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Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n° 2, février 2000
ment entre les différents segments d’une
même paroi.
Bases physiologiques et anatomiques
du Doppler tissulaire myocardique
L’interprétation des vélocités myocar-
diques ne peut se faire qu’en connaissan-
ce de la physiologie des mouvements car-
diaques, de l’anatomie et de l’orientation
des fibres myocardiques au sein d’une
paroi myocardique. La cinétique ventricu-
laire obéit à la combinaison de mouve-
ments complexes dont nous ne pourrons
que quantifier la résultante sur un segment
myocardique donné en analyse Doppler
tissulaire. On peut ainsi schématiquement
distinguer :
– un mouvement de contraction circonfé-
rentielle bien analysé en incidence para-
sternale petit-axe au niveau des parois
antéroseptale et postérieure lié au dépla-
cement principalement de l’endocarde
vers un centre de gravité situé au centre de
la cavité ventriculaire gauche ;
– un mouvement de contraction longitudi-
nale bien analysé en incidences apicales 4
et 2 cavités lié essentiellement au déplace-
ment de l’anneau mitral et des segments
basaux des parois ventriculaires vers un
centre de gravité situé sur un axe médian à
1/3 de l’apex et 2/3 de la base ;
– un mouvement de torsion ou de rotation
dont l’analyse en Doppler peut s’effectuer
à partir d’une coupe parasternale petit-axe
sur l’angle de la zone transitionnelle (tran-
sition du codage en bleu vers le codage en
rouge de la paroi antéro-septale) avec sa
position théorique ;
– enfin, il ne faut pas méconnaître les
mouvements de translation du cœur dans
le thorax qui peuvent artificiellement aug-
menter les valeurs des vélocités myocar-
diques et qu’il faut minimiser sinon annu-
ler en recueillant les informations chez un
patient en apnée postexpiratoire.
L’orientation des fibres myocardiques
joue un rôle dans l’hétérogénéité des
valeurs des vélocités myocardiques. On se
souviendra qu’au sein d’une paroi, on dis-
tingue l’orientation oblique de bas en
haut des fibres endocardiques, puis
l’orientation horizontale des fibres
médianes et enfin l’orientation oblique
de haut en bas des fibres épicardiques
(figure 3).Enfin, ces différentes fibres
myocardiques sont organisées en éven-
tail pour la plupart dans le massif ventri-
culaire avec certaines qui “cravatent” la
zone médiane du ventricule et partici-
pent ainsi au mouvement de torsion.
Place du DTI dans l’étude des
cardiopathies hypertensives
L’ h ypertension a un effet direct sur l’ana-
tomie myocardique et sur la performance
et la fonction systolo-diastolique. L’étude
échocardiographique des patients présen-
tant une cardiopathie hypertensive a per-
mis une meilleure compréhension de la
pathologie et également une information
pronostique concernant le calcul de la
masse ventriculaire gauche, le type et le
développement de l’hypertrophie ventri-
culaire gauche, la dégradation de la per-
formance diastolique et la diminution de
la fonction systolique.
Le Doppler tissulaire myocardique (DTI),
par son analyse des vélocités de déplace-
ment des parois myocardiques, permet
une analyse quantitative de la performan-
ce myocardique et peut donc appporter de
nouveaux éléments dans la compréhen-
sion de la pathophysiologie de la cardio-
pathie hypertensive.
Dans l’hypertension, différents profils
hémodynamiques et morphologiques sont
rencontrés, depuis un myocarde normal en
passant par la dysfonction diastolique,
l’hypertrophie ventriculaire gauche et
l’augmentation de la masse, et enfin l’al-
tération finale de la fonction systolique.
Ces différents éléments vont pouvoir être
revus à la lumière du DTI.
HTA et hypertrophie myocardique
L’ h ypertrophie et l’augmentation de la
masse ventriculaire gauche dans l’hyper-
tension sont la conséquence de l’augmen-
tation de la postcharge, du travail d’éjec-
tion et du stress pariétal, résultant de
l’addition en parallèle de fibres contrac-
tiles. Cette hypertrophie a été reconnue
comme facteur pronostique pour la morta-
lité et la morbidité cardiovasculaire. Le
DTI permet la reconnaissance, en cas
d’hypertrophie, d’anomalies des vitesses
de déplacement des parois myocardiques,
tant systolique que diastolique. Cela a été
mis en évidence chez des patients porteurs
de CMH. Il est de même possible grâce au
DTI de distinguer plusieurs types d’hyper-
trophies et de confirmer le caractère phy-
siologique de l’hypertrophie observée
chez les sportifs par rapport à celle patho-
logique des CMH. En effet, les sportifs
montrent des profils de vélocités myocar-
diques normaux, tandis que ceux-ci sont
altérés (vélocités diminuées) dans les
CMH, alors que les paramètres standards
(fraction d’éjection, paramètres de fonc-
tion diastolique selon le flux Doppler
transmitral) ne sont pas toujours discrimi-
nant (Derumeaux et coll.). Dans une
Figure 3 : Mise en évidence de troubles de
relaxation par le Doppler tissulaire.