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Dirigée par le Dr H. Massiou
Triade douleur auriculaire,
fumeur,VS élevée :
le poumon vous dis-je !
■
À partir d’un cas, les auteurs revoient
les 31 cas publiés de tumeur pulmonaire associée à des douleurs faciales. Cent
pour cent des patients étaient ou avaient été
fumeurs, 61 % étaient des femmes, l’âge
moyen était de 54,7 ans, le plus jeune avait
34,7 ans. La douleur était décrite comme
constante par 79 % des patients, et dans
84 % des cas elle était située dans la région
auriculaire. Dans tous les cas, elle était
ipsilatérale à la tumeur pulmonaire. La VS
était élevée (> 30) dans 77 % des cas et des
symptômes évocateurs d’une tumeur du
poumon étaient présents dans 70 % des cas
(perte de poids, toux, hémoptysie). Le délai
moyen du diagnostic après l’apparition de
la douleur était de 8,3 mois mais pouvait
atteindre 24 mois. La radiographie thoracique était normale dans 19 % des cas, mais
le scanner thoracique toujours anormal.
La neuro-imagerie ou le LCR, si effectués,
étaient normaux. L’histologie était dans
50 % des cas un adénocarcinome, et sinon
plus rarement, un carcinome épidermoïde, à
petite cellule, à grande cellule et carcinoïde.
La résection de la tumeur entraînait constamment une amélioration immédiate des douleurs faciales. L’infiltration du nerf vague
expliquerait cette douleur projetée, notamment via les interconnexions au niveau de
la racine descendante du trijumeau.
Commentaires. Une douleur faciale atypique continue nécessite de “descendre plus
bas” dans les explorations, notamment en
cas de prépondérance auriculaire chez un
fumeur avec une VS élevée. La sémiologie
des douleurs faciales n’était pas plus
détaillée : un autre cas non rapporté ici
décrivait une hémicrânie paroxystique. La
précocité du diagnostic joue un rôle essentiel dans le pronostic.
S. Iglesias, Paris.
✔ Eross EJ, Dodick DW, Swanson JW, Capobianco DJ. A
review of intractable facial pain secondary to underlying lung neoplasms. Cephalalgia 2003 ; 23 (1) : 2.
Rareté de l’infarctus
migraineux (registre
d’infarctus de Barcelone)
■
Au sein d’une base de données établie
entre 1986 et 1995 sur 2 000 accidents
vasculaires cérébraux, 9 patients ont été
retenus comme infarctus migraineux selon
les critères de l’International Headache
Society : infarctus cérébral survenant chez
un patient souffrant de migraine avec aura,
au cours d’une crise de migraine avec aura
habituelle, et dont le déficit reproduit les
symptômes de l’aura du patient, persiste
plus de 7 jours et/ou est documenté par la
neuro-imagerie ; toutes les autres étiologies
potentielles d’accident ischémique cérébral
(AIC) ont été écartées. L’âge moyen était de
35,7 ± 12 ans, 6 patients sur 9 étaient des
femmes dont 2 étaient sous contraceptif oral
au moment de l’AIC. Comparés aux autres,
61 patients ayant présenté des AIC de cause
inhabituelle, les patients avec infarctus
migraineux étaient significativement plus
jeunes, avaient significativement plus de
migraines actives (au moins 2 crises dans les
2 mois précédant l’AIC), et avaient plus de
céphalées, de nausées ou de vomissements
lors de la survenue de l’AIC. L’imagerie
était en rapport avec la symptomatologie de
l’aura chez 6 sujets tandis que l’imagerie
était négative chez les 3 autres. Les infarctus
migraineux représentaient 0,77 % du total des
premiers infarctus ischémiques et 13,7 %
des AIC chez les patients de moins de 45
ans. La sévérité modérée de ces AIC autorisait une sortie rapide des patients et sans
séquelles chez 67 % d’entre eux.
Commentaires. Cette étude confirme
l’extrême rareté de l’infarctus migraineux.
De plus, seuls 53 % de l’ensemble des
patients ont eu une échocardiographie et
13 % des bilans immunologiques, qui
auraient pu peut-être éliminer d’autres étiologies, et encore réduire le nombre de diagnostics d’infarctus migraineux.
SI
✔ Arboix A, Massons J, Garcia-Eroles L et al. Migrainous
cerebral infarction in the Sagrat Cor Hospital of
Barcelona stroke registry. Cephalalgia 2003 ; 23 : 389-94.
Inefficacité de l’indométacine
parentérale dans l’AVF
■
À l’aide de l’Indotest, les auteurs
réévaluent l’indométacine dans le
traitement des algies vasculaires de la face
(AVF). L’hémicrânie paroxystique chronique (HPC) est une affection parfois cliniquement difficilement différentiable de
l’AVF, mais qui a le plus souvent une fréquence des accès beaucoup plus élevée que
l’AVF tandis que leur durée est en revanche
plus brève. L’Indotest consiste en l’administration d’une injection i.m. de 100 mg d’indométacine deux fois par jour. En cas d’HPC, il
a une efficacité préventive totale qui constitue
d’ailleurs un test diagnostique de l’affection.
Dans cette étude, 18 patients (3 femmes et
15 hommes) porteurs d’une AVF épisodique
sont étudiés à 8 jours du début de l’épisode.
Après injection d’indométacine 100 mg
deux fois par jour pendant 2 jours, la fréquence des crises et l’espacement intercritique restent statistiquement non différents de ceux documentés pendant les deux
premiers jours de l’épisode. Notamment le
délai de survenue de l’accès après l’injection restait remarquablement court (4,6
± 1,1 h) comparé à ce qui est observé dans
l’HPC où l’administration d’indométacine
entraîne une protection de 10,4 ± 2,5 h.
La Lettre du Neurologue - Supplément Céphalées au n° 9 - vol. VII - novembre 2003
Commentaires. Selon les auteurs, le test
à l’indométacine peut s’avérer utile pour
distinguer AVF et HPC quand les crises
d’AVF ont une fréquence élevée. Une alternative à la forme parentérale reste l’administration per os d’une dose de 150 mg/j.
Néanmoins, un article récent de Buzzi et al.
(Cephalalgia 2003 ; 23 : 401-4) rapporte
un patient souffrant d’AVF et ayant répondu
à l’indométacine, qui mérite donc d’être
essayée en cas d’échec des autres traitements de fond de l’AVF.
SI
✔ Antonaci F, Costa A, Ghirmai S et al. Parenteral
Indomethacin (the INDOTEST) in Cluster Headache.
Cephalalgia 2003 ; 23 : 193-6.
Céphalées induites
par la caféine chez
les enfants et les adolescents
■
La consommation quotidienne moyenne
de caféine est d’environ 70 mg par personne. Dans les pays occidentaux comme les
États-Unis, le Canada, l’Angle-terre et la
Suède, la consommation moyenne individuelle
est beaucoup plus élevée, respectivement 211,
238, 444, 425 mg par jour, essentiellement
sous forme de café, de thé et sodas. L’absorption et l’élimination rapides de la caféine,
combinées à son action psychostimulante, en
font une substance vis-à-vis de laquelle peut
se développer une dépendance. L’IHS reconnaît l’existence de céphalées survenant lors
d’un sevrage en caféine, mais ne décrit pas
de céphalées induites par une consommation
excessive. Les auteurs décrivent un groupe de
36 enfants ou adolescents, présentant des
céphalées chroniques quotidiennes (CCQ) en
rapport avec une consommation quotidienne
excessive de caféine sous forme de sodas.
Aucun de ces sujets n’était migraineux. Ils
avaient une consommation quotidienne
moyenne de 1,5 l de soda (soit 192,88 mg de
caféine ou 2,33 grandes tasses de café par
jour). Le sevrage en caféine fut réalisé de
façon progressive (0,2-0,25 l par jour) sur
1 ou 2 se-maines et entraîna une disparition
complète des céphalées chez 33 sujets sur
36, constatée dès la consultation réalisée
2 semaines après le sevrage.
Chez les enfants et adolescents présentant des
CCQ, l’interrogatoire semble donc devoir
comporter une évaluation de la consommation quotidienne de caféine, notamment
sous forme de sodas. Si cette consommation
se révèle excessive, le diagnostic de CCQ
induites par la caféine doit être suspecté, et un
sevrage doit être proposé.
V. Dousset, service de neurologie,
CHU Pellegrin-Tripode, Bordeaux.
✔ Hering-Hanit R, Gadoth N. Caffeine-induced headache
in children and adolescents. Cephalalgia 2003 ; 23 : 332-5.
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