MISE AU POINT
La Lettre du Rhumatologue - n° 301 - avril 2004
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L
a découverte d’un kyste poplité est fréquente en patho-
logie de l’appareil locomoteur, et elle est le plus souvent
liée soit à une arthrite du genou (rhumatisme inflamma-
toire débutant ou non, infection, maladie générale), soit à une
hydarthrose (aiguë ou chronique). La plainte principale du
patient est une douleur ou une tension ressentie dans le creux
poplité. Parfois même, il s’agit d’une douleur aiguë du mol-
let mimant un tableau de thrombose veineuse profonde dis-
tale (TVP).
Il est le plus souvent indispensable d’avoir recours à l’imagerie
ultrasonore pour affirmer le diagnostic de kyste poplité,
éliminer une thrombose veineuse profonde et d’autres
diagnostics différentiels comme une désinsertion sous-apo-
névrotique du muscle gastrocnémien médial.
Très peu de publications ont porté sur les kystes poplités, et
moins encore sur leur approche échographique (1-9).
LE KYSTE POPLITÉ : RAPPEL
Le kyste poplité
Il se définit comme une distension anormale de la bourse du
gastrocnémien médial et du semi-membraneux.
L’augmentation du volume de la bourse située sous la termi-
naison du gastrocnémien médial a été démontrée dès la publi-
cation de Baker, en 1877 (1), à propos de 10 cas.
Physiopathologie
Elle reste controversée en ce qui concerne la communication
entre la bourse du gastrocnémien médial/semi-membraneux
et la cavité articulaire (5).
Trois phénomènes semble concourir à son apparition :
– une communication se fait, le plus souvent à travers une fente
de la capsule, en arrière du condyle fémoral interne, là où le
tendon du gastrocnémien médial s’éloigne de la capsule ;
– un phénomène de valve au niveau de la communication a
été suggéré pour expliquer la formation du kyste synovial par
le passage de liquide dans le sens unique du genou vers le
kyste ;
– le développement du kyste nécessite également une hyper-
pression intra-articulaire, soit liée à des traumatismes, soit
secondaire à un rhumatisme inflammatoire, dont la polyar-
thrite rhumatoïde (PR) est le principal protagoniste (2).
MÉTHODE ÉCHOGRAPHIQUE
Matériel
Une sonde de haute fréquence (7,5 à 13 mégahertz au
mieux) est utilisée pour l’exploration des lésions les plus
superficielles, notamment les tendons. On peut parfois uti-
liser une poche à eau ou un adaptateur en proxon, de façon
à situer au mieux la région explorée dans le champ utile du
capteur ultrasonore. Préalablement à l’exploration ultraso-
nore, le praticien doit réaliser un interrogatoire et un exa-
men clinique comprenant la palpation de la région en cause.
Une étude en doppler couleur/doppler énergie pourra com-
pléter l’exploration en mode B devant la découverte d’une
masse, à la recherche d’une hypervascularisation inflam-
matoire ou maligne, ou pour évaluer la perméabilité de l’ar-
tère poplitée.
Technique d’examen
La recherche d’un kyste poplité se fait dans l’idéal chez un
sujet en décubitus ventral. Mais, en pratique, il est souvent
difficile de mettre les patients dans cette position. Le plus
souvent, le malade sera en décubitus dorsal, membre infé-
rieur en abduction, en rotation externe de hanche, avec le
genou semi-fléchi. Pour améliorer la visualisation d’un éven-
tuel kyste de petite taille, l’opérateur pourra demander au
malade de poser sur son épaule le membre inférieur exploré
(membre inférieur en extension). La sonde est placée au
niveau de la face médiale du creux poplité, pour visualiser
en coupe axiale le condyle interne, le ménisque interne, la
partie haute du muscle gastrocnémien médial et le muscle
semi-membraneux (figure 1).
Ultrasons et kystes poplités
Ultrasound and popliteal cysts
●S. Jousse-Joulin, B. Guias, L. Bressollette, A. Saraux*
* CHU de la Cavale-Blanche, 29609 Brest Cedex.