élément de réponse est celle du NSABP-B24 publiée par Fischer
en juin 1999. On observe une réduction des récidives locales dans
le bras tamoxifène, avec un taux cumulé à 5 ans de 9,3 % versus
6 %. Les trois groupes qui en tirent le plus grand bénéfice sont
celui des patientes d’âge de moins de 50 ans et ceux des patientes
ayant une tumeur de type comédocarcinome ou des marges d’exé-
rèse douteuses, voire positives. Revu à la lumière des récepteurs
hormonaux par Allred, seules les patientes ayant un CCIS expri-
mant le récepteur aux estrogènes tirent bénéfice d’un traitement
par tamoxifène. Récemment publié, l’essai UK n’a pas mis en
évidence de bénéfice des antiestrogènes. Mais il faut souligner
que, dans cette étude, les marges étaient toutes saines et que peu
de patientes avaient moins de 50 ans. Les arguments ne semblent
cependant pas actuellement suffisants, en tenant compte de la
balance risque-bénéfice, pour prescrire en routine du tamoxifène
à toutes les femmes ayant présenté un CCIS. Il serait intéressant
de pouvoir définir quel(s) sous-groupe(s) pourrai(en)t en bénéfi-
cier au maximum (femmes d’âge < 50 ans ?, CCIS RE+ ?).
LE TRAITEMENT DES TUMEURS DE MOINS DE 10 MM
●La décision du traitement adjuvant est à partager avec la patiente.
●Âge < 40 ans = facteur de risque de rechute locale.
●Histoire naturelle des pT < 5 mm est différente de celles < 10 mm.
●Rechercher des facteurs biologiques prédictifs de rechute à
distance.
Depuis la généralisation du dépistage, les tumeurs de moins de
10 mm sont fréquentes. En cas de traitement conservateur, le
risque de rechute locale (RL) est estimé à 10 % à 10 ans (sauf pour
les tumeurs inférieures à 5 mm, pour lesquelles ce risque serait
proche de zéro). La RL doit être dépistée et évitée car elle est de
mauvais pronostic (44 % de métastases à 10 ans si elle survient
dans les 36 mois suivant le primotraitement, 31 % si elle survient
plus tard). Un âge inférieur à 40 ans est un facteur de risque majeur
de RL. Par conséquent, aujourd’hui, toute patiente traitée par chi-
rurgie conservatrice pour une pT de moins de 10 mm doit recevoir
une RTE de la glande mammaire ± une surimpression du lit tumo-
ral (non codifiée). On ne connaît pas encore le sous-groupe de
patientes à risque zéro de RL, chez qui la RTE pourrait être évitée.
Le taux d’apparition de métastases n’est pas nul et semble
constant (1,3 % par an pendant 10 ans). Il semblerait que ce risque
soit proche de zéro pour les pT de moins de 5 mm, SBRI, RH+ et
N–. Un traitement adjuvant (chimiothérapie ± hormonothérapie)
est à ce jour proposé à toutes femmes ayant une tumeur pT infé-
rieure à 10 mm et N+. Pour les N–, la décision reste individuelle
et doit être partagée avec la patiente. En effet, dans ce cas, le béné-
fice du traitement adjuvant et, notamment, de la chimiothérapie
est très faible (estimé à 3 % en différence de survie à 5 ans) si l’on
considère l’ensemble de la population. Il faut impérativement
définir par des études prospectives des facteurs biologiques pré-
dictifs de rechute à distance et de réponse aux traitements.
UPA/PAI-I semble être un candidat sérieux. Les méthodes
modernes de génomique et/ou de protéomique pourraient déter-
miner des caractéristiques moléculaires tumorales conduisant à
répondre à deux questions actuellement non résolues : qui traiter
pour un bénéfice absolu et comment traiter ? La difficulté de ces
recherches réside dans le fait que bien souvent il reste peu de
matériel biologique disponible, compte tenu de la petite taille
tumorale, pour cette activité de recherche après le diagnostic.
ESTROGÈNES ET CANCERS DU SEIN
Expérimentalement, l’influence des estrogènes sur l’incidence des
cancers du sein ne fait aucun doute parce qu’ils ont non seulement
un effet mutagène direct mais aussi parce qu’ils stimulent la proli-
fération cellulaire, augmentant ainsi le risque de mutations non répa-
rées. Des observations cliniques permettent de confirmer cela. Dans
l’étude MORE, par exemple, le raloxifène a protégé des cancers du
sein les femmes qui initialement avaient un taux “élevé” d’estradiol.
Cette action préventive n’est pas retrouvée chez les femmes qui
avaient initialement un taux nul d’estradiol. On sait aussi que les
agonistes de la LH-RH, le tamoxifène et les antiaromatases dimi-
nuent le risque de second cancer, voire de premier cancer.
L’action sur les taux d’estrogènes et/ou leur récepteur a égale-
ment un effet thérapeutique en cas de cancer du sein survenu.
C’est d’ailleurs par cet effet que la relation entre estrogènes et
cancer du sein a été découverte (Beatson en 1896). L’hormono-
thérapie joue, on le sait, un rôle important dans le traitement des
cancers du sein hormonodépendants à tous les stades (néoadju-
vant, adjuvant et métastatique). Chez la femme ménopausée, les
antiaromatases semblent être supérieures au tamoxifène quel que
soit le stade de la maladie. L’expression des RH est le seul fac-
teur biologique prédictif de réponse à ce jour. Le rôle de la sur-
expression de HER2 est en cours d’évaluation.
ANATOMOPATHOLOGIE
Stratégie de prise en charge des tumeurs surexprimant HER2
E. Ménard, de l’Institut national des tumeurs de Milan, rappelle
que HER2, de la famille des récepteurs à activité tyrosine-kinase,
a une action proliférante et est un facteur promoteur de méta-
stases. Son équipe a montré que des facteurs de croissance, pré-
sents dans les liquides de drainage après une exérèse chirurgicale,
auraient une action proliférante sur des lignées cellulaires
HER2+. Cela pourrait jouer un rôle important in vivo dans la sti-
mulation postchirurgicale de la croissance de cellules HER2+
résiduelles. D’autre part, les tumeurs HER2+ sont plus sensibles
aux anthracyclines que les tumeurs HER2–. Les tumeurs HER2+
constituent une sous-population de tumeurs de profils clinique et
biologique particuliers qui devraient avoir un traitement adapté.
La mise en évidence de la surexpression de HER2 est réalisée en
France par immunohistochimie (F. Penault-Llorca, centre Jean-
Perrin, Clermont-Ferrand). L’étude immunohistochimique de
l’oncoprotéine permet de séparer les tumeurs de score 0 ou 1+
qui ne sont pas surexprimées et de score 3+ qui sont surexpri-
mées. Dans les tumeurs de score 2+ (faible positivité), il est
nécessaire de réaliser une étude par hybridation in situ (FISH)
pour déterminer l’amplification du gène. En effet, seules les
tumeurs de score 2+ amplifiées sont susceptibles de recevoir le
traitement par Herceptin®.
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CONGRÈS
La Lettre du Sénologue - n° 22 - octobre/novembre/décembre 2003