En conclusion, le diagnostic de l’endométriose reste chirurgi-
cal et anatomopathologique. Aucune technique de sensibilisa-
tion n’a pour le moment montré sa valeur en routine. La néces-
sité de la résection et de la destruction des lésions péritonéales
n’est plus discutée. Les localisations digestives et/ou urinaires
bénéficient également d’un traitement radical. Cependant, le
taux de récidives reste élevé, ce qui pose le problème du traite-
ment au long cours de la maladie.
DIOXINE ET ENDOMÉTRIOSE
G.R. Yeaman a étudié le récepteur aux dioxines des leucocytes,
des trompes, de l’endomètre normal et ectopique, du col, du
vagin et du fluide péritonéal. Il utilisait une technique d’immu-
nohistochimie. Dans le fluide péritonéal, la majorité des macro-
phages exprimait ce récepteur. L’endomètre eutopique comme
ectopique l’exprimait également, alors que le col et le vagin en
étaient dépourvus. Le type de leucocytes qu’exprimait ce récep-
teur interagit avec l’IFNγ. Cependant, les relations entre
l’expression et le niveau d’expression de ces récepteurs et la sur-
venue d’une endométriose restent encore à éclaircir. A. Pauwels
a comparé le taux sérique de dioxines et de PCB dans le sérum
de patientes stériles présentant une endométriose, et dans celui
de patientes présentant une stérilité tubaire. Il n’a pu démontrer
de relation significative entre le taux circulant de dioxines ou de
PCB et la survenue d’une endométriose. Cependant, cette étude
est critiquable en raison des effectifs faibles et d’une méthode de
dosage pas forcément représentative de l’exposition chronique
aux dioxines. L. Demco rapportait son expérience à propos du
pain mapping et de la corrélation entre localisation lésionnelle et
localisation douloureuse. Quatre-vingt-trois pour cent des
patientes avaient une corrélation correcte, mais, pour 17 %
d’entre elles, il existait une discordance entre le côté de la lésion
et le côté douloureux. Il apparaît donc important de réaliser un
pain mapping le plus souvent possible, plutôt que de faire
des cœlioscopies diagnostiques sous anesthésie générale.
T.W. Reginald rapportait une série de 43 pain mapping sous
anesthésie locale. Une cœlioscopie a dû être arrêtée et 3 étaient
non contributives. Sur les 39 interventions restantes, la lésion en
cause a pu être retrouvée dans 35 cas. Comme dans le travail de
Demco, il existait parfois une discordance entre site lésionnel et
site douloureux. Enfin, un certain nombre de patientes présen-
taient des adhérences asymptomatiques.
Demco fit ensuite une communication centrée sur le pain map-
ping des adhérences. Sa série montrait de façon claire que les
adhérences denses, fixant les organes les uns aux autres, sont
rarement responsables de douleurs. Inversement, les adhé-
rences plus lâches autorisant des mouvements relatifs entraî-
nent des douleurs et doivent donc être levées.
En conclusion, cette session abordait deux thèmes assez diffé-
rents : la biologie et le pain mapping. Comme pour beaucoup
d’autres séances “biologiques”, les résultats publiés étaient
divergents. L’effet des dioxines ou des PCB a souvent été évo-
qué dans des travaux antérieurs, mais a rarement été confirmé
au cours de ce congrès. L’autre partie de la session analysait et
démontrait l’intérêt du pain mapping pour l’explication de
douleurs en apparence non reliées à une lésion anatomique.
UNE SESSION ÉTAIT ENTIÈREMENT DÉDIÉE
À LA GÉNÉTIQUE DE L’ENDOMÉTRIOSE
S. Nakago a recherché une association entre le polymorphisme
de NAT2 et la survenue d’une endométriose. Une étude précé-
dente, publiée par Baranova, avait suspecté cette relation.
Nakago a observé des résultats discordants, avec une augmenta-
tion de la prévalence des acétyleurs rapides en cas d’endomé-
triose. De la même façon, l’allèle 4 était significativement plus
fréquent chez les femmes atteintes d’endométriose, notamment
dans les stades élevés. Cette étude confirme que le profil d’acti-
vité enzymatique pourrait être une prédisposition à l’endomé-
triose. J.H. Jun a étudié plusieurs gènes et enzymes dans le flux
menstruel des femmes présentant une endométriose ou dans
celui de femmes témoins. Il a étudié la protéine endométriosique
1, le SLPI, le p450, des récepteurs aux œstrogènes, les gènes de
l’apoptose, quelques facteurs de croissance. Ses résultats mon-
trent que les profils observés ne sont pas différents chez les
femmes atteintes ou non d’endométriose. Les facteurs périto-
néaux pourraient être plus importants que les facteurs endomé-
triaux. J. Gogusev a utilisé une technique “d’hybridation géno-
mique comparative” qui permet de visualiser des zones
chromosomiques délétées ou ajoutées, par rapport aux témoins.
Il a observé des pertes de 1p, 22q, 5p, 6q, 7p, 9q, 17q. Il a
observé des gains de 6q, 7q et 17q dans des cas plus rares. Ce
résultat suggère que des gènes localisés sur ces sites chromoso-
miques pourraient jouer un rôle dans le développement et la pro-
gression de l’endométriose. I.J. Campbell a étudié le polymor-
phisme de GSTM1 et CYP19 comme facteur de risque
d’endométriose dans une population anglo-saxonne. Il a observé
que le phénotype GSTM nul était représenté de façon équiva-
lente en cas d’endométriose et chez les témoins, mais que sa
prévalence était augmentée de façon significative en cas de can-
cer endométrioïde. Pour le CYP19 (c’est-à-dire l’aromatase),
l’allèle 5 est augmenté de façon significative chez les femmes
présentant une endométriose ou un cancer endométrioïde. La
relation entre enzyme de détoxification et survenue d’une endo-
métriose reste donc à éclaircir. Par contre, ces polymorphismes
restent à étudier pour le cancer de l’ovaire. R.T. Geirsson a étu-
dié le gène Galt situé sur le chromosome 17 dans des familles
islandaises. Dix-huit familles ont été surveillées pendant une
période de 13 ans. Chaque patiente était explorée et chaque
maladie était stadée. Malheureusement, Geirsson n’a pas pu
mettre en évidence de discordance phénotypique ou génotypique
entre les patientes atteintes d’endométriose ou indemnes dans
ces différentes familles. Il conclut que le gène Galt n’est peut-
être pas un bon candidat pour la prédisposition à l’endométriose.
Finalement, F.H. Kennedy a étudié la relation entre le polymor-
phisme de GSTM1, GSTT1 et CYP1 à 1 et la survenue d’une
endométriose. Il a utilisé une population de 148 patientes pré-
sentant une endométriose, dont 57 dans un contexte familial,
comparée à une population témoin de 95 hommes et à un autre
groupe témoin de 53 femmes ayant un pelvis normal. Il n’a pas
trouvé de rapport entre le phénotype GSTM1 nul, le phénotype
GSTT1 nul et la survenue d’une endométriose. De la même
façon, il n’a pu mettre en évidence de phénotype CYP 1 à 1 plus
fréquent en cas d’endométriose. La seule piste semble être
l’association d’un génotype GSTM1, et CYP 1 à 1 Msbl.
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La Lettre du Gynécologue - n° 255 - octobre 2000