Universités Paris 5, Paris 7 Année universitaire 2010-2011
Classification, émergence des parasites, réponses immunes de l’hôte et
modulation par les vers
Jean DUPOUY-CAMET
Faculté de Médecine Paris Descartes et hôpital Cochin
Est parasite tout organisme qui se développe aux dépens d’un être vivant pendant toute ou
une partie de son existence. Le mode de vie parasitaire est très répandu et est observé aussi bien
chez les végétaux que chez les animaux. Les parasites, eux-mêmes, appartiennent soit au monde des
champignons, soit au monde animal (protozoaires, vers, arthropodes). Les modes de transmission
des parasites sont très variés : voie orale, pénétration transcutanée, voie sexuelle, voie
transplacentaire, voie transfusionnelle, etc. Les organismes parasitaires trouvent chez leur hôte une
source de nutriments quasi inépuisable et un biotope particulièrement stable. Une longue et
remarquable adaptation des parasites à leur hôte leur a permis de faire face à différentes contraintes :
éviter la réaction de l'hôte, sortir de l'hôte et en trouver un autre.
Combes a décrit deux filtres qui interviennent dans la circulation d’un parasite dans son/ses
hôtes : le filtre de rencontre et le filtre de compatibilité. L’ « intérêt » du parasite est d’ouvrir ces filtres ;
celui de l’hôte de les refermer… Le filtre de rencontre est ouvert par le parasite (par exemple en
facilitant la prédation ou en ayant une multitudes de larves infectantes…) ou l’hôte par son
comportement (alimentaire par exemple). Le filtre de compatibilité dépend des capacités de l’hôte à
résister au parasite (immunité innée ou acquise), de la virulence du parasite et des capacités de ce
dernier à échapper aux défenses de l’hôte.
Plus d’une centaine de parasites sont susceptibles de parasiter l’homme, mais seuls une
trentaine représentent un important problème de santé publique. Un certain nombre de parasitoses
sont des fléaux à l’échelon planétaire et, en particulier, sous les tropiques (le paludisme tue chaque
année plus d’un million de personnes, principalement en Afrique). La pathologie parasitaire est
également un souci pour des pays de climat plus tempéré tels que la France, non seulement en raison
d’une pathologie parasitaire d’importation, mais aussi de parasitoses autochtones : toxoplasmose de
la femme enceinte (plusieurs centaines de cas de toxoplasmose congénitale par an), épidémies de
trichinellose liées à la consommation de viande de sanglier, rares mais redoutables cas
d’échinococcoses alvéolaires dans l’est de la France etc. En outre, l’épidémie de SIDA et la
multiplication des causes d’immunodépression (greffes, chimiothérapies, etc.) ont donné un regain
d’actualité aux parasitoses opportunistes. Des parasites connus chez l’animal se sont révélés être de
redoutables pathogènes chez l’immunodéprimé (cryptosporidies). Un éventuel réchauffement
planétaire s’accompagnerait d’une extension de l’aire de répartition de certains parasites et vecteurs,
pour l’instant cantonnés aux zones tropicales. Les parasitoses restent donc toujours un défi pour la
santé de l’homme au XXIe siècle.
D’une façon générale, l’immunité de type Th1 intervient surtout pour la lutte contre les
parasites intracellulaires (leishmanies) et celle de type Th2 contre vers. Parfois la pathogénie de la
parasitose est liée à une réponse immune non contrôlée (excès de TNF au cours du paludisme
pernicieux, granulomes hépatiques autour des œufs de schistosomes conduisant à une cirrhose). La
pathogénie peut aussi être liée à une action mécanique du parasite (présence d’une larve cysticerque
dans le cerveau ou hydatique dans le foie) ou prédatrice de celui-ci (hématophagie des
ankylostomes).
Les vers parasites induisent chez leurs hôtes une réponse immunitaire de type principalement Th2.
cette réponse se traduit par la sécrétion de cytokines IL 4, IL 5, IL 10 qui vont diminuer la réponse
inflammatoire de type Th1 et la sécrétion d’interferon et de TNF mais aussi induire la synthèse
d’éosinophile. Les sécrétions toxiques des eosinophiles endommagent les vers mais aussi les tissus
de l’hôtes. Des réponses intestinales locales (hypersécrétion de mucus, augmentation de la
contractilité…) peuvent, parfois, aboutir à une expulsion rapide des vers (phénomène de self-cure).
Dans leurs interrelation avec l’hôte les parasites ont développé des stratégies d’échappement aux
défenses immunes de l’hôtes. Ces mécanismes sont connus depuis longtemps et peuvent se traduire
de plusieurs façons : acquisition d’antigène d’hôte (antigènes de groupes sanguins par les
schistosomes, communauté antigéniques avec des groupes sanguins ou alpha foeto protéine par le
kyste hydatique) ; succession très rapides de stades antigéniques différents dans des compartiments
différents de l’hôte (Trichinella), élaboration d’une barrière infranchissable aux cellules immunes
(membrane anhiste du kyste hydatique…). Cet échappement peut être favorisé par une modulation