Ostéopathies fragilisantes, risque fracturaire et intervention thérapeutique : la densitométrie osseuse

Ostéopathies fragilisantes, risque fracturaire
et intervention thérapeutique : la densitométrie osseuse
par rayons X reste-t-elle la méthode de référence ?
IP P.O. Kotzki*
que des milliers d’appareils sont exploi-
tés de part le monde. Et pourtant, les
ultrasons nont pas su s’imposer. En effet,
il nexiste pas de stratégie d’utilisation
claire en pratique clinique. Cela s’expli-
que par l’hétérogénéité des techniques
proposées, le caractère exclusivement
périphérique des mesures (calcanéum),
les corrélations imparfaites avec les
mesures de densité osseuse en DXA et
la difficulté à appliquer les seuils de défi-
nition OMS de l’ostéoporose.
Certains proposent cependant d’inclure
ces méthodes dans le dépistage des sujets
âgés à haut risque. En effet, dans cette
population, l’évaluation par DXA est
souvent difficile à interpréter (arthrose
rachidienne, antécédents chirurgicaux
au niveau de la hanche…) et le suivi den-
sitométrique nest pas crucial.
Par ailleurs, le problème du suivi reste le
point faible des techniques ultrasonores
du fait dune reproductibiliinsuffisante
en regard des modifications de mesures
attendues, alors que les mesures DXA per-
mettent un suivi utile à la prise en charge
trapeutique des patient(e)s. Une méta-
analyse cente (2) conclut que les mesures
par ultrasons au calcanéum ne permettent
pas de confirmer ou dexclure avec certi-
tude une ostéoporose densitométrique et
que de nouvelles études sont nécessaires
avant d’en recommander l’usage.
Formation et contrôle de qualité
Malgré tout, la DXA ne doit pas se reposer
sur ces lauriers, car mal utilisée elle peut
conduire à des prises de décisions inop-
portunes. C’est tout le sens des évolutions
technologiques des dernières années avec
lapparition de systèmes de mesure dont
la reproductibilité est devenue le critère
de quali fondamental. Cela passe à la
fois par une amélioration de lasolu-
tion spatiale, notamment par lutilisation
de multi-détecteurs, et par le développe-
ment doutils logiciels robustes. Notons,
cependant, que toute évolution logicielle
proposée par un constructeur ne doit en
aucun cas alrer la comparaison avec les
mesures anrieures.
La formation des utilisateurs et le contrôle
de qualité des appareils constituent deux
autres piliers pour que la DXA demeure la
thode de référence. À ce titre, le GRIO
a toujours joué un rôle pionnier, en ini-
tiant de nombreuses actions de formation
et en proposant le contrôle de qualité obli-
gatoire des appareils. Ce nest quà ce prix
que le remboursement de l’examen qui
prend en compte cette évolution dans sa
qualitechnique et la justesse de ses indi-
cations – a un sens.
Référence pour la densité mais pas
d’information sur l’architecture
La DXA est à ce jour la thode de fé-
rence en termes d’évaluation de la densité
osseuse. Mais l’ostéoporose ne peut se
limiter à une simple finition densitomé-
trique. La DXA napporte aucune infor-
mation sur l’architecture osseuse. Dans ce
domaine, aucune thode ne peut encore
être proposée en routine. Les techniques
ultrasonores, longtemps porteuses d’es-
poir dans ce domaine nont toujours pas
convaincu. Quant aux méthodes d’éva-
luation de l’architecture ou de la texture
osseuse fondée sur l’analyse (analyse frac-
tale, etc.) de clics radiologiques, scanner
haute solution ou IRM, elles restent à
létat de recherche bien que lon entre-
voit sormais certains développements
cliniques, au niveau du calcanéum, et de
lavant-bras en particulier. n
RéféRences bibliogRaphiques
1. Cameron JR, Sorenson J. Measurement of bone
mineral in vivo: an improved method. Science
1963;11,142:230-2.
2. Nayak S, Olkin I, Liu H et al. Meta-analysis: accuracy
of quantitative ultrasound for identifying patients with
osteoporosis. Ann Intern Med 2006;144(11):832-41.
P
lus de quarante ans après la mise
au point du premier appareil (1) et
quinze ans après la conférence de
consensus de l’OMS (Hong Kong, 1993)
établissant la définition densitométrique
de l’ostéoporose, la densitométrie osseuse
par rayons X ou absorptiométrie biphoto-
nique par rayons X (DXA) a-t-elle encore
sa place ? Cette question, que certains
pourraient trouver provocatrice tant cette
technique est diffusée, rite dêtre posée
du fait de l’apparition de nouvelles techni-
ques d’évaluation du tissu osseux comme les
ultrasons, le scanner X, l’IRM ou les tech-
niques d’analyse de larchitecture osseuse.
À la vérité, la réponse à la question ne
fait pas de doute, la DXA reste la tech-
nique de référence. Passons en effet en
revue les techniques concurrentes :
Les différentes méthodes fondées sur
l’imagerie radiologique convention-
nelle, comme la photodensitométrie ou la
radiogramétrie, n’ont pas fait leur preuve,
notamment pour le squelette axial.
Le scanner X, longtemps en concur-
rence avec l’absorptiométrie biphoto-
nique, reste d’un usage limité même s’il
permet seul de séparer os trabéculaire
et cortical. Il est handicapé par son coût,
son irradiation non gligeable et sa
calibration parfois délicate, et actuelle-
ment très peu d’appareils en service per-
mettent de réaliser ce type de mesure.
Les travaux portant sur la quantifica-
tion osseuse en IRM restent quant à eux
encore embryonnaires que se soit par
spectro-IRM ou IRM paramétrique.
Les techniques par ultrasons jouent
depuis des années un rôle incontesta-
ble d’outsider et nombreuses sont les
publications qui soulignent leur intérêt
dans l’évaluation du risque fracturaire.
Un grand nombre de pays ont intégré
les techniques ultrasonores dans leur
schéma diagnostique, à telle enseigne
* Service de médecine nucléaire, centre hospitalier Gaston-
Domergue, 5, rue Hoche 30000 Nîmes.
http://www.grio.org
Rubrique coordonnée par T. Thomas, Saint-Étienne
La Lettre du Gynécologue - n° 326 - novembre 2007
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