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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no283 - mai 2003
doivent être précisées car, par exemple, en ce qui concerne les
venins d’hyménoptères, il y a autant de chocs chez les allergiques
que chez les non-allergiques. Dans les antécédents personnels, il
faut rechercher la notion d’eczéma, à différencier d’un Leiner-
Moussous, d’asthme, mais aussi de bronchiolite, et d’intolérance
aux protéines du lait de vache. En ce qui concerne l’environne-
ment, il faut faire préciser le type de literie, s’il y a une moquette,
des rideaux, si la maison est humide ou non. Une socialisation
précoce protégerait contre l’allergie ; cela demande à être véri-
fié sur une plus grande échelle. En attendant, il faut s’enquérir
de la présence d’animaux à l’école. En ce qui concerne l’ali-
mentation, la tendance est actuellement à diversifier (c’est-à-dire
donner autre chose que du lait) de plus en plus tard, une diversi-
fication trop précoce pouvant être source d’allergies alimentaires.
Les vaccins sont également remis en cause. Ils sont actuellement
soupçonnés de faciliter les maladies allergiques par déséquilibre
de la balance lymphocytaire.
●Les examens complémentaires ne doivent être prescrits qu’à
bon escient. L’éosinophilie sanguine, par exemple, n’est pas un
bon repère, car elle n’est ni sensible ni spécifique. Le dosage
des IgE totales peut aussi être trompeur, leur taux s’élevant après
les infections virales. Il n’en reste pas moins que le dosage des
IgE totales est un élément pronostique en cas d’eczéma impor-
tant : si le taux est extrêmement élevé (supérieur à 1 000), le
pronostic n’est pas aussi bon que si le taux des IgE totales est
bas. Les tests sanguins de débrouillage type Phadiatop®sont
peu recommandés par les allergologues, car il y a des faux néga-
tifs. La référence reste les tests cutanés. Ceux-ci sont réalisables
à tout âge si la peau est réactive, ce dont on s’assure par un
témoin négatif (au sérum physiologique) et un témoin positif
(à l’histamine ou à la codéine). Il faut arrêter les corticoïdes
locaux au moins 8 jours avant les tests, les antihistaminiques
par voie orale 2 à 3 jours avant (mais 6 semaines avant pour
Zaditen®). Les corticoïdes oraux ou inhalés ne perturbent pas
la pratique des tests cutanés. Les allergènes testés sont fonction
des données de l’interrogatoire.
●Le traitement comporte trois volets : l’éviction de l’allergène,
les antihistaminiques et la désensibilisation. En ce qui concerne
l’allergie aux acariens, les conseils d’éviction se sont simplifiés
par rapport à ce que l’on préconisait il y a une dizaine d’années.
L’attention doit se focaliser sur la chambre, avec ménage régulier,
aération et, surtout, housse de matelas anti-acariens, couette et
oreiller synthétiques. La désensibilisation ne doit être entreprise
que si les symptômes de l’allergie nasosinusienne sont atténués,
en pratique par des antihistaminiques. La désensibilisation par voie
orale ne se conçoit que chez des patients très motivés qui devront
prendre les gouttes prescrites tous les jours, sans se tromper dans
les doses ou les flacons. La désensibilisation injectable est confiée
au médecin généraliste, qui fera une injection sous-cutanée par
semaine (les infirmières ne sont plus habilitées à faire les injec-
tions de désensibilisation). Le traitement adjuvant est progressi-
vement arrêté. La posologie des antihistaminiques est en général
diminuée dès la fin du deuxième mois. Il faut réévaluer le patient
cliniquement au bout des 3 à 4 premiers mois avant de prendre la
décision de poursuivre ou non le traitement de désensibilisation
spécifique. La durée du traitement est d’environ trois ans.
ANGINES : TEST DE DIAGNOSTIC
RAPIDE ET ANTIBIOTHÉRAPIE
(E. Lescanne, Poitiers)
Avec 9 millions de consultations chaque année, l’angine repré-
sente l’une des affections les plus courantes en France. D’origine
virale dans 60 à 90 % des cas, elle peut aussi correspondre à une
angine à streptocoque bêtahémolytique du groupe A (SGA). Ce
germe est le seul pathogène responsable d’angine pour lequel le
bénéfice d’une antibiothérapie est démontré (hormis des formes
exceptionnelles à Corynebacterium diphtheriae, Neisseria gonor-
rhoeae et fusospirilles). L’antibiothérapie vise quatre objectifs
validés qui sont la prévention des complications non suppura-
tives (RAA principalement), la régression plus rapide des symp-
tômes, la prévention des complications suppurées locorégionales
et la réduction de la transmission à l’entourage. L’absence de
possibilité d’identification de l’agent causal en consultation sur
la seule clinique a justifié le traitement de toutes les angines par
une antibiothérapie efficace sur le SGA. La conséquence évaluée
en 1999 est, de fait, une surconsommation d’antibiotiques en
France. Ses répercussions sont à la fois écologiques (résistances
bactériennes accrues) et économiques (8,4 millions d’ordon-
nances d’antibiotiques pour seulement 4,5 millions de prescrip-
tions justifiées).
Dès lors, la préoccupation des différentes conférences de consen-
sus et réunions d’experts a été de définir les critères en faveur
d’une angine streptococcique au moment du diagnostic. De nom-
breux algorithmes tenant compte de signes ou de scores cliniques
ont été proposés pour orienter la stratégie thérapeutique afin d’évi-
ter l’attente de 24 à 48 heures nécessaire pour la culture d’un pré-
lèvement de gorge. La validité de ces algorithmes a été diverse-
ment appréciée et n’a pas été retenue en France comme un moyen
d’éviter le recours aux antibiotiques.
La recherche d’antigènes de paroi spécifiques du SGA, acces-
sible grâce au test de diagnostic rapide (TDR) qui décèle le SGA
en quelques minutes, au cabinet ou en visite, a été retenue et
recommandée dès 1996. Depuis l’hiver 2002, sa diffusion gra-
tuite par la CNAM aux médecins généralistes constitue l’inno-
vation dans l’angine. Cette diffusion fait suite à une période
d’éducation et de contrôle des bonnes pratiques, validée par
l’expérience en Bourgogne de médecins formés au TDR. Com-
mencée en novembre 1999, cette campagne s’est achevée en juin
2002. Son analyse a ensuite porté sur les résultats de question-
naires reçus lors de quatre périodes d’évaluation de 15 jours répar-
ties au cours d’une année (janvier 2000, mars 2000, juin 2000,
janvier 2001). Durant 20 mois, 732 médecins, soit près de 50 %
des médecins bourguignons concernés par l’utilisation du TDR,
ont participé à la campagne Test’Angine. Sur 3 915 question-
naires médecins reçus, le test était positif dans 27 % des cas et
un antibiotique n’était prescrit que dans 47 % des cas. Parmi les
3 347 patients (ou parents) interrogés, 87 % ont répondu au ques-
tionnaire d’évaluation post-test. Les résultats ont montré que
97 % avaient bien toléré le test, 97 % acceptaient de renouveler
le TDR en cas de future angine et 77 % avaient compris la fina-
lité du test. Finalement, le test, réalisé dans 98 % des cas, a per-
mis de réduire à 41 % le taux de prescription d’antibiotique en
cas d’angine. En pratique, ce prélèvement de gorge est classique,