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ABSTRACTS
La Lettre du Cardiologue - n° 316 - septembre 1999
chez la femme permet en pratique d’exclure la présence d’une
coronaropathie, alors qu’elle ne le permet pas chez l’homme
(47,3 % de coronariens dans cette catégorie). De même, compte
tenu de leur bon pronostic, la prise en charge des femmes clas-
sées à risque faible ou intermédiaire (en fait très faible à faible...)
devrait être possible sans exploration invasive complémentaire.
Remarque. Sans remettre en cause l’intérêt d’une analyse de
l’épreuve d’effort s’attachant autant sinon plus au contexte et
aux signes associés qu’aux seules modifications de l’ECG, on
peut s’interroger sur l’utilité du calcul du DTS chez un patient
donné en pratique quotidienne. L’analyse de la répartition d’une
population tout-venant entre les trois classes proposées par les
auteurs montre qu’une trop grande majorité reste classée dans le
groupe à risque intermédiaire, ce qui laisse l’examinateur tout
aussi indécis qu’avant le test. Il apparaît que seul un classement
dans le groupe à haut risque chez l’homme ou dans le groupe à
faible risque chez la femme permet de trancher “pour ou contre”
le diagnostic. Ces deux classes ne regroupent cependant qu’un
tiers des femmes et 12 % des hommes. Dans le présent travail,
les auteurs chiffrent d’ailleurs l’information apportée en propre
par ce score, en plus des données cliniques et d’anamnèse habi-
tuelles : 11,3 % de l’information totale chez la femme, 13,9 %
chez l’homme quant au diagnostic de coronaropathie, 18,5 %
chez la femme et 26,9 % chez l’homme quant au diagnostic de
lésions sévères. Cela peut être décisif dans certains cas, mais
insuffisant à soi seul dans tous les cas. La limite de cet indice
utilisé à des fins pronostiques apparaît encore plus flagrante, au
moins en termes de santé publique, c’est-à-dire de population en
général. Si l’on considère non plus seulement la fréquence de la
mortalité à deux ans telle qu’elle est exprimée en pourcentage
dans l’article et rapportée sur la figure 2, mais la répartition en
nombre absolu des patients qui décéderont (les chiffres entre
parenthèses sur la même figure correspondent aux décès calcu-
lés sur une population théorique de 1 000 patients), on s’aper-
çoit qu’en raison du déséquilibre démographique des classes, la
majorité des décès survient chez des patients classés à risque
intermédiaire, et cela quel que soit le sexe. Chez les femmes, où
les décès sont globalement en faible nombre, on observe même
trois décès dans le groupe à faible risque pour un seul dans le
groupe à haut risque.
Dr P. Pézard, unité de cardiologie nucléaire, CHU Angers
Value of treadmill testing in women.
Alexander K.P., Shaw L.J., Delong E.R., Mark D.B., Peterson
E.D.
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J Am Coll Cardiol 1998 ; 32 : 1657-64.
Le but de cette étude est l’analyse du devenir des patients
après angioplastie coronaire en fonction de l’existence d’un
diabète ou non, et en cas de diabète d’une protéinurie associée
ou non. À la Cleveland Clinic, de janvier 1993 à décembre 1995,
2784 patients ont bénéficié d’angioplasties coronaires percuta-
nées : 2 247 n’étaient pas diabétiques et 537 l’étaient, parmi les-
quels 217 avaient une protéinurie. Le suivi moyen est de
20,2 mois. La mortalité à 2 ans est de 7,3 % pour les non-diabé-
tiques contre 13,5 % pour les diabétiques (p < 0,001). Pour ces
derniers, elle est de 9,1 % en l’absence de protéinurie contre
20,3 % en présence d’une protéinurie (p < 0,001). Les patients
diabétiques exempts de protéinurie ont un pronostic vital
similaire à celui des non-diabétiques (mortalité à 2 ans : 9,1 %
versus 7,3 %, p = 0,8).
Si l’on tient compte de trois groupes de patients diabétiques –
absence de protéinurie : 320 patients, faible protéinurie :
182 patients, forte protéinurie : 35 patients –, les chiffres respec-
tifs de mortalité à 2 ans sont : 9,1 %, 16,2 % et 43,1 % (p < 0,001).
Les taux d’infarctus du myocarde non fatals à 2 ans sont plus éle-
vés pour les patients ayant de fortes protéinuries (12 %) que pour
les deux autres groupes (2 %), p = 0,03. En analyse multivariée,
la protéinurie et la fraction d’éjection ventriculaire gauche
sont les deux facteurs prédictifs de mortalité.
Conclusion. Si les patients diabétiques ont un pronostic vital défa-
vorable après angioplastie coronaire par rapport aux non diabé-
tiques, c’est essentiellement le fait des sujets diabétiques ayant
une protéinurie dont l’importance est corrélée avec le devenir à
2ans (décès et infarctus du myocarde).
Quand on envisage une angioplastie coronaire percutanée, la
présence d’une protéinurie chez un diabétique définit un sujet
à haut risque ; à l’opposé, le pronostic vital d’un patient dia-
bétique exempt de protéinurie rejoint celui d’un patient non
diabétique.
Il faut noter que cette étude n’a pris en compte que la macroalbu-
minurie (et non la microalbuminurie), et que le groupe de diabé-
tiques à forte protéinurie ne comporte que 35 patients.
Cette publication supporte la théorie d’une relation entre protéi-
nurie et sévérité de l’athérosclérose. Ce paramètre biologique faci-
lement dosable identifie par conséquent les sujets diabétiques à
haut risque après angioplastie coronaire.
Dr C. Adams, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
Protéinurie et mortalité post-angioplastie coronaire chez les diabétiques
The importance of proteinuria as a determinant of mortality
following percutaneous coronary revascularization in diabe-
tics.
Marso S.P., Ellis S.G., Tuzcu E.M., Whitlow P.L., Franco I.,
Raymond R.E.,Topol E.J.
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J Am Coll Cardiol 1999 ; 33 : 1269-77.