Familles Schiff et Hochwald avant et pendant la guerre Quelques

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Familles Schiff et Hochwald avant et pendant la guerre
Quelques dates et lieux
1904
naissance à Rudnik (Pologne) de Hermann Schiff, fils de David et de Léa,
née Weichselbaum
Vers 1906
la famille quitte la Pologne pour l’Allemagne
1911
naissance à Duisburg (Allemagne) de Rosi Schiff
1913
naissance en Allemagne de Théo Hochwald
Théo et Rosi sont cousins germains : la mère de Théo, Sulke, est sœur de
Léa
Le père de Théo s’appelait Neumann mais a changé son nom en Hochwald,
censé sonner moins juif. Théo a un frère : Isi
1914
naissance en Allemagne d’Adolphe Schiff (« Bédolf »)
1917-1918 la famille Schiff quitte l’Allemagne pour la Hollande : Amsterdam (Bildeeg
Str.) puis La Haye
1919-1930 retour en Allemagne : Duisburg, Berlin, Rheinhausen
Hermann passe l’Abitur , équivalent allemand du bac, commence des
études d’ingénieur, les interrompt et travaille avec son père, entrepreneur
en bâtiment
1906
naissance à Cracovie (Pologne) d’Elsa Buchbinder, fille de Wolf et d’Etta,
née Jungerwirth
1909
la famille quitte Cracovie pour Anvers (Belgique)
1916-1922 la famille vit à Courtrai (Belgique), puis Scheveningen (Hollande). Elsa
fréquente l’école francophone, puis néerlandaise
1922
la famille quitte la Hollande pour l’Allemagne (Cologne).
Les parents
Buchbinder ouvrent une bijouterie sur le Ring. Elsa aide ses parents dans
la bijouterie
1927
à Cologne Elsa fait la connaissance de Jetty Zivcuns
1930
mariage de Hermann et d’Elsa à Rheinhausen (Allemagne). L’acte de
mariage établi par l’état civil de Rheinhausen porte, assez curieusement, à
côté des dates de naissance de Hermann et Elsa, les mentions « registre
des baptêmes de Rudnik » et « registre des baptêmes de Cracovie »
1931
Hermann et Elsa quittent l’Allemagne pour Paris où vit déjà Jacques, frère
aîné d’Elsa
Ils ouvrent une maroquinerie, la « Femme Chic », passage Brady et une
vitrine portative de bijoux fantaisie, passage du Prado
leur appartement est au 7bis rue Alexandre Parodi dans le 10ème
1933
naissance à Paris de Michel Schiff
vers 1935
David et Léa Schiff séjournent à Paris
frappés par la ressemblance entre petit-fils et grand-père, des
commerçants du passage Brady se seraient écriés à propos de Michel :
« c’est le vieux Schiff sans la barbe ! »
c’est vers le milieu des années 30 que se situe un épisode que ni Michel, ni
moi (Daniel), ni Edith n’avons jamais ni cherché ni, ensuite, quand il était
trop tard, réussi à élucider. Episode dont les conséquences furent
tragiques : David et Léa sont à Paris, David reçoit des autorités françaises
un avis d’expulsion, motivé par des poursuites judiciaires lancées contre lui
en Allemagne pour transfert illicite de fonds.
Il obtient du consulat polonais en France un visa pour la Pologne. Léa
voudrait rester à Paris mais Elsa refuse de l’héberger. Contre l’avis de
tous, David et Léa prennent le train Gare de l’Est, direction la Pologne via
l’Allemagne. A la frontière allemande David est arrêté, Léa continue. Après
quelques mois de prison en Allemagne David rejoint Léa en Pologne. Ils
disparaîtront probablement fusillés fin 1939 à l’arrivée des troupes
allemandes en Pologne. La quasi-totalité des quelque 3000 juifs de Rudnik
subissent le même sort – en particulier les parents et le frère de Théo
Hochwald (1) –
Mars 1939
naissance à Paris d’Edith, fille de Théo et Rosi
Août/
septembre 1939
Théo est engagé volontaire (de même que Dodo Kraft, Socrate
Helman, Manès Sperber)
Théo sera fait prisonnier par l’armée allemande vers mars 1940.Il
passera 4 années prisonnier de guerre en Allemagne où il sera
victime d’un accident (machine agricole) et rapatrié. Il séjournera
dans un hôpital de Lyon où Rika Frischmann et Jetty Fresco lui
rendront visite.
Août 1939
Hermann, Elsa, Rosi, Michel et Edith quittent Paris pour Flers-del’Orne. Pourquoi Flers-de-l’Orne ? Une certaine Madame André
vendeuse de chapeaux, passage du Prado, parisienne depuis
toujours, non juive, plus âgée qu’Elsa et Rosi, s’est liée d’amitié avec
elles. La fille de Madame André trouve être la maîtresse d’un
homme qui habite Flers de l’Orne, dont Madame André donne
l’adresse à Rosi et Elsa
d’août 1939 à
juin 1940
les Schiff, Rosi et Edith séjournent à Flers, rue de Messei
Michel fréquente le collège de Flers
(1) En rassemblant ces notes, fin 2015, je me rends compte de l’étendue et du poids
du silence qui dans notre enfance recouvraient l’histoire de cette tragédie :
Edith avait eu (comme Irène et Nicole et tant d’autres) ses 4 grands-parents
tués (l’absence de grands-parents est une des caractéristiques des « enfants du
clan ») mais jamais, au grand jamais, nous n’en parlions ; même pas, je pense, la
moindre allusion. Le savions-nous ? sans doute confusément. Y pensions-nous ? je
ne crois pas
Février 1940
naissance d’un deuxième fils dans la famille Schiff, Daniel. La mère
d’Elsa vient d’Anvers passer quelques jours à Flers
de juin
à octobre 1940
les Schiff, Rosi et Edith habitent Jaffe près de Royan
octobre 1940
naissance à Royan d’Anita fille de Marcel et Jetty Fresco
automne 1940
les Schiff, Rosi, Edith résident quelques jours à Bordeaux
d’octobre 1940
à septembre 1942 Nice
Hermann a d’abord fait un voyage à Anvers pour aller chercher ses
beaux-parents et les installer à Nice. Ensuite Hermann, Elsa, Rosi
et les trois enfants Michel, Edith et Daniel s’installent 325
promenade des Anglais
Michel fréquente l’école communale Ste Hélène
Les Kraft et les Herschmann habitent Nice ; les Sperber Cagnessur-Mer
août 1941
naissance à Limoges d’Irène Polonsky
extrait des souvenirs de Judith, sa mère : « pour l’accouchement et
la naissance d’Irène, Jenka est venue de Cagnes-sur-Mer. Elle est
restée quelques semaines après la naissance … le professeur
Lederer (chimiste, patron de Judith au CNRS) m’a écrit que je
pourrais reprendre mon travail après l’accouchement. C’est ce que
j’ai fait avec le bébé car les Sperber m’avaient trouvé une amie
(Rosi Hochwald) pour s’occuper d’Irène. Elle vivait à Nice avec son
enfant de 2 ans, Edith, son mari étant prisonnier. Elle est venue et
nous avons vécu ensemble dans un petit appartement à Lyon. »
juin 1942
Départ de Nice
Un règlement obligeait les juifs non français à se faire enregistrer
au commissariat de police. Les Schiff n’y vont pas. Rosi y va.
L’inspecteur de police (Monsieur Goupil) la reçoit, lit les papiers
qu’elle a remplis. – votre mari ? – prisonnier de guerre. L’inspecteur
déchire les papiers : - rentrez chez vous et faîtes attention.
Août 1942
cet inspecteur vient 325 promenade des Anglais prévenir de
l’imminence d’une rafle des juifs non français de Nice
après la guerre, cet inspecteur recevra la légion d’honneur. Théo
racontait à ses petites-filles que lui et Rosi lui ont envoyé chaque
année une carte de Nouvel An jusqu’à sa mort
Jo Herschmann et son frère Paul ont monté un réseau de passage
clandestin de la frontière suisse. Le 20 septembre ils font passer
Manès Sperber et un frère de Déla Kraft en Suisse ; le 4 octobre
un groupe comprenant : Hermann, Elsa, Rosi, Jenka Sperber, Jo et
Huguette Herschmann et 4 enfants : Michel, Edith, Daniel, Dan.
le 5 octobre 1942 à l’aube après une marche de nuit le groupe
franchit la frontière à Giétroz près de Chamonix. Il se présente
chez le pasteur du village qui leur donne à manger et leur conseille
d’aller voir la gendarmerie. Celle-ci les dirige vers l’Armée du Salut
à Lausanne.
Paul organise aussi un peu plus tard le passage en Suisse de Dodo et
Déla. Les parents d’Elsa, trop âgés pour une marche de nuit dans la
montagne, ont été confiés à Nice par Paul à un réseau lié au
mouvement des auberges de jeunesse. Ils resteront jusqu’à la fin
de la guerre dans un village près de Castres (Tarn). Paul qui est
français pense ne rien risquer et reste à Nice d’où il sera déporté
de même que sa femme Jeannette en octobre 1943.
Octobre 1942 - Juin 1945
en Suisse
Le premier mois (octobre 1942) femmes et enfants les plus jeunes
sont à l’Armée du Salut, 33 rue Centrale, Lausanne, tandis que
Hermann travaille dans le camp de Bussigny, puis dans celui de la
Rosiaz-sur-Lausanne. Quant à Michel, à la demande de sa mère, il
est placé par le comité vaudois d’aide aux enfants d’émigrés dans la
famille de Martin et Irène Lévy, 13 avenue de Collonges à Lausanne.
Michel habite pendant 2 ans chez les Lévy de janvier 1943 à
décembre 1944. Il fréquente le collège cantonal.
de mai à décembre 1943
Elsa, Rosi, Edith et Daniel habitent pension Béguin,12 av de France ,
Lausanne.
Enfin de Janvier 1944 à Juin 1945, Elsa, Rosi Hermann, Edith , Daniel habitent
Cossonay (adresse : placette Cossonay) rejoints à partir de janvier
1945 par Michel qui, entre janvier et juin 1945, fréquente l’école
communale de Cossonay
Juillet 1945
la famille quitte Cossonay pour la France
Adresse indiquée sur le laissez-passer à en tête « République
Française, Délégation du Gouvernement Provisoire, rapatriement
par convoi » : 13 rue Jules Simon, Paris 15ème
Il est possible qu’il y ait eu une halte de quelques jours à Autrans
chez les Polonsky (voir souvenirs de Judith et photo de Michel,
Daniel, Irène, Nicole sur l’escalier d’un chalet)
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