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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 10 - décembre 1999
En vingt ans, la définition des grandes endémies a
changé. En effet, Lapeyssonie considérait qu’il s’agis-
sait de maladies “sociales” régnant sous les
tropiques. Aujourd’hui, on précise qu’il s’agit de
maladies transmissibles enracinées en Afrique sub-
saharienne par leurs réservoirs, avec l’intervention
de facteurs géo-climatiques, environnementaux, de
comportement humain et de sous-développement
(Baudon D. et coll. Med Trop 1999 ; 59 [25] : 5-13).
Ainsi l’eau joue-t-elle un rôle fondamental dans
l’entretien des maladies, soit comme lieu de repro-
duction des vecteurs (paludisme, onchocercose,
trypanosomiase, fièvre jaune), soit comme “réser-
voir de virus” (péril fécal). Le manque d’hygiène et
le sous-développement favorisent la diffusion des
germes pathogènes. L’urbanisation désordonnée
des grandes villes (en 2000, 40 % de la population
africaine sera urbanisée) augmente la pollution des
eaux, ce qui gêne la reproduction des anophèles et
diminue l’incidence du paludisme et donc d’une cer-
taine “immunisation”, mais entraîne le risque d’aug-
mentation des cas graves. Pour l’avenir, on prévoit
une recrudescence de la fièvre jaune, de la trypa-
nosomiase, du choléra, des bilharzioses, des ménin-
gites, de la tuberculose, et une stagnation de la mor-
bidité et de la mortalité du paludisme et de
l’hépatite B. Ce tableau pessimiste est contrebalancé
par la régression de la rougeole, de la poliomyélite,
du tétanos, de l’onchocercose, de la lèpre qui devien-
nent de simples endémies et non plus des “grandes
endémies”.
P. Bourée, Le Kremlin-Bicêtre
Le typhus, en voie d’extinction dans les pays industria-
lisés, réapparaît sous forme endémo-épidémique en
Afrique, en raison des multiples conflits locaux respon-
sables de déplacements de populations entraînant des
mauvaises conditions d’hygiène et une famine (Ndiho-
kubwayo J.B. et coll. Med Trop 1999 ; 59 [2] : 181-92).En
outre se posent des difficultés de diagnostic, avec en par-
ticulier le paludisme et la fièvre typhoïde, et de traite-
ment. Selon l’OMS, plus de 20 000 cas ont été notifiés
entre 1980 et 1990, surtout en Éthiopie et au
Nigeria, mais ces chiffres sont très sous-évalués, en
raison des fréquentes absences de déclaration. Ainsi,
une importante épidémie au Burundi, avec des taux
d’attaque très élevés (81,25 %) dans l’un des camps
de réfugiés, n’a donné lieu à aucune déclaration offi-
cielle. Cette sous-déclaration africaine du typhus est
multifactorielle : absence de centre de santé en alti-
tude (où le typhus est plus fréquent), confusion
avec les autres fièvres tropicales (essentiellement
le paludisme), désorganisation des services sani-
taires (guerre civile), raisons politiques et écono-
miques (diminution du nombre de touristes). Du
fait de l’absence de possibilités thérapeutiques, la
mortalité peut atteindre 30 %.
P. Bourée, Le Kremlin-Bicêtre
En complément de l’étude de Yerly et coll. (cf.
“Brèves”, La Lettre de l’Infectiologue d’octobre
1999), deux études récentes (Boden D. et coll. 1999 ;
JAMA 282 : 1135-41, et Little S.J. et coll. JAMA 282 ;
1142-9) évaluent la résistance du VIH-1 au cours de
la primo-infection, au sein de cohortes de patients
américains, majoritairement homosexuels.
Boden et coll. présentent, chez 80 sujets primo-infec-
tés par le VIH-1 entre 1995 et 1999, la prévalence des
mutations du gène pol associées à la résistance aux
antirétroviraux, évaluée en moyenne 1,7 mois après
l’infection. Des marqueurs génotypiques de résistance
sont mis en évidence chez 16,3 % des patients (muta-
tions primaires isolées ou multiples, associées à la résis-
tance aux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase
inverse [INTI] : 12,5 %, aux inhibiteurs non nucléosi-
diques de la transcriptase inverse [INNTI] : 7,5 %, et aux
inhibiteurs de protéase [IP] : 2,5 %). La transmission de
virus multirésistant est observée dans 3,8 % des cas. Un
haut degré de polymorphisme de la protéase est mis en
évidence (78,8 % des patients présentent une mutation
sur au moins un site de polymorphisme). Les tests phé-
notypiques de résistance, réalisés chez 67 patients,
concordent dans 85 % des cas avec les interprétations
des tests génotypiques. Les cas discordants correspon-
dent à de faibles niveaux de réduction de sensibilité à
l’indinavir ou au nelfinavir, sans mutation primaire de
résistance sur le gène de la protéase.
Grandes endémies en Afrique :
aspects nouveaux
Résistance du VIH-1
au cours de la primo-infection
Le typhus toujours présent
en Afrique
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 10 - décembre 1999
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L’étude de Little et coll. évalue chez 141 patients primo-
infectés par le VIH-1 entre 1989 et 1998 la sensibilité aux
antirétroviraux de la souche transmise, analysée dans
les 12 mois suivant l’infection (en moyenne 64 jours
après l’infection). Les souches résistantes, définies par
une réduction d’au moins un facteur 10 de la sensibilité
à une ou plusieurs molécules (par rapport à une souche
de référence), sont identifiées chez 3 (2 %) sujets et
concernent les 3 classes d’antirétroviraux testés (INTI,
INNTI, IP). Le séquençage de ces souches révèle la pré-
sence de mutations de résistance sur les gènes codant
pour la transcriptase inverse et la protéase chez 2 des
3sujets. Chez 36 (26 %) sujets, une réduction de la sen-
sibilité aux drogues d’un facteur 2,5 à 10 est mise en
évidence. Le séquençage de ces 36 souches n’a mis en
évidence qu’une mutation T215Y chez un patient. Nous
ne disposons pas à l’heure actuelle de données cliniques
suffisantes pour déterminer quel niveau de réduction de
sensibilité aux drogues est associé à l’échec virologique
pour chaque type de molécule.
Les différences de prévalence retrouvées dans ces
deux études pourraient être expliquées par les diffé-
rences de localisations géographiques, de périodes étu-
diées, de stratégies thérapeutiques ainsi que de défini-
tions de résistance “cliniquement significative. Des
études complémentaires devraient permettre de déter-
miner si le traitement de la primo-infection guidé par les
tests de résistance fournit un bénéfice virologique et
immunologique supplémentaire, comparé à l’initiation
d’une thérapie empirique.
I. Pellegrin, Bordeaux
Quelle est la place de l’amplification génique in vitro pour
le diagnostic et le suivi de la maladie de Whipple ?
(Pron B. et coll. Eur J Clin Microbiol Infect Dis
1999 ; 18 : 62-5).
Cette maladie résulte d’une infection dont l’agent (ou un
des agents) reconnu(s) est Tropheryma whippelii.Il s’agit
d’une maladie systémique rare, touchant le tractus diges-
tif, le système cardiovasculaire et le système nerveux
central. Elle se caractérise, dans sa forme clinique clas-
sique, par des diarrhées, des douleurs abdominales, une
perte de poids et des arthralgies. Le diagnostic est clas-
siquement fourni par l’examen anatomopathologique
de biopsies de muqueuse digestive, de ganglions, de
moelle osseuse, dans lesquelles apparaît une infiltration
massive de macrophages contenant des inclusions colo-
rées à l’acide périodique de Schiff.
Le travail présenté montre l’apport des techniques
d’amplification génique in vitro pour effectuer le
diagnostic de cette infection. Chez certains patients, les
performances de ce test sont évaluées au cours du
traitement de cette maladie. Cette étude est de type
cas-témoin (8 cas et 34 témoins). La cible amplifiée est
un fragment d’ADN de 284 paires de base du gène de
l’ARN ribosomique 16S.
Cette étude répond à plusieurs questions :
Quels sont les échantillons biologiques à partir
desquels l’ADN peut être extrait pour effectuer le
diagnostic d’infection à Tropheryma whippelii ?
Il s’agit de biopsies de ganglions lymphatiques, de biop-
sies de différents étages du tube digestif allant de l’es-
tomac au rectum, de prélèvements de moelle osseuse,
tous conservés à 80 °C. Il peut aussi s’agir de sang total
prélevé stérilement sur EDTA. Il semble qu’aucun échan-
tillon de liquide céphalorachidien n’ait été positif par
amplification génique in vitro chez ces patients.
Quelles sont les performances de l’amplification
génique chez des patients en cours de traitement ?
Au cours du traitement, l’amplification génique se néga-
tive dans le sang après quatre mois d’antibiothérapie.
Dans les six premiers mois du traitement, malgré une
amélioration cliniquement décelable, les tests d’ampli-
fication génique peuvent encore demeurer positifs pour
certains échantillons biologiques.
Cette technique de biologie moléculaire apparaît donc
comme un outil permettant de réaliser un diagnostic pré-
coce de la maladie de Whipple chez des patients pré-
sentant des diarrhées chroniques, des arthralgies, une
polyadénopathie, une uvéite ou une démence d’origine
inconnue.
Y. Piémont
Diagnostic et suivi de l’évolution
de la maladie de Whipple
par amplification génique
de l’ARN 16S
Les articles publiés dans La Lettre de l’Infectiologue
le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction
par tous procédés réservés pour tous pays.
© octobre 1985 - EDIMARK S.A.
Imprimé en France - Differdange S.A. - 95110 Sannois -
Dépôt légal 4etrimestre 1999
Un encart de 12 pages, intitulé
“Risk and Prevention”,
est jeté sous la 2ede couverture de ce numéro
498
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 10 - décembre 1999
Février 2000
2-4 février, Bethesda, États-Unis
International Symposium on Combination
Vaccines
US Department of Health & Human
sevices, Public Health service, Centers
for Disease Control and Prevention,
1600 Clifton Road, MS-D66, Atlanta,
Georgia, 30333, États-Unis
Tél. : (1) 404 687 66 72
Fax : (1) 404 687 66 87
http ://www.cdc.gov/od/nvpo/calendar.htm
3 février, Paris
2eCongrès de biologie et hygiène hospita-
lière
Anne-Marie Lavenaire. Tél. : 01 44 08 06 50.
Fax : 01 44 08 06 51
3-5 février, Stockholm, Suède
Winter Meeting for European Society
for clinical virology
Pr Anders Vahlne, dept of virology, Hud-
ding Hospital, SE-1451 86 Hudding,
Suède
6-11 février, Davos, Suisse
9th Current topics in infectious diseases
Imedex USA Inc, 70, Technology Drive,
Alpharetta, GA 30005-3969, États-Unis
Tél. : (1) 770 751 73 32
Fax : (1) 770 751 73 34
6-11 février, Davos, Suisse
6th Trends in invasive fungal infections
Imedex USA Inc, 70, Technology Drive, Alpharetta, GA
30005-3969, États-Unis
Tél. : (1) 770 751 73 32 - Fax : (1) 770 751 73 34
6-12 février, Grindelwald, Suisse
8th Winter Symposium on intensive care medicine
Mr Carl Vanhaesendonck, Manager, Intensive Care Dept
- Symposium, Erasme University Hospital, Route de
Lennik 808, B-1070 Bruxelles, Belgique
Tél. : (32) 2 555 32 15 - Fax : (32) 2 555 45 55
9-10 février, Londres, Royaume-Uni
Tropical and emerging infection
Yvonne Perks. Tél. : (44) 171 290 29 80.
Fax : (44) 171 290 29 77
13-16 février, Amsterdam, Pays-Bas
3rd European Conference on the methods and results
of social and behavioural research on AIDS
Aids Fonds, Keizersgracht 390, 1016 GB Amsterdam, Pays-Bas
Tél. : (31) 20 626 26 69 - Fax : (31) 20 627 52 21
http ://www.aidsfonds.nl
15-17 février, Monte-Carlo, Monaco
Forum on respiratory infections
Marina Zanette, Publi Creations, 27, bd d'Italie, Monte-
Carlo, MC 98000, Monaco
Tél. : (377) 97 97 35 54 - Fax : (377) 93 15 99 77
15-20 février, Singapour
International Congress on viral hepatitis, prevention and
congress
Ms Monica Wong, Academy of Medicine, College of
Medicine Bldg, 16 College Rd, #01-01, Singapour
Tél. : (65) 223 89 68
19-21 février, Saint Louis, États-Unis
Ryan White National Youth Conference on HIV and AIDS 2000
RWNYC 2000, Sara Leedom, 1413 K St, NW, 7th Fl,
Washington DC 20005-3442, États-Unis
Tél. : (1) 202 898 04 14 - Fax : (1) 202 898 04 35
24-25 février, Paris
Risk and prevention in infectious diseases, cardio-
vascular diseases and onco-haematology
Expand Connexion, 53, rue de Paris, 92100 Boulogne-
Billancourt
Tél. : 01 48 25 80 61 - Fax : 01 46 05 56 03
http ://www.rap2000.net
24-25 février, Washington, États-Unis
2000 National Conference on African-Americans and AIDS
Jennifer Walter, Office of Continuing Medical Educa-
tion, John Hopkins University School of Medicine,
Turner 20, 720 Rutland Av., Baltimore, MD 21205-2195,
États-Unis
Tél. : (1) 410 614 61 81 - Fax : (1) 410 614 73 15
http ://www.med.jhu.edu/cme
24-29 février, Santa Fe, États-Unis
Determinants of immune defense against microbial
infections
Keystone Symposia, 221 Summit Place #272, Drawer
1630, Silverthorne, CO 80498, États-Unis
Tél. : (1) 970 262 12 30 - Fax : (1) 970 262 15 25
http ://www.symposia.com
27 février-2 mars, Alberta, Canada
1st International ASM Conference on enterococci :
pathogenesis, biology and antibiotic resistance
Meeting Department, American Society for Microbio-
logy, 1325 Massachusetts av. N.W., Washington DC,
20005-4171, États-Unis
Tél. : (1) 202 942 92 48/202 942 93 56
Fax : (1) 202 942 93 40
29 février-4 mars, Munich, Allemagne
5th World Congress on trauma, shock, inflammation
and sepsis - pathophysiology, immune consequences
and therapy
Dr Eugen Faist, FACS, Klinikum Grosshadern, Dept of
Surgery, LM University Munich, Marchioninistrasse 15,
81377 Munich, Allemagne
Fax : (49) 89 70 95 24 60
29 février-5 mars, Taos, États-Unis
Cell biology of virus entry, replication and pathogenesis
Keystone Symposia, Drawer 1630, Silverthorne, CO
80498, États-Unis
Tél. : (1) 970 262 12 30 - Fax : (1) 970 262 15 25
http ://www.symposia.com
Dates limites d’abstracts février 2000
1er février
3-5 mai, Noordwijk, Pays-Bas
18th Annual Meeting of the European Society for pae-
diatric infectious diseases
Congress Office ESPID 2000, Yvonne Beeuwkes, 440
Medical Microbiology, University Hospital Nijmegen,
PO Box 9101, 6500 HB Nimègue, Pays-Bas
Tél. : (31) 24 361 43 56 - Fax : (31) 24 354 02 16
28-31 mai, Stockholm, Suède
10th ECCMID : European congress of clinical microbio-
logy and infectious diseases
Stockholm Convention Bureau, PO Box 6911, SE-102 39
Stockholm, Suède
Tél. : (46) 8 736 15 00 - Fax : (46) 8 34 84 41
24-28 juin, San Juan, Porto Rico
American Society of Parasitology
Tim Walker, ASP Sec-Treasurer's Office, The University
of Iowa, Dept of Biol. Sciences
Tél. : (1) 319 335 13 29 - Fax : (1) 319 335 10 69
E-mail : [email protected].uiowa.edu
9-14 juillet, Durban, Afrique du Sud
13th International AIDS Conference
Congrex Sweden AB, PO Box 5619, Linnegatan 89 A,
114 86 Stockholm, Suède
Tél. : (46) 8 459 66 00 - Fax : (46) 8 661 91 25
http ://www.anaerobe.org
10-12 juillet, Manchester, Royaume-Uni
Anaerobe 2000 : Congress of the Confederation of
anaerobe societies
Anaerobe Society of the Americas, Po Box 452058, Los
Angeles, CA 90045, États-Unis
Fax : (1) 310 216 92 74
http ://www.anaerobe.org
12 février
7-10 juin, Aix-en-Provence
42eCongrès de la Société nationale française de méde-
cine interne
Martine Warembourg, Communication, Faculté de
médecine Henri-Warembourg, 59045 Lille Cedex
Tél. : 03 20 62 69 53/88 01 89 - Fax : 03 20 88 21 21
15 février
15-16 juin, Lyon
1res Journées nationales d’infectiologie
2M2, 7, rue Bastienne, 95160 Montmorency
Tél. : 01 39 64 88 83 - Fax : 01 39 89 77 56
X. de La Tribonnière
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