verge afin de constituer 2 lambeaux muco-préputiaux
qui seront ramenés plus tard à la face inférieure du
pénis. Il faut, bien entendu, prendre soin au maximum
à la vascularisation des lambeaux muqueux et, pour
cela, réaliser la dissection en restant le plus proche pos-
sible du versant cutané. La dissection, en amont du
méat, doit être très prudente car la peau recouvrant
l’urètre est très fine et l’on doit au maximum éviter
toute blessure urétrale, source de fistule. Ce temps est
toujours réalisé sous garrot, ce qui facilite le geste.
Cette ischémie temporaire n’excède pas les 45 minutes
et n’a pas de conséquence fonctionnelle. La gouttière
péri-urétrale délimitée pendant ce temps opératoire doit
avoir une largeur de 14 à 15 mm afin de ne pas risquer
une sténose du nouvel urètre glandulaire.
Ensuite, 2 lambeaux de tissus spongieux latéraux sont
confectionnés dans le gland et seront suturés sans ten-
sion par devant l’urètre glandulaire. Ce temps doit
veiller à ne pas ouvrir en profondeur l’albuginée des
corps caverneux, source d’un saignement complémen-
taire. Par ailleurs, le spongieux est très fin au niveau du
sillon balano-préputial et il faut être prudent de façon à
ne pas transfixier le gland à ce niveau. L’incision en
profondeur sera arrêtée dès que les lambeaux seront
suffisamment libérés pour être suturés sur la ligne
médiane, sans tension. L’urètre glandulaire est très
superficiel et il faut respecter cette position.
On libère le fourreau cutané jusqu'à la racine de la
verge sur la face ventrale pour supprimer les adhé-
rences responsables de la courbure entre l’urètre distal
pellucide dépourvu de tissus spongieux et le plan cuta-
né. Ce temps s’effectue à l’aide d’une pince hémosta-
tique bipolaire. L’incision cutanée recule alors le plus
souvent de plusieurs centimètres, témoin de la correc-
tion de la courbure.
Cette dissection, débutée sur la face ventrale, sera pour-
suivie en arrière, permettant de retrouver le bon plan en
avant et de terminer la libération des corps caverneux dont
l’albuginée bleutée est très facilement reconnaissable.
Ensuite, on pratique une tubulisation de la plaque uré-
trale par des points séparés invaginant de P.D.S. 7/0 en
commençant en amont du méat et en remontant jus-
qu’au sommet du gland. Le gland est reconstitué en
réalisant un premier point amarrant le nouvel urètre à la
muqueuse glandulaire par du P.D.S. 6/0. Les autres
sutures consistent en des points de Blair-Donati affron-
tant parfaitement, pour des raisons esthétiques et d’hé-
mostase, les 2 berges du gland.
Le temps ultérieur consiste à recouvrir l’urètre distal
par rapprochement sur la ligne médiane des plans pré-
caverneux, résidus des tissus spongieux bifurqués, par
un surjet hémostatique. Cette suture démarre dans le
tissu spongieux du gland et permet ainsi une hémosta-
se très satisfaisante.
Le garrot est lâché et l’on confectionne une collerette
muqueuse circulaire par 2 lambeaux préputiaux pour
pallier le manque de peau ventrale et améliorer le résul-
tat esthétique final.
On réalise ensuite un test d’érection artificielle et, si
nécessaire, une intervention de type Nesbit complémen-
taire est pratiquée. L’excès de tissu préputial est réséqué.
L’intervention est terminée par la reconstitution du four-
reau cutané par du P.D.S. 6/0. Dans certains cas, il suff i t
de suturer le fourreau à la collerette muqueuse. Parfois, le
fourreau doit être allongé par une suture verticale sur 2
ou 3 centimètres. Lorsque la tension est excessive, on
propose soit la réalisation d’un lambeau de Byars, soit
une transposition pédiculée préputiale, ce qui permet
dans le même temps de désenliser la verge. La stratégie
est décidée en fonction des conditions locales.
Un pansement hémostatique, hydrocolloïde, est mis en
place. La sonde urinaire est fixée à l’abdomen par un
film transparent autocollant et sera enlevée au bout de
2 jours. La durée de ce geste est de 90 minutes en
moyenne et il s’effectue à l’aide de lunettes grossis-
santes (x 4). (Figures 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11).
L’enfant part avec son pansement qui se décolle spon-
tanément au bout de quelques jours.
Les gestes associés
Des gestes associés à la technique ont été réalisés :
• Des courbures de verge persistantes, après un test
d’érection artificielle réalisé après la libération com-
plète des adhérences urétro-cutanées ventrales, ont été
rares ; elles n’ont intéressé que 3 patients.
• Nous avons dû procéder à 3 désenlisements.
• Une conservation préputiale, à la demande des
familles, a été réalisée dans 25 cas, soit 7,8%.
RESULTATS
Résultats immédiats
Nous avons observé 16 fistules sur 321 cas, soit 5%,
dont 4 se sont fermées spontanément. Il faut noter que
2 fistules urétrales sont survenues chez 2 patients dont
la cure d’hypospadias était itérative. En somme, si l’on
exclut les fistules qui se sont taries spontanément, ce
qui n’a occasionné qu’une gêne temporaire, seules 12
fistules ont ou vont nécessiter une reprise chirurgicale,
ce qui donne un résultat de 3,7% sur l’ensemble des
hypospadias traités.
Il s’est produit 5 reculs du méat, soit 1,6%, 6 sténoses
du méat, soit 1,9% traitées pour 2 patients par des dila-
tations simples et pour les autres, par des méatostomies
sous anesthésie.
Il n’a pas été rencontré de sténose urétrale.
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J.L. Mège et coll., Progrès en Urologie (1999), 9, 1136-1147