Incidence liée au sexe
et à l’âge de survenue
de la première apparition
d’un trouble psychiatrique
Utrecht (Pays-Bas)
L
es études prospectives constituent
un outil précieux pour l’obtention
de données fiables concernant l’inci-
dence des troubles mentaux en popula-
tion générale et pour identifier les fac-
teurs de risque. Parce que les taux
d’incidence sont en général très
faibles, des échantillons importants de
population sont nécessaires, ce qui
explique sans doute la rareté des
études prospectives à grande échelle
qui établissent l’incidence de psycho-
pathologie dans la population générale.
Un groupe de chercheurs hollandais a
étudié, sur une période de 12 mois, les
taux de première incidence dans la
population générale de quinze troubles
psychiatriques (selon le DSM III). Ils
se sont tout particulièrement intéressés
aux effets de l’âge et du sexe (Bijl R,
de Graaf R, Ravelli A et al. Gender
and age-specific first incidence of
DSM-III-R psychiatric disorders in the
general population. Results from the
Netherlands mental health survey and
incidence study (NEMESIS). Soc
Psychiatry Epidemiol 2002 ; 37 : 372-9).
Les troubles psychiatriques à l’étude
incluaient la schizophrénie, des
troubles de l’humeur, des troubles
anxieux, des toxicomanies et des
troubles des conduites alimentaires.
L’étude était fondée sur un échantillon
représentatif de la population hollan-
daise. Les 5 618 personnes suivies
étaient âgées de 18 à 64 ans. Le taux
de première incidence pour n’importe
lequel des troubles psychiatriques
considérés était de 5,68 pour 100 per-
sonnes et par an. Ce taux passait à 4,45
pour les hommes et 6,94 pour les
femmes. Tant chez les hommes que
chez les femmes, les taux les plus éle-
vés se situaient dans la catégorie d’âge
18-24 ans. Chez les hommes, l’inci-
dence déclinait avec l’âge, cependant
que chez les femmes, on pouvait
constater une baisse aux âges moyens
suivie d’une reprise de l’incidence
dans la catégorie des 55-64 ans. Par
ailleurs, les femmes avaient plus de
risque de présenter des troubles de
l’humeur et des troubles anxieux,
cependant que chez les hommes, on
observait un risque plus élevé de toxi-
comanies. Le trouble dont l’incidence
était de loin la plus fréquente chez les
hommes était l’abus d’alcool, avec un
taux de 4,09, suivi de loin par la
dépression grave (1,72), puis la phobie
simple et la dépendance alcoolique.
Chez les femmes, les troubles les plus
fréquents étaient la dépression grave
(3,9) et la phobie simple (3,17), sui-
vies à distance par les troubles
paniques, l’agoraphobie et la phobie
sociale. Ces observations montrent la
rareté des premiers épisodes de
troubles mentaux. Par ailleurs, elles
révèlent que l’incidence des divers
types de pathologies mentales varie
considérablement en fonction du sexe
et des différentes étapes de la vie.
Elles devraient permettre de mettre au
point des actions de prévention plus
ciblées selon l’âge et le sexe.
Mots clés. Étude de population –
Troubles mentaux – Incidence – Sexe.
Relations entre sexe,
psychopathologie,
et facteurs de risque chez
des jeunes délinquants
San Diego (États-Unis)
L
es femmes constituent une minorité
parmi les jeunes délinquants étant
passés en justice, mais leur nombre
tend à augmenter. Par exemple, aux
États-Unis, les arrestations pour agres-
sions violentes ont proportionnelle-
ment plus augmenté chez les filles,
avec un taux de 85 % plus élevé en
1997 qu’en 1987. Malgré cela, les
recherches ont continué à se focaliser
principalement sur les délinquants de
sexe masculin. Une équipe califor-
nienne a entrepris de tester l’hypo-
thèse selon laquelle les jeunes filles
délinquantes auraient des taux plus
élevés de symptômes psychiatriques
(selon le DSM IV), de toxicomanies,
de perturbations de fonctionnement et
de facteurs de risque familiaux que les
délinquants masculins (McCabe C,
Lansing A, Garland A et al. Gender dif-
ferences in psychopathology, functio-
nal impairment, and familiar risk fac-
tors among adjudicated delinquents. J
Am Acad Child Adolesc Psychiatry
2002 ; 41 : 860-7). Un échantillon de
725 adolescents délinquants étant pas-
sés en justice a été obtenu à partir des
bases de données administratives du
comté de San Diego. Il se composait
de 513 garçons et de 112 filles, avec
un âge moyen de 16 ans. Les symp-
tômes psychologiques, les diagnostics
et les risques familiaux ont été établis
entre octobre 1997 et janvier 1999.
Certaines données ont été obtenues
auprès des parents et 66 % des jeunes
sujets ont participé à des entretiens.
Les jeunes filles délinquantes avaient
des scores plus élevés sur les échelles
remplies par les parents, mais aussi sur
celles obtenues à partir de leurs
propres déclarations, pour les symp-
tômes psychologiques. Elles présen-
taient également des taux plus élevés
de troubles mentaux que les garçons.
En outre, elles avaient plus fréquem-
ment subi des violences physiques,
émotionnelles et sexuelles, et présen-
taient des taux plus élevés pour la
négligence physique, et pour une his-
toire familiale de maladie mentale.
Les évaluations faites par les parents
des perturbations de fonctionnement
des jeunes, de leur toxicomanie, de
comorbidité ou d’histoire parentale de
comportement antisocial ne différaient
pas en fonction du sexe des jeunes
délinquants. Les jeunes filles, lors-
qu’elles ont été en contact avec la jus-
tice pour des actes de délinquance,
présentent donc des taux significative-
ment plus élevés de psychopathologie,
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Revue de presse
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