence jusqu'aux travaux d'Ellenberger en 1958. Même les géologues officiant
aux tunnels de la centrale de Pralognan-Le Villard en 1947-49 en firent référence.
Mais loin de nous de faire une histoire de la géologie en Vanoise (Ellenberger s'en est
chargé dans sa thèse). Et découvrons la représentation de la géologie pralognanaise il y a
109 ans.
Pour débuter, il faut faire la remarque que Paul Termier (contrairement à Ellenberger) ne
nous livre que des coupes géologiques.
Mais aucuns panoramas, ni photographies. Ce qui rend " aride " cette publication du côté de
la pédagogie représentative...
Même s'il nous fait remarquer (en page 81, la note de bas de page) que " Peu de paysages
(de Pralognan à Entre-Deux-Eaux, [NDA]) présentent, avec autant de splendeur, une pareille
netteté stratigraphique (On trouve à Pralognan d'excellentes photographies de cet admirable
paysage) ".
Donc, il nous faudra faire preuve d'imagination... Ou se rapporter à des sources extérieures.
Voici donc deux premières coupes tirées de cet ouvrage :
Ces deux coupes reprennent sensiblement ce que l'on peut voir depuis le Petit-Mont-Blanc,
Napremont ou la Brêche Portetta en regardant du côté de la Vanoise.
En comparant avec le site de Monsieur Gidon Maurice (http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Pralognan.html & http://www.geolalp.com/h_vanoise/_vanoise_lieux/Chasseforet.html), on peut remarquer que la succession
des plis dans les Marbres (s) et le Muschelkalk (c) alias le Jurassique supposés par Termier
sont en fait l'inverse de ce qui est admis aujourd'hui. En effet, la Combe de l'Arcellin et celle
de la Glière sont des synclinaux. Et le Moriond (ou Mont-Rond selon Termier) l'anticlinal.
Ensuite, une autre modification : le contact entre les calcaires du Grand Marchet et le
Permien (socle de la Vanoise, actuellement daté D'AVANT le Permien) se fait par un plifaille. Actuellement, il n'est même plus envisagé. Pourquoi ? tout simplement du fait que sont
arrivés des concepts comme les chevauchements ou les contacts anormaux et autres
discordances...
Enfin, avant de passer à deux autres coupes, remarquons l'existence d'un " Lac du Grand
Marchet " ! niché dans le cirque actuel du Grand Marchet. Lac qui en 1912 sur le cadastre
n'est plus qu'un souvenir... Fut-il photographié ? Qu'est-il advenu ? Ou n'est-ce qu'une
légende ?
Passons, et allons dans la Vallée de Chavière. En voici deux coupes :
Et là, de nouveau, nous pouvons relever des erreurs. Toujours par le fait qu'à l'époque,
l'hypothèse des klippes n'était pas encore supposé. Regardez simplement la Coupe 17 et le
Roc de La Pêche. Nous ne sommes pas encore à l'élaboration du phénomène de
rétrocharriage. De même, le Roc de la Vallette et le Pic de la Vieille Femme. Comparez avec
le croquis actuel de Debelmas & Rampnoux :
Plus aucune liaison entre les terrains du Jurassique et du Trias (ou du Permien). Ce que
faisait pourtant Termier !!! Et il n'explique pas comment ce passage se fait... En effet, sa
couche géologique serait une languette découpant un empilement de couches géologiques
horizontales de bas en haut ! Etrange concept pour nous actuellement. Mais pas en 1891
probablement.
De même, actuellement, les terrains calcaires de la Dent Parrachée ne sont plus rattachés à
ceux de Montaimont (cf. Coupe 18).
Puisqu'ils sont du Jurassique liasique pour les premiers et plutôt du Jurassique supérieur et
Crétacé supérieur pour les autres...
J'arrête là ce petit exposé qui mériterait d'être précisé. Probablement sur le terrain. Et
pourquoi pas une inspiration à relancer la défunte semaine culturelle de Pralognan (19662006).
Géologos.
NB : allez consulter (et télécharger) plusieurs documents sur la géologie pralognanaise à
cette adresse : http://www.pralo.info/npds/download.php?dcategory=G%E9ologie&sortby=
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