La Lettre du Rhumatologue - n° 292 - mai 2003
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RHUMATOLOGIE DU SPORT
#Le test de rotation externe isométrique coude au corps, plus
facile à réaliser, semble être plus discriminatif : il s’est ici
révélé être un bon test pour retrouver les coiffes intactes ( 6,5 %
de faux positifs pour les 107 coiffes intactes), mais surtout
intéressant dans la recherche d’une rupture transfixiante,
puisque 10 tests sur 20 étaient positifs (soit 50 %).
#Enfin, les antécédents douloureux ou la présence de signes
de conflit sous-acromial à l’examen clinique semblent être
corrélés à l’épaississement de la bourse sous-acromiale
retrouvé à l’échographie. Celui-ci est constaté de manière trois
fois plus fréquente du côté dominant chez 20 % des joueurs.
Il se voit de façon statistiquement plus fréquente chez les
joueurs ayant des antécédents douloureux (35 %).
#À noter que le lift off test de Gerber, attestant d’une rupture
du sous-scapulaire, était toujours normal.
Discussion
L’intérêt de cette étude était d’obtenir le cliché d’une popula-
tion de pratiquants assez large, comprise entre 35 et 75 ans,
malgré des biais de recrutement. Il s’agissait également de
pouvoir exploiter au mieux, statistiquement, les résultats sur
l’état clinique et les détériorations échographiques de la coiffe
des rotateurs concernant le bras dominant, tout en essayant
d’établir des corrélations entre les lésions anatomiques obser-
vées et les symptômes cliniques retrouvés.
Un premier commentaire s’impose quant à ces résultats :
il n’y a pas de corrélation “échoclinique” concernant les
ruptures transfixiantes, puisque tous les joueurs chez qui ces
lésions sont observées continuent de jouer, y compris dans le
sous-groupe douloureux. Il est également probable qu’une
lésion transfixiante est douloureuse de façon transitoire et
qu’elle peut devenir indolore, ne signifiant pas nécessairement
l’arrêt du tennis. Mieux encore, elle reste compatible avec la
pratique de haut niveau chez ces joueurs dont la motivation
est toujours intacte. Concernant les 8 joueurs de cette étude
qui présentaient, à l’examen échographique, une rupture du
long biceps retrouvée du côté dominant, la fréquence était la
même chez les hommes que chez les femmes. Pour 5 de ces
8 tennismen, la rupture était indolore. Cette atteinte du long
biceps était associée à des lésions transfixiantes ou partielles
dans 5 cas sur 8 et survenait chez des sujets de plus de 60 ans,
comme cela est souvent le cas. On peut, là aussi, être étonné
par le fait que la pratique du tennis reste possible chez des
joueurs de cet âge, y compris à un niveau national.
Même si les constatations concernant le test de Jobe ne sont
pas ici statistiquement significatives, ce test reste insuffisant
pour détecter les coiffes lésées. En revanche, il est incontes-
tablement intéressant à utiliser en tant que test de force mus-
culaire, comme cela a été décrit initialement dans la littéra-
ture avec Noël (4), qui retrouve 90 % de sensibilité pour ce
test, et Leroux (5), qui constate un taux de 80 %.
Quant au test en rotation externe contre résistance, il explore
de façon précise la coiffe postéro-supérieure (Hertel, 6). Lors-
qu’il est positif, la coiffe est lésée dans 100 % des cas, et s’il
est négatif, il est prédictif dans 56 % des cas. Ces résultats se
rapprochent de ceux de notre étude et confirment l’intérêt et la
relative fiabilité de ce test simple et facilement reproductible
dans la recherche d’une lésion transfixiante de la coiffe.
Malgré un recrutement des joueurs qui peut biaiser le résul-
tat, la répartition des lésions de la coiffe observées chez le ten-
nisman peut se rapprocher de l’étude échographique effectuée
par Milgrom en 1995 (7), qui portait sur 90 sujets et retrou-
vait des atteintes transfixiantes modérées de façon plus impor-
tante dans les tranches d’âge se situant au-delà de 50 ans. Il
est donc essentiel de constater, pour le joueur de tennis, que
la détérioration de la coiffe s’accélère principalement après
50 ans, et qu’après 55 ans environ un cinquième des joueurs
pratique le tennis avec une rupture transfixiante.
Si l’un des objectifs de l’étude était de répondre à la question :
“peut-on pratiquer le tennis avec une rupture même impor-
tante de la coiffe des rotateurs” ?, on peut également s’inter-
roger sur la place et les indications de la chirurgie répara-
trice de la coiffe dans le cadre de la pratique du tennis. Cette
dernière concerne-t-elle tous les joueurs, qu’il s’agisse de loi-
sir ou de compétition ?
Une étude menée par B. Sonnery-Cottet et concernant les
résultats du traitement chirurgical des ruptures de coiffe chez
51 tennismen vétérans âgés en moyenne de 51 ans montre qu’il
est possible pour 80 % des joueurs de reprendre le tennis dans
des conditions satisfaisantes, quelques heures par semaine,
avec un délai moyen postopératoire de 9,8 mois (8).
Quant aux joueurs vétérans de très bon niveau observés dans
notre étude (moyenne d’âge approchant 55 ans), ils ne semblent
pas être affectés dans la poursuite de leur pratique du tennis,
notamment ceux qui présentent une atteinte avérée de la coiffe
des rotateurs. Les joueurs concernés semblent guérir spontané-
ment de leur atteinte et, dans tous les cas, n’ont plus de dou-
leurs, ce qui leur permet de continuer à jouer au meilleur niveau,
même après 50 ans. Notion importante chez ces tennismen, on
ne constatait pas de lésion majeure du sous-épineux, qui assure
une bonne stabilisation postérieure de la tête humérale. On ne
retrouvait pas non plus de rupture du sous-scapulaire, qui est
garant de la stabilité antérieure, ce qui, a priori, ne faisait pas
de ces joueurs de bons candidats à la chirurgie.
LES CONFLITS D’ÉPAULE
CHEZ LE TENNISMAN JEUNE
Avec les lésions de la coiffe déjà évoquées chez le tennis-
man vétéran (9), qui s’associent souvent à un conflit sous-
acromial, on peut également citer les atteintes microtrauma-
tiques de l’acromio-claviculaire, qui sont aussi fréquentes.
Cette dernière pathologie se manifeste volontiers par des dou-
leurs de l’épaule lors des mouvements effectués dans un plan
horizontal en adduction, mettant en compression l’articula-
tion, ou en rétropulsion horizontale forcée.