Traitement spécifique
Le traitement spécifique a pour but de
déterminer, de traiter et d’éliminer la
cause sous-jacente du délire. Cela si-
gnifie déterminer quel médicament
pourrait expliquer cette détérioration
de l’état du patient et l’arrêt de cette
médication (Tableau 3). Le traitement
approprié est axé sur les causes
énumérées auparavant. L’exploration
diagnostique fait appel aux analyses
de sang pour connaître le bilan héma-
tologique et biochimique du patient;
on ordonnera des cultures de sang,
d’urine et des expectorations, des élec-
trocardiogrammes, la mesure de la sa-
turation en oxygène ainsi que des
radiographies thoraciques et abdomi-
nales.
Traitement de soutien
Dans les cas de délire, le traitement
de soutien fait souvent appel aux
mesures non pharmacologiques. On
tente de créer l’environnement le plus
propice à la guérison du patient. On
doit veiller à lui fournir une prothèse
auditive et des lunettes qui convien-
nent. Des sources d’éclairage appro-
priées, des cadrans, un éclairage
naturel favorable aideront le patient à
reconnaître des lieux familiers. On
essaiera aussi de diminuer le niveau
de bruit dans l’unité de soins, si pos-
sible. On évitera le plus possible de
recourir aux moyens de contention.
Un gardien peut être utile pour
empêcher le patient de se blesser. On
incitera les proches à rester au chevet
du patient. Il est également important
de ne pas laisser de cathéter à demeure.
Traitement sédatif
La sédation convient seulement dans
les cas de délire hyperkinétique ou
caractérisé par l’agitation. Les
patients en phase postopératoire ont
besoin d’analgésiques même lorsque
les narcotiques ont déclenché la crise
de délire. Le plus sage est de pre-
scrire de l’acétaminophène (650 mg
par voie orale) en association avec la
morphine à faible dose (de 2,5 à 5
mg, par voie intramusculaire. ou
sous-cutanée) pour soulager la
douleur perthérapeutique.
En général, les patients atteints de
MA et souffrant de délire accompagné
d’une agitation grave doivent être
traités à l’aide de neuroleptiques pour
les empêcher de se blesser ou de blesser
d’autres personnes. On doit laisser les
cathéters intraveineux en place. Pour
choisir le neuroleptique, le médecin
doit connaître en détail l’état du patient
avant la crise de délire. Même si les
neuroleptiques à action puissante
entraînent des effets extrapyramidaux
importants, la plupart des médecins
préfèrent encore ces agents pour traiter
le délire pour plusieurs raisons. Ils sont
relativement peu sédatifs; ils n’entraî-
nent pas d’effets indésirables car-
diopulmonaires; ils sont administrés
par voie intraveineuse et leur mode
d’administration est bien connu. Par
ailleurs, les neuroleptiques à action
moins puissante tels que la thioridazine
et la chlorpromazine exercent de puis-
sants effets anticholinergiques, ce qui
n’est pas vraiment un avantage pour les
patients atteints d’une MA sous-jacente
—on évitera ces médicaments dans ce
contexte clinique. Lorsqu’on recherche
un effet sédatif, les neuroleptiques à
puissance d’action intermédaire tels
que la loxapine et la perphénézine
s’avèrent des plus utiles. Les médecins
en milieu communautaire acquièrent
une expérience croissante dans le traite-
ment à l’aide d’antipsychotiques,
notamment la rispéridone et
l’olanzépine.9
Au cours des années qui viennent,
les stratégies d’intervention devraient
être axées sur la prévention du délire et
sur la recherche des facteurs de risque
et des facteurs déclenchants.10 Nous
soulignons aussi que le donépézil
soulage les symptômes du délire chez
certains patients atteints de démence,
ce qui ouvre des perspectives de
recherche intéressantes.11 Au Canada, la
quétiapine est approuvée pour le traite-
ment de la schizophrénie mais non pour
celui du délire caractérisé par l’agita-
tion. Il est important de mettre fin au
traitement par le neuroleptique dès que
le délire disparaît. Dans le cas des per-
sonnes âgées traitées par un neurolep-
tique, les médecins doivent se rappeler
de ne pas continuer à prescrire ce
médicament au patient qui retourne
chez lui s’il n’en a plus besoin.
14 • La revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Février 2000
Références
1. Gauthier S: The clinical diagnosis and
management of Alzheimer’s disease
(2eédition). Dunitz, London, 1999; 28.
2. Adapted from DSM IV American
Psychiatric Association 1994.
3. Francis J, Kapoc W: Delirium in hospi-
talized elderly. Journal of Geriatric
Internal Medicine 1990; (5): 65-79.
4. Rockwood K: Acute Confusion in
elderly medical patients. American
Geriatric Society 1989; 37: 150-4.
5. Gustafron K, Bergeson D, et coll. :
Acute confusional states in elderly
patients treated for femoral neck frac-
ture. JAGS 1988;36:525-30.
6. Lipowski Z,J: Transient cognitive disor-
ders (delirium–acute confusional states)
in the elderly. Am J Psychiatry 1983;
140; 11: 1926-36.
7. Juby A: Delirium in the elderly. The
Canadian Journal of CME, 1998;
10(10); 83-104.
8. Leckoff SE, Evans DA, Liptzin B, et
coll. : Delirium: The occurrence and
persistence of symptoms among hospi-
talized elderly patients. Arch Int Med
1992; 152: 334-40.
9. Kinaly SS, Gibson RE, et coll. :
Risperidone: Treatment response in
adult and geriatric patients. Int Journal
Psychiatry Med, 1998; 28(2), 255-63.
10. Inovye SK, Borgardus MPH, et coll. :
A multicomponent intervention to pre-
vent delirium in hospitalized older
patients. NEJM 1999; 348(9);669-76.
11. Wengel SP, Roccaforte WH, Borke
WJ: Donepezil improves symptoms of
delirium in dementia: implications
for future research. Journal of
Geriatric Psychiatry Neurol, 1998;
11(3); 159-61.