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528 Pelvi-périnéologie
nence d’effort peut y être associée. Dans ce der-
nier cas, il sera important d’essayer de faire la
part des choses entre ce qui revient à l’atteinte
neurologique et ce qui relève d’une insuffisance
périnéale.
Au cours de la maladie, la symptomatologie va
être fluctuante et nécessiter une réévaluation cli-
nique régulière notamment pour ajuster au mieux
la prise en charge thérapeutique. L’absence de
corrélation entre la symptomatologie clinique et
les dysfonctionnements vésico-sphinctériens en
jeu rend souvent nécessaire une évaluation uro-
dynamique (3, 4). Le plus souvent, le tableau
retrouvé est celui d’une hyperactivité vésicale,
mais une hypoactivité vésicale peut également
être présente. Une dyssynergie vésico-sphincté-
rienne (DVS) est retrouvée dans plus de la moitié
des cas (fig. 1). Un résidu chronique peut donc
être la conséquence soit d’une hypoactivité soit
d’une dyssynergie vésico-sphinctérienne. Son
existence justifie donc une exploration urodyna-
mique pour en déterminer l’étiologie exacte. La
dyssynergie vésico-sphinctérienne peut induire
un régime à haute pression intravésicale (fig. 1)
favorisant l’atteinte du haut appareil rénal dont la
fréquence va augmenter avec l’aggravation du
handicap (9, 10). Pour cette raison une sur-
veillance régulière du haut appareil est nécessaire
chez les patients dont le score atteint 6 sur
l’échelle EDSS de Kurtzke, ce qui correspond à
un périmètre de marche de cent mètres avec aide.
Malgré tout, la complication la plus fréquente
reste l’infection urinaire, qui peut engager le pro-
nostic vital chez des patients sous immunosup-
presseurs. L’existence d’un résidu post mictionnel
supérieur à 200 ml et le sexe masculin sont des
facteurs de risque des atteintes fébriles (11).
L’examen neuropérinéal ne présente pas de par-
ticularité spécifique : l’examen peut être normal
ou retrouver un périnée flasque ou spastique.
Peu d’études ont été réalisées sur les consé-
quences de la grossesse et de l’accouchement sur
les troubles urinaires chez les patientes atteintes
de SEP. Dans une étude récente portant sur une
cohorte de 369 patientes, nous avons pu démon-
trer qu’il n’y avait aucune particularité dans le
contexte de la SEP : le seul élément retrouvé était
une tendance à la baisse de la pression urétrale au
bilan urodynamique, comme pour les femmes
sans pathologies neurologique (12). Chez ces
patientes, les modalités d’accouchement seront
donc déterminées en fonction des risques, obsté-
trical et périnéal, selon les critères habituels et
non en fonction de la notion de SEP.
La prise en charge thérapeutique va passer
dans un premier temps par la recherche d’un
résidu postmictionnel (13). En cas d’absence de
résidu et de complications rénales graves, un trai-
tement symptomatique sera proposé : traitement
de type anticholinergique dans le cadre des syn-
dromes irritatifs, ou à visée sphinctérienne en cas
de syndrome obstructif prédominant (alpha-blo-
quant). La desmopressinne peut être également
proposée dans le cas des pollakiuries nocturnes.
En cas de résidu postmictionnel important (supé-
rieur à 100 ml) ou d’échec thérapeutique, un
bilan complémentaire, notamment un bilan uro-
dynamique, sera nécessaire pour évaluer au
mieux le dysfonctionnement vésico-sphinctérien
et la prise en charge thérapeutique. L’introduction
de la toxine botulique dans le traitement des dys-
synergies vésico-sphinctériennes, et de la capsaï-
cine dans les hyperactivités vésicales pourront
être discutées. Les sondages intermittents restent
une solution thérapeutique dans le cadre des ves-
sies rétentionnistes échappant aux traitements
médicamenteux per os.
La rééducation périnéale peut être tout à fait
intéressante dans le cadre de l’incontinence chez
la femme, surtout quand il existe une composante
d’incontinence d’effort. La persistance d’une
motricité volontaire des muscles releveurs de
l’anus paraît être un préalable nécessaire si l’on
veut obtenir un bon résultat. La chirurgie a peu de
place actuellement, la neuro-modulation est en
cours d’évaluation dans la SEP. Les techniques
d’agrandissement de vessie quand elles peuvent
être discutées le sont souvent dans le cadre d’at-
teinte neurologique sévère ne permettant pas les
autosondages, et une dérivation des uretères est
alors souvent plus adaptée.
Troubles du transit
La constipation est le symptôme le plus fréquent,
concernant 50 % de la population, avec finale-
ment peu de conséquence sur le plan fonctionnel.
En revanche, l’incontinence anale est souvent
sous-estimée et nécessite un dépistage attentif.
Chia, retrouve ainsi un épisode d’incontinence
chez la moitié des patients de son étude (14). Le
plus souvent, l’incontinence est associée à un
tableau de constipation terminale, dans le cadre
d’une altération de la commande volontaire du