Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VIII), n° 2, mars/avril 2004
de la régulation du poids
60
Récemment, il a été détecté dans le
sang des fragments de la partie C
t e r minale de la pro - g h r é l i n e, dont la
fonction n’est pas encore connue.
L’estomac est le principal site de syn-
thèse de la ghréline, mais des taux
non néglige ables de cette horm o n e
sont trouvés dans l’intestin grêle, le
c ô l o n , le pancréas, le re i n , le cœur
et le placenta ( t abl e a u ) . Le fundus
contient dix à vingt fois plus de ghré-
line que le duodénum. Des concen-
t rations plus fa i bles de ghréline sont
présentes dans le jéjunum et l’iléon,
d i m i nuan t généralement au fur et à
m e s u re que la distance par rap p o rt à
l’estomac augmente. Au niveau de
l ’ e s t o m a c,la ghréline est synthétisée
en majorité par les cellules de type
X / A - l i ke. Ces cellules représentent à
peu près 20 % de la population des
cellules endocrines de la muqueuse
ox y n t i q u e . Elles sont associées au
réseau cap i l l a i r e s’étendant au trave rs
de la lamina pro p ria de l’estomac et
n’ont pas de continuité avec la lumière
du tube digestif (d’où leur dénomi-
n a tion de “cellules cl o s e d - t y p e ” ) .
Dans le reste du tractus ga s t r o -
i n t e s t i n a l , la ghréline est présente
dans des cellules de l’épithélium
des cryptes et des villi, cellules qui
sont en contact avec la lumière du
tube digestif (d’où leur dénomina-
tion de “cellules o p e n e d - t y p e”). Ces
d e r n i è res seraient régulées par des
i n f o rm ations chimiques ou phy s i q u e s
p r ovenant de la lumière du tube,
comme le pH ou les nu t ri m e n t s , a l o rs
que les cellules “ closed type” s o n t
sous la dépendance d’hormones, de
s t i mu l a tions neuronales ou de dis-
tensions mécaniques.
Au niveau centra l , la ghréline est
ex p rimée dans un groupe de neu-
rones attenant au troisième ve n t r i-
cule dans un espace internu cl é a i re
entre les noyaux latéral (LH), arqué
( A R C ) , ve n t r omédian (VMH), d o r s o -
médian (DMH) et paraventriculaire
(PVN) hypothalamiques. Ces neu-
rones innervent plusieurs noya u x
hypothalamiques (ARC, D M H , LH et
P V N ) , mais aussi des régions ex t ra-
hypothalamiques (amy g d a l e s , n oya u
paraventriculaire thalamique, habe-
nula). Au niveau hy p o t h a l a m i q u e,d e s
boutons de ghréline immu n o r é a c t i f s
é t ablissent soit des contacts synap-
tiques sur les corps cellulaires ou
les dendrites des neurones à neuro-
p e ptide Y (NPY), AGRP et pro -
o p i o m é l a n o c o rtine (POMC) dans
l ’ A R C , et à cort i c o l i b é rine (CRH)
dans le PVN, soit des ap p o s i t i o n s
d i r ectes sur les terminaisons axonales
des neurones à NPY dans l’ARC et
à GABA dans le PVN. Néanmoins,
étant donné les fa i bles quantités de
ghréline immu n o r é a c t i ve détectées au
n iveau centra l , le débat sur l’ori gi n e
de la ghréline agissant à ce nive a u
reste ouvert.
Effets induits
par l’administration
de ghréline
Sur la sécrétion d’hormone
de croissance
De façon at t e n d u e , la ghréline, l i g a n d
e n d o gène du récepteur des GHS, s t i-
mule la sécrétion de GH aussi bien
in vivo qu’in vitro dans toutes les
espèces étudiées.
Chez l’homme, la ghréline stimu l e
la sécrétion de GH, et l’amplitude de
la réponse est plus importante que
celle observée après administrat i o n
d’une quantité équivalente de GHRH.
De plus, la ghréline combinée à la
GHRH stimule la sécrétion de GH
de façon synergique.
In vitro , chez le rat , elle stimule la
sécrétion de GH de manière dépen-
dante de la dose, d i r ectement à
p a rtir d’hy p o p hyses périfusées. De
façon intére s s a n t e,un peptide endo-
gène correspondant aux 18 pre m i e rs
acides aminés (bien que son ex i s t e n c e
n’ait pas encore été pro u v é e,il pour-
rait être produit par cl ivage à part i r
de la ghréline, vu l’existence d’un
d o u blet dibasique en position 19-
20) induit le même effet pourvu que
la n-octanoy l ation soit présente, c e
qui est en accord avec le fait que seuls
les quat re pre m i e r s acides aminés
sont nécessaires pour activer le récep-
t e u r. Chez le rat vigi l e,l i b r e de ses
m o u v e m e n t s , la ghréline, a d m i n i s t r é e
en intraveineux, induit une stimula-
tion rapide et tra n s i t o i r e de la sécrétion
de GH. Les concentrations basales de
GH sont multipliées par un fa c t e u r
20 à 50, dix minutes après l’injection,
et re t o u r nent aux va l e u r s initiales
après quarante à soixante minu t e s .
Dans la mesure où, in vitro , la ghré-
line à dose maximale n’augmente la
sécrétion de GH que d’un facteur 2
à 3, cela montre que son action est
m a j o ri t a i rement centra l e. Elle inhibe
p r o b a blement la libération de somat o -
s t a tine (SRIH) et stimule celle de
GHRH. D’une part, elle présente la
même efficacité qu’elle soit injectée
en période de sécrétion basse de
G H , c ’ e s t - à - d i r e de tonus élevé en
S R I H , ou lors d’un pic spontané cor-
respondant à un tonus bas en SRIH,
c o n t r a i r ement à la GHRH, qui ne
peut augmenter la sécrétion de GH
que si le tonus somat o s t at i n e rgi q u e
est bas. D’autre part , la ghréline ne
peut induire une réponse de GH que
si le système GHRH endogène est
i n t a c t : une immu n i s ation passive
contre la GHRH diminue très forte-
ment l’effet de la ghréline sur la GH
(figure 1).
Il est à noter que la ghréline pourra i t
aussi influencer la libération de pro-
l a c t i n e , de cort i s o l , d ’ A CTH et d’aldo-
s t é r o n e , comme le rap p o r tent cert a i n e s
études cl i n i q u e s , mais les mécanismes
mis en jeu dans ces effets n’ont pas
été élucidés à ce jour.
Sur le comportement
alimentaire
Chez l’homme, l ’ a d m i n i s t ration de
ghréline induit une sensation de
fa i m , et l’infusion intraveineuse de
ghréline (5 pmol/kg/mn) pendant
les quat re heures qui précèdent le
déjeuner entraîne une augmentat i o n
de 28 % de l’ap p o r t calorique au
c o u r s du rep a s , sans modifi c a tion de
la pro p o r tion de carbohy d rat e s , d e
p r otéines ou de lipides ingérés ( 2 ).
Il en est de même chez le rat , q u i ,