Le Courrier de la Transplantation - Volume I - n o3 - oct.-nov.-déc. 2001
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Revue
de presse
Conclusion. Une amplification génique
virale positive, pour l’adénovirus en
particulier, est prédictive de complica-
tions cardiaques et de perte du greffon
dans les transplantations cardiaques chez
les enfants.
N.B. Sur les 48 PCR positives, les biop-
sies avaient été prescrites dans 22 cas
pour suspicion clinique de rejet de greffe
ou dans le cadre du suivi après un épi-
sode de rejet, et dans 26 cas au cours de
la surveillance de rejet confirmé.
L. Belec
Shirali GS, Ni J, Chinnock RE et al. Association
of viral genome with graft loss in children after
cardiac transplantation. N Engl J Med 2001 ; 344,
20 : 1545-7.
Récepteurs
de chimiokines et rejet
aigu d’allogreffe*
L
es perspectives thérapeutiques
ouvertes par les agents bloquant les
récepteurs de chimiokines nécessitent
dorénavant d’identifier précisément les
chimiokines et les récepteurs impliqués
dans les rejets d’allogreffe chez l’homme.
Le grand nombre de chimiokines et leurs
effets particulièrement pléiotropes (une
chimiokine agissant sur plusieurs récep-
teurs) et redondants (un récepteur ayant
plusieurs ligands) constituent cependant
un frein important à cette entreprise. Des
études chez l’homme suffisamment
exhaustives comme celle de M. Melter et
al. (1), surtout lorsqu’elles permettent
d’identifier clairement des systèmes chi-
miokines-récepteurs étroitement associés
à la survenue des rejets aigus d’allogreffe
de cœur, sont donc très attendues. Cette
étude est centrée sur 4 récepteurs (CCR1,
CCR3, CCR5 et CXCR3) et 7 ligands
(éotaxine, IP-10, lymphotactine, MCP-1,
Mig, RANTES, SDF-1) impliqués dans
le recrutement des lymphocytes T. L’ana-
lyse immunohistochimique de biopsies
endomyocardiques de 162 patients
(105 normales, 57 avec rejet) a montré
que l’infiltrat lymphocytaire T est statis-
tiquement lié, dans l’ordre décroissant de
leur odds-ratio (OR), à l’expression des
récepteurs CXCR3, CCR1, CCR5 et
CCR3 sur les cellules infiltrant le gref-
fon, mais que seule l’expression de
CXCR3 (récepteur de Mig et IP-10) est
associée au rejet (OR 4,05). L’étude lon-
gitudinale des biopsies de 7 patients
montre la contemporanéité entre infiltrat
et cellules exprimant CXCR3, et suggère
une association très étroite entre infiltrat
de cellules CXCR3+ dans les 6 mois qui
suivent la greffe et artériopathie du trans-
plant. L’analyse par RT-PCR (malheu-
reusement non quantitative) des chimio-
kines produites dans la biopsie (24
normales et 9 avec rejet) a montré que
seuls les transcrits de RANTES (ligand
de CCR1, de CCR3 et de CCR5) et ceux
d’IP-10 (ligand de CXCR3) sont associés
au rejet (OR respectivement de 7,88 et
19,43). Le transcrit de Mig (l’autre ligand
de CXCR3) n’a pratiquement pas été
détecté. Il ressort donc de cette étude que
le couple IP-10/CXCR3 pourrait consti-
tuer une très bonne cible thérapeutique,
ce qui est conforté par les résultats expé-
rimentaux utilisant des souris receveuses
déficientes en CXCR3 (2) et des souris
donneuses déficientes en IP-10 (3). Les
résultats suggèrent que le blocage de
RANTES pourrait également s’avérer
utile, même si l’approche thérapeutique
se trouve limitée par le fait qu’aucun de
ses trois principaux récepteurs ne paraît
jouer ici un rôle prédominant dans le rejet
aigu d’allogreffe cardiaque.
H. Watier
1. Melter M, Exeni A, Reinders ME et al.
Expression of the chemokine receptor CXCR3 and
its ligand IP-10 during human cardiac allograft
rejection. Circulation 2001 ; 104 : 2558-64.
2.Hancock WW, Lu B, Gao W et al. Requirement of
the chemokine receptor CXCR3 for acute allograft
rejection. J Exp Med 2000 ; 192 : 1515-20.
3. Hancock WW, Gao W, Csizmadia V, Faia KL,
Shemmeri N, Luster AD. Donor-derived IP-10
initiates development of acute allograft rejection.
J Exp Med 2001 ; 193 : 975-80.
L’ischémie-reperfusion
provoque la fixation
endothéliale
de mannose-binding
lectin (MBL) et l’activation
du complément : nouvelles
pistes thérapeutiques
D
eux publications de la même équipe
viennent de montrer que le stress
oxydatif endothélial induit par l’isché-
mie-reperfusion provoque l’activation
du complément par une voie encore peu
connue, dite voie des lectines (1), et que
cette activation est due à l’expression
membranaire de cytokératine (2). L’ini-
tiateur de la voie des lectines est une
collectine circulante, la mannose-bin-
ding lectin (MBL), qui se fixe très
bien sur des résidus polymannosyles
appelés mannanes que l’on trouve sur
les levures, d’où le nom qu’elle porte
parfois de mannan-binding protein (3).
Une fois fixée, cette lectine active les
protéases à sérine MASP1 puis MASP2,
qui à son tour clive C4puis C2pour for-
mer le complexe C4b2a, ou C3conver-
tase classique. La voie des lectines est
parallèle à la voie classique d’activation
du complément, MBL étant l’équivalent
de C1q, et MASP1 et MASP2 les équi-
valents de C1r et C1s. À partir du C4b2a,
la voie classique et la voie des lectines
se confondent (3). Partant de l’observa-
tion que des cellules endothéliales
ombilicales soumises à l’hypoxie pen-
dant 24 heures (1 % O2) puis réoxygé-
nées pendant 3 heures (21 % O2) en
présence de 30 % de sérum humain
activent le complément par une voie
dépendante de C2,sans qu’il y ait fixa-
tion d’IgM, d’IgG ou de C1q, l’impli-
cation de la voie des lectines a été sus-
pectée. La preuve en a été apportée
en montrant l’inhibition in vitro de
cette activation par de fortes concentra-
tions de N-acétylglucosamine ou de
mannose, ou par des anticorps bloquant
la MBL (1). La MBL et le C3se fixent
également in vivo sur l’endothélium
coronarien lorsque les cœurs de rats
sont soumis à une ischémie-reperfusion,
mais pas à une simple ischémie (1).
Restait à identifier ce qui induisait la
fixation de MBL sur l’endothélium
*Suite de la revue de presse parue dans le n° 2
du Courrier de la Transplantation.