IJMMS 2004:22, 1183–1187
PII. S0161171204013006
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SUR LA CONTINUITÉ AUTOMATIQUE DES ÉPIMORPHISMES
DANS LES -ALGÈBRES DE BANACH
L. OUKHTITE, A. TAJMOUATI, and Y. TIDLI
Reçu le 26 avril 2001 et en forme révisée le 18 janvier 2002
Nous étudions les problèmes de continuité automatique dans des algèbres de Banach avec in-
volutions. Nous obtenons aussi des nouveoux résultats concernant -idéals des -algèbres.
Classification 2000 des Sujets Mathématiques: 46J10, 46K05.
1. Préliminaires. La majorité des définitions et des résultats qui sont rappelés ici
se trouvent dans [1]. Les algèbres considérées sont supposées sur C, unitaires, non
nécessairement commutatives.
Une involution sur une algèbre Aest une application :AAvérifiant les propriétés
suivantes :
(x)=x, (x+y)=x+y,(xy)
=yx,(λx)
=λx,
x,y A, λC.(1.1)
Munie de l’involution ,Aest dite une -algèbre. Une involution est dite anisotrope
si pour tout adans Aon a : aa=0a=0. Un idéal Id’une -algèbre est dit -idéal
si II(et alors I=I). Il en résulte alors que tout -idéal est bilatère. De plus, si
les seuls -idéaux de Acontenu dans Isont (0) et Ialors on dit que Iest -minimal.
Remarquons que si Iest un -idéal non nul de A, alors induit une involution sur A/I,
notée aussi , définie par : (a+I)=a+I.Un-idéal est dit -maximal si les seuls
-idéaux contenant sont Aet . Une algèbre Aest dite simple si les seuls idéaux
bilatères de Asont (0) et A. Dans le cas où Aadmet une involution ,ondiraqueAest
-simple si les seules -idéaux de Asont (0) et A.
Remarquons que si Aest une algèbre simple munie d’une involution , alors Aest
-simple, mais la réciproque n’est pas vraie en général.
Exemple 1.1.Soit Aune algèbre simple et Al’algèbre opposée de A. Considérons
alors l’algèbre B=A×A, munie de l’involution d’échange définie par : (x,y) =
(y,x). Alors une simple vérification montre que Best une algèbre -simple mais n’est
pas simple.
Un idéal Pde Aest -premier (resp. -semi-premier) si pour deux -idéaux Iet J
de Atels que IJ P(resp. I2P) alors IPou JP(resp. IP). En outre, si (0) est
-premier (resp. -semi-premier) on dit que Aest -première (resp. -semi-première).
1184 L. OUKHTITE ET AL.
Soit Iun idéal minimal à gauche d’une algèbre semi-première A, alors il existe un
idempotent minimal eAtel que I=Ae.
Rappelons que le radical de Jacobson,Rad(A), d’une algèbre Aest définit comme
étant l’intersection de tous les idéaux à gauche maximaux de A. Si de plus Aest une
-algèbre, alors le -radical de A, noté Rad(A), est l’intersection de tous les idéaux
-maximaux de A. En outre, si Rad(A) =(0)alors Aest dite -semi-simple.
Soit Tune application linéaire d’un espace de Banach Xdans un espace de Banach
Y. Alors l’espace séparateur σ(T) de Test un sous-espace de Ydéfini par :
σ(T)=yY|∃
xnnX:xn
n→∞ 0etTXn
n→∞ y.(1.2)
Il est bien connu que Test continue si, et seulement si, σ(T)=(0)[2]. En outre, l’espace
séparateur d’un épimorphisme d’une algèbre de Banach Adans une algèbre de Banach
Best un idéal bilatère fermé [2]. De plus, si θest un épimorphisme d’une algèbre de
Banach Asur une algèbre de Banach Bet si bσ(θ), alors oSp(b) [2, théorème
6-16].
2. La continuité automatique dans une algèbre de Banach -simple. Nous com-
mençons par donner quelques propositions préliminaires utiles pour la suite.
Proposition 2.1.Soit Iun idéal -minimal d’une -algèbre A.SiIn’est pas minimal
et si Jest un idéal inclu strictement dans I,alorsI=JJ,oùJet Jsont des idéaux
minimaux de A.SideplusI20,alorsJet Jsont les seuls idéaux non nuls contenu
strictement dans I.
Démonstration. Supposons que In’est pas minimal et soit Jun idéal non nul de
Acontenu strictement dans I.OnaJ+Jet JJsont deux -idéaux de Acontenus
dans I.OrIest un idéal -minimal, donc JJ=(0)et J+J=I. Par conséquence,
I=JJ.SoitYun idéal non nul de Atel que YJ. Un raisonnement analogue montre
que : I=YY.Deplus,sikJalors k=y1+y2,oùy1Yet y2Y. Par suite
ky1=y2JJ=(0),donckYde sorte que J=Y. Par conséquent, J(resp. J)
est un idéal minimal de A.
Supposons maintenant que I20etsoitBun idéal non nul de Atel que BI,
BJet BJ. Une simple vérification montre que Best un idéal minimal de A.
Par conséquence BJ =(0),demêmeontrouvequeBJ=BJ=BJ=(0).Doù
I2=(B B)(J J)=(0), ce qui contredit le fait que I2(0).
Proposition 2.2.Soient I1et I2deux idéaux d’une -algèbre Atels que : A=I1I2
et I2=I
1.SiI1et I2sont minimaux alors Aest une algèbre -simple.
Démonstration. On a A2=(I1I2)(I1I2)=I2
1I1I2I2I1I2
2. Comme I1I2et
I2I1sont inclus dans I1I2=(0),onendéduitqueA2=I2
1I2
2.OrI2
1I1et I2
2I2,
le fait que I1et I2sont minimaux donne alors I2
1=(0)ou I2
1=I1.SiI2
1=(0)alors
I2
2=(0), par suite A2=(0). Ce qui est impossible puisque Aest unitaire. Donc I2
1=I1
de sorte que I2
2=I2.DoùA2=A, dans ce cas les seuls -idéaux de Asont (0) et A.Par
conséquence, Aest une algèbre -simple.
SUR LA CONTINUITÉ AUTOMATIQUE DES ÉPIMORPHISMES ... 1185
Proposition 2.3.Pour une -algèbre A, soient les assertions suivantes :
(i) Aest -simple
(ii) Aest -première
(iii) Aest -semi-première
(iv) Aest semi-première.
Alors on a (i)(ii)(iii)(iv).
Démonstration. (i)(ii) Soient Iet Jdeux -idéaux de Anon nuls, alors IJ est
non nuls, car IJ =A2(0). Par conséquent, Aest -première.
(ii)(iii) Evident.
(iii)(iv) Soit Iun idéal à gauche de Atel que I2=(0). Alors (I I)2=(0),cequi
implique que II=(0). D’autre part, on a
(I +I)2=I2+II+II+(I)2=(I)2=I2=(0). (2.1)
Par conséquent, II+I=(0).
Proposition 2.4.Soit Aune algèbre de Banach simple unitaire d’unité e. Alors tout
épimorphisme d’une algèbre de Banach sur Aest continu.
Démonstration. Soit θ:BAun épimorphisme d’une algèbre de Banach Bsur
Aet soit el’unité de A. Le fait que σ(θ) un idéal de A, entraîne alors que σ(θ) =(0)
ou σ(θ)=A.Siσ(θ)=Aalors eσ(θ),parsuite0Sp(e) [2, théorème 6-16], ce qui
est absurde. Donc σ(θ)=(0), par conséquent θest continu.
Théorème 2.5.Soient Aune algèbre de Banach et Bune algèbre de Banach -simple.
Alors tout épimorphisme de Adans Best continu.
Démonstration. Soit θ:ABun épimorphisme. Si Best une simple algèbre,
d’après la proposition 2.4,θest automatiquement continu. Si Bn’est pas simple, alors
Best somme directe de deux sous-algèbres simples. En effet, comme Best -simple
qui n’est pas simple, on peut considérer Bcomme un idéal -minimal qui n’est pas
minimal dans lui même. Donc, pour tout idéal non nul propre Jde B,onaB=JJ,
avec Jet Jsont des idéaux minimaux de B(voir proposition 2.1).
Montrons que Jest une algèbre simple. Soit donc Tun idéal non nul de J, alors
Test un idéal de B. En effet, soit bun élément de Bet tun élément de T, alors il
existe jet jdeux éléments de Jtels que b=j+j∗,doùbt =(j +j∗)t =jt +j∗t.
Puisque j∗tJJ={0}, alors bt =jt T. Ce qui implique que Test un idéal
de A. D’après la minimalité de J, nécessairement T=J, (même chose pour J). En
outre, Best semi-première (proposition 2.3), alors il existe un idempotent eBtel que
J=Be et J=Be.DoncJ(resp. J) est une sous-algèbre unitaire d’unité e(resp. e).
De plus, on a B/JJet puisque Jest minimal alors Jest un idéal maximal de B.
Un raisonnement analogue montre que Jest aussi un idéal maximal de B. Comme B
est une algèbre de Banach, alors Jest un idéal fermé [2, lemme 6-3]. Par conséquence,
munie de la norme induite, J(resp. J) est une algèbre de Banach simple. De plus, si Pr1
(resp. Pr2) désigne la projection canonique de Bsur J, (resp. de Bsur J), alors d’après
1186 L. OUKHTITE ET AL.
la proposition précédente Pr1θ(resp. Pr2θ) est continue. Par suite Pr1θ+Pr2θ=θ
est continu.
Corollaire 2.6.Soit Bune algèbre de Banach -simple. Alors Bpossède une unique
norme d’algèbre de Banach.
Démonstration. Il suffit d’appliquer le théorème précédent à l’identité de B.
Remarque 2.7.Si Aest une algèbre -simple et si l’involution est anisotrope,
alors Aest simple.
Proposition 2.8.Soient Aune -algèbre et Mun idéal -maximal qui n’est pas
maximal de A. Alors il existe un idéal maximal Ntel que N+N=Aet NN=M.
Démonstration. Puisque A/M est une algèbre -simple qui n’est pas simple, la
proposition 2.1 assure l’existence d’un idéal propre Nde Aavec MNtel que A/M =
(N/M)(N/M),oùN/M et (N/M)N/M sont deux idéaux minimaux et maximaux
àlafoisdeA/M. Par conséquence, Net Nseront deux idéaux maximaux de Avérifiant
N+N=Aet NN=M.
Corollaire 2.9.Toute algèbre -semi-simple est semi-simple.
Démonstration. Soit Aune algèbre -semi-simple, alors Rad(A) =M=0, où
Mdésigne l’intersection de tous les idéaux -maximaux de A.MaisM=NNpar
la proposition 2.8,oùNest un idéal maximal de A.Enoutre,siNest un idéal maximal
alors Nest aussi un idéal maximal. Donc M-maximal MNmaximal(N N), le fait
que
Rad(A)
Mmaximal
M=
Nmaximal
(N N)
M-maximal
M=Rad(A) =0 (2.2)
donne alors que Aest semi-simple.
Proposition 2.10.Soient Aune -algèbre de Banach et Mun idéal -maximal de
A.AlorsMest fermé dans A.
Démonstration. Si Mest un idéal maximal, alors Mest fermé. Si Mn’est pas
maximal, la proposition précédente entraîne l’existence d’un idéal maximal Ntel que
NN=M. Comme Net Nsont deux ideal fermés, alors Mest aussi un idéal fermé.
Corollaire 2.11.Soit Mun idéal -maximal d’une -algèbre de Banach A.Alors
A/M est une algèbre de Banach -simple.
Les résultats suivants sont des conséquences du corollaire 2.9.
Théorème 2.12.Soit Bune algèbre de Banach -semi-simple. Alors :
(1) tout épimorphisme d’une algèbre de Banach dans Best continu ;
(2) toutes les normes complètes sur Bsont équivalentes ;
(3) l’involution est automatiquement continue sur B.
SUR LA CONTINUITÉ AUTOMATIQUE DES ÉPIMORPHISMES ... 1187
Bibliographie
[1] L.H.Rowen,Ring Theory. Vol. I, Pure and Applied Mathematics, vol. 127, Academic Press,
Massachusetts, 1988.
[2] A. M. Sinclair, Automatic Continuity of Linear Operators, Cambridge University Press, Cam-
bridge, 1976.
L. Oukhtite : Département de Mathématiques et Informatique, Faculté des Sciences Dhar-
Mahraz, B.P 1796 Atlas Fès, Morocco
E-mail address:[email protected]
A. Tajmouati : Département de Mathématiques et Informatique, Faculté des Sciences Dhar-
Mahraz, B.P 1796 Atlas Fès, Morocco
E-mail address:[email protected]
Y. Tidli : Département de Mathématiques et Informatique, Faculté des Sciences Dhar-Mahraz,
B.P 1796 Atlas Fès, Morocco
E-mail address:[email protected]
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