L`assurance maladies graves dans la théorie de l

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L’assurance maladies graves
dans la théorie de l’évolution
par Martin Fortier
www.revueavantages.ca
Q
ue l’on soit d’accord avec les conclusions de Darwin ou
non, certaines de ses théories sont difficilement réfutables
et trouvent application à travers les temps. Que nous enseignerait
aujourd’hui celui qui a dit : « les espèces qui survivent ne sont
pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais
celles qui s’adaptent le mieux aux changements » ?
Nous vivons dans une ère où les progrès de la médecine
donnent lieu à une montée vertigineuse de l’espérance de vie.
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L’assurance maladies graves dans la théorie de l’évolution
Au même moment, notre société fait face au changement
démographique le plus significatif de l’ère moderne ayant pour
thème principal le vieillissement de la population. Cette
combinaison transforme les risques auxquels nous sommes
exposés et menace notre espèce. Nous pouvons certes espérer
vivre plus vieux, mais sommes-nous préparés à vivre comme
nous le souhaitons ? Notre société, nos entreprises et nos
avantages sociaux sont-ils adaptés à notre nouvelle réalité ?
L’évolution des risques financiers
Pendant des générations, la source première du risque
financier pour nous et nos proches fut celle d’une mort
prématurée. À cette époque, l’assurance-vie permettait
d’assurer le bien-être ainsi que la sécurité de nos familles et
des personnes à notre charge.
Malgré que ce risque soit toujours présent, il a grandement
diminué grâce aux découvertes médicales et à une prise de
conscience des facteurs de risque tels que l’alimentation et
la consommation de substances diverses (cigarette, alcool,
etc.). Suivant cette tendance, on pourrait facilement croire
que les risques de souffrir de problèmes de santé et de
maladies graves sont aussi à la baisse. Malheureusement, il
en est tout autre.
Selon des données du National Cancer Institute et du
National Institutes of Health, les taux d’incidence de maladies
telles le cancer et les maladies du cœur sont en hausse. La réalité
est que nos chances de survivre à l’une de ces maladies se sont
considérablement améliorées. Par exemple, les chances de
survivre cinq ans à un cancer sont passées de 50 % dans le
milieu des années 1970 à plus de 65 % à la fin des années 1990.
Les données sur les maladies du cœur ou les accidents
vasculaires cérébraux montrent ces mêmes tendances.
Il y a à peine quelques générations, la période entre la
maladie et la mort était dans la plupart des cas d’une durée très
courte, voire presque inexistante. Par conséquent, l’impact
financier principal d’une maladie s’apparentait à celui d’un
décès. On pouvait facilement en couvrir le risque au moyen de
l’assurance-vie. Cette période entre la maladie et la mort est
maintenant considérablement plus longue et peut souvent
durer des années. De plus, cette période nous touche à des
âges de plus en plus jeunes. Les personnes concernées ainsi
que leurs proches vivent fréquemment avec des fardeaux
financiers énormes portant atteinte à leur qualité de vie et à
leur bien-être.
Ce changement au chapitre du risque financier mena le
Dr Marius Barnard à créer l’assurance maladies graves. En
assistant son frère lors de la première transplantation cardiaque
et à la suite d’opérations subséquentes, le Dr Barnard constata
que sauver le corps des gens ne sauve pas nécessairement leur
vie. La survie de ses patients entraînait la plupart du temps un
Nous pouvons certes espérer
vivre plus vieux, mais
sommes-nous préparés
à vivre comme nous
le souhaitons ?
Notre société, nos entreprises
et nos avantages sociaux
sont-ils adaptés à notre
nouvelle réalité ?
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désastre financier pour ceuxci et leurs familles, puisqu’ils
se trouvaient fréquemment
incapables de retourner au
travail à temps plein et de
subsister à leurs besoins
comme avant.
Le transfert de risque
Les progrès sans précédent de
la médecine qui poussent
l’espérance de vie à des
sommets exceptionnels, combinés aux effets du baby-boom et du baby-bust si biens connus,
font en sorte que notre société doit composer avec les
conséquences d’un vieillissement significatif de la population.
On s’attend entre autres à ce que le ratio retraités-personnes
en âge de travailler connaisse une hausse phénoménale, pour
plus que doubler d’ici à ce que les baby-boomers soient tous
parvenus à la retraite, selon des données récentes fournies par
le Bureau du surintendant des institutions financières.
Nos gouvernements doivent déjà commencer à réévaluer
le provisionnement du système de santé. On n’a qu’à penser à
la couverture médiatique constante sur le sujet, aux rapports
Kirby et Romanow, ou aux réformes déjà amorcées avec en
peloton de tête les provinces du Québec et de l’Alberta. Les
contribuables se doivent de penser au provisionnement des
coûts reliés à la santé. Déjà, le pourcentage des dépenses dans
le domaine de la santé provenant de sources privées est passé
de 23 % à 30 % de 1975 à 2005, selon des données de l’Institut
canadien d’information sur la santé. Cette tendance met en
lumière la prise en charge de plus en plus importante des coûts
reliés à la santé par le secteur privé, par l’intermédiaire des
employés et de leurs employeurs.
Les soucis et attitudes
À la lumière de ces constatations, il n’est pas surprenant
d’apprendre que les Canadiens se soucient davantage de la
capacité de l’État à financer les services de santé (à 88 %) ou
du besoin de disposer de fonds suffisants s’ils tombent
gravement malades (à 72 %), et moins du fait de mourir
prématurément sans avoir suffisamment d’argent (à 55 %),
selon ce que rapporte un sondage de LIMRA, publié en 2004.
Des données de l’Institut canadien d’information sur la santé
rapportent que près de 70 % des Canadiens sont conscients de la
nécessité de prendre en charge leurs soins de santé et sont prêts à
payer plus pour augmenter les services ou la rapidité de ceux-ci.
L’assurance maladies graves (AMG) permet de couvrir les
conséquences financières qu’engendre la survie à une maladie
grave. Elle offre une tranquillité d’esprit face à la possibilité
dévastatrice d’être touché par la maladie. L’AMG aide bien
sûr à couvrir les dépenses additionnelles occasionnées par
une maladie.
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À l’aide de sa prestation
forfaitaire, elle donne aussi
aux personnes le pouvoir
d’opter pour un congé
prolongé, un traitement
alternatif, des soins à
domicile ou des services de
garde d’enfants. De plus,
elle complète l’assurance
invalidité en couvrant la
perte de revenu non couverte
par cette dernière telle que la
perte du revenu d’une
personne proche qui quitte son travail pour prendre soin d’un
conjoint, enfant ou autre membre de la famille.
Les tendances du marché
L’AMG a fait son entrée dans le marché canadien sous forme
d’assurance individuelle, il y a un peu plus de dix ans. Elle
est offerte sous forme collective depuis environ cinq ans. Le
marché de l’assurance individuelle a connu une très importante croissance depuis ses débuts et les nouvelles ventes
représentent aujourd’hui environ 80 millions de dollars
annuellement.
Malgré qu’il n’existe pas d’étude du marché collectif pour
l’AMG, nous savons que la demande est en forte hausse. En ce
moment, le produit est offert le plus souvent sur base volontaire
ou à l’intérieur d’un régime à la carte. C’est que bien des
employeurs sont soucieux du bien-être de leurs employés et
désirent offrir un avantage compétitif à leur personnel, mais
sont contraints de limiter la tendance à la hausse du coût des
régimes. Malgré que l’AMG soit encore méconnue par
plusieurs, les taux de participation des régimes l’offrant sur
base volontaire sont très élevés, reflétant sans doute la
préoccupation croissante des employés en matière de santé.
La source des risques financiers auxquels nous faisons face
a grandement évolué au cours des dernières décennies. Notre
espérance de vie est plus élevée que jamais, comme l’est aussi
notre chance de survivre à une maladie avec les conséquences
qui s’ensuivent. La signification de survie a pris un sens plus
large qu’au temps de Darwin, car elle englobe maintenant
notre survie financière et celle de nos proches.
Face à cette nouvelle réalité, il est fort à parier que Darwin
affirmerait que ceux qui survivront ne seront pas ceux avec le
meilleur bagage génétique, ni ceux qui découvrent les
nouvelles technologies médicales, mais ceux qui s’adapteront
à l’évolution des risques auxquels nous faisons face. L’AMG
offre une occasion unique aux personnes et aux employeurs
de s’adapter à cette nouvelle réalité. s
Martin Fortier FSA, FICA, est vice-président adjoint,
Établissement des prix des contrats individuels, à la
Financière Sun Life, à Montréal.
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