pour le médecin, alors qu’ils peuvent être reçus avec une grande
angoisse par le malade, en fonction de la représentation qu’il s’en
fait ou de sa connaissance subjective de la maladie. Un tel
diagnostic bouleverse sa vie et remet en cause la vision qu’il a
de son existence, de son rapport au monde et à la mort, de ses
projets de vie, de ses liens sociaux et familiaux. La blessure nar-
cissique est toujours au cœur de la mauvaise nouvelle que consti-
tue la maladie ou le handicap, pour soi-même, son enfant, un
proche.
Quelle vérité dire au malade ? Peut-il tout entendre ?
IMM : C’est là une question fort complexe à laquelle on ne peut
donner une réponse unique. De quelle vérité parle-t-on ? De celle
du médecin, du malade, du pronostic, des données statistiques,
d’aujourd’hui ou de demain ? Lorsque l’on a tout dit, a-t-on dit
l’essentiel ? La vérité n’est pas la somme des réalités. La vérité
est celle du malade, de son ressenti, dans toute sa subjectivité. Il
convient de partir de son point de vue, pour s’approcher au plus
près de sa vérité à lui. Si l’information fait partie du soin que le
médecin doit au malade et constitue un devoir inscrit dans le code
de déontologie médicale, le malade a aussi le droit de ne pas vou-
loir savoir.Au médecin de décrypter sa demande, ses besoins, et
d’y répondre pas à pas en fonction de ses ressources, dans une
relation de confiance et de sincérité. Si seule la vérité peut être
dite, jusqu’où aller dans la révélation, comment et à quel rythme ?
Voilà ce qui me paraît constituer la question fondamentale.
Il peut être utile de demander au malade : “Que savez-vous de la
maladie dont vous souffrez, et que souhaiteriez-vous savoir ?”.
Que dire alors à l’entourage ?
IMM : La famille joue souvent un rôle essentiel. Elle est infor-
mée si le malade le souhaite. Il n’est, en effet, pas question de
livrer à la famille des informations auxquelles le malade n’aurait
pas accès (sauf situations pathologiques particulières et spéci-
fiques). Le malade en ressentirait un sentiment d’exclusion qui
renforcerait son isolement et sa souffrance.
En pratique : qu’est-ce qu’il ne faut surtout pas faire ?
I M M :Dans la première partie du livre, un chapitre est consa-
cré à un certain nombre de conduites à tenir pour faciliter le
moment de l’information sur la maladie ou le handicap.
Quelques pistes : choisir un lieu adapté qui permette une
grande disponibilité, dans le bureau du médecin ou la
chambre du malade ; éteindre la télévision ou la radio ; ne
prendre aucune communication téléphonique ; s’asseoir pour
p a r l e r, face à face, sans séparation (par un bureau par
exemple).
Un diagnostic ne devrait jamais être donné par téléphone, par
courrier ou par l’intermédiaire d’un laboratoire.
Par ailleurs, une annonce se prépare. On peut ainsi proposer
au patient de venir avec un proche lors de la remise de résul-
tats, pour deux raisons essentielles : d’une part, le proche
apporte un soutien, un étayage, et, d’autre part, il sera un relais
utile de l’information après la consultation. Souvent le
malade, sidéré par la mauvaise nouvelle, n’entend plus ce qui
lui est dit, expliqué, il ne perçoit plus le sens des mots et des
phrases. Il ne retient pas les paroles mais garde un souvenir
précis de leur musique, du sentiment général de ce moment
douloureux où l’information est “tombée”. L’émotion prend
toute la place. Un proche, présent au cours de cette consul-
tation d’annonce, permettra de reprendre les termes employés
par le médecin et de poursuivre la communication. Une
deuxième consultation avec le praticien est très souhaitable
dans tous les cas.
Je tiens à terminer en disant que l’annonce d’une maladie exige
du temps : du temps à donner au malade pour l’écouter, l’en-
tendre, recevoir ses émotions et y répondre ; du temps pour le
patient afin de dépasser le traumatisme psychique, la blessure
narcissique, faire le deuil de son “être en bonne santé”, “invin-
cible”, de ses projets de vie, de son corps parfois amputé au niveau
d’un organe, et qui s’affiche aux yeux des autres ; du temps pour
V
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Nombre d’exemplaires Total
L’annonce de la maladie (29 e)
Frais de port (3,80 e)
soit un total de e