DOULEUR
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La Lettre du Rhumatologue - n° 263 - juin 2000
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Références bibliographiques
La douleur est, encore plus que chez les
sujets plus jeunes, un facteur d’isolement,
de repli sur soi et de perte d’autonomie. Il
importe donc d’analyser conjointement à
la douleur la perte d’autonomie qui en
résulte, les troubles du sommeil ou de l’ap-
pétit.
Chez les sujets
communicants
Chez les sujets âgés communicants, les
échelles d’autoévaluation de la douleur
sont très utiles dans un premier temps. Ces
échelles sont utilisées de façon variable
selon le niveau cognitif. L’échelle verbale
simple est la plus facilement employée,
l’échelle visuelle analogique étant peu
fiable. Si l’on utilise cette échelle, il est pré-
férable de la placer verticalement, comme
un “thermomètre de la douleur”. Il faut éga-
lement y associer une évaluation multidi-
mensionnelle de la douleur, pour apprécier
les autres composantes : sensorielle, affec-
tive, cognitive et comportementale. Le
questionnaire de la douleur de l’hôpital
Saint-Antoine (QDSA abrégé) peut être
utilisé en l’absence de troubles cognitifs.
Chez les sujets
non communicants
ou institutionnalisés
Les personnes âgées ayant des problèmes
de communication ont autant de douleurs
que les autres et requièrent une évaluation
et une prise en charge adaptées de la dou-
leur. Chez un sujet âgé mal-communicant,
tout changement de comportement, spon-
tané ou survenant pendant un soin, doit
faire évoquer et rechercher la possibilité
d’un état douloureux.
Différents types d’évaluation sont dispo-
nibles chez les sujets non communicants ou
institutionnalisés. Il s’agit d’échelles dites
d’hétéroévaluation. Elles sont basées sur
l’observation du patient par l’évaluateur.
L’échelle Doloplus-2®ci-contre (5) fait par-
tie des outils recommandés, en cours de vali-
dation, mais nécessite un apprentissage de
l’évaluateur et doit être mise en œuvre, si
possible, par une équipe pluridisciplinaire.
Elle comprend dix items répartis en trois
sous-groupes (somatique, psychomoteur,
psychosocial). Un score supérieur ou égal à
5/30 signe la douleur. Une autre échelle uti-
lisable est l’échelle ECPA (6),qui comprend
huit items et peut être effectuée par une seule
personne en une à cinq minutes.
Ces évaluations doivent être répétées,
consignées par l’équipe soignante.
Chez le sujet âgé, comme en pédiatrie, le
rôle de l’entourage est fondamental,
médiateur de la douleur au quotidien. C’est
l’entourage qui va favoriser l’observance
thérapeutique, recueillir la plainte du
patient et apprécier le retentissement sur
la vie de tous les jours. L’absence d’en-
tourage est, bien sûr, un élément péjoratif
de morbidité (7).
Les pièges de l’évaluation
de la douleur chez le sujet âgé
Les pièges et les difficultés diagnostiques
sont très fréquents chez le sujet âgé, sou-
vent polypathologique. Les démences peu-
vent parfois prendre le masque d’états dou-
loureux aigus résistant à toute approche
thérapeutique. Par ailleurs, tout change-
ment de comportement, spontané ou sur-
venant pendant un soin, chez une personne
ayant des troubles de la communication
verbale doit faire évoquer la possibilité
d’un état douloureux et le faire rechercher.
Les douleurs projetées et/ou masquées doi-
vent être dépistées : infarctus silencieux,
problèmes digestifs, sigmoïdites, ulcères...
peuvent être révélés par exemple par des
douleurs rachidiennes, pelviennes ou de
hanche.
Conclusion
L’évaluation de la douleur des patients
âgés douloureux chroniques est un temps
indispensable dans la prise en charge. Elle
nécessite une évaluation précise des com-
posantes de la douleur, souvent multiples,
mais aussi de la vie et de l’entourage de
ces patients, des outils spécifiques adaptés
au niveau cognitif pouvant être utilisés.
S. Perrot
Service de rhumatologie A
et Centre d’évaluation
et de traitement de la douleur,
hôpital Cochin, Paris