L’OBSTRUCTION NASALE
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 243 - mai 1999
Incompétence labiale et sensation d’obstruction nasale
●D. Salvan*
examen d’un patient consultant pour obstruction
nasale doit prendre en compte l’ensemble de la
morphologie faciale. En effet, en l’absence
d’occlusion labiale, le flux aérien respiratoire est essentielle-
ment buccal du fait d’une résistance moindre au passage de
l’air. Cela entraîne une sensation d’obstruction nasale puisqu’il
n’y a plus de stimulation inspiratoire des capteurs trigéminés
des fosses nasales. En outre, l’absence ou la diminution du
flux aérien dans les fosses nasales peut aboutir à une véritable
rhinite congestive du fait de l’absence d’évaporation des sécré-
tions rhinosinusiennes.
On entend par incompétence labiale l’absence de contact entre
les lèvres, le sujet étant en position de repos mandibulaire.
Remarquons que, à l’inverse, une obstruction nasale entraîne
souvent, non pas une incompétence labiale, mais une inocclu-
sion labiale secondaire à l’ouverture buccale nécessaire à la
respiration.
Une compétence labiale satisfaisante nécessite des arcades
dentaires en bonne position et congruentes, ainsi qu’un équi-
libre entre les muscles de la sangle orojugale (peauciers des
lèvres et du menton) et les muscles linguaux.
L’incompétence labiale est liée soit à une dysmorphose
maxillo-dentaire (anomalies de l’os alvéolaire ou des bases
osseuses) entraînant une dysfonction de la sangle orojugale,
soit à un déséquilibre musculaire (macroglossie, amputation
labiale), les deux mécanismes pouvant s’associer.
EXAMEN CLINIQUE
Avant l’examen rhinoscopique ou de l’oropharynx, l’examen
clinique doit comporter une analyse morphologique du visage
et un examen endobuccal :
– examen des lèvres, en notant leur tonus, leur longueur, leur
position (pro- ou rétrochéilie) ;
– examen du sourire pouvant découvrir la gencive supérieure
(sourire gingival) ou au contraire ne pas découvrir les dents ;
– examen du profil, en notant les modifications éventuelles des
reliefs (projection des lèvres, menton, nez), des angles cervico-
mentonniers et labiocolumellaires, des sillons nasogéniens et
labiomentonniers. En cas d’incompétence labiale, le muscle
orbiculaire des lèvres et les muscles du menton sont souvent
hypertoniques et hypertrophiés (menton en boule) pour tenter
d’obtenir une occlusion labiale ;
– examen endobuccal, qui analyse l’articulé dentaire, le
volume et la position de la langue.
L’occlusion idéale dans le sens antéropostérieur est la classe I
d’Angle : première molaire supérieure en arrière de la pre-
mière molaire inférieure d’une demi-cuspide, canine supé-
rieure en arrière de la canine inférieure, surplomb de l’incisive
supérieure d’environ 2 mm. Dans le sens transversal, l’arcade
inférieure est normalement circonscrite par l’arcade supé-
rieure. Dans le sens vertical, le recouvrement incisivo-canin
est d’environ 2 mm.
L’occlusion dynamique est également étudiée lors de la ferme-
ture et lors de la relation centrée des condyles (position des
condyles la plus haute et la plus postérieure). L’occlusion
idéale correspond à une intercuspidation maximale lors de
l’occlusion en relation centrée des condyles.
En cas de dysmorphose maxillo-dentaire, le bilan sera com-
plété par des moulages dentaires et une téléradiographie de
profil.
La téléradiographie de profil permet une analyse morphomé-
trique (figure 1), notamment la mesure de :
– l’angle ANB. Il est normalement de 0° à 2°. Il apprécie la
relation antéro-postérieure des bases osseuses ;
– l’angle GoGn/SN. Il est normalement égal à 32°. Il apprécie
la hauteur faciale.
L’
* Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, hôpital Lariboisière, Paris.
Figure 1. Schéma de l’analyse d’une téléradiographie de profil.