Soins Libéraux Cancers cutanés Les nouveautés dans la prise en charge Le carcinome basocellulaire (cancers de la peau de l’adulte) est en forte progression en raison de l’augmentation de l’espérance de vie et des expositions solaires répétées. Les cancers basocellulaires et les mélanomes bénéficient de nouvelles approches thérapeutiques. À l’occasion des Journées dermatologiques de Paris ont été présentées de nouvelles approches thérapeutiques des cancers basocellulaires et des mélanomes. Une évolution lente Certes, l’évolution du carcinome basocellulaire (CBC) est lente et essentiellement locale : ce cancer ne métastase pratiquement jamais. Cependant, il existe des formes agressives et récidivantes pouvant conduire à des délabrements importants, en particulier si elles se situent au niveau du visage. La prise en charge des CBC est maintenant mieux codifiée avec la simplification de la classification clinique et histologique et la prise en compte de 3 niveaux de pronostic. Ce qui permet de dégager des formes pronostiques plus claires et d’adopter les approches thérapeutiques appropriées. La chirurgie reste le traitement de première intention, et ses modalités doivent être adaptées au pronostic. Dans les CBC primaires de bon pronostic, on retrouve : la chirurgie avec une marge de 3 à 4 mm, la cryochirurgie ou la radiothérapie en deuxième intention, le curetage-électrocoagulation en troisième intention. Dans les CBC primaires de mauvais pronostic, tous les moyens doivent être mis en œuvre pour guérir le malade lors de la première prise en charge, du fait que toute récidive expose au risque de voir se développer un CBC encore plus agressif sur des zones difficiles à traiter. Cela exige une marge d’exérèse d’au moins 5 à 10 mm et la mise en œuvre de tous les moyens pour contrôler sa qualité, c’est-à-dire la chirurgie en deux temps, voire la chirur- gie micrographique de Mohs. Cette dernière combine l’acte chirurgical avec un examen microscopique en série de la totalité du tissu excisé. Ainsi, le chirurgien peut ré-exciser immédiatement à l’endroit où se trouve la tumeur persistante et demander un nouvel examen histologique. La chirurgie micrographique de Mohs permet les taux de récidive les plus faibles rapportés dans la littérature ; néanmoins, elle nécessite une équipe spécialisée et une bonne coordination. Or, actuellement, seuls quelques centres peuvent proposer cette technique en France, alors qu’elle est de pratique courante dans certains pays comme les États-Unis. Nouveaux traitements D’autres approches thérapeutiques des CBC sont désormais proposées. C’est la cas d’un immunomodulateur topique qui était disponible depuis 1997 dans le traitement des condylomes et qui vient d’obtenir une AMM dans les indications limitées aux lésions multiples et superficielles des CBC. En modifiant la réponse immunitaire et en favorisant la production de cytokine, cette molécule provoque une réaction inflammatoire entraînant la destruction de la lésion. Son utilisation permet dans certaines conditions de ne plus avoir recours à la chirurgie. Autre approche : la photothérapie dynamique, qui permet de traiter à la fois des lésions visibles et des lésions latentes en une seule fois. Elle consiste à appliquer localement un produit photosensibilisant qui est spécifiquement capté par les cellules tumorales, puis à exposer la peau à une lumière particulière. Néanmoins, cette technique n’a pas encore d’AMM en France et doit être validée par des études cliniques en tant qu’alternative à l’application d’azote liquide. Pour le mélanome, les progrès thérapeutiques sont présents, tout comme la mobilisation pour un diagnostic précoce, la meilleure garantie d’un bon pronostic. Des actions de dépistage, comme la “Journée du mélanome” organisée sur toute la France, ainsi que les réseaux de cancérologie cutanée ont été mis en place. Force est de constater que, malgré tous les messages de prévention, l’incidence du mélanome double tous les 10 ans en France (actuellement 7 000 à 8 000 nouveaux cas chaque année), dans les pays d’Europe du Nord et aux ÉtatsUnis. En ce qui concerne la prise en charge, les exérèses de la tumeur primitive se font maintenant moins larges, donc moins mutilantes : on est passé de 4 à 5 centimètres à 2 à 3 centimètres avec d’aussi bons résultats. Quant au ganglion sentinelle positif, il ne semble pas influencer le pronostic du mélanome. Il n’y a pas eu de progrès en chimiothérapie, mis à part, l’interféron retard qui s’est montré efficace comme traitement adjuvant au stade de tumeur primitive et qui fait l’objet d’études en cours. De même, l’utilisation de l’immunomodulateur topique est à l’étude ; son intérêt reste à confirmer dans la mélanose de Dubreuil et au stade métastatique d’un mélanome de petite taille. On assiste aussi au développement de l’immunothérapie cellulaire utilisant des lymphocytes infiltrant la tumeur, des lymphocytes T ou des peptides dendritiques composés des cellules dendritiques que l’on injecte comme un vaccin en souscutané. Enfin, la recherche fondamentale s’est penchée sur les lymphocytes T régulateurs, qui seraient présents dans les métastases du mélanome et bloqueraient la réponse entre lymphocyte T et cellule tumorale. LC Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005 41