
Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur nancier
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Octobre 2015
#10
Allocation d’actifs : stratégies d’investissement d’Amundi
Nous avons une nouvelle fois présenté le mois dernier les éléments qui composent
notre scénario central, ainsi que les facteurs de risque principaux (atterrissage
en catastrophe de l’économie chinoise, erreur de politique monétaire de la Fed,
effondrement des économies émergentes notamment). Le mois prochain, nous
publierons un numéro spécial avec nos perspectives, stratégies, prévisions et
expected returns pour 2016 et au-delà. Prévisions et expected returns seront
présentés à la fois pour notre scénario central et pour l’ensemble des scénarios
alternatifs de risque.
Nous allons ici développer les thèmes qui nous préoccupent en ce moment et
nous incitent à davantage protéger les portefeuilles ou à mettre en place des
plans de protection.
En ce qui concerne le scénario macroéconomique, trois thèmes sont devenus
centraux au l des trimestres. Rappelons-les :
Thème # 1 : la croissance de la Chine et le passage d’un modèle de
croissance à un autre, avec en outre un repli très signicatif de sa
croissance potentielle.
La Chine reste notre premier sujet de préoccupation, car un atterrissage
brutal de son économie entraînerait une vague supplémentaire de sortie de
capitaux des marchés dits émergents. Il faut cependant noter deux choses
cruciales :
- Ce qui se passe en Chine n’a rien d’extravagant, mais n’est pas
nécessairement correctement ou totalement « pricé ». Il est naturel de voir
la croissance d’un pays (et son taux d’épargne) échir au fur et à mesure de
son développement : tous les pays : États-Unis, Europe, Japon, Corée sont
passés par là. Il est également naturel de voir la croissance potentielle d’un
pays échir en lien avec la baisse des gains de productivité et la baisse de
la croissance de la population en âge de travailler. Nous l’avons signalé à de
nombreuses reprises, et c’est un fait connu, la démographie et la productivité
déterminent l’essentiel de la croissance potentielle. Ce qui est frappant,
sans doute moins connu et certainement pas dans les cours, c’est que la
croissance potentielle de la Chine a été divisée par deux en un peu plus d’une
décennie. La Chine – pays qui n’est pas encore riche – a des problèmes
démographiques de pays développés – c’est déjà un pays vieux -… elle a ainsi
toutes les caractéristiques de la « grande stagnation » : une démographie
défavorable, des gains de productivité plus faibles, une dette lourde…
- La demande interne chinoise reste assez solide. Ce qui trouble le message,
c’est que la croissance échit, et que la composition de la croissance est
désormais différente. La Chine est en train de passer d’un modèle « export-led »
(les exportations comme moteur essentiel de croissance) à un modèle « internal
demand – led » (la demande intérieure (investissement et consommation)
comme moteur essentiel de croissance), ce qui, en soi, est très favorable à
l’économie mondiale. Un tel changement de modèle et une telle baisse de la
croissance potentielle ne peuvent toutefois pas se faire sans heurts, c’est une
évidence, et nous sommes en train de vivre un de ces épisodes.
Au total, est-ce que la croissance chinoise tend vers 3 % à 4 % ? La
réponse est oui. Sera-t-elle à ce niveau en 2015, 2016 ? Nous ne le pensons
pas. La Chine a-t-elle encore les moyens de tenir la croissance autour de
6 % ? C’est ce en quoi nous croyons. La PBoC est-elle en train d’orchestrer
une vaste dépréciation du yuan ? Sans doute pas, mais les événements du
mois d’août ont généré des craintes légitimes. Le changement de modèle de
L’essentiel
Nous développons dans cet article
les thèmes qui nous préoccupent
en ce moment et nous incitent à
davantage protéger les portefeuilles
ou à mettre en place des plans de
protection. En ce qui concerne le
scénario macroéconomique, trois
thèmes sont devenus centraux au l
des trimestres. Rappelons-les :
Thème # 1 : la croissance de la Chine et le
passage d’un modèle de croissance à un
autre, avec en outre un repli très signi catif
de sa croissance potentielle·
Thème # 2 : la santé des économies
émergentes, frappées tout d’abord par
les anticipations de n du QE américain
(2013), par la n effective de ce programme
(2014) et la correction des (excès de) ux
qui étaient partis vers ces marchés, puis la
baisse du prix des matières premières et
en n par la Chine, et les craintes d’in exion
de son régime de change (2015) et de
resserrement monétaire aux États-Unis·
Thème #3 : la croissance mondiale, qui
graduellement s’étiole, du fait de révisions
de la croissance dans les grands pays
émergents, alors que la croissance des
pays développés nous paraît plus solide au
l des trimestres, dans l’attente, néanmoins,
d’un ralentissement en 2017.
Le fait que la croissance des pays
développés progresse alors que celle
des économies émergentes s’étiole,
avec en outre un risque de poursuite du
ralentissement chinois conforte, bien
évidemment en l’absence de crise, notre
allocation d’actifs. Les risques — parfois
systémiques – grandissants nous poussent
néanmoins à protéger des positions.
Chine, marchés émergents, croissance
mondiale au centre des préoccupations
PHILIPPE ITHURBIDE, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse – Paris
Trois thèmes majeurs :
la Chine, les émergents
et la croissance mondiale