larité radiographique de l’ostéoporose cortisonique, même si
certains auteurs ont évoqué une fréquence accrue de bandes
d’ostéocondensation sous les plateaux vertébraux tassés (ano-
malies non spécifiques).
De façon générale, la perte osseuse est dose-dépendante
(particulièrement à partir de doses supérieures à 7,5 mg d’équi-
valent prednisone par jour) (4). La voie d’administration de la
corticothérapie peut jouer un rôle ; par exemple, les perfusions
intraveineuses semblent moins délétères, de même que les
voies locales. Par contre, les traitements à doses alternées ne
préviennent pas la perte osseuse. La dose minimale de corti-
coïdes n’entraînant pas de perte osseuse n’est pas déterminée
de façon certaine. Ces différents éléments ainsi que l’absence
de critères biologiques permettant de prédire l’intensité de la
perte chez un individu donné expliquent l’attitude pragma-
tique (logique bien que non consensuelle) qui consiste à mesu-
rer la densité minérale osseuse avant le début de tout traite-
ment corticoïde (même par voie inhalée). Si la densité minérale
osseuse est basse et si les risques de perte osseuse sont élevés
(dose importante, femme ménopausée, etc.), un traitement pré-
ventif est instauré d’emblée. Si la densité minérale osseuse est
normale, un nouveau contrôle densitométrique sera effectué
six à douze mois après le début de la corticothérapie.
Ostéoporose chez les transplantés
Le nombre de transplantations a augmenté considérablement
depuis l’arrivée d’immunosuppresseurs performants dans les
années 80, permettant ainsi de mettre en évidence l’importance
de l’ostéoporose chez les transplantés. Les conséquences frac-
turaires de cette ostéoporose entraînent une altération nette de
la qualité de la vie des patients transplantés. La perte osseuse
cortisonique est prépondérante, mais la responsabilité de la ciclo-
sporine a également été évoquée (6, 7, 8). Même si les données
de la littérature sont contradictoires, il semblerait que la ciclo-
sporine puisse entraîner une diminution des hormones sexuelles
chez l’animal et chez l’humain ainsi que, selon certains auteurs,
une inhibition limitée de la résorption osseuse (8). Le type d’or-
gane transplanté et la présence d’une atteinte osseuse préalable
à la transplantation interviennent également. Ainsi, la perte
osseuse paraît plus importante en cas de transplantation rénale
qu’en cas de transplantation hépatique ou cardiaque (9-11).
Ostéoporose induite par les analogues de la gona-
dolibérine
Les analogues de la gonadolibérine, ou hormone de libération
des gonadotrophines (GnRH), ont une action agoniste para-
doxale sur les hormones gonadotropes hypothalamo-hypo-
physaires FSH et LH. Ils sont principalement utilisés pour le
traitement de l’endométriose et des cancers hormono-dépen-
dants (cancer du sein avec métastases et cancer de la prostate)
(12). Chez la femme, l’action des analogues de la gonadoli-
bérine entraîne une baisse rapide des estrogènes circulants à
des taux de castrats. Chez des femmes traitées pour endomé-
triose, plusieurs études permettent de constater une perte
osseuse trabéculaire d’environ 5 % après six mois de traite-
ment, cette perte étant associée à une modification des mar-
queurs biochimiques du remodelage osseux évoquant une
situation postménopausique. Cette perte osseuse peut être
réversible, avec une récupération parfois partielle après l’ar-
rêt du traitement (12, 13). Chez l’homme, l’effet de ces inhi-
biteurs entraîne une baisse rapide de la testostéronémie se com-
pliquant d’une diminution de la masse osseuse (12, 14).
Plusieurs observations d’ostéoporoses fracturaires sont docu-
mentées chez des hommes traités pour un cancer de la pros-
tate, même si cette complication reste assez rare (15).
Ostéoporose à l’héparine
Une héparinothérapie prolongée pendant plusieurs mois à
fortes doses a été rendue responsable d’ostéoporoses fractu-
raires, notamment vertébrales. Ces accidents osseux ont sur-
tout été décrits initialement chez des femmes enceintes trai-
tées par héparine pour une thrombose, mais également chez
des patients (groupe de médecins américains) traités plus de
trois mois par de fortes doses d’héparine pour une atteinte
coronarienne (16-18). Une perte osseuse a également été
observée chez des patientes enceintes traitées par héparine à
faible dose en raison d’antécédents thromboemboliques iso-
lés ou dans un contexte d’hypercoagulabilité (déficit en pro-
téine C, en protéine S , syndrome des antiphospholipides) (19).
La pathogénie de cette ostéoporose, qui n’est pas constante
(30 à 40 % des patients traités), n’est pas totalement élucidée ;
certaines études ont démontré, in vitro, une augmentation de
la résorption ostéoclastique liée à l’hormone parathyroïdienne
engendrée par l’héparinothérapie. Les héparines de bas poids
moléculaire (HBPM) auraient un effet délétère moindre sur le
métabolisme osseux du rat que l’héparine (20).
Ostéoporose et hormones thyroïdiennes
Les traitements par hormone thyroïdienne visant à bloquer la
croissance des cancers thyroïdiens hormono-dépendants (soit
à une dose suppressive de la production de TSH) provoquent
La Lettre du Rhumatologue - n° 262 - mai 2000
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MISE AU POINT
Figure 1. Fissure horizontale du col fémoral au cours d’une corticothé-
rapie prolongée.