LIBÉRALE Apnées du sommeil Un véritable handicap Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) touche 2 à 4 % de la population. Il s’agit d’une pathologie caractérisée par la survenue, pendant le sommeil, d’arrêts respiratoires ou apnées, voire de diminutions de la respiration ou hypopnée. P our les spécialistes de l’apnée, le mot doit figurer au pluriel. Car c’est l’association de plusieurs apnées qui constituent le syndrome d’apnées qui peuvent faire s’interroger. En effet, parce que l’existence d’une apnée n’a rien d’anormal (tout individu en fait au cours de la nuit). Quand les arrêts respiratoires sont en nombre excessif – plus de 5 apnées par heure ou plus de 10 apnées et hypopnées par heure –, ils constituent une véritable pathologie. Quelle causes ? Les apnées ne sont pas causées par un arrêt de la commande respiratoire, mais par la fermeture des voies aériennes supérieures (pharynx). Celles-ci sont généralement maintenues ouvertes durant le sommeil, grâce à l’action de muscles dilatateurs. Or, ces muscles se relâchent trop chez certaines personnes, créant une fermeture du pharynx à l’inspiration et un blocage respiratoire. Une forme de système de sécurité se met alors à l’œuvre, provoquant des micro-réveils. La chute du taux d’oxygène dans le sang, liée à l’apnée, ainsi que les efforts de lutte du thorax et de l’abdomen contre cette obstruction du pharynx, entraînent de façon réflexe un éveil de quelques secondes. Ce “microréveil” permet une reprise du tonus musculaire, une réouverture du pharynx, donc une reprise de la respiration. Mais il se reproduit une fois la personne rendormie. Ces micro-réveils, trop brefs pour être perçus, peuvent se reproduire de trente à cent fois par nuit. Le sommeil de tels patients est alors complètement déstructuré car ces micro-réveils entraînent une fragmentation et un allègement du sommeil. Les phases de sommeil profond et paradoxal sont réduites, voire absentes. Seul le sommeil léger reste prépondérant. C’est une quasi-privation de sommeil. 40 Diagnostic La maladie s’installe bien souvent de manière progressive et, en ce qui concerne les apnées obtructives, les plus fréquentes, ce sont en majorité les conjoints et la famille qui se plaignent du patient qui est un gros ronfleur. Mais ces personnes souffrent de somnolence dans la journée et d’une fatigue au réveil. Les apnées du sommeil sont souvent associées à une plus grande fréquence de dépressions, à des troubles de mémoire, voire à des troubles cognitifs. « La prescription de tout “médicament pour dormir” chez une personne de plus de cinquante ans doit être systématiquement précédée de la recherche d’un syndrome d’apnées du sommeil, selon le Dr Lemoine, psychiatre au centre du sommeil du CHS du Vinatier (Bron). Ce syndrome concernerait jusqu’à 18 % des plus de 65 ans, indique-til, mais il existe aussi des apnéiques de quarante ans. » Enfin, l’obésité constitue un indice supplémentaire : chez deux personnes sur trois souffrant d’apnées du sommeil, il existe un lien avec l’obésité. Aujourd’hui, le diagnostic de syndrome d’apnées du sommeil est rendu possible grâce aux chambres de polysomnographie des laboratoires du sommeil. Celles-ci permettent l’enregistrement de nombreuses données (mouvements respiratoires, ronflements, positions durant la nuit, flux nasobuccal, saturation en oxygène dans le sang, mouvements oculaires, électrocardiogramme, électromyogramme, électroencéphalogramme). Le diagnostic permet d’envisager le traitement. Le plus utilisé reste l’application, pendant le sommeil, d’une pression positive continue (PPC). Par un masque nasal, cette pression positive est appliquée sur les voies respiratoires supérieures pour les maintenir ouvertes. L’appareil de PPC évite ainsi l’obstruction des voies respiratoires, les apnées, et restaure un sommeil normal. Marc Blin