A B S T R A C T S Tumeurs du nerf facial Facial nerve tumors. Falcioni M et al • Otol Neurotol 2003;24:942-7. ■ Les auteurs présentent une étude rétrospective de 28 tumeurs du nerf facial opérées sur une période de 11 ans. Les patients étaient âgés de 2 à 63 ans. Il y avait une prédominance masculine (18/10). Tous les patients, sauf 5, avaient une parésie faciale. Celle-ci évoluait depuis 2 mois à 10 ans ! Treize patients avaient une hypoacousie et 5 des acouphènes. Un des patients avait une neurofibromatose de type 2. Deux patients étaient complètement asymptomatiques et leur tumeur fut découverte fortuitement, à l’occasion d’une intervention otologique dans un cas, et d’une IRM dans l’autre cas. La tumeur était située dans l’angle pontocérébelleux dans 3 cas, dans le conduit auditif interne dans 7 cas, au niveau de la première portion dans 13 cas, du ganglion géni- culé dans 21 cas, de la deuxième portion dans 21 cas, du genou dans 13 cas, de la troisième portion dans 9 cas et au niveau du facial extracrânien dans 3 cas (le total est supérieur à 28, car les tumeurs, volumineuses, envahissaient plusieurs sites). Histologiquement, il s’agissait d’un schwannome dans 18 cas, d’un hémangiome dans 6 cas, d’un méningiome dans 2 cas et d’un neurofibrome dans les 2 derniers cas. Le traitement a été une exérèse complète dans 27 cas et une exérèse partielle dans 1 cas. Il a été possible de préserver la continuité du nerf dans 4 cas. Dans les autres cas, une greffe de nerf sural a été effectuée dans le même temps opératoire. M. François Les otoémissions provoquées dans le diagnostic des pseudohypoacousies Detection of pseudohypacusis: a prospective, randomized study of the use of otoacoustic emissions. Balatsouras D et al • Ear Hear 2003;24:518-27. ■ On parle de pseudohypoacousie lorsqu’il y a une discordance entre le seuil d’audition d’un patient et les seuils qu’il allègue lors des examens audiométriques subjectifs, que cela soit conscient (simulation) ou non (hystérie). Les cas de simulation se rencontrent essentiellement chez les adultes qui peuvent tirer un bénéfice du diagnostic d’une hypoacousie, par exemple en cas d’exposition professionnelle au bruit. Dans ces circonstances, les pseudohypoacousies sont retrouvées dans 9 à 35 % des cas chez l’adulte ! Une telle pseudohypoacousie est suspectée systématiquement dans le contexte médicolégal, surtout s’il y a une discordance entre les seuils obtenus à l’audiogramme tonal et vocal et l’histoire clinique, ou si les seuils sont flous, ou encore s’il n’y a pas de courbe fantôme en cas de surdité unilatérale alléguée. Beaucoup d’examens ont été décrits pour faire le diagnostic et aboutir aux seuils véritables. Mais le problème est qu’ils prennent beaucoup de temps et qu’ils peuvent se trouver en défaut. Il faut donc se tourner vers des examens objectifs, qui, malheureusement, ont aussi leurs limites : recherche de réflexe stapédien (l’existence d’un réflexe stapédien élimine une cophose), potentiels évoqués auditifs (PEA) précoces (qui permet de déterminer le seuil sur les fréquences aiguës), enregistrement des otoémissions provoquées (OEP). Les OEP sont toujours présentes si le seuil est inférieur à 25 dB, toujours absentes si le seuil est supérieur à 35 dB. Entre les deux, le résultat est variable. L’idée originale des auteurs a été de tester l’aide que pouvaient apporter les OEP, quel que fût leur résultat, dans le diagnostic 30 des pseudohypoacousies chez l’adulte. Chez 30 patients qui se plaignaient d’une surdité de perception uni- ou bilatérale dont la réalité leur semblait suspecte, ils ont refait un examen audiométrique tonal après avoir dit au patient que les résultats n’étaient pas satisfaisants, peut-être parce qu’ils avaient mal compris les consignes ou qu’ils n’étaient pas assez concentrés, puis un enregistrement des PEA. Finalement, sur ces 30 patients, 3 avaient effectivement une surdité de perception bilatérale, et 5 avaient une surdité unilatérale. La perte auditive moyenne sur les oreilles qui, in fine, n’avaient pas d’hypoacousie était de 64 dB à l’examen initial et de 53 dB au deuxième test. Dans un autre groupe de 42 patients également suspectés de pseudohypoacousie, ils ont fait précéder le deuxième audiogramme et les PEA d’une recherche des OEP, en précisant au patient qu’il s’agissait d’un test objectif de leur audition. Finalement, sur ces 42 patients, 6 avaient une surdité de perception bilatérale, et 11 une surdité unilatérale. La perte auditive moyenne sur les oreilles qui, in fine, n’avaient pas d’hypoacousie était de 64 dB à l’examen initial et de 29 dB au deuxième test. Cette amélioration très importante des seuils entre les deux examens était observée même lorsque les OEP étaient absentes ! Les auteurs expliquent cela en disant que, pour le patient, le fait de savoir qu’il a eu un examen objectif de son audition l’amène à plus de justesse dans la déclaration des seuils auditifs subjectifs. M. François La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 292 - mai-juin 2004 Botryomycome médian de la langue : à propos de deux cas cliniques Medline pyogenic granuloma of the tongue: two case studies. Croton E, Kale U • Eur Arch Otorhinolaryngol 2003;260:565-7. ■ Le botryomycome est une lésion dysplasique vasculaire bénigne. Sur la langue, il est souvent situé sur les faces latérales, mais très rarement (deux cas décrits dans la littérature) sur la face dorsale ; c’est donc là une originalité, que l’auteur a voulu rapporter. Ces lésions posent le problème du diagnostic différentiel avec une tumeur ou une lésion traumatique. Dans l’article, les cas concernent une femme âgée de 82 ans, non tabagique, et un enfant de 8 ans. Indolore et de croissance rapide, il s’agissait à l’examen clinique d’une lésion non ulcéreuse posée sur la muqueuse, framboisée, rénitente, non infiltrante ; elle a saigné au contact dans un cas. La pathogénie de l’hémangiome n’est pas connue. L’hypothèse hormonale, plus que les hypothèses infectieuse ou traumatique, a été soutenue par le fait que cette patho- logie apparaît dans 0,5 à 2,7 % des cas chez la femme enceinte. Le botryomycome, ou hémangiome capillaire, ou granulome pyogénique, est caractérisé en histologie par une prolifération bénigne de capillaires en lobules recouverts, complètement ou partiellement, par de l’épithélium stratifié kératinisant ou non kératinisant. Sur le plan thérapeutique, l’exérèse chirurgicale, sous anesthésie locale ou générale, selon la taille de la tumeur, est indiquée avec, si possible, une réparation par suture directe au vicryl. L’exérèse doit comporter une marge de sécurité suffisante. Une antibiothérapie de couverture est conseillée. Les alternatives thérapeutiques, telle la cryochirurgie, ont leurs défenseurs. La littérature rapporte un taux de récidive de 0 à 16 %. W. El Bakkouri Infections cervicales profondes : à propos de 83 cas Deep neck infection: a present-day complication. A retrospective review of 83 cases (1998-2001). Bottin R et al • Eur Arch Otorhinolaryngol 2003;260:876-9. ■ À partir de l’étude rétrospective de 83 dossiers d’infections cervicales profondes (ICP), traités entre 1998 et 2001 au département d’ORL de Padoue, l’auteur a tenté de définir la présentation clinique, les données de l’imagerie et les méthodes thérapeutiques des ICP. Les sujets étaient âgés de 16 à 79 ans. La douleur cervicale (71 %) et l’odynophagie (54 %) étaient les symptômes les plus fréquents ; le trismus était retrouvé dans 24 % des cas et l’inflammation cervicale dans 81 % des cas. Seuls 70 % des sujets avaient une hyperleucocytose. La porte d’entrée infectieuse a été retrouvée dans 91 % des cas : dentaire (42 %), oropharyngée (14 %), parotidite ou sous-maxillite aiguë (13 %), surinfection d’un kyste préexistant (12 %). La TDM cervicofaciale sans et avec injection de produit de contraste a permis d’obtenir le diagnostic topographique de l’infection, et notamment son caractère collecté ou non. Les espaces parapharyngé et sous-mandibulaire ont été impliqués dans la presque totalité des cas. L’orthopanthomogramme a fait partie du bilan d’imagerie. Une IRM a été réalisée dans 3 cas et une échographie dans 28 cas. Le traitement a consisté en une antibiothérapie intraveineuse (céfotaxime et métronidazole) prolongée, associée à des corticoïdes, puis en un relais per os par amoxicilline et acide clavulanique. Dans 69 % des cas, un drainage chirurgical a été nécessaire. Le Peptostreptococcus a été le germe le plus souvent isolé. Deux patients sont décédés, 26 patients ont présenté des complications à type de médiastinite, de thrombose septique jugulaire interne, etc. Dans la discussion, l’auteur rappelle que, malgré l’avènement des antibiotiques, les ICP restent d’actualité, notamment celles compliquant les infections dentaires. Le diabète et l’immunodépression sont des facteurs de risque, de même que la prise d’AINS. En conclusion, la prise en charge des ICP doit comporter une double antibiothérapie intraveineuse, dirigée contre les cocci à Gram positif et les anaérobies, et un drainage chirurgical, si nécessaire. La TDM cervicale permet le diagnostic topographique et lésionnel dans un premier temps ; elle rend également possible l’évaluation du potentiel de diffusion de l’infection et des risques vasculaires. La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 292 - mai-juin 2004 W. El Bakkouri 31