Le PYY3-36 : un avenir dans le traitement de l’obésité ? La régulation de l’homéostasie énergétique met en jeu des circuits neuroendocriniens complexes. Le cerveau est renseigné en permanence sur l’état des réserves et des besoins énergétiques de l’organisme par des hormones circulantes, qui peuvent notamment être classées en deux grandes catégories. La première d’entre elles inclut les hormones qui agissent à court terme et gouvernent directement le rythme et la durée des repas. La cholécystokinine et la ghréline entrent dans cette catégorie en tant que signaux de satiété et de stimulateur d’appétit, respectivement. Le deuxième groupe comprend les hormones agissant à plus long terme et assurant la stabilité du poids corporel, comme la leptine et l’insuline, dont les taux sont directement corrélés à la masse de tissu adipeux. Lorsque les réserves graisseuses de l’organisme diminuent, la baisse des taux circulants de leptine et d’insuline est perçue par le cerveau et traduite en une augmentation de l’appétit et du métabolisme jusqu’à la récupération du poids initial. La cible centrale principale de ces facteurs circulants est l’hypothalamus, qui joue un rôle clé dans la régulation de la prise alimentaire. Ce contrôle est le résultat d’interactions complexes entre deux réseaux neuro-peptidergiques localisés dans le noyau arqué et jouant le rôle d’accélérateur d’appétit pour l’un, de frein pour l’autre. Le système anorexigène synthétise l’a-melanocyte-stimulating hormone (a-MSH). Le système orexigène coexprime le neuropeptide Y (NPY) et l’agouti-related peptide (AgRP). Un tiers des neurones à NPY/AgRP produit également un autre facteur orexigène, le GABA. Les neurones à NPY/AgRP, activés par la perte de poids, stimulent la prise de nourriture de différentes manières : le NPY libéré active les récepteurs Y1 au niveau du noyau paraventriculaire. Par ailleurs, le NPY exerce un contrôle négatif sur les neurones anorexigènes à a-MSH en inhibant l’expression du gène codant le précurseur de l’a-MSH. Le peptide AgRP se comporte quant à lui comme un antagoniste des récepteurs de l’a-MSH de type centraux, les MC4R. Ainsi, à la suite d’un jeûne prolongé, les neurones à NPY sont activés tandis que ceux à a-MSH sont inhibés, ce qui entraîne une stimulation de l’appétit et une récupération des réserves énergétiques. La clé des découvertes récentes dans le contrôle de l’homéostasie énergétique est la mise en évidence de récepteurs présynaptiques inhibiteurs Y2 (Y2R) sur les neurones NPY/AgRP. Or, un agoniste puissant de ce récepteur est le PYY3-36, un autre membre de la famille du NPY, qui partage 70 % d’identité avec le NPY. Le PYY3-36 est libéré par les cellules endocrines tapissant l’intestin grêle et le côlon et sa concentration plasmatique est proportionnelle à la quantité de calories ingérées. Sur la base de ces observations, Batterham et al. avaient supposé, lors d’une première étude, que l’augmentation postprandiale des taux plasmatiques de PYY pouvait inhiber la prise alimentaire via l’activation des récepteurs Y2R au niveau du noyau arqué. De fait, ils ont montré que l’injection périphérique de PYY inhibe la prise de nourriture et réduit le poids corporel chez les rongeurs après une semaine de traitement chronique (1). Chez l’homme, l’administration de PYY3-36, à une dose mimant les concentrations plasmatiques du peptide en période postprandiale entraîne une réduction de l’appétit et de la prise de nourriture de 33 % sur une période de 12 heures. En agissant à long terme, le PYY3-36 se distingue ainsi des autres hormones de satiété du tractus gastro-intestinal, qui agissent rapidement, comme la cholécystokinine. Ils montrent, par ailleurs, que le PYY3-36 influence directement les circuits neuronaux du noyau arqué. En se liant aux récepteurs Y2, le PYY3-36 hyperpolarise les neurones à NPY/AgRP et inhibe la libération de NPY. Le PYY3-36 exerce également de façon indirecte une activation de la libération d’a-MSH par une levée du tonus inhibiteur exercé par le GABA sur les neurones à a-MSH. L’effet du PYY3-36 est mimé par le Y2A, un agoniste du récepteur Y2, et aboli chez les souris dont le gène Y2R est invalidé, deux résultats qui démontrent bien l’implication du récepteur Y2. Ainsi, le NPY et le PYY3-36, deux peptides de la même famille, exercent par l’intermédiaire de deux récepteurs différents, Y1R et Y2R, des effets opposés sur la régulation de la prise alimentaire. Dans un contexte où l’obésité est une cause majeure de maladies et de décès à travers le monde (on compte actuellement environ 280 000 décès liés à l’obésité par an aux ÉtatsUnis), l’effet anorexigène du peptide PYY3-36 chez l’homme s’avère extrêmement intéressant, compte tenu de la résistance à la leptine observée chez la plupart des sujets obèses. L’équipe londonienne a donc naturellement poursuivi ses travaux en testant l’efficacité du peptide PYY3-36 sur des sujets obèses (2). Les effets du PYY3-36 sur l’appétit et la prise alimentaire ont été comparés sur des cohortes composées de sujets obèses (6 hommes, 6 femmes) et de volontaires sains. Ils ont constaté une diminution de 30 % de la quantité de calories ingérées lors d’un repas, à la fois chez les témoins et chez les sujets obèses. La diminution de la prise de nourriture persiste 12 heures après l’administration du peptide. Ces résultats démontrent donc que l’obésité n’est pas associée à une résistance au PYY3-36. Batterham et al. ont ensuite expérimenté l’hypothèse selon laquelle une déficience de production de PYY3-36 pouvait contribuer à la physiopathologie de l’obésité. De fait, les taux plasmatiques de PYY3-36 endogène sont plus faibles chez les sujets obèses, comparativement aux sujets normaux, à jeun ou après un repas, bien que la quantité de calories ingérée soit plus importante. En outre, ils montrent que les taux plasmatiques de PYY3-36 sont inversement corrélés à l’index de masse corporelle Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 6, novembre/décembre 2003 Brèves… Brèves… 289 Brèves… Brèves… chez les sujets à jeun. L’administration de PYY3-36 diminue les taux plasmatiques de ghréline dans les deux groupes étudiés, une action qui pourrait contribuer à accroître l’effet de satiété du PYY3-36. Ces résultats suggèrent ainsi qu’une déficience en PYY3-36 circulant soit impliquée dans la physiopathologie de l’obésité. Il reste maintenant à déterminer si elle en constitue la cause ou la conséquence. Les travaux de cette équipe ouvrent donc des perspectives nouvelles dans le traitement de l’obésité, soit par administration de PYY3-36 exogène, soit en stimulant la libération du peptide endogène. I. Lihrmann, INSERM U413, université de Rouen. 1. Batterham RL, Cowley MA, Small CJ et al. Gut hormone PYY3-36 physiologically inhibits food intake. Nature 2002 ; 418 : 650-4. 2. Batterham RL, Cohen MA, Ellis SM et al. Inhibition of food intake in obese subjects by peptide PYY3-36. N Engl J Med 2003 ; 349 : 941-8. La mémoire métabolique du rein chez le diabétique de type 1 L’étude DCCT (Diabetes Control and Complications Trial) a démontré, chez les diabétiques de type 1, les bénéfices d’un traitement optimisé versus conventionnel sur le contrôle de l’hémoglobine glyquée et la réduction des complications microvasculaires, notamment rénales. Au terme de cette étude d’intervention de 6,5 années, l’observation de la cohorte a été poursuivie pendant 8 années dans le cadre de l’étude EDIC (Epidemiology of Diabetes Interventions and Complications) (1). Pendant cette étude d’observation, les sujets du groupe “contrôle optimal” de DCCT ont été encouragés à poursuivre le même traitement et les sujets du groupe “traitement conven- 290 tionnel”, à débuter un traitement optimalisé du fait des résultats du DCCT. Le suivi du diabète et les choix thérapeutiques n’étaient cependant plus contrôlés par les investigateurs, mais confiés aux praticiens habituels des patients. À la fin de l’étude DCCT, donc au début de l’étude EDIC, l’HbA1c était à 7,2 % pour le groupe “optimal” versus 9,1 % pour le groupe “conventionnel” (p < 0,001) ; cette différence a disparu dès la première année de l’étude EDIC, avec une élévation de l’HbA 1c pour le groupe “optimal” à 8 % et une diminution pour le groupe “conventionnel” à 8,2 %. Malgré ce nivellement des niveaux d’HbA1c entre les deux groupes, le bénéfice, en termes de diminution de l’incidence et de la progression de la néphropathie diabétique, a persisté au cours de l’étude EDIC. En effet, pendant les 8 années de cette étude, une micro-albuminurie et une albuminurie ne sont survenues respectivement que chez 6,8 % et 1,4 % des patients du groupe “optimal”, versus 15,8 % et 9,4 % pour le groupe “conventionnel”. Ainsi, le groupe ayant bénéficié du traitement optimisé dans l’étude DCCT conserve une protection rénale 8 ans après la fin de cette étude d’intervention, et ce malgré une quasiégalisation de l’HbA1C des groupes “traitement optimisé” et “traitement conventionnel”. Ce bénéfice soulève donc à nouveau l’hypothèse de la “mémoire métabolique”, concept déjà évoqué pour la rétinopathie diabétique : en effet, le ralentissement de la progression de la rétinopathie diabétique, obtenu grâce à un contrôle glycémique optimisé versus conventionnel, persiste plusieurs années après la dégradation du contrôle glycémique par relâchement du traitement optimal (2). Cet effet rémanent du bon contrôle glycémique sur la progression de la maladie microvasculaire diabétique pourrait être en partie expliqué par les AGE (Advanced Glycation End products). En effet, l’accumulation de ces AGE dans les tissus cibles est corrélée au contrôle glycémique et Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 6, novembre/décembre 2003 semble prendre une part importante dans la physiopathogénie des lésions microvasculaires. Nous savions, depuis le DCCT, qu’optimiser le contrôle glycémique diminuait la survenue et la progression des complications microvasculaires. EDIC nous montre maintenant que cette optimisation thérapeutique “laisse des traces”, avec un bénéfice – notamment rénal – qui persiste plusieurs années après la fin de l’intervention optimale. Ces résultats sont un nouvel encouragement pour contrôler au mieux, le plus tôt et le plus longtemps possible nos patients diabétiques. M. Joubert, service d’endocrinologie et des maladies métaboliques, CHU Côte-de-Nacre, Caen. 1. Steffes M. JAMA 2003 ; 290 : 2159-67. 2. Steffes M. JAMA 2002 ; 287 : 2563-9. La metformine, traitement efficace de l’hirsutisme du SOMPK Le syndrome des ovaires micropolykystiques (SOMPK) est fréquemment associé au syndrome métabolique, dont l’insulinorésistance semble être un déterminant essentiel. Le lien physiopathologique exact entre SOMPK et insulinorésistance n’est pas clair à ce jour, mais de nombreuses équipes ont montré que la dysfonction ovulatoire du SOMPK peut être améliorée par les médicaments diminuant l’insulinorésistance (biguanides et thiazolidinediones). En revanche, l’action de ces substances sur l’hirsutisme des patientes atteintes de SOMPK n’avait jamais été précisément évaluée. L’étude prospective randomisée de Harborne et al. a donc comparé l’action de la metformine (1,5 g/j) versus Diane® (1/j, 21 j/mois) sur l’hirsutisme de 52 patientes atteintes d’un SOMPK. Diane® est une pilule contraceptive estropro- gestative associant 35 mg d’éthinylestradiol et 2 mg d’acétate de cyprotérone, progestatif anti-androgénique et anti-gonadotrope qui est la molécule de référence du traitement de l’hirsutisme non tumoral. Les 26 patientes de chaque bras (metformine/Diane®) étaient en tout point comparables, avec notamment un IMC moyen de 32 et un score d’hirsutisme important (20-22 en moyenne selon Ferriman et Gallway). Le score d’hirsutisme ainsi que des paramètres biologiques d’insulinorésistance et d’hyperandrogénie ont été réévalués après un an de l’un ou l’autre des traitements. De façon non surprenante, la metformine a entraîné une diminution significative de l’index d’insulinorésistance et de l’IMC, mais n’a pas eu d’action sur le taux plasmatique des androgènes ni sur la SHBG (Sex Hormone Binding Globulin). Diane® a significativement abaissé les taux d’androgènes et augmenté le taux de SHBG, sans aucune action sur l’insulinorésistance ou le poids. Les résultats sur l’hirsutisme sont en revanche troublants : le score de Ferriman et Gallway a diminué dans les deux bras, mais davantage sous metformine que sous Diane®. Le mode d’action de la metformine sur la régression de l’hirsutisme ne semble donc pas médié par la baisse des androgènes circulants ni par un effet sur l’IGF-I, dont les taux n’ont pas varié dans cette étude. La metformine apparaît comme un médicament efficace sur l’hirsutisme du SOMPK, et son mode d’action est différent de celui des substances visant à diminuer l’hyperandrogénie. On attend à présent les études comparant la metformine aux fortes doses d’acétate de cyprotérone, qui sont utilisées pour le traitement de l’hirsutisme en combinaison avec l’estradiol 17b, ainsi que les études précisant l’effet de l’association des deux molécules. M. Joubert 1. Harborne L. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88 : 4116-23. L’hémoglobine glyquée constitue-t-elle un marqueur du syndrome métabolique ? Le syndrome métabolique et son corollaire, l’insulinorésistance, sont responsables d’une augmentation du risque de développer un diabète et du risque cardiovasculaire, mais on ne dispose pas d’un marqueur biologique simple pour les identifier. Osei et al. ont avancé l’hypothèse que l’hémoglobine glyquée (HbA1C) pourrait être un tel marqueur dans une population d’apparentés au premier degré de diabétiques de type 2 afro-américains de l’Ohio aux ÉtatsUnis. Les auteurs ont étudié les paramètres anthropométriques et métaboliques suivants, dans un groupe de 219 sujets non diabétiques : âge, IMC, rapport taille-hanche, TA systolique et diastolique, indices d’insulinosecrétion et d’insulinorésistance (minimal model de Bergman et HOMA), lipides plasmatiques. Les sujets ont été séparés en trois groupes correspondant aux tertiles d’HbA1C suivants : 3,3-4,8 % pour le 1er tertile, 4,9-5,6 % pour le 2e tertile et 5,7-6,4 % pour le 3e tertile. Tous les sujets avaient une glycémie à jeun inférieure à 110 mg/dl et une HbA1C normale. La comparaison des caractéristiques des trois groupes de patients définis par leur niveau d’HbA1C a montré que les sujets du 3e tertile ont : – un IMC, un rapport taille-hanche, une TA systolique et diastolique significativement plus élevés que ceux du 1er et 2e tertile ; – une glycémie à jeun significativement plus élevée (95,5 ± 3,2 mg/dl) que celle du 1er tertile (83 ± 2,7 mg/dl) et du 2e tertile (78,8 ± 1,5 mg/dl) ; – une insulinémie et un peptide C plus élevés (tendance non significative cependant) ; – de plus, les sujets du 3e tertile ont un indice Sg d’utilisation du glucose et Si de sensibilité à l’insuline – calculés par la méthode du minimal model après test de tolérance au glucose i.v. couplé à une perfusion d’insuline exogène – significativement abaissés par rapport aux sujets des 2e et 3e tertile d’HbA1C. De manière concordante, l’indice HOMA d’insulinorésistance des sujets du 3e tertile était plus élevé (3,62 ± 0,26) que celui des sujets du 1er tertile (2,6 ± 0,21) et du 2e tertile d’HbA1C (2,55 ± 0,31). En revanche, l’indice HOMA évaluant la fonction b secrétoire n’était pas différent entre les trois tertiles d’HbA1C. Ces données originales montrent clairement que les apparentés de diabétiques de type 2 normoglycémiques ayant le niveau le plus élevé d’HbA1C ont certaines caractéristiques du syndrome métabolique, et en particulier une insulinorésistance plus sévère que les sujets des 1er et 2e tertile d’HbA1C. Notons cependant que les niveaux lipidiques, en particulier les triglycérides et le HDL-cholestérol, n’étaient pas différents pour les trois tertiles d’HbA1C, ce qui s’explique, pour les auteurs, par le phénotype lipidique favorable des Afro-Américains présentant un syndrome métabolique, par comparaison aux Caucasiens. Ainsi, l’HbA1C apparaît, dans cette population particulière d’Afro-Américains apparentés au premier degré de diabétiques de type 2, comme un marqueur du syndrome métabolique. L’extrapolation de ces données aux sujets d’autres ethnies, notamment caucasienne, à des individus ne présentant pas une prédisposition génétique au diabète de type 2 nécessitera des études spécifiques, mais on peut déjà retenir ce marqueur fiable et non coûteux comme un bon candidat pour repérer les sujets à risque de développer un diabète, et donc susceptibles de bénéficier des programmes de prévention hygiéno-diététiques ou d’intervention pharmacologique par la metformine comme dans le DPP américain ou le DPS finlandais. Brèves… Brèves… Y. Reznik, service d’endocrinologie et des maladies métaboliques, CHU Côte-de-Nacre, Caen. ✓ Osei K et al. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88 : 4596-601. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 6, novembre/décembre 2003 291 Brèves… Brèves… Grandeur et misère de la T3 L’étude princeps de Bunevicius et al. (1), publiée dans le New England Journal of Medicine en 1999, avait ouvert le débat sur les effets bénéfiques de l’utilisation combinée de T4 et T3 dans le traitement de l’insuffisance thyroïdienne, en particulier sur la qualité de vie et les fonctions cognitives. Cette étude aux conclusions originales concernait cependant un petit échantillon de patients, comportait un sous-groupe traité par une dose suppressive d’hormones thyroïdiennes pour cancer différencié de la thyroïde, et portait sur une durée de seulement 5 semaines. Ces biais méthodologiques entachaient les conclusions des auteurs, et ont sus- cité des études méthodologiquement non criticables. Deux d’entre elles ont été récemment publiées et viennent infirmer les conclusions optimistes de Bunevicius et al. Walsh et al. (2) ont mené une étude en double aveugle, randomisée et contrôlée, sur une population de 110 patients porteurs d’une hypothyroïdie primaire auto-immune ou idiopathique. Tous étaient initialement traités par la T4 (dose moyenne, 136 mg/j) et recevaient en cross over au cours de deux séquences de 10 semaines séparées par 4 semaines de wash out, soit la T4 seule, soit T4 + T3 (10 mg de T3 remplacant 50 mg de T4). Les paramètres étudiés comportaient une échelle des symptômes d’insuffisance thyroïdienne, un questionnaire général de qualité de vie, trois questionnaires évaluant les fonctions cognitives et un questionnaire quantifiant les symptômes somatiques, anxieux, dépressifs et leur retentissement sur la vie sociale. Les patients sous T4 seule présentaient, à la fin de l’étude, une TSH significativement plus basse que ceux sous T4 + T3. Une seconde analyse a comparé deux groupes (T4 seule versus T4 + T3) ayant le même niveau de TSH. La conclusion des auteurs est l’absence de tout effet bénéfique du traitement combiné T4 + T3 sur la qualité de vie, les fonctions cognitives, l’humeur, les symptômes d’hypothyroïdie et la satisfaction subjective du traitement. Sawka et al. (3) ont choisi d’étudier les effets de la substitution PUB LIPANTYL 292 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 6, novembre/décembre 2003 par la T3 chez 40 patients hypothyroïdiens ayant des symptomes dépressifs sous T4 seule. Les patients recevaient initialement 120 à 132 mg de T4, et la moitié d’entre eux ont reçu une demi-dose de T4, compensée par la prise de 25 mg de T3, alors que l’autre moitié poursuivait le traitement par T4 seule. L’étude a duré 15 semaines pendant lesquelles les doses de T4 et T3 ont été ajustées de manière à maintenir la TSH dans les valeurs normales. Au terme de l’étude, les auteurs ont réévalué les scores d’humeur et constaté l’absence de toute amélioration des échelles de dépression sous le traitement combiné T4 + T3 par comparaison avec le groupe maintenu sous T4 seule. Ces deux études viennent sérieusement entamer le concept des effets spécifiques de la T3 sur les fonctions cognitives et l’humeur, et illustrent les difficultés méthodologiques inhérentes à ce type d’étude clinique. Quant aux effets à plus long terme de la T3, ils restent à étudier… Y. Reznik Brèves… Brèves… 1. Bunevicius R. N Engl J Med 1999 ; 340 : 424-9. 2. Walsh JP. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88 : 4543-50. 3. Sawka AM. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88 : 4551-5. PUB LIPANTYL Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 6, novembre/décembre 2003 293