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L’ action des rayons s’exerce à la fois sur les cel-
lules tumorales et sur les cellules saines en alté-
rant l’ADN et l’ARN. Les cellules saines ont une
meilleure résistance et une meilleure capacité de
récupération. Des normes strictes de radiopro-
tection sont imposées. La dose totale doit être
fractionnée en plusieurs séances (fractionnement
classique : 1,8 à 2,25 Gy par jour et 9 à 10 Gy
par semaine). Elle doit aussi être étalée sur
quelques semaines, qui correspondent à la durée
totale de l’irradiation. Différents types de rayon-
nements peuvent être utilisés et leur administra-
tion peut se faire par voie interne ou externe. L’ir-
radiation par voie externe (transcutanée) est le
type de radiothérapie le plus utilisé.
La plupart des personnes supportent bien la ra-
diothérapie, mais il est possible qu’elle entraîne
des effets secondaires désagréables. Ceux-ci sont
en relation directe avec le volume irradié et la
dose distribuée. Mais ils sont aussi liés à des fac-
teurs individuels. Ces désagréments sont géné-
ralement passagers. Les effets secondaires sur-
viennent, en général, au milieu du traitement et
régressent à l’arrêt de celui-ci. Ils sont limités à
la zone irradiée. Après quelques semaines de trai-
tement, une réaction cutanée type “coup de so-
leil” peut apparaître, avec une peau rouge et sen-
sible. Quelquefois, dans les semaines et les mois
qui suivent l’arrêt de la radiothérapie, une hy-
perpigmentation plus foncée persiste. Ces mani-
festations, d’intensité variable d’un patient à
l’autre, peuvent être atténuées par des règles
d’hygiène et de soins locaux adaptés. Ainsi, des
crèmes peuvent être appliquées et certaines pré-
cautions locales sont à suivre pendant l’irradia-
tion afin de limiter les effets indésirables au ni-
veau cutané. D’autres effets secondaires peuvent
exister en fonction de la localisation de la radio-
thérapie. La fatigue survient vers la troisième ou
la quatrième semaine du traitement et il est pru-
dent de ne pas prévoir trop d’activités pendant
cette période afin de ne pas devoir interrompre
le traitement.
Pour conserver sa résistance et sa capacité à lut-
ter contre la maladie, le patient a besoin de bien
s’alimenter, or la perte d’appétit est réelle. Pen-
dant le traitement, le patient n’est pas radioactif :
il n’émet aucune radiation, pas plus que des
rayonnements qui pourraient être dangereux
pour l’entourage.
Rassurer le patient
Les techniques d’irradiation s’améliorant et, avec
elles, le suivi des règles d’hygiène, les séquelles
tardives de la radiothérapie sont aujourd’hui ex-
ceptionnelles. Ces effets apparaissaient long-
temps après la fin du traitement. Ils peuvent être
de plusieurs types et sont fonction de l’organe
irradié :
•au niveau cutané : douleurs de la zone traitée,
perte de souplesse de la peau, télangiectasies ;
•au niveau de la tête et du cou : troubles du
goût gênants mais le plus souvent transitoires.
La xérostomie (sécheresse de la bouche), plus
ou moins intense selon les individus, est liée à
l’importance de la glande salivaire irradiée et
de la dose délivrée. L’asialie (absence de salive)
provoque une gêne à la mastication, à la déglu-
tition et à la parole. Elle peut favoriser la sur-
venue de caries qui justifient la poursuite de
soins, avec application de gel fluoré prolongée
après le traitement ;
•au niveau thoracique : les séquelles sympto-
matiques sont exceptionnelles. La gêne à la dé-
glutition par irradiation de l’œsophage, assez fré-
quente en fin d’irradiation thoracique, disparaît
spontanément en quelques jours ;
•au niveau du sein : une pigmentation plus
marquée disparaît en quelques semaines ou
quelques mois ;
•au niveau du petit bassin : la cystite est fré-
quente en fin d’irradiation et disparaît le plus
souvent en quelques jours. La diminution de la
capacité vésicale, liée à une perte d’élasticité de
la paroi de la vessie, surtout lors de l’irradiation
vésicale, peut entraîner définitivement des envies
d’uriner plus fréquentes ;
•au niveau abdominal : la diarrhée, fréquente
en fin d’irradiation, disparaît en quelques jours
ou quelques semaines. Les nausées et les vomis-
sements apparaissent plutôt en début de traite-
ment et diminuent progressivement. L’irritation
de l’intestin grêle de façon définitive est excep-
tionnelle avec les techniques modernes de trai-
tement. L’irradiation du rectum, qui se manifeste
durant le traitement par l’émission de glaires,
peut se traduire tardivement, après la fin de l’ir-
radiation, par des traînées sanglantes lors des
selles, qui témoignent d’une fragilité du rectum.
Ces rectorragies sont le plus souvent limitées et
disparaissent spontanément.
•au niveau cérébral : des nausées et vomisse-
ments peuvent apparaître en début d’irradiation.
L’alopécie, qui n’est due à la radiothérapie que
dans ce cas, sera d’autant plus intense que la dose
prescrite de radiations sera importante.
•au niveau osseux : l’irradiation à visée antal-
gique de localisations osseuses entraîne fréquem-
ment, en début de traitement, une majoration des
douleurs. Un traitement antalgique adapté est
prescrit dès le début du traitement et progressi-
vement diminué en fonction de l’irradiation.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No47 - juin-juillet 2003
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Cancer