Abstracts
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La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006
À âges (9 ans) et surfaces corporelles (1,1 m
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)
comparables, les enfants porteurs d’une bicus-
pidie aortique ont une aorte significativement
plus large que celle des témoins : cela est vrai
pour tous les segments analysés de l’aorte,
mais est plus prononcé au niveau de l’aorte
ascendante (2,3 ± 0,6 cm contre 1,8 ± 0,5 cm
pour les témoins ; p < 0,0001). La différence de
taille déjà présente à la naissance persiste tout
au long de l’enfance. Des mesures répétées ont
été réalisées pour un sous-groupe de 28 jeunes
patients et de 25 témoins : les patients ont
une augmentation annuelle significative-
ment supérieure des dimensions de l’aorte
ascendante : + 1,2 ± 0,08 mm par an contre
+ 0,6 ± 0,08 mm par an (p < 0,0001).
>> Conclusion. Ainsi, dès la naissance, la
bicuspidie aortique est une pathologie non
seulement valvulaire mais aussi aortique.
À la naissance et au cours de l’enfance, les jeunes
patients porteurs d’une bicuspidie aortique sans
dysfonction de la valve ont une aorte – de l’an-
neau à l’aorte ascendante – plus large que les
enfants témoins, et la progression des dimen-
sions de l’aorte est également plus importante
en cas de bicuspidie. Dès l’enfance, on observe
une dilatation progressive de l’aorte prédo-
minant sur l’aorte ascendante.
Une valve aortique bicuspide sans dysfonction
valvulaire associée ne peut donc être qualifiée
d’anomalie bénigne et justifie une surveillance
échocardiographique.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
>>> Beroukhim RS, Kruzick TL, Taylor AL, Gao D, Yetman AT.
Progression of aortic dilation in children with a functionally
normal bicuspid aortic valve. Am J Cardiol 2006;98:828-30.
Valvuloplastie mitrale percutanée
pendant la grossesse
■Plusieurs publications ont rapporté la
faisabilité d’une valvuloplastie mitrale
percutanée (VMP) pendant la grossesse.
Cette étude brésilienne analyse le devenir
immédiat et à long terme de cette procédure
pour la mère et l’enfant.
Soixante et onze femmes enceintes ayant
un rétrécissement mitral (RM) rhumatismal
de degré sévère, compliqué d’insuffisance
cardiaque (classe fonctionnelle NYHA III
ou IV) et réfractaire au traitement médical
optimal, ont été incluses consécutivement
entre août 1989 et novembre 1997. La VMP
a été réalisée préférentiellement au-delà de la
27
e
semaine de la grossesse (dans 59,2 % des
cas au troisième trimestre) et en présence d’un
score moyen échocardiographique de Wilkins
de 8 ± 1 (≤ 8 dans 52 % des cas).
La VMP a été réussie pour toutes les patientes,
autorisant une augmentation significative
de la surface mitrale, celle-ci passant de
0,9 ± 0,2 cm2 à 2 ± 0,3 cm2 (p < 0,001). Deux
patientes ont développé des complications
thromboemboliques et 4 patientes ont présenté
une régurgitation mitrale sévère dans les
48 heures suivant la procédure. Au terme de la
grossesse, 98 % des patientes étaient en classe
fonctionnelle NYHA I ou II. L’accouchement
s’est déroulé en moyenne à 38 ± 1 semaines de
gestation. Des accouchements prématurés sont
survenus pour 9 femmes (13 %), dont 2 gros-
sesses gémellaires. Soixante-six nouveau-nés
sur 75 (88 %) avaient un poids normal à la nais-
sance (en moyenne, 2,8 ± 0,6 kg).
Pour un suivi moyen de 44 ± 31 mois, la
survie indemne d’événements a été de 54 % ;
à 87 mois, on observe un taux d’absence de
resténose mitrale de 70 %. Trois patientes ont
eu une valvuloplastie mitrale chirurgicale pour
régurgitation sévère. Neuf patientes ont eu une
resténose mitrale. Les événements combinés
(décès, chirurgie mitrale ou nouvelle VMP) ont
concerné 9 femmes sur 63 (14,3 %).
À 44 ± 31 mois après la naissance, 66 enfants
avaient un poids et un développement
normaux et ne présentaient aucune anomalie
clinique.
>> Conclusion. La VMP est sûre et efficace
pendant une grossesse compliquée d’insuf-
fisance cardiaque sévère réfractaire au trai-
tement médical en présence de RM serré ; la
morbi-mortalité à court et long terme reste
acceptable pour la mère et le fœtus. Pour
98 % des patientes, la classe fonctionnelle
NYHA est passée de III-IV à I-II en fin de
grossesse.
La VMP doit être considérée comme le premier
traitement de choix face à ces patientes
enceintes en insuffisance cardiaque sévère.
La procédure percutanée évite le recours à
une commissurotomie chirurgicale à cœur
fermé, laquelle n’est pas sans risque pour l’en-
fant (mortalité foetale de 6 à 17 %), ou, pire,
à une commissurotomie chirurgicale à cœur
ouvert (mortalité fœtale atteignant 33 %).
Les recommandations européennes sur la
prise en charge des pathologies cardiovas-
culaires pendant la grossesse (Eur Heart J
2003;24:761-81) évoquent cette indication
de la VMP, méthode interventionnelle la plus
sûre pour la mère et l’enfant, avec un risque
de régurgitation mitrale sévère postprocédure
estimé à 5 %. En présence d’une anatomie
valvulaire favorable, il est conseillé d’effectuer
la VMP dans des centres expérimentés après
la 20e semaine de grossesse, et de réserver ce
geste aux patientes symptomatiques en dépit
d’un traitement médical optimal.
En cas de RM serré diagnostiqué avant une
grossesse désirée, la VMP peut être proposée
“préventivement” en raison du risque de
décompensation hémodynamique (indication
admise pour les recommandations françaises ;
Arch Mal Cœur 2005;98:5-61).
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
>>> Esteves CA, Munoz JS, Braga S et al. Immediate and long-
term follow-up of percutaneous balloon mitral valvuloplasty in
pregnant patients with rheumatic mitral stenosis. Am J Cardiol
2006;98:812-6.
Place de l’échocardiographie
transœsophagienne
après un accident ischémique
cérébral cryptogénique
■Dans le contexte d’un accident vasculaire
cérébral ischémique, l’apport de l’écho-
cardiographie transœsophagienne (ETO) par
rapport à l’échocardiographie transthoracique
(ETT) reste débattu.
De janvier 2002 à mars 2004, cette étude
prospective a inclus 231 patients consécu-
tifs dans les suites d’un accident ischémique
transitoire (AIT) ou d’un accident vasculaire
cérébral (AVC) sans cause reconnue et sans
indication à un traitement anticoagulant
au terme des examens initiaux (électrocar-
diogramme [ECG], doppler des carotides,
biologie). Ces patients ont eu un bilan écho-
cardiographique associant ETT et ETO avec
épreuve de contraste.
Une source potentielle d’embolie a été
détectée pour 55 % des patients (127 sur
231) ; pour 39 % des patients (90 sur 231)
elle n’a été reconnue que lors de l’ETO.
Pour 46 patients sur 231 (20 %), le bilan
échocardiographique a abouti à une indi-
cation absolue d’anticoagulation, et, pour 38
d’entre eux (16 %), seul l’ETO a ainsi autorisé
la démarche thérapeutique adaptée. Le plus
souvent, il s’agissait d’un thrombus de l’auricule
gauche (38 patients).