échos des congrès European School of Haematology, Boston, septembre 2008 L. Legros* C * Service d’hématologie clinique, hôpital de l’Archet, Nice. ette année, Boston a accueilli la 10e conférence sur la leucémie myéloïde chronique (LMC), organisée par l’EHA. Le thème principal concernait les bases biologiques du traitement et, de ce fait, les sujets abordés relevaient pour la plupart de la recherche fondamentale, mais n'en étaient pas moins intéressants. Après une première partie portant sur la compréhension des bases moléculaires de la progression de la maladie ainsi que sur l’instabilité génomique, la question de la mise en évidence et de la destruction de la cellule souche leucémique quiescente a été abordée. En effet, l’imatinib ne cible que les cellules en prolifération et ne détruit pas la cellule souche bcr/abl positive. Dans ces conditions, on imagine qu’il sera difficile de parler un jour de guérison de la LMC traitée par imatinib seul. À ce propos, F.X. Mahon a rapporté les résultats tout à fait préliminaires de son protocole STIM proposant d’arrêter l’imatinib pour les patients chez lesquels l’obtention de la réponse moléculaire complète remonte à plus de 2 ans. À l’arrêt du traitement, on assiste à environ 50 % de rechutes moléculaires. Celles-ci surviennent dans les 3 premiers mois après l’arrêt de l’imatinib. Pour la première fois, il semble que le traitement puisse être arrêté chez les patients traités de novo par imatinib. Cependant, il est très intéressant de constater qu’il y a moins de rechutes dans le groupe de patients ayant déjà reçu de l’interféron (IFN). Ce problème de rechute est lié à la persistance de la dernière cellule souche leucémique ; plusieurs pistes explorées pour détruire cette dernière ont fait l’objet de présentations. R. Bahatia nous a ainsi rapporté ses résultats montrant qu’un inhibiteur d’histone desacétylase (LAQ824) était capable, en présence d’imatinib, d’induire une apoptose des cellules bcr/abl CD34+, qu’elles soient en division ou non. Il empêche également la prise de la maladie chez des souris immunodéficientes. Une phase I a d’ores et déjà débuté. L’autre piste très largement abordée est celle du système immunitaire. Outre l’immunothérapie, des données intéressantes sur l’IFN ont été présentées. M. Essers Correspondances en Onco-hématologie - Vol. III - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2008 a montré que l’IFN était capable d’activer la prolifération des cellules hématopoïétiques en les faisant sortir du G0. Il agit directement sur le récepteur IFN en passant par la voie de STAT 1. Enfin, cette action disparaît lors d’un traitement prolongé par l’IFN. On ne peut pas parler de LMC et d’inhibiteur tyrosine kinase (ITK) sans parler de mutation. A. Turhan nous a montré, avec un système de cellules ES transfectées par la mutation 315, que celles-ci acquéraient dans ces conditions une capacité de prolifération et de différenciation plus importante. A. Hochhaus, quant à lui, nous a décrit plusieurs patterns d’évolution des mutations. Certaines restent stables dans le temps malgré le traitement, d’autres diminuent et, bien sûr, certaines prennent l’avantage. La probabilité de voir apparaître une mutation avec un ITK de deuxième ligne est plus importante lorsqu’une mutation préexiste, ce qui témoigne de l’instabilité génomique existant. Les mutations les plus graves restent celles de la P-Loop et les T315I. Si le traitement par imatinib n’est pas interrompu, ce qui est contraire aux recommandations, la rechute hématologique intervient dans les 2,6 mois après la détection de la mutation pour les P-Loop et dans les 6,3 mois pour les T315I (D. Marin). Les résultats d’une étude observationnelle internationale sur les T315I menée chez 176 patients ont été présentés (F. Nicolini). Tous les patients avaient reçu de l’imatinib, et 49 % un ITK de deuxième génération. La médiane de la survie globale est de 22 mois pour les phases chroniques, contre 4 mois pour les phases blastiques. Le taux de survie sans maladie à un an est de 46 % pour les phases chroniques et de 16 % pour les phases blastiques. Cette étude, qui est le reflet de la “vraie vie”, nous montre également que 26 % de ces patients sous toujours sont ITK de deuxième génération ! Les messages ont décidément beaucoup de mal à passer. Ce sera donc l’occasion de rappeler qu’aucun ITK n’est actif sur la T315I et que, lorsque cette mutation est détectée, l’arrêt de l’ITK est primordial. Rendez-vous l’année prochaine en septembre, date à laquelle cette conférence de l’EHA reviendra sur le bon vieux continent européen ! ■ 205