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édito
rial
La crise fi nancière et économique a suscité de
nouvelles réfl exions quant aux relations entre
État et marché. Les plans de relance et la volonté
d’encadrer le monde de la fi nance témoigneraient du retour de l’État
après une période de délégitimation de l’intervention politique dans le
fonctionnement du marché. Mais en quels termes s’analyse ce retour de
l’État ? Comme un retour du politique dans l’économique, et/ou le retour
de l’État providence ? Trois ans après le début de la crise, l’annonce du
plan d’économie budgétaire par le Premier ministre français, le 6 mai
2010, sous la menace de la possible contagion de la tempête fi nancière
et économique grecque, n’infi rme-t-elle pas cette dernière hypothèse ?
Dans ce contexte, comment appréhender le nouveau rôle économique de
l’État ?
Selon Bruno Bernardi, depuis quelques années, les États se comporteraient
moins comme des acteurs économiques face au marché que comme des
facilitateurs de sa dynamique propre. Ainsi, n’assisterions-nous pas à un
renforcement du rôle social et économique de l’État mais, sur le court
terme, à une confi rmation de la tendance antérieure consistant à le
cantonner dans un rôle de régulateur.
Nonobstant, si la crise actuelle a pu être comparée avec la crise de 1929,
les conséquences de cette dernière ont été évitées grâce aux interventions
massives des banques centrales américaine et européenne, et aux plans de
relance engagés. La crise a montré que ces stratégies, « économiquement »
impensables auparavant, sont devenues brusquement possibles, voire même
la politique « normale » à mener face à cette conjoncture. Le choix de la
régulation du marché n’est donc pas seulement technique mais politique.
Ainsi, sur le long terme, la crise a tout au moins rappelé les potentialités
du politique dans l’économie. À la lumière de ce constat, elle a légitimé le
rôle structurel de l’État dans la régulation du marché mais aussi au service
de la croissance économique, pour limiter l’impact négatif des récessions
sur la population et sur les entreprises, tout en créant les bases sociales et
économiques nécessaires à une sortie de crise et une croissance durables à
même d’assurer la réduction des défi cits publics.
Céline PERSINI