L’assurance maladies graves dans la théorie de l’évolution par Martin Fortier www.revueavantages.ca Q ue l’on soit d’accord avec les conclusions de Darwin ou non, certaines de ses théories sont difficilement réfutables et trouvent application à travers les temps. Que nous enseignerait aujourd’hui celui qui a dit : « les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements » ? Nous vivons dans une ère où les progrès de la médecine donnent lieu à une montée vertigineuse de l’espérance de vie. AVANTAGES septembre 2007 27 L’assurance maladies graves dans la théorie de l’évolution Au même moment, notre société fait face au changement démographique le plus significatif de l’ère moderne ayant pour thème principal le vieillissement de la population. Cette combinaison transforme les risques auxquels nous sommes exposés et menace notre espèce. Nous pouvons certes espérer vivre plus vieux, mais sommes-nous préparés à vivre comme nous le souhaitons ? Notre société, nos entreprises et nos avantages sociaux sont-ils adaptés à notre nouvelle réalité ? L’évolution des risques financiers Pendant des générations, la source première du risque financier pour nous et nos proches fut celle d’une mort prématurée. À cette époque, l’assurance-vie permettait d’assurer le bien-être ainsi que la sécurité de nos familles et des personnes à notre charge. Malgré que ce risque soit toujours présent, il a grandement diminué grâce aux découvertes médicales et à une prise de conscience des facteurs de risque tels que l’alimentation et la consommation de substances diverses (cigarette, alcool, etc.). Suivant cette tendance, on pourrait facilement croire que les risques de souffrir de problèmes de santé et de maladies graves sont aussi à la baisse. Malheureusement, il en est tout autre. Selon des données du National Cancer Institute et du National Institutes of Health, les taux d’incidence de maladies telles le cancer et les maladies du cœur sont en hausse. La réalité est que nos chances de survivre à l’une de ces maladies se sont considérablement améliorées. Par exemple, les chances de survivre cinq ans à un cancer sont passées de 50 % dans le milieu des années 1970 à plus de 65 % à la fin des années 1990. Les données sur les maladies du cœur ou les accidents vasculaires cérébraux montrent ces mêmes tendances. Il y a à peine quelques générations, la période entre la maladie et la mort était dans la plupart des cas d’une durée très courte, voire presque inexistante. Par conséquent, l’impact financier principal d’une maladie s’apparentait à celui d’un décès. On pouvait facilement en couvrir le risque au moyen de l’assurance-vie. Cette période entre la maladie et la mort est maintenant considérablement plus longue et peut souvent durer des années. De plus, cette période nous touche à des âges de plus en plus jeunes. Les personnes concernées ainsi que leurs proches vivent fréquemment avec des fardeaux financiers énormes portant atteinte à leur qualité de vie et à leur bien-être. Ce changement au chapitre du risque financier mena le Dr Marius Barnard à créer l’assurance maladies graves. En assistant son frère lors de la première transplantation cardiaque et à la suite d’opérations subséquentes, le Dr Barnard constata que sauver le corps des gens ne sauve pas nécessairement leur vie. La survie de ses patients entraînait la plupart du temps un Nous pouvons certes espérer vivre plus vieux, mais sommes-nous préparés à vivre comme nous le souhaitons ? Notre société, nos entreprises et nos avantages sociaux sont-ils adaptés à notre nouvelle réalité ? AVANTAGES septembre 2007 29 L’assurance maladies graves désastre financier pour ceuxci et leurs familles, puisqu’ils se trouvaient fréquemment incapables de retourner au travail à temps plein et de subsister à leurs besoins comme avant. Le transfert de risque Les progrès sans précédent de la médecine qui poussent l’espérance de vie à des sommets exceptionnels, combinés aux effets du baby-boom et du baby-bust si biens connus, font en sorte que notre société doit composer avec les conséquences d’un vieillissement significatif de la population. On s’attend entre autres à ce que le ratio retraités-personnes en âge de travailler connaisse une hausse phénoménale, pour plus que doubler d’ici à ce que les baby-boomers soient tous parvenus à la retraite, selon des données récentes fournies par le Bureau du surintendant des institutions financières. Nos gouvernements doivent déjà commencer à réévaluer le provisionnement du système de santé. On n’a qu’à penser à la couverture médiatique constante sur le sujet, aux rapports Kirby et Romanow, ou aux réformes déjà amorcées avec en peloton de tête les provinces du Québec et de l’Alberta. Les contribuables se doivent de penser au provisionnement des coûts reliés à la santé. Déjà, le pourcentage des dépenses dans le domaine de la santé provenant de sources privées est passé de 23 % à 30 % de 1975 à 2005, selon des données de l’Institut canadien d’information sur la santé. Cette tendance met en lumière la prise en charge de plus en plus importante des coûts reliés à la santé par le secteur privé, par l’intermédiaire des employés et de leurs employeurs. Les soucis et attitudes À la lumière de ces constatations, il n’est pas surprenant d’apprendre que les Canadiens se soucient davantage de la capacité de l’État à financer les services de santé (à 88 %) ou du besoin de disposer de fonds suffisants s’ils tombent gravement malades (à 72 %), et moins du fait de mourir prématurément sans avoir suffisamment d’argent (à 55 %), selon ce que rapporte un sondage de LIMRA, publié en 2004. Des données de l’Institut canadien d’information sur la santé rapportent que près de 70 % des Canadiens sont conscients de la nécessité de prendre en charge leurs soins de santé et sont prêts à payer plus pour augmenter les services ou la rapidité de ceux-ci. L’assurance maladies graves (AMG) permet de couvrir les conséquences financières qu’engendre la survie à une maladie grave. Elle offre une tranquillité d’esprit face à la possibilité dévastatrice d’être touché par la maladie. L’AMG aide bien sûr à couvrir les dépenses additionnelles occasionnées par une maladie. 30 septembre 2007 AVANTAGES dans la théorie de l’évolution À l’aide de sa prestation forfaitaire, elle donne aussi aux personnes le pouvoir d’opter pour un congé prolongé, un traitement alternatif, des soins à domicile ou des services de garde d’enfants. De plus, elle complète l’assurance invalidité en couvrant la perte de revenu non couverte par cette dernière telle que la perte du revenu d’une personne proche qui quitte son travail pour prendre soin d’un conjoint, enfant ou autre membre de la famille. Les tendances du marché L’AMG a fait son entrée dans le marché canadien sous forme d’assurance individuelle, il y a un peu plus de dix ans. Elle est offerte sous forme collective depuis environ cinq ans. Le marché de l’assurance individuelle a connu une très importante croissance depuis ses débuts et les nouvelles ventes représentent aujourd’hui environ 80 millions de dollars annuellement. Malgré qu’il n’existe pas d’étude du marché collectif pour l’AMG, nous savons que la demande est en forte hausse. En ce moment, le produit est offert le plus souvent sur base volontaire ou à l’intérieur d’un régime à la carte. C’est que bien des employeurs sont soucieux du bien-être de leurs employés et désirent offrir un avantage compétitif à leur personnel, mais sont contraints de limiter la tendance à la hausse du coût des régimes. Malgré que l’AMG soit encore méconnue par plusieurs, les taux de participation des régimes l’offrant sur base volontaire sont très élevés, reflétant sans doute la préoccupation croissante des employés en matière de santé. La source des risques financiers auxquels nous faisons face a grandement évolué au cours des dernières décennies. Notre espérance de vie est plus élevée que jamais, comme l’est aussi notre chance de survivre à une maladie avec les conséquences qui s’ensuivent. La signification de survie a pris un sens plus large qu’au temps de Darwin, car elle englobe maintenant notre survie financière et celle de nos proches. Face à cette nouvelle réalité, il est fort à parier que Darwin affirmerait que ceux qui survivront ne seront pas ceux avec le meilleur bagage génétique, ni ceux qui découvrent les nouvelles technologies médicales, mais ceux qui s’adapteront à l’évolution des risques auxquels nous faisons face. L’AMG offre une occasion unique aux personnes et aux employeurs de s’adapter à cette nouvelle réalité. s Martin Fortier FSA, FICA, est vice-président adjoint, Établissement des prix des contrats individuels, à la Financière Sun Life, à Montréal. AVANTAGES septembre 2007 31