Recherche et santé publique Double mastectomie d’Angelina Jolie, un choix forcé ? : Angelina Jolie après la mort de sa tante, décédé du cancer du sein. L’actrice Angelina Jolie, 37 ans, s’est fait amputer des deux seins (double mastectomie), pour prévenir un cancer du sein. L’actrice avait 87% de chance de contracter un cancer du sein, notamment à causes de ses antécédents familiaux. En se faisant opérer, ce risque descendait à 5%. Angelina Joli possède l’allèle muté du gène Brca1 qui augmente dangereusement le risque de développer un cancer du sein. Cette opération est pourtant très lourde, alors comment expliquer son choix ? Le cancer du sein : Tout d’abord, on définit un cancer comme un amas de cellules qui se multiplient de manière anarchique au sein d’un tissu de l’organisme. Un cancer est associé à une tumeur. Il existe deux types de tumeur ; les tumeurs bénignes : ce sont des cellules qui se développent anormalement mais qui restent dans le tissu qui les génèrent. Les tumeurs malignes : ces tumeurs sont capables d’envahir les structures qui lui sont proches et peut s’étendre à distance par le biais de métastases (cellules se détachant de la tumeur originelle pour s’étendre dans d’autre parties du corps) On parle alors de cancers « in situ » pour les tumeurs bénignes, « invasifs » pour les tumeurs malignes. Dans le cas du cancer du sein, ce dernier se développe à partir des cellules canalaires et des lobules de la glande mammaire et peuvent s’étendre jusqu’à l’aisselle. Evolution de l’incidence et de la mortalité par cancer du sein en France : Grâce aux sources de L’INSERM on apprend qu’en 1975, 25 femmes sur 65, atteintes du cancer du sein mouraient. En 2000 25 femmes sur 110 atteintes du même cancer mouraient. Malgré une évolution du nombre de femmes souffrant du cancer du sein, la mortalité n’augmente pas, notamment grâce aux progrès de la médecine. L’augmentation du nombre de femmes souffrant du cancer du sein peut être expliquée par un mode de vie qui s’est progressivement dégradé (tabac, alcool, alimentation trop riche en lipides.) ou en raison d’un dépistage trop tardif. En effet les agents mutagènes (les agents mutagènes sont les facteurs qui augmentent le risque de mutation), augmentent le risque de développer un cancer du sein, un mode de vie sain est donc plus que conseillé. Symbole du dépistage du cancer du sein Certain gènes prédisposent à l’apparition d’un cancer du sein : Deux gènes impliqués dans le cancer du sein sont actuellement identifiés, ils se nomment les gènes BRCA1 et BRCA2 (Abréviation de BReast CAncer qui signifie « cancer du sein » en anglais), ces gènes sont localisés sur les chromosomes 17 et 13. Ils interviennent également dans l’apparition des cancers de l’ovaire. La présence de mutations (Les mutations en modifiant les séquences du gène créent de nouveaux allèles) rend une femme plus susceptible d’être un jour atteinte d’un cancer du sein ou de l’ovaire. En effet BRCA1 et BRACA2 sont des gènes suppresseurs des tumeurs. Quand leurs allèles sont mutés, ils n’assurent plus, ou n’assurent plus que partiellement leurs fonctions. Grâce au logiciel Anagène nous avons pu observer les allèles mutés m2 et m3 du gène BRCA1. L’allèle muté m2 présente une mutation par substitution au numéro 220 de la séquence des nucléotides (De la Thymine à la place de la Cytosine). Cette mutation au numéro 220 de la séquence des nucléotides va entraîner la modification de la protéine crée par l’ARNm transcrit de l’ADN la rendant plus petite que la normale (codon UAA qui est un codon stop, au lieu de GAA, la protéine sera donc plus petite que d’habitude). L’allèle muté m3 présente une mutation par délétion de la Cytosine au numéro 1121 de la séquence des nucléotides. Cette mutation va entraîner encore une fois une protéine plus petite que la normale, de même que dans l’allèle m2, un codon stop sera présent dans la transcription plus tôt que prévu (UAA), la protéine de l’allèle m3 sera donc plus grande que la protéine de l’allèle m2 mais sera tout de même plus petite que la normale. Mutations de BRCA1 et BRCA2 et risques de développer un cancer du sein : Avec le graphique d’après « livret d’information et de dialogue à l’usage des personnes consultant pour un risque familial de cancer du sein et/ou de l’ovaire », on apprend grâce à ce document que les femmes porteuses de la mutation BRCA1 et BRCA2 sont plus atteintes par le cancer du sein que les femmes qui ne possèdent pas la mutation (13% à 40 ans chez les femmes porteuses de la mutation contre 1% des femmes non porteuses de la mutation). Ce chiffre augmente encore plus après la ménopause (50% à 58 ans chez les femmes porteuses de la mutation et 4% chez les femmes non porteuses de la mutation). D’ailleurs le nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein ne fait qu’augmenter avec l’âge, peu importe que les femmes soient porteuses de la mutation ou non. Par contre, les femmes porteuses de la mutation doivent subir des dépistages réguliers après la ménopause car le risque de cancer du sein est très élevé (63% des femmes porteuses de la mutation développent un cancer du sein à 70 ans). Facteurs de risques multiples : Malgré l’évidente importance du facteur génétique, il existe de nombreux autres facteurs qui peuvent jouer un rôle déterminant dans le développement du cancer du sein : une alimentation non équilibrée (excès de viande, de graisses et de calories), tabac, alcool en excès. Il faut donc adopter une bonne hygiène de vie. De plus, une étude américaine suggère que l’allaitement pourrait drastiquement diminuer le risque de cancer du sein chez les femmes dont une parente du premier degré a été touchée par cette maladie (le risque diminuerait de 59%) Source : « Stuebe et coll « Arch Intern Med » août 2009 vol 169 ». Il en découle donc qu’un mode de vie sain pourrait diminuer le risque de développer un cancer du sein. Un choix compréhensible : Le mardi 14 mai 2013, Angelina Jolie dans sa tribune au New-York Times, explique son choix. Ce dernier peut paraître radical, mais il était sûrement nécessaire : elle est porteuse du gène muté BRCA1. Il ne faut pas oublier de considérer que seuls les médecins qui l’ont examinée peuvent dire dans quelle mesure le risque de cancer du sein était élevé. Par conséquent, son cas particulier ne doit surtout pas servir d’exemple aux autres femmes : la double mastectomie est une opération très lourde qui ne doit pas être prise à la légère ; le choc physique et psychologique ne doit pas être sous-estimé. Par contre, son message de soutien et d’information à toutes les femmes est louable, tant il est vrai que toutes les femmes doivent se rendre compte de l’importance du dépistage et du mode de vie sain qu’elles doivent suivre en cas de risque de cancer du sein. Angelina Jolie 3 mois après son opération Boris Guichard