CYSTOPATHIE CHEZ LE DIABETIQUE IVOIRIEN : ETUDE ADOM H. , BINAN Y.

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Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°1, 2006, pp. 55-60
© EDUCI 2006
CYSTOPATHIE CHEZ LE DIABETIQUE IVOIRIEN : ETUDE
TRANSVERSALE DES FACTEURS DE RISQUE A ABIDJAN
ADOM H.1, BINAN Y.2, YAO K.H.3, KOUASSI F.3, TOUTOU T.4
Service de Médecine Interne du CHU de Treichville, BPV 3 Abidjan
1- Maître de conférence Agrégé de Médecine Interne, Service de Médecine Interne B - CHU de Treichville
2- Chef de Clinique Assistant, Service de Médecine Interne B- CHU de Treichville
3- Interne des Hôpitaux, Service de Médecine Interne B - CHU de Treichville
4- Professeur Titulaire d'Université, Chef du Service de Médecine Interne B - CHU de Treichville
Correspondance : BINAN Y., Service de Médecine Interne
Tél : (+225) 07903060
E mail : [email protected]
RESUME
SUMMARY
Contexte : Le diabète sucré, notamment le type 2 est
responsable de complications dégénératives en particulier
la neuropathie. L'atteinte vésicale neuropathique qui est la
cystopathie est l'objet de notre travail.
Diabetes mellitus, notably type 2 is responsible for degenerative
complications, mainly neuropathy the bladder attack which is
cystopathy is the base of our study.
Objectif : Décrire les facteurs de risque pouvant
influencer l'apparition de la cystopathie.
Matériel et méthodes : Il s'agissait d'une étude
transversale prospective à visée descriptive qui s'est
déroutée du 19 juin au 19 juillet 2005 au centre
antidiabétique d'Abidjan (CADA).
Elle a porté sur une population de 74 diabétiques
régulièrement suivis au CADA.
Résultats : Il en ressort une prédominance du diabète de
type 2 avec 89,2%, un âge moyen de 50 ans et prédominance
du sexe masculin avec un sex-ratio de 2,7.
Les données cliniques sont caractérisées par une prévalence
des troubles urinaires estimée à 20,3%, une prédominance de la
dysurie soit 66,7% par rapport à l'ensemble des troubles
urinaires. Les facteurs de risque cardio-vasculaires existent dans
cette population de diabétique, avec 31% d'hypertension
artérielle, 24,3% de dyslipidémie et 17,6% d'obésité.
Nos patients ont un mauvais équilibre glycémique avec
une valeur moyenne de l'hémoglobine glyquée à 8,3% .La
glycémie joue un rôle essentiel dans l'apparition de la
cystopathie.
Conclusion : Les facteurs cardiovasculaire (hypertension,
dyslipidémie et obésité) existent dans notre série mais
n'influencent pas l'apparition de la cystopathie. C'est le mauvais
équilibre glycémique qui joue un rôle essentiel. La réalisation
d'une échographie suspubienne à travers la mesure des volumes
pré et post mictionnel est d'un apport utile au diagnostic.
MOTS-CLÉS : DIABETE, CYSTOPATHIE, FACTEURS DE RISQUE, IVOIRIEN
Objectives : Describe the risck factors which can influence
the appearance of cystopathies.
Material and methods : It was a transverse study with a
descriptive purpose which took place from June 19th to July 19th
2005 at the antidiabetic center of Abidjan (C.A.D.A).
The study concerned a sample of 74 diabetic patients regulary
treated at the center.
Results : It emerges from this a predominance of diabetes of
type 2 with 89.2%. an average age of 50 years and a predominance
of the masculin sex with a sex ratio of 2.7. The clinical data are
characterised by a prevalence of urinary disorders estimated to
20.3%, a predominance of disuria equal to 66.7% of the whole
urinary disorders. The cardiovascular risk factors exist in this
population of diabetes, with 31% of HTA, 24.3% of dyslipidemia
and 17.6% of obesity.
Our patients have a bad gycemic balance with an average
value of haemoglobin glycogen of 8.3%. Glycemia plays an
important role in appearance of cystopathies.
Conclusion: The cardiovascular risk factors (hypertension,
dyslipidemia and obesity) exist in this population of diabetic but
there are not responsible of the appearance of cystopathies. It is
mainly the bad glycemic balance which plays a significant role in
the cystopathies appearance. The realisation of subpubic scan by
the measure of pré and post miction volume is important for the
diagnosis.
KEY WORDS : DIABET, MELITUS, RISK FACTORS, IVORIAN.
ADOM H., BINAN Y., YAO K.H., KOUASSI F., TOUTOU T.
INTRODUCTION
Selon l'OMS, le diabète sucré est une maladie
métabolique définie comme un état pathologique,
caractérisé par une hyperglycémie chronique,
relevant de facteurs exogènes et ou endogènes
agissant souvent conjointement8.
Le diabète constitue une cause majeure de
morbidité ; il représente la quatrième cause de
décès aux Etats-Unis d'Amérique, la première
cause de cécité en France11. Déjà en 1997, 124
millions de personnes dans le monde étaient
considérées comme diabétiques11. Ce chiffre, vers
2010, atteindra 221 millions. On estime qu'en Asie
et en Afrique, la prévalence du diabète va être
multipliée par deux ou trois11. C'est dire le risque
de survenue de complications et, leur accroissement va causer un problème d'une grande
acuité. L'opportunité de l'évaluation de l'ampleur
de ces complications actuelles est donc réelle.
Quel que soit son type, le diabète est susceptible de provoquer des complications à moyen et
long terme. Elles affectent essen-tiellement le
système nerveux périphérique, plus rarement le
système nerveux central6. La neuropathie du
diabète peut entraîner une atteinte polyviscérale
fonctionnelle. Le diabète a simultanément un
profond retentissement sur les fonctions
digestives, sexuelles et érectiles. L'une de ses
principales complications est la neuropathie
autonome affectant le contrôle vésico-sphinctérien.
Ce travail vise à décrire :
- le profil épidémiologique du diabétique
ivoirien âgé de plus de 15 ans, atteint d'une
cystopathie,
- les différentes manifestations cliniques et
paracliniques de la cystopathie du diabétique
ivoirien.
I- MATERIEL ET METHODE
Notre étude a eu pour cadre le Centre
Antidiabétique d'Abidjan (CADA).
Il s'agissait d'une étude transversale prospective
à visée descriptive, d'une durée d'un mois qui s'est
déroulée du 19 juin au 19 juillet 2005.
La population de notre étude est composée de
diabétiques de type 1 et de type 2 confondus, âgés
de plus de 15 ans, régulièrement suivis au CADA
et qui revenaient en consultation au cours de
notre période d'étude.
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Ont été exclus de l'étude :
- les femmes enceintes diabétiques,
- les diabétiques porteurs d'une sonde
urétrale ou d'une sonde de cystostomie,
- les diabétiques dont le dossier médical était
incomplet,
- les diabétiques porteurs d'une hémoglobinopathie.
La méthode de recueil a été celle de l'analyse du
dossier du malade complétée par un interrogatoire
d'une durée moyenne de 10 minutes avec le
consentement éclairé du malade au cours d'une
consultation de contrôle sur rendez-vous du médecin.
Les dossiers ont été sélectionnés en tenant
compte des informations suivantes : âge, indice
de masse corporelle (IMC), glycémie à jeun,
cholestérolémie, triglycéri-demie, hémoglobine
glyquée (Hb A1C), volume prostatique.
L'interrogatoire et l'examen clinique nous ont
permis de rechercher les troubles urinaires (brûlure
mictionnelle, dysurie, rétention d'urine) et les
facteurs de risque cardiovas-culaires (HTA,
dyslipidémie, obésité).
Après cet examen, un rendez-vous pour la
réalisation d'une échographie pelvienne était fixé.
L'analyse statistique des données a été faite par
le logiciel Epi-info version 6.04 et par l'utilisation
du test H de Kruskal-Wallis pour les séries non
paramétriques ainsi que le test de Fisher.
II- RESULTATS
II-1- RESULTATS GENERAUX
II-1-1-Données épidémiologiques
Dans notre série constituée de 74 patients, il
apparaissait une prédominance du diabète de type
2 (89,2 %) par rapport au diabète de type 1 (10,8 %).
L'âge des patients variait de 35 à 65 ans avec un
âge moyen de 50,1 ans. La prédominance
masculine était nette avec un sex-ratio de 2,7.
L'hypertension artérielle était retrouvée chez 23
patients soit 42,6%.
II-1-2- Données cliniques
20 diabétiques (soit 20,3 %) ont présenté des
troubles urinaires.
La répartition selon le type de troubles
urinaires figure au tableau n° I ci-dessous.
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Cystopathie chez le diabétique ivoirien : une étude transversale des facteurs de risque à Abidjan en 2005.
Tableau n°I : La répartition des diabétiques selon le type de troubles urinaires
Effectifs (n = 20)
Type de trouble
urinaire
Brûlures mictionnelles
4
Dysurie
10
Rétention d'urine
1
La répartition des diabétiques selon les facteurs de risque cardio-vasculaire figure au tableau
n°II ci-dessous.
Tableau n°II : La répartition des diabétiques selon les facteurs de risque cardio-vasculaire
Facteur de risque
cardiovasculaire
Effectifs (n = 74)
Pourcentage (%)
HTA
23
42,6
Dyslipidémie
18
33,3
Obésité
13
24,1
L'HTA est le facteur de risque le plus important
dans notre série.
Nous avons recensé 13 patients atteints d'une
obésité ; soit 17,6 % de la population d'étude. Chez
20,3 % des diabétiques de notre étude, nous avons
retrouvé des troubles urinaires majoritairement
représentés par la dysurie (66,1 %). Cette dysurie
avait été observée chez 13,5 % de l'ensemble des
diabétiques étudiés.
La symptomatologie de l'infection urinaire,
notamment les brûlures mictionnelles, était
patente dans 5,4 % des cas.
Nous avons noté un cas de rétention
chronique d'urine.
L'hypertension artérielle était retrouvée chez
23 patients ; soit 42,6 % de l'ensemble des facteurs
de risque cardiovasculaire.
II-1-3- Données paracliniques
La glycémie moyenne des patients de notre série
était élevée (1,35g/l) avec des valeurs comprises
entre 0,65 g/l et 3,75 g/l. Nous avons retrouvé, par
rapport à l'ensemble des dyslipidémies, 9 cas
d'hypertriglycéri-démie (50 %), 7 cas d'hypercholestérolémie (39 %) et 2 cas de dyslipidémie
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mixte (11 %). La cholestérolémie moyenne était
normale et égale à 0,99 g/l pour des valeurs
comprises entre 0,21 et 5,40 g/l. La valeur moyenne
de l'hémoglobine glyquée était estimée à 8,3 %
avec des chiffres variant entre 5,9 et 18,1 %. Le
volume moyen prostatique des patients de sexe
masculin était normal et égal à 21,96 cc. Nous
avons recensé 7 ECBU pathologiques soit 9,5 % de
l'ensemble des diabétiques de notre série avec trois
cas de Staphylococcus aureus, deux cas de
Klebsiella pneumoniae, un cas d'Escherichia coli et
un cas de Trichomonas vaginalis.
Grâce à l'échographie sus-pubienne et en
nous basant sur les volumes d'urine pré et postmictionnels, nous avons recensé six cas de
vessie neurogène (8,1 %).
Selon le type de traitement, tous les patients
avaient bénéficié d'un régime diabétique. 17,6 %
de nos patients étaient soumis à une
insulinothérapie. Concernant le type de traitement
oral, l'on a pu dénombrer :
- 40,5 % sous sulfamides hypoglycémiants,
- 13,5 % sous l'association sulfamides
hypoglycémiants + biguanides,
- 9,5 % sous biguanides.
57
ADOM H., BINAN Y., YAO K.H., KOUASSI F., TOUTOU T.
II-2- RESULTATS ANALYTIQUES
La répartition des diabétiques porteurs de cystopathies selon les données épidémiologiques,
cliniques et paracliniques par rapport aux diabétiques ne présentant aucun trouble figure dans le
tableau n°III ci-dessous.
Tableau n°III : Répartition des diabétiques porteurs de cystopathies selon les données
épidémiologiques, cliniques et paracliniques par rapport aux diabétiques ne présentant aucun trouble
C as
Témoins
Répartition
Moyenne
Médiane
Ecart type
Moyenne
Médiane
Ecart type
Test H*
Selon l'âge (années)
54,1
57
8,8
49 , 7
49
7,7
0,3
0,15
Selon l'I.M.C. kg/m²)
24,92
25,15
4,05
26,30
26,57
3 , 41
0,64
0,42
Selon la glycémie à jeun (g/l)
0,83
0,84
0,09
1,4
1,29
0,63
9,3
22x10-4
Selon la cholestérolémie (g/l)
1,33
1,54
0,68
1,76
1,70
0,63
1,84
0,17
Selon la triglycéridémie (g/l)
0,8
0,8
0,59
1
0,93
0,75
0,45
0,50
Selon la valeur de l'HbA1C (%)
16,84
16,55
1,86
7,53
9,1
5,68
14,21
12x10-4
Selon le volume prostatique (cc)
18,75
17,5
6,85
22,37
19,15
10,81
0,38
0,53
Pré-mictionnels
295,83
279
66,34
202,45
190,5
106,57
6,51
11x10-3
Post-mictionnels
141,5
152,5
56,56
14,96
10
17,13
16,27
6x10-4
Selon les volumes
d'urines (cc)
* Test H = test de Kruskal-Wallis pour les séries non paramétriques.
Nos diabétiques sont plus âgés que les témoins.
Nos diabétiques ont un mauvais équilibre glycémique.
Les volumes pré et post mictionnels sont plus grands que ceux des témoins.
La répartition des diabétiques porteurs de cystopathies selon le type de diabète et le sexe figure
dans le tableau n°IV ci-dessous.
Tableau n°IV : Répartition des diabétiques porteurs de cystopathies
selon le type de diabète et le sexe
Selon le type
de diabète
Selon le sexe
Effectifs
Pourcentages
(%)
Effectifs
Pourcentages
(%)
T yp e 1
0
0
8
11,76
T yp e 2
6
100
60
88,24
Masculin
6
100
48
70,58
Féminin
0
0
20
29,41
Tous les diabétiques présentant une
cystopathie sont de type 2.
Tous les diabétiques présentant une
cystopathie sont de sexe masculin.
Le volet analytique de notre travail s’est
intéressé aux facteurs influençant l'apparition
des cystopathies aussi bien au plan épidémiologique, clinique et paraclinique.
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Test de
Fisher
P = 0.181
P = 0.376
II-2-1-Facteurs épidémiologiques
Tous les patients qui présentaient une
cystopathie avaient un diabète de type 2. Mais,
le test de Fisher n'était pas significatif (p = 0,18).
Le type de diabète n'influence pas l'apparition des
cystopathies chez le diabétique.
Tous les patients porteurs de cystopathies
étaient de sexe masculin. Le test de Fisher n'était
58
Cystopathie chez le diabétique ivoirien : une étude transversale des facteurs de risque à Abidjan en 2005.
pas significatif (p = 0,37). Le sexe n'influence pas
l'apparition de cystopathies.
Les diabétiques porteurs de cystopathie
étaient plus âgés (54,1 ans) par rapport à ceux
ne présentant aucun trouble (49,7 ans). Le test
de Kruskal-Wallis montre que l'âge du patient
n'influence pas l'apparition de cystopathies.
(H = 0,3 et p = 0,15)
II-2-2-Facteurs cliniques et paracliniques
Les patients porteurs de cystopathies avaient
une valeur moyenne de l'indice de masse corporelle
normale = 24,92 kg/m2 par rapport à celle de
témoins = 26,3 kg/m2.
Le test de Kruskal-Wallis n'était pas
significatif (H = 0,64 et p = 0,42).
Il n'existe pas de corrélation entre l'IMC et
l'apparition de cystopathie chez le diabétique.
La valeur moyenne des glycémies des
patients porteurs de cystopathie était de 0,83 g/
l. La valeur moyenne des glycémies des témoins
était de 1,4 g/l.
Le test de Kruskal-Wallis était significatif
(H = 9,3 et p = 0,00222).
La glycémie à jeun influence l'apparition de
cystopathie chez le diabétique.
La valeur moyenne de l'hémoglobine glyquée
des patients porteurs de cystopathie était plus
élevée (16,84 %) que celle des témoins (7,53 %).
Le test de Kruskal-Wallis était significatif
(H = 14,21 et p = 0,0012).
Le mauvais équilibre glycémique pourrait
influencer l'apparition de cystopathie.
La valeur moyenne des volumes prémictionnels des patients porteurs de cystopathie
est élevée (295,83 ml) par rapport aux patients
ne présentant aucun trouble (202,45ml).
Le test de Kruskal-Wallis était significatif
(H = 6,51 et p = 0,011).
La valeur moyenne des volumes postmictionnels des patients porteurs de cystopathie
est élevée (141,5 ml) par rapport aux diabétiques
ne présentant aucun trouble (14,96ml).
Le test de Kruskal-Wallis était significatif
(H = 17,13 et p = 6.10-4).
Les volumes d'urine pré et post mictionnels mis
en évidence par l'échographie sus pubienne
pourraient avoir un intérêt dans le diagnostic
des cystopathies chez le diabétique.
Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°1, 2006, pp. 55-60
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III- DISCUSSION
Il apparaît une prédominance du diabète de
type 2 (89,2 %) dans notre travail. Cette
fréquence est proche de celle d'autres auteurs2,3.
Concernant le sex-ratio, nos résultats concordent
avec ceux de la littérature ivoirienne, qui
montrent que la proportion de malade de sexe
masculin variait de 70 % à 100 %9,13 . Ces
résultats ne concordent pas avec ceux de
SANKALE au Sénégal qui trouve une prédominance féminine13. Ces différences pourraient
s'expliquer par le choix de la population étudiée.
Concernant la valeur moyenne de l'indice de
masse corporelle, elle est conforme à celle de
ENZLIN4 qui est de 25,6 kg/m². Les patients de
notre série ne sont pas obèses. Concernant les
troubles urinaires, nos résultats sont en deçà
de ceux rapportés par ROSEN12 dans son étude.
En effet, tous les troubles urinaires causés par
l'hypertrophie bénigne de la prostate et les
dysfonctionnements sexuels sont communs aux
hommes âgés, avec une prévalence supérieure
à 50 % chez les hommes de plus de 50 ans.
Concernant les facteurs de risque cardiovasculaire, CHARMOT1 retrouve 30 % de cas
d'hypertension artérielle (HTA). EL-SAKKA 3
retrouve l'HTA dans les mêmes proportions à
savoir 39,4 % et 45,6 % de dyslipidémie.
Selon GRIMALDI 7, le diabète comporte
fréquemment une association des facteurs de
risques vasculaires. Ainsi, l'HTA est deux fois plus
fréquente chez les diabétiques que dans la
population non diabétique et l'hyperlipidémie 5 à
10 fois plus fréquente. La fréquence de la vessie
neurogène de notre étude est de 8,1 % ; plus basse
que celle de NORDEN10 qui retrouve près de 27 %
avec un résidu mictionnel supérieur à 15 ml. Il
montre dans cette étude par la méthode non
invasive que l'incidence du résidu post-mictionnel
n'est pas en corrélation avec la progression de
l'insuffisance rénale.
Tous nos patients présentant une cystopathie
ont un diabète de type 2. Mais le test de FISHER
n'est pas significatif (p = 0,18). Le type de diabète
n'influence pas l'apparition des cystopathies chez
le diabétique. Tous les patients porteurs de
cystopathies sont de sexe masculin. Le test de
FISHER n'est pas significatif (p = 0,37). Le sexe
n'influence pas l'apparition de cystopathies. Le
test H de KRUSKAL-WALLIS montre que l'âge du
patient n'influence pas l'apparition des cystopathies (H = 0,3 et p = 0,15). Selon FRIMODT5,
la cystopathie diabétique se produit dans 43 % à
87 % chez des patients insulino-dépendants, sans
différence de sexe ni d'âge. FRIMODT5 rapporte
une prévalence de 25 % de cystopathie diabétique
59
ADOM H., BINAN Y., YAO K.H., KOUASSI F., TOUTOU T.
chez des patients sous antidiabétiques oraux.
L'apparition de cystopathie ne semble pas
corrélée au type de diabète, au sexe et à l'âge mais
peut être en rapport avec la durée du diabète5.
Les patients porteurs de cystopathies ont un
déséquilibre glycémique. Le test H de KRUSKALWALLIS est significatif (H = 14,21 et p = 12.10-4).
Un mauvais équilibre glycémique influence
l'apparition de cystopathies chez le diabétique. La
valeur moyenne des volumes pré-mictionnels et
post-mictionnels des patients porteurs de
cystopathies est élevée par rapport aux diabétiques
ne présentant pas de troubles. Le test H de
KRUSKAL-WALLIS est significatif (H = 17,13 et p =
6.10-4). Les volumes d'urines pré et post-mictionnels
mis en évidence par l'échographie sus-pubienne
pourraient avoir un intérêt dans le diagnostic des
cystopathies chez le diabétique. Ces résultats sont
conformes à ceux de DUBY2 qui dans son étude sur
la neuropathie diabétique montre que le premier
facteur de risque est l'hyperglycémie et que cette
neuropathie génito-urinaire autonome peut conduire
à une vessie neurologique qui se traduit par l'élévation
des volumes pré et post-mictionnels. La pathologie de
la neuropathie diabétique implique également le
stress oxydatif, la protéine kinase C activée2.
CONCLUSION
Le diabète non insulinodépendant pose un
problème de santé publique car sa prévalence
va croissante parallèlement au vieillissement,
à la sédentarité et au développement de l'obésité.
Le diabète non insulinodépendant est aussi
responsable de complications dégénératives, en
particulier la neuropathie diabétique. Nous en
avons décrit l'atteinte vésicale: la cystopathie
dont l'apparition est influencée par le mauvais
équilibre glycémique (p = 12.10-4). Le diagnostic
de la cystopathie est fait par la réalisation de
l'échographie suspubienne à travers les volumes
pré et post-mictionnels. Le dépistage de ces
cystopathies devrait être systématique par la
réalisation d'examens complémentaires urodynamiques à savoir : la cystomanométrie ou
l'électromyographie du détrusor.
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