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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n
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292 - mai-juin 2004
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On parle de pseudohypoacousie lorsqu’il y a une discor-
dance entre le seuil d’audition d’un patient et les seuils qu’il
allègue lors des examens audiométriques subjectifs, que cela soit
conscient (simulation) ou non (hystérie). Les cas de simulation se
rencontrent essentiellement chez les adultes qui peuvent tirer un
bénéfice du diagnostic d’une hypoacousie, par exemple en cas
d’exposition professionnelle au bruit. Dans ces circonstances, les
pseudohypoacousies sont retrouvées dans 9 à 35 % des cas chez
l ’ a d u l t e ! Une telle pseudohypoacousie est suspectée systématique-
ment dans le contexte médicolégal, surtout s’il y a une
d i s c o r d a n c e
entre les seuils obtenus à l’audiogramme tonal et vocal
et l’histoire
clinique, ou si les seuils sont flous, ou encore s’il n’y a pas de courbe
fantôme en cas de surdité unilatérale alléguée. Beaucoup d’exa-
mens ont été décrits pour faire le diagnostic et aboutir aux seuils
véritables. Mais le problème est qu’ils prennent beaucoup de temps
et qu’ils peuvent se trouver en défaut. Il faut donc se tourner vers
des examens objectifs, qui, malheureusement, ont aussi leurs limites :
recherche de réflexe stapédien (l’existence d’un réflexe stapédien
élimine une cophose), potentiels évoqués auditifs (PEA)
p r é c o c e s
(qui permet de déterminer le seuil sur les fréquences aiguës),
e n r e g i s -
trement des otoémissions provoquées (OEP). Les OEP sont toujours
présentes si le seuil est inférieur à 25 dB, toujours absentes si le seuil
est supérieur à 35 dB. Entre les deux, le résultat est variable.
L’idée originale des auteurs a été de tester l’aide que pouvaient
apporter les OEP, quel que fût leur résultat, dans le diagnostic
des pseudohypoacousies chez l’adulte. Chez 30 patients qui se
plaignaient d’une surdité de perception uni- ou bilatérale dont la
réalité leur semblait suspecte, ils ont refait un examen audiomé-
trique tonal après avoir dit au patient que les résultats n’étaient
pas satisfaisants, peut-être parce qu’ils avaient mal compris les
consignes ou qu’ils n’étaient pas assez concentrés, puis un enre-
gistrement des PEA. Finalement, sur ces 30 patients, 3 a v a i e n t
effectivement une surdité de perception bilatérale, et 5 avaient
une surdité unilatérale. La perte auditive moyenne sur les oreilles
qui, in fine, n’avaient pas d’hypoacousie était de 64 dB à l’exa-
men initial et de 53 dB au deuxième test. Dans un autre groupe
de 42 patients également suspectés de pseudohypoacousie, ils ont
fait précéder le deuxième audiogramme et les PEA d’une
recherche des OEP, en précisant au patient qu’il s’agissait d’un
test objectif de leur audition. Finalement, sur ces 42 p a t i e n t s ,
6avaient une surdité de perception bilatérale, et 11 une surdité
unilatérale. La perte auditive moyenne sur les oreilles qui, in fine,
n’avaient pas d’hypoacousie était de 64 dB à l’examen initial et
de 29 dB au deuxième test. Cette amélioration très importante
des seuils entre les deux examens était observée même lorsque
les OEP étaient absentes ! Les auteurs expliquent cela en disant
que, pour le patient, le fait de savoir qu’il a eu un examen objec-
tif de son audition l’amène à plus de justesse dans la déclaration
des seuils auditifs subjectifs.
M. François
Les otoémissions provoquées dans le diagnostic des pseudohypoacousies
Detection of pseudohypacusis: a prospective, randomized study of the use of otoacoustic emissions. Balatsouras D et al •
Ear Hear 2003;24:518-27.
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Les auteurs présentent une étude rétrospective de 28 t u m e u r s
du nerf facial opérées sur une période de 11 ans. Les patients
étaient âgés de 2 à 63 ans. Il y avait une prédominance mascu-
line (18/10). Tous les patients, sauf 5, avaient une parésie faciale.
Celle-ci évoluait depuis 2 mois à 10 ans ! Treize patients avaient
une hypoacousie et 5 des acouphènes. Un des patients avait une
neurofibromatose de type 2. Deux patients étaient complètement
asymptomatiques et leur tumeur fut découverte fortuitement, à
l’occasion d’une intervention otologique dans un cas, et d’une
IRM dans l’autre cas. La tumeur était située dans l’angle ponto-
cérébelleux dans 3 cas, dans le conduit auditif interne dans 7 cas,
au niveau de la première portion dans 13 cas, du ganglion géni-
culé dans 21 cas, de la deuxième portion dans 21 cas, du genou
dans 13 cas, de la troisième portion dans 9 cas et au niveau du
facial extracrânien dans 3 cas (le total est supérieur à 28, car les
tumeurs, volumineuses, envahissaient plusieurs sites). Histologi-
quement, il s’agissait d’un schwannome dans 18 cas, d’un héman-
giome dans 6 cas, d’un méningiome dans 2 cas et d’un neuro-
fibrome dans les 2 derniers cas. Le traitement a été une exérèse
complète dans 27 cas et une exérèse partielle dans 1 cas. Il a été
possible de préserver la continuité du nerf dans 4 cas. Dans les
autres cas, une greffe de nerf sural a été effectuée dans le même
temps opératoire.
M. François
Tumeurs du nerf facial
Facial nerve tumors. Falcioni M et al •Otol Neurotol 2003;24:942-7.