CRISES FINANCIERES LES LECONS DE L’HISTOIRE
André Orléan
Livre « De l’euphorie à… » téléchargeable gratuitement.
Toute l’histoire du capitalisme est marqué par des crise financières et bancaires. Phénomène
récurrent.
Il existe des mécanismes propres à la finance qui expliquent l’instabilité intrinsèque à la
finance.
Crises systémiques : crises qui touchent la finance mais aussi les banques.
Idée : il existe une structure commune à toutes les crises financières. Kindleberger a créé un
modèle pour expliquer toutes les crises. Dans toute crise avant le krach il y a toujours une
période d’euphorie, marqué par une bulle.
Crise de 2008 : au départ, bulle immobilière.
Après la bulle, intervention des banques pour en profiter en recherchant l’effet de levier. Les
banques vont donc s’endetter. Puis il y a le retournement.
Cette structure s’oppose à l’idée de l’autorégulation concurrentielle. Pourquoi la
concurrence financière n’a-t-elle pas la propriété d’autorégulation de la concurrence sur les
biens et services ?
Système stable : système à rétroaction négative : hausse des prix entraine une évolution de
l’offre et de la demande qui vont ramener les prix à l’équilibre.
Or dans les systèmes financiers, le système est à rétroaction positive : la hausse des prix
entraîne une hausse de la demande qui génère à son tout une hausse des prix.
Pourquoi ? Parce que quand les prix augmentent, le rendement des actifs augmente, et cette
augmentation attire de nouveaux investisseurs qui veulent profiter de ces rendements.
Sur le marché des B et S, le rendement n’existe pas car les produits sont achetés pour eux-
mêmes et pour être utilisés, alors qu’en finance les actifs ne sont pas détenus pour eux-mêmes
mais pour leur rendement anticipé.
Sur le marché des B et S, les O et les D ont des intérêts contradictoires, si qui tend à créer une
balance. Mais sur les marchés financiers, tout le monde a le même intérêt : que le cours des
actifs augmente. Tous les intervenants sont à la fois O et D.
Comment expliquer à présent le retournement ? « L’aveuglement au désastre » ? Pourquoi
personne ne se rend compte des bulles ?
Pendant la période d’euphorie, personne ne se rend compte que les prix sont trop hauts.
Pourquoi ? Parce que la valeur d’un actif est difficile à connaitre. La valeur d’un actif est un
droit sur son rendement futur. Elle est donc liée à une anticipation du futur marqué par
l’incertitude. Il y a donc dans la finance une incertitude fondamentale sur l’évaluation.
Les innovations financières vont venir accroître cette incertitude, car elles tendent à faire
croire que les nouveaux produits financiers sont plus fiables que les anciens, et que les
problèmes de retournement ancien ne peuvent plus subvenir. Cela vient accroître
l’aveuglement des acteurs, qui sont persuadés que les prix élevés d’aujourd’hui sont légitimes.
Pierre-cyrille Hautcoeur
Pourquoi est-ce que les crises se répètent alors que l’on sait que les mécanismes se répètent ?
L’idée c’est qu’on est à chaque fois persuadé que cette fois-ci les choses sont différentes, car
les crises précédentes engendrent des changements dans les institutions financières qui font
croire que les nouveaux mécanismes de régulation seront cette fois-ci efficaces, alors que la
logique sous-jacente est en fait toujours présente.
Chaque crise est précédée par une période de création de nouveaux produits financiers et de
nouvelles institutions financières qui parviennent à répondre aux déséquilibres précédents et à
créer une période de stabilité.
John Law, 1720 : proposition de titres de créances publics conditionnés à la réussite
économique du pays.
La crise de 29 survient à un moment qui est marqué par :
- des innovations financières, avec une forme de titrisation. On a transformé des dettes
d’Etat en titres, mais avec un statut bâtard par rapport aux titres privés, ce qui a généré
de l’incertitude.
- Développement du crédit interbancaire, au niveau national et international
La crise de 20 va aboutir à la remise en questions d’institutions financières anciennes et la
création d’autres. On va remettre en cause l’étalon-or, mais on ne va pas remettre en cause le
crédit interbancaire.
André Straus, historien
Il existe dans le temps des types de cycles qui diffèrent et qui n’amènent pas le même type de
crise financière. Il peut exister des mécanismes communs aux crises, mais chaque crise est
différente car elle est historique.
Au 19ème, on va passer d’un type de structure de crise à une autre. Cela va être lié en partie à
l’évolution des institutions financières.
Les crises financières de la première moitié du 19ème siècle diffèrent de celles de la deuxième
moitié. Les premières sont des crises qui sont liées à l’interruption du crédit, et donc de
l’absence temporaire de marchés d’escomptes.
Innovation : création des banques de dépôts dans les années 1850 et 1860. Banques à guichet,
qui ont permis la création d’un marché de l’escompte au niveau national. Arrive alors un
nouveau type de crises qui proviennent cette fois-ci d’une abondance de ressources
financières. Ex : 1881-1882, krach de l’union générale.
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