La Lettre du Neurologue - n° 3 - vol. III - juin 1999 145
activité physique modérée (l’inactivité ou les exercices violents
aggravent le RLS). Certaines substances sont à éviter comme le
café, l’alcool, les neuroleptiques (y compris le métoclopramide,
le sulpiride, la flunarizine, etc.), et les inhibiteurs de la recap-
ture de la sérotonine.
Traitement de la cause sous-jacente
Le traitement des carences en fer et en folates peut améliorer le RLS.
Traitement médicamenteux
La conduite du traitement médicamenteux nécessite avant tout la
bonne coopération du patient, car elle procède souvent par tâton-
nement. La dose minimale efficace doit toujours être recherchée ;
l’association de plusieurs médicaments est souvent nécessaire.
• La DOPA
Les doses efficaces de DOPA sont comprises entre 100 et
300 mg (+ IDC : inhibiteur de la décarboxylase). Elles sont
réparties en deux prises, au dîner et au coucher. Malgré son effi-
cacité, son utilisation est limitée par deux problèmes : un phé-
nomène de “rebond” du petit matin, au réveil, lié en partie à la
demie-vie courte de la DOPA ; un phénomène d’ “augmenta-
tion” défini par la survenue du RLS de plus en plus tôt dans la
journée, et par son extension au niveau des membres supérieurs.
Le médecin et le patient ont alors la tentation de prescrire une
prise supplémentaire de DOPA, rentrant rapidement dans un
cercle vicieux qui peut aboutir à la persistance du RLS tout au
long de la journée, avec disparition des variations diurnes.
• Les agonistes dopaminergiques
Il a été rapporté que la bromocriptine était efficace dans le traite-
ment des RLS, en deux prises (dîner et coucher) à des doses com-
prises entre 5 et 20 mg. Sa demi-vie courte (5 à 6 heures), qui ne
permet pas parfois un contrôle du RLS sur toute la durée de la nuit,
et son efficacité inférieure à la DOPA ont conduit à étudier aux
États-Unis le pergolide (non commercialisé en France). Les études
comparatives en double aveugle ont montré une efficacité du per-
golide (0,1 à 0,6 mg) supérieure à la DOPA, mais avec des effets
secondaires fréquents (nausées, congestion nasale). Les agonistes
dopaminergiques se placent en traitement de seconde intention, en
cas de rebond ou de phénomène d’“augmentation” sous DOPA.
• Les opiacés
Les opiacés (codéine, dextropropoxyphène, oxycodone, penta-
zocine, méthadone) sont efficaces dans le traitement du RLS,
mais non des PLMS isolés. Les doses utilisées sont pour la
codéine de 20 à 120 mg/j, et pour le dextropropoxyphène de
130 à 325 mg/j. Un phénomène de tolérance peut se développer,
mais le plus souvent le patient reste équilibré pendant de nom-
breuses années avec la même dose. Les opiacés majeurs restent
réservés aux formes sévères, résistantes aux autres traitements.
• Les benzodiazépines
Les médicaments sédatifs sont surtout utilisés pour améliorer la
qualité du sommeil à la fois dans le RLS et les PLMS. Le plus
utilisé est le clonazépam (de 0,5 mg à 4 mg) au coucher. Le dia-
zépam (5 mg deux fois par jour) est indiqué dans les symptômes
survenant au cours de la journée. La prescription des benzodia-
zépines exposent au risque de dépendance et de sevrage à l’arrêt.
• Les antiépileptiques
Il a été récemment rapporté que la gabapentine était efficace
dans le RLS, surtout lorsque les sensations douloureuses sont au
premier plan. D’autres antiépiletiques ont été proposés, telles la
carbamazépine et le valproate de sodium.
• Autres médicaments
La clonidine a été étudiée chez les patients non urémiques et
urémiques, avec une efficacité sur l’endormisement par diminu-
tion des dysesthésies. Le baclofène diminue essentiellement
l’intensité des PLMS.
CONCLUSION
De nombreux points restent à élucider tels que la génétique ou
la DOPA-sensibilité des formes idiopathiques, en dehors de tout
syndrome parkinsonien. La survenue dans la petite enfance
peut-elle être responsable de certains tableaux d’hyperactivité
motrice avec trouble de l’attention ? La grande fréquence du
RLS dans la population justifie le nouvel intérêt que ce syndrome
suscite en recherche. ■
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