La revue Sport, Santé et
Préparation Physique
connaît un succès
grandissant. C'est donc
la preuve que les sujets que
nous avons choisi de traiter
et la forme retenue trouvent
un écho favorable auprès
des entraîneurs. Le pari
n'était pourtant pas gagné
d'avance tant le milieu
sportif fonctionne sur des
habitudes et des certitudes
solidement ancrées. Mais
en sport comme ailleurs,
la recherche permet de faire
évoluer les connaissances,
la quête d'une plus grande
efficacité en direction de
la préparation des athlètes
de haut niveau amène les
entraîneurs à reconsidérer
leur pratique.
L'entraînement, la formation
d'un sportif ne peut pas être
une reproduction plus ou
moins améliorée de ce que
l'on a vécu quelques années
auparavant. Il faut accepter
l'idée que l'on a fait, que l'on
nous a fait faire des erreurs.
Bref, il semble aujourd'hui
difficile de s'improviser
entraîneur sur la seule base
de son expérience. Plus
encore que la formation
initiale, la formation continue
doit inscrire chaque cadre
sportif dans une logique
d'ouverture, de curiosité et
d'innovation. Pour cela, nous
pensons que la vulgarisation,
la diffusion et l'échange
de connaissances jouent
un rôle capital. Pour initier
la démarche, nous avons
même pris le parti d'amener
les connaissances vers les
entraîneurs. Ainsi, nombreux
sont ceux qui roivent
directement cette revue. Si
ce n'est pas encore le cas, il
vous suffit de nous retourner
le coupon situé en dernière
page. De plus, pour faire
face à l'élargissement de
la demande, nous vous
proposons de renforcer la
diffusion de cette revue par
une mise en ligne sur le site
de l'Université. Ainsi, chacun
pourra trouver l'ensemble
des numéros de SSPP ainsi
que les lettres électroniques
qui constituent un
complément d’informations et
de connaissances substantiel.
Vous pouvez consulter
nos lettres électroniques sur :
http://www.
univ-paris12.fr/staps.sspp
Thierry MAQUET
Professeur agrégé d’EPS
Université Paris XII
Val-de-Marne
Pilote du projet
Pour nous contacter :
01 43 99 73 92
Service départemental
des Sports
Conseil général
du Val-de-Marne
2, rue Tirard • 94000 CRETEIL
Edition :
Direction de la communication
Conseil général du Val-de-Marne
Maquette : Médiris et Spirale
Impression : Grenier
Crédit photos : CG94
© Christian PETIT
Edito
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3
L’OS
et la fasciathérapie
Données physiologiques actuelles
L’os en fasciathérapie
VITESSE - VÉLOCITÉ -
VIVACITÉ
Les trois expressions de la vitesse
comme qualité physique
Approche méthodologique de la vitesse
contenus, mise en œuvre, programmation
Principe de fraîcheur physique préalable
Principe d’échauffement spécifique
Principe de calibrage des efforts
Principe de compacité de séance
Principe d’activation avant match
INDICATEURS
de l’impact énergétique
des exercices à l’entraînement
Le travail anaérobie alactique
Le travail anaérobie lactique
Le travail aérobie
MUSCLES AGONISTE
ET ANTAGONISTE
un duo inséparable
Fonctionnement d’un couple agoniste-antagoniste
lors du mouvement sportif
Couple agoniste-antagoniste et prévention
des blessures
Couple agoniste-antagoniste et efficacité technique
Couple agoniste-antagoniste et étirements
P. 1 0
P. 8
P. 6
P. 4
Sommaire
Sommaire
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Données
physiologiques
actuelles :
L'os constitue la charpente,
le squelette de l'homme
grâce à sa consistance dure
et solide, et s'il n'existait
pas, nous serions, sous
l'effet de la pesanteur,
qu'un amas de structure
molle. Au-delà de ce rôle
de soutien, il assure
la protection des organes
vitaux : le crâne protège
le cerveau, le thorax abrite
les poumons et le cœur, la
colonne vertébrale protège
la moelle épinière et le
bassin, les organes génitaux.
A cela s'ajoute un rôle
biologique majeur car l'os
participe d'une part, à
la formation des globules
sanguins (rouges et blancs),
et d'autre part au
métabolisme du calcium et
du phosphore (dont il
contient respectivement 99 %
et 90 % de la teneur totale
du corps), indispensable au
bon équilibre des fonctions
organiques et de la
contraction musculaire. Enfin,
l'os est un amortisseur de
contraintes ; « la souplesse
élastique de l'os est minime
mais ô combien performante,
puisque adaptée à tous les
terrains. L'os apparemment
dur est en réalité un
amortisseur dynamique de
la plus haute importance.
Chacun de ses composants
intervient dans l'absorption
de l'ensemble des
contraintes ».(1)
En effet, le tissu osseux est
une forme différenciée de
tissu conjonctif(2). Il est
composé à 50 % d'eau et
50 % de matières solides.
Ces dernières sont aux
2/3 minérales (calcium qui
assure la rigidité de l'os), et
1/3 organiques (les cellules
osseuses qui assurent
l'élasticité de l'os) (figure 1).
Ainsi, l'os est, comme
le béton armé, un matériau
composite.Son ciment, ce
qui le rend rigide, ce sont
ses cristaux minéraux. Son
fer à béton, c'est-à-dire
le principe de son élasticité,
est sa partie organique.
Afin de s'adapter aux
diverses contraintes qui
s'exercent sur lui, l'os
est une structure qui se
renouvelle en permanence
et ce, tout au long de la vie.
Ce renouvellement combinant
la production de nouveau
tissu osseux et la destruction
du tissu ancien, permet de
modifier sa dureté et son
agencement interne.
Indispensable à ces différentes
fonctions, la vascularisation
de l'os est primordiale.
«Toute la circulation
sanguine intra-osseuse
© Jean MOULIN
S'il est vrai que les structures telles que les muscles,
les tendons, les articulations, font partie des préoccupations
du sportif, l'os semble le grand oublié, l'élément du corps
auquel on ne porte aucune attention particulière,
certainement du fait de son apparente inaccessibilité.
4
et lafasciathérapie
Isabelle ESCHALIER
Fasciathérapeute
Paris
L’os
OS = MATÉRIAU COMPOSITE
OS = AMORTISSEUR DE CONTRAINTES
MATIÈRES SOLIDES 50 % EAU 50 %
Périoste os compact système liquidien
2/3 minérales (calcium)
Ces éléments s'agencent pour former la structure osseuse qui
comporte :
1. Une structure périostée, membrane faite de tissu fibreux et
élastique, qui enveloppe l'os (en dehors des surfaces articulaires) et
prolonge le système musculo-tendineux. Très richement innervé et
vascularisé, le périoste est une structure sensible qui réagit aux
contraintes en les absorbant et les répartissant. Ce tissu conjonctif
absorbe les contraintes en traction, glissement et coaptation
imposées par les contractions musculaires.
2. Une structure d'os compact,très dense, organisée en travées
osseuses, elle absorbe les contraintes de compression et de torsion
liées à la pesanteur.
3. De l'os spongieux, aux extrémités (épiphyses) des os longs qui
intervient dans l'amortissement des contraintes articulaires.
4. Un système liquidien, formé par le canal médullaire(5) et les vaisseaux,
qui absorbe les contraintes dans tous les plans de l'espace.
Rôle = RIGIDITE DE L'OS
1/3 organiques (cellules osseuses : ostéoblastes, ostéoclastes,
matrice intercellulaire)
Rôle = ELASTICITE DE L'OS
Traction Glissement Coaptation Torsion Compression Tous les plans de l'espace
Figure 1
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5
traverse le tissu périosté ou
en provient : les vaisseaux
périostiques pénètrent dans
le tissu osseux et l'irriguent
avant de gagner la moelle ;
les artères nourricières
pénètrent par les trous
nourriciers et vascularisent
la moelle osseuse ; le
système veineux, quant à
lui, assure la circulation
de retour en empruntant la
même voix que les artères
nourricières. L'os est donc
une véritable éponge
liquidienne. Aussi, toute
perturbation de la qualité et
de la quantité des liquides
entraîne immanquablement
une fragilisation progressive
du squelette. »(1)
D'autre part, l'os a la
particularité de ne posséder
aucune innervation
(contrairement aux autres
composants articulaires),
et une innervation sensitive
limitée aux nerfs
vasomoteurs et aux nerfs
sensitifs du périoste. C'est
la raison pour laquelle on
ne sent pas l'os et que ses
adaptations ne génèrent
pas de douleur.
L'os en fasciathérapie :
Classiquement, on ne
s'intéresse à l'os qu'en cas
d'urgence, de fracture, et
dans les thérapies
manuelles l'os est surtout
envisagé en tant que
segment articulaire, et par
conséquent appréhendé
par un geste manipulatif
(ostéopathie, chiropractie,
étiopathie).
Les recherches menées en
fasciathérapie(3) depuis plus
de vingt ans, montrent que
l'os ne se limite pas à une
structure rigide mais qu'il
est bel et bien
un matériau vivant et
malléable qui occupe
une place de premier plan.
Ses différentes fonctions,
son activité énergétique,
son rôle dans le processus
pathologique, en font un
terrain privilégié de notre
action thérapeutique et
préventive.
Au-delà de sa souplesse
biomécanique, l'os est
le siège du « mouvement
sensoriel »(4) Celui-ci
confère une malléabilité et
une adaptabilité optimales,
offrant au sportif une plus
grande faculté d'absorption
des contraintes, une
meilleure vitalité et
un potentiel perceptif
supplémentaire.
D'autre part, l'os est
un matériau à mémoire :
très réactif lors de chocs
physiques ou de contraintes
répétées, il subit aussi
de plein fouet l'impact
émotionnel de tout
traumatisme (physique ou
psychologique) qu'il fixe
alors sous forme
d'immobilités et de densités,
et de spasmes vasculaires
créant des points de fixité
énergétiques.
Ces modifications de l'os
peuvent entamer la vitalité
et les capacités physiques
du sportif, et diminuer
ses facultés d'adaptation
et de récupération.
Le travail sur l'os peut
s'effectuer par une approche
manuelle ou corporelle.
L'approche manuelle,
réalisée par un
fasciathérapeute, est utilisée
dans un but curatif quand
le sportif a un symptôme
(tendinite, pubalgie,
périostite, douleurs
diverses,…) ou dans un but
préventif pour entretenir
un état de forme optimal.
Le second mode de travail,
corporel, est utilisé aussi
bien dans un but curatif,
préventif que pour
la préparation physique.
C'est un apprentissage qui
permet, de répartir
les contraintes de façon
équilibrée dans les tissus,
de libérer, au niveau de
toutes les structures, dont
l'os, les tensions provoquées
par l'effort, de développer
un potentiel proprioceptif
et de nouvelles capacités
sensorielles et motrices.
Ceci dans le but d'améliorer
la puissance et l'efficacité
du geste tout en diminuant
voire évitant les blessures.
S'il est vrai que, dans
un premier temps, cette
approche ne peut être
appliquée seul et suppose
un apprentissage, du sportif
et/ou de son préparateur
physique, elle permet dans
un second temps, lorsqu'on
maîtrise les principes
de base, d'être autonome
dans la gestion de
ses exercices.
© J.ean MOULIN
1) Fasciathérapie et sport, le match de la santé. Christian Courraud,
1999, Editions Point d'appui.
2) Le tissu conjonctif est un tissu de soutien relativement solide
et plus ou moins fibreux dont le rôle consiste à protéger
les organes qu'il entoure.
3) Voir à ce sujet la lettre SSPP n° 30
4) La fasciathérapie, une nouvelle méthode pour le bien-être.
Isabelle Eschalier, 2005, Le Cherche Midi.
« Le mouvement sensoriel est un mouvement qui glisse et
coulisse au sein du corps à la façon d'une vague. Il s'exprime
sous deux formes, continue et cyclique. Il est une véritable force,
un principe d'autoguérison. »
5) Canal dans l'axe des os longs qui contient la moelle osseuse.
Ceux qui souhaiteraient en
savoir plus peuvent consulter
notre lettre électronique
n° 32 consacrée à une
présentation du travail en
fasciathérapie sur le site :
http://www.univ-
paris12.fr/staps.sspp
L’os subit de plein fouet l’impact émotionnel de tout traumatisme.
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6
Frédéric AUBERT
INSEP/Formation
La Vitesse, ou rapidité du déplacement dans
une technique de locomotion (course
à pied, nage, cyclisme, patinage, ski de fond,
canoë et kayak en ligne). A ce titre, dans
l'évaluation, on distinguera le temps réalisé
sur une distance départ arrêté (du 20 m au
80 m) et la vitesse absolue, soit le maximum
de vitesse instantanée sur un sprint lancé.
Au plan des ressources physiologiques et
des aptitudes, cette dimension de la vitesse
dépend de la puissance musculaire dans le
démarrage pour rompre l'inertie d'une part,
et de la force pliométrique à haute fréquence
pour la vitesse lancée, d'autre part.
Evaluation :
distances chronométrées de 10 à 30 m
pour la capacité d'accélération,
du 30 m au 60 m pour la puissance
de la filière anaérobie alactique,
test de vitesse absolue : 20 m d'élan
pour 20 m lancé (avec chronométrage
photoélectrique),
du 80 au 150 m pour la capacité de cette
filière (vitesse prolongée entre 8 et 20 sec.).
Modalités de traitement : contraste associé
survitesse/vitesse sur plat, en blocs de
3 distances par séries - récupération
1 minute/10 m de sprint - 350 à 600 m de
volume total de course (exemple : 3 séries
de 3 fois 40 m avec 4 minutes de récupération
entre les courses et 6 minutes entre les séries).
La Vélocité, ou rapidité de mouvement
cyclique qui correspond à la fréquence des
foulées en sprint, de pédalage chez le pistard,
de pas chez le patineur, ou encore fréquence
de cycle chez le nageur, de coup de pagaie
en canoë-kayak en ligne. Autrement dit,
c'est la vitesse gestuelle dans une technique
de locomotion, vitesse cyclique impliquant
l'alternance de contractions et relâchements,
d'actions motrices et de retour. Toutefois,
elle peut aussi s'exprimer dans l'exécution
d'enchaînements d'actions prédéterminées,
comme la diagonale d'acrobatie au sol en
gymnastique.
Evaluation : « taping » sur place (nombre
appuis/6 sec. ; montée d'escalier (6 sec. soit
20 marches environ) ; course sur parcours
de lattes rapprochées ; saut à la corde en
recherche de fréquence.
Modalités de traitement : survitesse en descente…
en plus des situations d'évaluation.
La Vivacité, comprend autant la vitesse
d'action isolée (acyclique), celle de réaction
et leurs combinaisons ou emboîtements,
soit le déclenchement de mouvement tantôt
unique, tantôt enchaîné à d'autres. Il s'agit de
la vitesse acyclique par excellence qui se traduit
par la promptitude dans une séquence de
mouvements variés et différents, par exemple,
dans le cadre d'un duel technico-tactique.
Elle s'exprime par la coordination dans
la vitesse, la force de démarrage associée à
celle de freinage, ce qui nécessite gainage,
proprioception, force élastique (pliométrie)
et souplesse active.
Evaluation : test navette sur 4 x 10 m
(2 allers et retours), ou parcours en croix
ou en étoile…
Modalités de traitement : séquences de
déplacements et/ou variations d'appuis
multidirectionnels ; de démarrages et
freinages combinés… en plus des situations
d'évaluation.
Les trois expressionsde la vitesse
comme qualité physique
La vitesse est l'aristocratie des qualités physiques ; elle
situe l'activité dans un registre d'effort absolu, de qualité
d'exécution dans la brièveté et l'instantanéité…
A l'instar de l'approche méthodologique du rugby anglais,
ont peut distinguer 3 expressions de la vitesse comme
qualité physique, comme autant de dimensions sécables
et entraînables, mais forcément interconnectées dans
la motricité sportive.
© Jean MOULIN
Vitesse-vélocité-vivacité
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