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La paralysie récurrentielle est une des complications de
la chirurgie du corps thyroïde. À partir d’une étude
rétrospective réalisée sous l’égide de la Société allemande de
chirurgie du 1er au 31 décembre 1998 et consistant en un ques-
tionnaire prospectif comportant 73 items diffusés dans 45 hôpi-
taux, dont 5 CHU, les auteurs ont évalué les bénéfices du
monitorage peropératoire du nerf récurrent dans la chirurgie
des lésions bénignes du corps thyroïde. Le pourcentage de
paralysies récurrentielles transitoires et définitives secondaires
à la chirurgie dans un groupe ayant bénéficié d’une dissection
et d’une visualisation du nerf récurrent est comparé à celui
d’un groupe ayant bénéficié d’une dissection-visualisation et
d’un monitorage peropératoire du récurrent. L’étude comprend
4 382 patients. Le monitorage est effectué à l’aide d’un appa-
reil Neurosign 5 100 par ponction au travers de la membrane
crico-thyroïdienne en peropératoire. Le protocole de dissection
du nerf récurrent n’est pas standardisé. En fin de geste, un
enregistrement de l’activité électrique du nerf récurrent est réa-
lisé. Les facteurs de risque de paralysie récurrentielle retrouvés
dans l’étude sont ceux habituellement notés dans la littérature :
maladie de Basedow, goitre multi-hétéronodulaire, récidive de
goitre, thyroïdite. La mobilité laryngée est contrôlée en préopé-
ratoire, en postopératoire immédiat et à J14. Il n’y a pas eu de
protocole de randomisation. Une paralysie récurrentielle est
définie comme définitive si elle persiste au-delà de six mois.
En cas de thyroïdectomie subtotale, il y a eu 1,2 % de paraly-
sies récurrentielles transitoires et 0,3 % de paralysies défini-
tives avec un monitorage peropératoire du récurrent, contre
2 % de paralysies récurrentielles transitoires et 0,7 % de para-
lysies récurrentielles définitives avec dissection et visualisation
du nerf récurrent. Ces différences sont statistiquement signifi-
catives. En cas de geste limité de type lobo-isthmectomie, il y a
eu 3,1 % de paralysies récurrentielles transitoires et 0,3 % de
paralysies définitives avec le monitorage peropératoire, contre
respectivement 3,2 % et 1,3 % dans le groupe dissection +
visualisation seules. Compte tenu de la taille de l’échantillon,
ces différences ne sont pas significatives. Les auteurs de la
seule étude prospective multicentrique évaluant le bénéfice du
monitorage peropératoire du nerf récurrent concluent à l’intérêt
de celui-ci pour diminuer le risque de paralysie récurrentielle
définitive en cas de chirurgie totale ou subtotale du corps thy-
roïde, et ce surtout dans la population à risque (goitre récurrent
ou geste large).
P. Lindas
ABSTRACTS
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no286 - octobre 2003
Monitorage peropératoire du nerf récurrent au cours des thyroïdectomies
pour goitre bénin
Intra-operative neuromonitoring of surgery for benign goiter. Tomusch O. et al. •Am J Surg 2002 ; 183 : 673-8.
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Dans cet article, les praticiens des services de patholo-
gie de la voix et de troubles de la communication ana-
lysent de façon objective, par mesure des pressions d’air sous-
glottique et vidéofluoroscopie, l’apport de l’occlusion de la
canule de trachéotomie au temps pharyngé de la déglutition
chez les patients nécessitant une trachéotomie permanente.
Les résultats publiés confirment l’importance et l’apport de
l’occlusion de la canule de trachéotomie lors de la déglutition.
Les auteurs expliquent et soulignent le rôle clef dévolu aux cap-
teurs de pression sous-glottique, leur remise en action lors de
l’occlusion de la canule de trachéotomie et leur interaction avec
le temps pharyngé de la déglutition. L’importante revue de la lit-
térature (54 articles référencés) effectuée par les auteurs confirme
que cette notion clinique est ancienne, et qu’elle s’applique aussi
bien aux enfants trachéotomisés qu’aux patients atteints d’une
affection neurologique ou d’un cancer cervicofacial. Par exten-
sion, cette notion confirme aussi l’apport, lors de la reprise de la
déglutition après chirurgie partielle pharyngolaryngée, de l’abla-
tion première de la canule de trachéotomie préalablement à l’abla-
tion de la sonde nasogastrique et à la reprise de l’alimentation
per os.
O. Laccourreye
Effets physiologiques de l’occlusion des canules de trachéotomie
lors du temps pharyngé de la déglutition
Physiologic effects of open and closed tracheostomy tubes on the pharyngeal swallow.
Gross RD et al. •Ann Otol Rhinol Laryngol 2003 ; 112 : 143-52.
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