DOULEUR
aura une évolution plus défavorable qu’un
patient sachant faire face aux complica-
tions de la maladie. Les campagnes d’in-
formation des patients sont très impor-
tantes pour le coping.
L’étude montre que, chez les patients arthro-
siques, le coping est également un élément
prédictif important de la douleur et du han-
dicap. Les interventions qui visent à modi-
fier le coping, approches globales ou édu-
catives, auront donc un retentissement sur
la douleur et le handicap de ces patients et
doivent être mises en place dans l’arthrose.
L’exercice physique : même à la maison !
L’exercice physique confirme son effica-
cité dans la diminution des douleurs de la
gonarthrose, mais ne doit pas forcément
être pratiqué dans des structures spéciali-
sées. O’Reilly et coll. (Nottingham,
Royaume-Uni) ont montré que, même réa-
lisé à domicile, un programme d’exercices
contrôlé régulièrement par téléphone pou-
vait réduire significativement la douleur et
améliorer la fonction dans la gonarthrose
symptomatique.
L’exercice physique préconisé pour les
gonarthroses consistait en plusieurs séries
de flexions et de contractions isométriques
du quadriceps.
Anti-inflammatoires non stéroïdiens
ou paracétamol ?
Si le paracétamol présente des effets
secondaires nettement moins fréquents et
importants que les anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS), son efficacité semble
moins marquée.
Wolfe et coll. (San Francisco, États-Unis)
ont étudié par questionnaire la préférence
pour les AINS ou le paracétamol de
patients atteints de polyarthrite rhumatoïde,
arthrose ou fibromyalgie. Seuls deux tiers
des 1 799 patients interrogés ont déjà uti-
lisé du paracétamol, sur lequel l’étude a
porté. Si l’on analyse uniquement l’effica-
cité, 25 % de ces patients trouvent que le
paracétamol et les AINS sont équivalents,
60 % préfèrent les AINS et 12 % le para-
cétamol, la préférence pour les AINS se
retrouvant dans les trois groupes de patients
(PR, fibromyalgie et arthrose), moins forte
pour les patients arthrosiques. Si l’on asso-
cie efficacité, risque et coût, le paracétamol
est considéré comme supérieur ou égal aux
AINS par 38,9 % des patients.
Pincus et coll. (étude multicentrique aux
États-Unis) ont démontré une efficacité supé-
rieure sur la douleur et la fonction (appréciés
par le WOMAC) de l’association diclofénac-
misoprostol par rapport au paracétamol seul
dans l’arthrose du genou et de la hanche.
Les attitudes des médecins face
aux médecines alternatives
Callahan et coll. (Atlanta, États-Unis) ont
étudié un échantillon de 20 000 médecins
lecteurs du Bulletin of Rheumatic
Diseases. Le taux des réponses était de
15 %, dont 27 % provenant de rhumato-
logues, 66 % de médecins généralistes et
7% d’autres spécialistes.
Parmi ces médecins, 47 % pensent que ces
thérapeutiques non conventionnelles sont
efficaces et les recommandent, 37 % pen-
sent que quelques-unes sont efficaces, mais
ne les recommandent pas, et 4 % mettent
leurs patients en garde contre elles. Lors des
consultations, 12 % des médecins introdui-
sent d’eux-mêmes ces thérapeutiques, 27 %
lancent une discussion sur le sujet sans
intention de les prescrire, 59 % en parlent
seulement si le patient décide d’en parler,
et seuls 2 % ne veulent pas en discuter !
Parmi les 64 thérapeutiques citées, les sui-
vantes sont recommandées par plus du tiers
des médecins : acide gras oméga 3, gluco-
samine sulfate, chondroïtine, massage sué-
dois (?), yoga, tai-chi, spiritualité, biofeed-
back, méditation, relaxation, tenue d’un
journal, musicothérapie, massages pro-
fonds, ostéopathie, chiropraxie, acupunc-
ture, capsaïcine, crème à l’aspirine.
Manek et coll. (Palo Alto, États-Unis) ont
étudié 502 patients atteints d’arthrose de
hanche ou de genou et n’ont pu trouver de
facteurs prédictifs de l’utilisation de théra-
peutiques alternatives chez ces patients, qui
prenaient des AINS dans 81 % des cas et des
AINS associés à des thérapeutiques alter-
natives dans 23 % des cas (glucosamine sul-
fate et chondroïtine sulfate essentiellement).
La fibromyalgie :
des programmes
multidisciplinaires et éducatifs
Cette année, on trouvait nettement moins
de posters dévolus à la fibromyalgie et peu
de nouveautés, même si les deux puis-
santes associations de patients sont tou-
jours présentes et actives. Les études insis-
tent actuellement sur la prise en charge
globale et la réactivation physique.
Sport ou fibromyalgie, il faut choisir !
Clauw et coll. (Washington DC, États-
Unis) ont montré que l’arrêt de l’activité
physique chez des patients ayant une acti-
vité physique régulière (4 heures par
semaine) entraînait des symptômes
proches de ceux de la fibromyalgie au bout
d’une semaine. Cela est, bien sûr, à repla-
cer dans un contexte américain, où le culte
du corps et de l’activité physique (sport-
addicts) est bien connu.
Douleur en ligne : méfiance !
Goldenberg et Miller (Newton, États-Unis)
ont étudié le contenu de 120 sites Internet
consacrés à la fibromyalgie. Cinquante-
cinq pour cent des sites étaient réalisés par
des patients, 14 % par des associations de
fibromyalgiques, 9 % par des universités,
9% par des sociétés commerciales. Par
contre, 45 % proposaient à la vente des
produits, livres, vitamines ou thérapeu-
tiques alternatives et 9 % diffusaient un
contenu religieux. La qualité des informa-
tions a été étudiée ; il s’avère que, sur ces
sites, plus de 50 % de l’information sur la
fibromyalgie, sa pathogénie ou son traite-
ment sont faux. Les sites Internet sont
notamment faussés par les nombreux liens
commerciaux sans aucun contrôle : ce fait
n’est pas spécifique des sites consacrés à
la fibromyalgie, mais il est ici particuliè-
rement criant.
De la douleur, pas de plaisir
Yunus et coll. (Knosha, États-Unis) ont
étudié, à l’aide d’un questionnaire, la satis-
faction sexuelle de 36 patientes fibro-
myalgiques comparées à des patientes
contrôles. Dans le groupe des fibromyal-
giques, la satisfaction sexuelle est signifi-
cativement inférieure à celle rapportée
dans le groupe contrôle, alors que le pour-
centage de femmes mariées est supérieur
chez les fibromyalgiques (78 %) compa-
rativement au groupe contrôle (60 %). De
là à tirer des conclusions...
La Lettre du Rhumatologue - n° 259 - février 2000
41
S. Perrot, service de rhumatologie A
et Centre de la douleur,
hôpital Cochin, Paris