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nécessaires pour se procurer une perruque.
À ce moment, la première question des
patientes se rapporte au retentissement sur
la vie courante, notamment vis-à-vis de
l’activité professionnelle.
Elles veulent savoir si le traitement impose
une hospitalisation ou s’il peut se dérouler
en ambulatoire, et veulent connaître les
conséquences sur leur vie professionnelle.
Si certaines décident tout de suite de mettre
leur activité professionnelle entre paren-
thèses, d’autres, au contraire, veulent éviter
toute répercussion sur leur travail.
Au stade de la chimiothérapie, il ressort
que le vécu de la maladie et la tolérance
au traitement sont meilleurs chez les
femmes qui conservent une activité profes-
sionnelle.
Un encadrement psychologique
Nous nous attachons à réduire les
conséquences de la maladie grâce à une
prise en charge psychologique de la
patiente et de son entourage.
C’est dans cet esprit que nous avons créé,
à l’Institut Curie, une unité de psycho-onco-
logie sous l’égide d’un psychiatre et de
psychologues.
En associant écoute, disponibilité et profes-
sionnalisme, un travail sur les consé-
quences de l’annonce du cancer est entre-
pris à la demande de la patiente ou du
médecin. Un suivi peut alors être instauré
dans le but d’aider la patiente à mieux
vivre sa maladie.
Propos recueillis par le Docteur
Chantal Despierre
Interview de Mme D. Escudier, présidente
de l’association
Vivre Comme Avant
Afin d’aborder d’une manière aussi com-
plète que possible le vécu des femmes por-
teuses d’un cancer du sein, nous avons
choisi de compléter l’approche du médecin
spécialiste par celle d’une association, ou
plus exactement d’un mouvement aidant les
femmes atteintes d’un cancer du sein.
Vivre Comme Avant
, association régie
selon la loi de 1901, est un mouvement
d’aide et de soutien auprès des femmes
porteuses d’un cancer du sein et pour les-
quelles un sentiment d’incommunicabilité se
crée avec ceux qui n’ont pas vécu la même
expérience.
Ce mouvement est né sous l’impulsion
d’une femme ayant elle-même subi l’abla-
tion d’un sein en 1974 et qui aurait souhai-
té, à cette époque où le mot “cancer” était
tabou, parler avec une autre femme ayant
survécu à sa maladie.
Car la première question que se posent la
plupart des femmes confrontées à cette
maladie est de savoir si elles survivront.
Le fait d’avoir devant soi la preuve qu’une
vie normale peut être retrouvée n’est-il pas
la meilleure façon de répondre à cette
question et de redonner l’espoir ?
L’aide apportée consiste avant tout à écou-
ter les patientes qui en ont émis le désir et
à donner un témoignage de vie, et donc
d’espoir. En effet, toutes les bénévoles qui
animent ce mouvement ont la particularité
d’être « passées par là » et d’avoir pu sur-
monter le passage difficile que représente
la chimiothérapie avec son cortège d’effets
indésirables, les protocoles de radiothéra-
pie, la tumorectomie ou la mastectomie. Il
s’agit donc d’apporter aux nouvelles opé-
rées une aide morale qui leur permette de
retrouver, voire de développer leurs res-
sources, et de reprendre confiance en la
vie. Cette aide doit toujours s’adapter à la
demande, quel que soit le type de traite-
ment, et se diriger dans la voie que s’est
choisie la patiente.
Face au cancer : savoir écouter
et donner l’espoir
L’espoir, ces femmes le portent en
elles, grâce à leur expérience personnelle
qui n’est toutefois jamais rapportée lors des
entretiens avec les malades. En effet, pour
être bénévole, il faut avoir acquis un cer-
tain recul vis-à-vis de sa propre maladie
afin de pouvoir faire s’exprimer et écouter
le désarroi de l’autre puis témoigner
qu’une vie normale est encore possible
après, sans pour autant se citer en
exemple. Après une période de formation,
les volontaires qui sont au nombre d’une
centaine, réparties sur toute la France, font
des visites à l’hôpital, dans les cliniques ou
les services anticancéreux et, avec l’accord
de l’équipe soignante, établissent le
contact, toujours individuel, avec les opé-
rées du sein qui en auront exprimé le désir.
Ce contact se situe en général le lendemain
de l’intervention. Elles répondent aussi aux
appels téléphoniques et au courrier. Cette
aide doit rester ponctuelle et ne pas engen-
drer de rapport d’amitié.
Afin de respecter la liberté de l’opérée, la
volontaire ne prend jamais ses coordon-
nées ; en revanche la femme rencontrée
peut l’appeler quand elle le souhaite.
L’autre particularité de ce mouvement est
de ne pas regrouper d’anciennes malades
afin de ne pas générer des craintes et des
angoisses supplémentaires. Il n’existe pas
de bureau, comme c’est le cas dans la plu-
part des associations, et chaque volontaire
travaille à partir de son domicile. L’aide
financière est essentiellement assurée par
la
Ligue contre le Cancer
, les frais se limi-
tant aux déplacements, aux notes de télé-
phone, au livret donné à toute nouvelle
opérée et à la poche de dépannage en
cas de mammectomie, lorsque la répa-
ration est différée.
Le vécu des femmes au travers
de leur craintes
Du fait de la symbolique attribuée à la
glande mammaire, on comprend que
l’atteinte de son intégrité soit lourde de
conséquences.
Les femmes s’imaginent qu’elles ne suscite-
ront plus de l’amour mais de la pitié, que
leurs rapports avec leur conjoint vont chan-
ger et, en quelques mots, qu’elles ne pour-
ront plus vivre comme avant.
Si l’effet tunnel engendré par le cancer est
inévitable, il n’est pas vécu de la même
façon par toutes et reste très inégalement
éclairé. Il n’existe donc aucune règle ; les
femmes les plus “fortes” peuvent s’écrouler,
alors que d’autres semblant plus fragiles
résisteront mieux. La réaction n’est absolu-
ment pas prévisible et reste indépendante
de la construction intellectuelle que l’on
avait auparavant.
Propos recueillis par le Docteur
Chantal Despierre
Carnet d’adresses
Association pour la recherche
contre le cancer
16, av. Paul-Vaillant-Couturier, 94801 Villejuif
Cedex. Tél. : 01 45 59 59 59. Fax : 01 47 26 04 75.
Comité féminin du dépistage du cancer du sein
209, rue des Apothicaires, Parc Euromédecine,
34196 Montpellier Cedex. Tél. : 04 67 61 00 88
Fax : 04 67 61 15 10.
Fédération nationale des centres
de lutte contre le cancer
101, rue de Tolbiac, 75654 Paris Cedex 13.
Tél. : 01 44 23 04 04. Fax : 01 45 84 66 82.
Ligue nationale française contre le cancer
1, av. Stephen-Pichon, 75013 Paris.
Tél. : 01 44 06 80 80. Fax : 01 45 86 56 78.
Mathilde
Péricentre III, 26, av. de Thies, 14000 Caen.
Tél. : 02 31 93 82 00. Fax : 02 31 93 82 50.
Vivre comme avant
8, rue Taine, 75012 Paris. Tél. : 01 43 43 87 39.
Fax : 01 43 43 87 39.
LEPOINT DE VUE
D’UN MOUVEMENT D’AIDE AUX PATIENTES
avec le soutien de :