M
me Christine Biou, pharmacien
gérant à l’Institut mutualiste Mont-
souris (établissement PSPH, Paris XIV
e
) a
accepté de se pencher, sans s’épancher,
sur la question des génériques.
Quelle est la place du générique
dans votre pharmacie à usage inté-
rieur ?
Mme Christine Biou : Bien avant que le
droit de substitution soit promulgué,
cette pratique existait déjà dans notre
pharmacie à usage intérieur. Bien
entendu, il nous arrive d’acheter des
génériques, mais pas systématique-
ment. Cela dépend en premier lieu du
rapport qualité/prix et du service du
laboratoire. On entend par “service du
laboratoire” tout le conditionnement du
médicament et la fiabilité des livraisons.
Cela dit, si le prix du princeps est iden-
tique à celui du générique et que le ser-
vice du laboratoire fournisseur du prin-
ceps est correct, on reste sur le princeps.
En 2002, nous détenions 1,5 % de
génériques en nombre d’unités. Le fait
est que les pharmacies hospitalières
négocient depuis longtemps les prix des
molécules princeps en comparaison
avec les génériques, ce qui a conduit
certains laboratoires à infléchir leurs prix.
Comment gérez-vous votre stock ?
Mme C.B. : Dans notre pharmacie, les
génériques sont rangés dans le stock nor-
mal avec les autres médicaments, et clas-
sés par ordre alphabétique. Sur le plan
informatique, il faut changer le nom du
médicament dans notre base de données
et en informer tous les utilisateurs habi-
tuels que sont les préparatrices en phar-
macie, les médecins et les infirmières.
Favorisez-vous l’achat de géné-
riques, notamment pour maîtriser
les dépenses médicales ?
Mme C.B. : Les génériques ont tou-
jours eu leur place dans notre établis-
sement et dans notre pharmacie.
Donc, il n’y a pas lieu de les promou-
voir particulièrement. Il faut savoir
qu’une fois la décision arrêtée d’ache-
ter un générique pour les raisons évo-
quées ci-dessus – rapport qualité/prix
favorable et bon service du labora-
toire – la pharmacie dispensera uni-
quement ce générique.
Comment se déroule l’administra-
tion des génériques pour le person-
nel soignant ?
Mme C.B. : Le personnel soignant,
infirmier en particulier, a l’habitude
des substitutions réalisées par le phar-
macien. Les infirmières sont d’ailleurs
averties de ces changements avant
leur entrée en vigueur et elles peuvent
ensuite expliquer cette substitution
aux patients, si ces derniers le deman-
dent. En général, cela ne pose pas de
problème. Il peut arriver cependant
que le médicament référencé (géné-
rique) ne convienne pas pour le traite-
ment d’un malade donné. À titre
d’exemple, un patient ayant un pro-
blème de déglutition ne peut tolérer le
médicament référencé sous forme
comprimé. Cette contre-indication liée
à la présentation du médicament ne
concerne pas forcément les géné-
riques, puisque, de plus en plus, ils se
présentent sous la même forme galé-
nique que le princeps.
François Cohen
Création du Comité
biotechnologies
A
fin de fédérer les acteurs des
biotechnologies appliquées
au médicament et de favoriser le
développement de ces activités en
France, le Leem (Les entreprises du
médicament) vient de créer le
Comité biotechnologies. Le prési-
dent du Leem rappelle que « l’in-
dustrie du médicament est à la
croisée des chemins. Aujourd’hui,
la problématique est de s’adresser
aux maladies n’ayant pas de solu-
tion thérapeutique satisfaisante ».
En termes de nombre d’entreprises
“biotech”, la France est la troisième
nation européenne après l’Allema-
gne et le Royaume-Uni. Ces entre-
prises sont plus nombreuses en
Europe qu’aux États-Unis. Leurs
équivalentes américaines génèrent
un chiffre d’affaires trois fois supé-
rieur, emploient deux fois plus de
personnel et représentent environ
le double de brevets.
Le comité biotech du Leem s’est
assigné quatre objectifs principaux :
faciliter les échanges entre
acteurs et coordonner les opéra-
tions, études et formations corres-
pondantes ;
permettre un travail commun de
tous les acteurs sur les contraintes
spécifiques liées à l’activité ;
optimiser les spécificités liées à
l’activité de biotechnologie de santé
en France et en Europe ;
valoriser les biotechnologies dans
le paysage français.
Il s’agit de faire émerger de nou-
velles propositions pour permettre
à la France de jouer le rôle auquel
elle peut prétendre.
Au Leem, on rappelle les contrain-
tes très spécifiques de ces médica-
ments biotech, le plus souvent des
médicaments ciblés correspondant
à des populations niches, dont la
production s’avère complexe et
coûteuse. Aujourd’hui, plus d’un
médicament sur trois est issu de la
biotechnologie.
Demain, ils constitueront l’un des
piliers incontournables des théra-
peutiques innovantes.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 53 • mars 2004
Pratique Soins 13
Infos ...
La petite “guerre”
des médicaments
Alors que
les médicaments
génériques
s’imposent dans
les prescriptions,
l’industrie
pharmaceutique
se mobilise pour
la recherche de
médi-
caments innovants.
Ainsi, selon le Leem,
42 situations
cliniques ont
progressé
notablement
au cours de
l’année 2003.
Deux domaines
confirment des
avancées amorcées
ces dernières années :
la cardiologie et la
cancéro-hématologie.
Médicaments génériques
Que fait l’Institut
mutualiste Montsouris ?
« Les médicaments génériques, tout le monde y gagne ».
Slogan, évocateur s’il en est, de la campagne d’information
lancée par le ministre de la Santé début 2003, à destination
des consommateurs et des médecins. Toujours est-il que ce
sont les pharmaciens d’officine ou les hospitaliers qui dis-
pensent les molécules princeps ou génériques.
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