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progrès en
Progrès en prévention
une augmentation du nombre de récepteurs
nicotiniques.
Aspects pharmacologiques
Sur le plan pharmacocinétique, l’absorption de
nicotine est très rapide lorsque la cigarette est
fumée. Elle aboutit à l’obtention de taux de 50
à 100 µg/l au niveau artériel après la fin de
l’inhalation de la fumée de cigarette. Les taux
veineux sont beaucoup plus faibles du fait
d’une incorporation rapide de nicotine dans les
tissus avant le passage dans le secteur veineux.
Les sites de stockage sont surtout représentés
par le cerveau (où le passage extrêmement
rapide est responsable des effets sur les sys-
tèmes dits de récompense), le cœur et les pou-
mons ainsi que les muscles. En revanche, il y a
peu de fixation dans le tissu adipeux du fait du
caractère polaire de la molécule de nicotine.
Celle-ci est surtout métabolisée en cotinine,
mais elle subit également une glycuroconju-
gaison et une N-oxydation. La cotinine est un
métabolite stable avec une demi-vie beaucoup
plus longue que celle de la nicotine (16 heures
contre 2 heures) ce qui explique son intérêt,
comme marqueur de l’exposition à la nicotine,
son dosage permettant d’estimer la consom-
mation tabagique des 2 ou 3 jours précédents.
L’absorption de nicotine à partir des substi-
tuts nicotiniques, quelle qu’en soit la forme,
(voie transcutanée par patch ou transmu-
queuse [gomme, comprimé sublingual,
inhaleur ou spray nasal]) est lente et étalée
dans le temps avec un taux de nicotinémie
généralement inférieur d’au moins 50 % à
celui obtenu avec l’utilisation des cigarettes.
Avec la gomme à mâcher, l’élévation des
concentrations, variable d’un individu à
l’autre et en particulier liée au mode de mas-
tication, aboutit à un plateau après environ 30
minutes, s’y maintient pendant environ 2 heu-
res avant de diminuer progressivement.
Modalités d’utilisation de la nicotine
Les deux principaux moyens de substitution
disponibles sont représentés par la gomme à
mâcher et les dispositifs transdermiques.
Quelle que soit sa forme, l’absorption est pro-
gressive, sans obtention des nicotinémies
observées chez le fumeur, c’est-à-dire sans
obtenir d’effet stimulant mais une nicotinémie
suffisante pour éviter les signes de “sevrage”.
La gomme à mâcher correspond à une résine
échangeuse d’ions sur laquelle est fixée la
nicotine. La gomme de 2 mg est recommandée
pour les fumeurs “moyennement” dépendants,
alors que la gomme à 4 mg convient aux
fumeurs plus fortement dépendants. En début
de sevrage, il faut utiliser régulièrement les
gommes tout au long de la journée, 8 à 12 par
jour (sans dépasser 60 mg/j) puis au bout d’un
mois 5 à 6 par jour puis en temps variable
selon le fumeur 2 à 3 par jour. L’arrêt peut alors
être envisagé. En règle générale, la durée du
traitement ne doit pas excéder 6 mois. Le
fumeur doit mâcher une gomme chaque fois
qu’il ressent le besoin de fumer une cigarette.
La gomme doit être mâchée puis placée contre
la muqueuse jugale pendant environ 10 mi-
nutes, temps nécessaire pour qu’elle se ramol-
lisse et que le passage transmuqueux de la
nicotine devienne possible. Il est ensuite
conseillé au fumeur de mâcher très lentement
la gomme pendant une vingtaine de minutes,
ce qui permet la libération de presque la totali-
té de la nicotine présente dans la gomme.
Le dispositif transdermique, quant à lui, per-
met un apport plus régulier, stable dans la jour-
née. Il est devenu le mode de substitution de
référence. Il libère une quantité contrôlée de
nicotine de l’ordre de 1 mg par heure. Trois
types de patchs sont disponibles : 10, 20 et
30 cm2délivrant respectivement 5, 10 ou 15 mg
de nicotine sur 16 heures et 7, 14 et 21 mg sur
24 heures. Pour un fumeur à forte dépendance,
il est recommandé l’application d’un dispositif
de 30 cm2pendant 16 heures, placé le matin et
retiré le soir. Lorsque l’envie de fumer est sur-
montée, la réduction progressive des doses est
possible : 20 cm2pendant 16 h sur 2 à 4 semai-
nes puis 10 cm2pendant 16 heures sur égale-
ment 2 à 4 semaines. La durée recommandée
de ce traitement est de 3 mois (ne pas dépasser
6 mois).
Les effets indésirables locaux les plus fré-
quents du timbre sont l’érythème et le prurit
au point d’application, plus rarement une
réaction œdémateuse ou une sensation de
brûlure. Le patch appliqué 24 heures présente
l’avantage d’éviter le faible taux sanguin de
nicotine au réveil. La possibilité de dépen-
dance au patch est très faible et il n’y a pas
de rapport d’usage prolongé.
Les fumeurs peuvent avoir une préférence
pour une méthode de substitution pour favo-
riser la motivation et augmenter les chances
de réussite. D’où les tentatives pour déve-
lopper d’autres modes d’administration de
la nicotine. Ces autres modalités de substitu-
tion sont représentées par les comprimés
sublinguaux ainsi que par le spray nasal et
l’inhalateur (ces deux formes sont dispo-
nibles dans certains pays).
Efficacité de la nicotine
La substitution nicotinique permet le rempla-
cement de la nicotine apportée par la cigarette
et permet le sevrage chez le fumeur nicotino-
dépendant sans qu’apparaissent les symp-
tômes désagréables du sevrage (3). Il est bien
recommandé que le fumeur interrompe com-
plètement sa consommation tabagique dès le
début du traitement. Une simple réduction du
nombre de cigarettes est insuffisante pour que
la substitution nicotinique soit efficace. Ainsi
est rendue possible une désaccoutumance pro-
gressive qui sera obtenue par une baisse régu-
lière des doses de nicotine.
Les principes de base de la substitution nico-
tinique sont :
– la démonstration d’une dépendance à la
nicotine (évaluée à l’aide de différents tests,
dont le plus utilisé est le test de Fagerström (les
fumeurs qui ont les scores de dépendance les
plus élevés sont a priori ceux qui sont le plus
susceptibles de bénéficier de la substitution) ;
– le choix de la dose initiale, surtout de
façon à éviter le sous-dosage (le dosage de
la cotinine dans les urines peut aider à préci-
ser les besoins en nicotine). Un fumeur
“moyen” absorbe 20 à 40 mg par jour.
Dans une revue systématique de la banque
de données Cochrane (5) ont été évalués un
grand nombre d’essais randomisés mesurant
le bénéfice de la substitution nicotinique (49
essais avec la gomme à mâcher, 32 avec les
patchs transdermiques, 4 avec l’administra-
tion intranasale, 4 avec une forme inhalée et
2 avec des comprimés sublinguaux). Dans
tous ces essais, la supplémentation nicoti-
nique a donné un bénéfice supérieur à celui
du placebo. Lorsque les taux d’abstinence
étaient évalués à partir de tous les essais, le
pourcentage d’argumentation du sevrage
était majoré de 72 % sous substitution par
rapport au placebo. Dix-sept pour cent de