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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 5, septembre/octobre 2005
Rubrique coordonnée par T.Thomas, Saint-Étienne
http://www.grio.org
Les ultrasons ne font plus beaucoup de bruit
L
es ultrasons sont utilisés depuis de nom-
breuses années pour tester la solidité
des matériaux dans le domaine industriel.
Compte tenu de leur intérêt dans ce domaine,
leur utilisation au cours des fragilités os-
seuses est apparue intéressante. Les pre-
mières études sur le sujet datent du début
des années 1980.
Malgré une augmentation conséquente du
nombre de publications relatives aux mesures
ultrasonores osseuses (MUS) dans le cadre
de l’étude des fragilités osseuses, leur uti-
lisation en pratique clinique se heurte à un
certain nombre de problèmes que nous
allons tenter de lister.
Les paramètres mesurés en pratique sont
représentés par le coefficient d’atténuation :
BUA (Broadband Ultrasound Attenuation),
la vitesse de traversée des ultrasons à tra-
vers le tissu osseux : SOS (Speed of Sound)
et, le plus souvent, par un paramètre com-
posite obtenu à partir des deux derniers.
Celui-ci est dénommé stiffnesssur l’Achilles®
(Lunar) et QUI (Quantitative Ultrasound
Index) sur l’appareil Sahara®(Hologic).
Plusieurs études longitudinales ont apporté
la preuve de l’intérêt des MUS dans l’évalua-
tion du risque fracturaire chez des femmes
ménopausées. Dans ces circonstances, toute
diminution d’un écart-type des paramètres
ultrasonores conduit à une multiplication
du risque de fracture de hanche par deux.
Les résultats apparaissent ainsi tout à fait
superposables par rapport à la densitomé-
trie osseuse mesurée par absorptiométrie
biphotonique aux rayons X (DXA). En
revanche, il n’est pas certain que la prise
en compte simultanée des paramètres ultra-
sonores et densitométriques soit à l’origine
d’une meilleure prédiction du risque frac-
turaire. En ce qui concerne le risque des
autres fractures périphériques et bien que
les données soient moins nombreuses, les
résultats apparaissent tout à fait convain-
cants. Ainsi, dans ces circonstances, toute
diminution d’un écart-type des paramètres
ultrasonores augmente d’environ 50 % le
risque de fractures périphériques. Enfin,
pour les fractures vertébrales, les études sont
essentiellement transversales, mais concluent
également à l’intérêt des MUS.
Beaucoup d’appareils sont actuellement
disponibles ; la question est donc de savoir
si tous ont la même capacité discriminante
vis-à-vis de l’ostéoporose. La majorité des
études ont été réalisées au talon, et c’est cer-
tainement pour ce site que les données sont
les plus convaincantes. Un appareil permet-
tant une mesure de différents paramètres
aux phalanges (DBM Sonic, IGEA) apporte
également des résultats intéressants, et une
étude transversale récente montre une capa-
cité discriminante vis-à-vis du risque de frac-
tures vertébrales, identique par rapport aux
autres appareils.
Plus récemment, les MUS ont été évaluées
dans d’autres populations, et notamment au
cours de l’ostéoporose masculine. Les don-
nées étaient jusqu’à présent essentiellement
transversales et dans toutes les études, il
n’a pas été effectué de façon concomitante
une mesure en DXA, de telle sorte qu’il
était difficile de comparer l’intérêt respec-
tif des mesures ultrasonores et de densito-
métrie osseuse. Deux études longitudinales
récentes (l’une européenne et l’autre amé-
ricaine) font état de résultats concordants.
Ainsi, dans l’étude européenne, toute dimi-
nution d’un écart-type du BUA conduisait
à une augmentation du risque fracturaire
de 1,87. L’augmentation était de 1,65 pour
le SOS. Dans la cohorte américaine
(Mr. Os), toute diminution d’un écart-type
du BUA conduisait à une augmentation du
risque de fracture de hanche de 1,97. L’aug-
mentation du risque était de 1,65 pour l’en-
semble des fractures non vertébrales.
Bien que les données soient moins nom-
breuses, les mesures ultrasonores osseuses
ont également fait la preuve de leur intérêt
dans le cadre de l’évaluation du risque
fracturaire au cours de l’ostéoporose
cortico-induite. Dans ce domaine, il s’agit
cependant essentiellement de données
transversales. De façon anecdotique, les
mesures ultrasonores sont également appa-
rues utiles pour évaluer le retentissement
osseux de certaines endocrinopathies, et
tout particulièrement de la maladie de
Cushing, ainsi que de l’hyperparathyroïdie
primitive. Dans ces circonstances, la sensi-
bilité apparaît cependant moindre compa-
rativement à la densitométrie osseuse.
Les nouveaux appareils apportent la pos-
sibilité d’obtention d’une image paramé-
trique du BUA, ce qui permet une amélio-
ration de la reproductibilité ; néanmoins, il
n’est pas certain que cela soit à l’origine
d’une augmentation de la prédiction du
risque fracturaire. Une autre innovation
concerne sur certains appareils la possibi-
lité de mesure du rayon réfléchi : BUB
(Broadband Ultrasound Backscatter). D’un
point de vue théorique, ce paramètre est
intéressant et pourrait être le reflet de la
microarchitecture osseuse. En effet, les
données initiales suggérant que les MUS
pourraient apporter des informations sur la
microarchitecture osseuse ne semblent pas
se confirmer, tout du moins avec les appa-
reils fonctionnant selon le mode habituel,
c’est-à-dire en transmission. En effet, les
quelques études effectuées en un même site
avec une mesure concomitante des para-
mètres ultrasonores classiques ainsi que les
paramètres microarchitecturaux montrent
que la prise en compte simultanée de la
microarchitecture osseuse et de la densité
minérale osseuse n’augmente que d’envi-
ron 10 % l’explication de la variabilité des
paramètres ultrasonores. En ce qui concerne
la mesure du BUB, les données in vivo ap-
paraissent décevantes. En effet, les quelques
études effectuées sur le sujet indiquent que
la capacité discriminante du BUB vis-à-vis
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de l’ostéoporose n’est pas meilleure (et
pourrait même être inférieure) par rapport
aux mesures ultrasonores classiques (BUA
et SOS).
Alors que nous disposons d’une définition
opérationnelle de l’ostéoporose fondée sur
le résultat de la densitométrie osseuse depuis
une dizaine d’années, celle-ci n’existe pas
pour les paramètres ultrasonores, et ce pour
de nombreuses raisons. La première est
qu’une telle définition ne serait vraisem-
blablement pas la même en fonction de
l’appareil considéré. D’autre part, le calca-
néum (site le plus souvent utilisé) est un site
globalement peu sensible aux changements.
Enfin, les moyennes par tranche d’âge des
mesures ultrasonores osseuses au calcanéum
sont dotées d’un écart-type important.
Une des stratégies actuellement dévelop-
pées consisterait à utiliser les mesures
ultrasonores osseuses afin de sélectionner
au mieux les patients devant bénéficier
d’une densitométrie osseuse. Peu de don-
nées sont disponibles sur le sujet, et les
quelques études effectuées en termes de
rapport coût/bénéfice sont pour l’heure
décevantes.
La dernière question concerne l’intérêt des
mesures ultrasonores dans le cadre du suivi
thérapeutique. Ce dernier nécessite de
prendre en compte la sensibilité au chan-
gement du site considéré et la reproducti-
bilité de la méthode. Ces deux éléments, du
moins en ce qui concerne le calcanéum,
rendent théoriquement impossible l’utilisa-
tion des mesures ultrasonores osseuses pour
le suivi thérapeutique. Néanmoins, quelques
études ont été réalisées sur le sujet et mon-
trent des changements pertinents (mais tou-
jours de moindre ampleur par rapport à la
densitométrie osseuse) en ce qui concerne
le BUA et le stiffness.
Conclusion
Les mesures ultrasonores osseuses ont fait
la preuve de leur intérêt en termes de pré-
diction du risque fracturaire, et, de ce point
de vue, les données sont tout à fait superpo-
sables à celles obtenues en densitométrie
osseuse. Le problème principal tient à l’ab-
sence de définition de l’ostéoporose fon-
dée sur le résultat des mesures ultrasonores
osseuses. Les développements actuels con-
cernent l’utilisation des ultrasons en tant que
test du dépistage dans de très larges cohortes
afin de sélectionner les patients devant
bénéficier d’une densitométrie osseuse.
Ces stratégies ne sont cependant pas encore
validées.
B. Cortet,
Fédération de l’appareil locomoteur,
service de rhumatologie,
CHU de Lille.
1re Semaine nationale
de la thyroïde
Le Club thyroïde et la Société fran-
çaise d’endocrinologie ont organisé,
avec le parrainage de l’Académie
nationale de médecine, une Semaine
nationale d’information du grand
public sur la thyroïde (3-9 octobre
2005). L’objectif est de favoriser le
dialogue entre les médecins traitants
et le grand public sur les pathologies
de la thyroïde. Il s’agit d’informer
les Français sur le rôle essentiel de
cette glande.
Cette petite glande de 6 cm en forme
de papillon, située à la base du cou,
est au cœur de l’actualité avec les
données de l’étude SU.VI.MAX, qui
apportent un éclairage plus précis
sur l’épidémiologie en France des
pathologies de la thyroïde.
Certains groupes semblent plus
exposés, comme les femmes
enceintes et les sujets ayant un
risque cardiovasculaire, mais toute
la population peut être concernée
(hommes, femmes et enfants). La
fréquence des anomalies augmente
avec l’âge. L’hypothyroïdie est plus
fréquente que l’hyperthyroïdie.
L’iode est un constituant essentiel
des hormones thyroïdiennes. Depuis
plusieurs années, on constate un
déficit modéré en iode de la popula-
tion française adulte, avec un risque
croissant de carence d’Ouest en Est.
La source naturelle de nos apports
en iode est l’alimentation (huîtres,
coquillages, poissons, produits lai-
tiers). Le sel, même marin, perd
rapidement son iode, car ce dernier
est volatile. Actuellement, seul le sel
de table peut être enrichi en iode.
Cependant, sa consommation étant
limitée, il est également envisagé
d’enrichir le pain.
Au cours de cette semaine, des
conférences ont été organisées, des
brochures ont été mises à la disposi-
tion des patients dans les cabinets
médicaux et les pharmacies, et un
site web a été ouvert. Des actions
spécifiques se sont déroulées paral-
lèlement dans toutes les grandes
villes de France. MP
Nouvelles
de l’industrie
Communiqués publicitaires des conférences
de presse, symposiums, manifestations,
organisés par l’industrie pharmaceutique
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